Le ciel ensoleillé commence à laisser place à de nombreux nuages tandis que le bleu s'efface petit à petit pour laisser le gris dominer le ciel.  

De petites gouttes d'eau tombent doucement.  

Zoé (Brenda Fenton) serre le haut de son manteau afin de se protéger de la pluie qui commence à fouetter son visage, le crachin devient assez rapidement une pluie diluvienne qui transperce les couches de vêtements que porte la jeune femme.  

Cette dernière se trouve sur le pont du navire qui l'emmène au Phare de Creyston, "J'aurais dû choisir un village dans les terres." se dit la jeune femme tandis que le ciel s'assombrit davantage et que des vagues hargneuses viennent lécher la coque du vieux navire.  

En manque d'inspiration depuis la publication de son premier roman, Zoé est sans cesse relancée par son éditeur qui souhaite avoir un nouveau livre pour cette année, sinon le contrat qui les lie sera annulé. La jeune écrivaine ne peut pas leur en vouloir, les fans attendent la suite aux aventures du personnage de son premier roman mettant en avant les aventures d'une enquêtrice intrépide.  

"CA NE DOIT PAS ETRE SI DIFFICILE D'ECRIRE UNE SUITE QUAND MEME !" hurle-t-elle face à la mer, ayant pour seul réponse le bruit des vagues qui heurtent la coque du navire avec violence. L'eau de mer coulant sur le visage de la jeune femme et se mêlant à ses larmes, Zoé ferme les yeux elle se remémore les derniers instants qu'elle a passé auprès de son père.  

Ça fait deux années entières que Zoé n'a rien écrit.  

Une dépression, à la suite du décès de son père, bloquant toutes ses envies d'écrire.  

A maintes reprises, Zoé a tenté d'écrire.  

En vain.  

Elle s'est battue contre des envies morbides et funestes, écœurée par la plupart des membres de sa famille qui se sont révélés être des charognards guettant la fortune de son paternel. Ecœurée par la vie, par ce qui l'entoure. Sa meilleure amie la définissait comme un zombie.  

Depuis plusieurs mois, le vent tourne. Zoé a rencontré un homme qui lui a fait retrouver le sourire et l'envie de vivre, elle a touché l'intégralité de l'héritage de son père qui a permis au jeune couple de lancer la construction d'une maison. Vivant ensemble à Détroit, c'est son petit ami qui a motivé la jeune femme à faire ce voyage afin de retrouver l'envie d'écrire en s'isolant du monde.  

Pourquoi se rendre au phare de Creyston ?  

Sa discussion avec la gérante du pub de la petite ville. Cette dernière ne cessait de répéter que le cadre serait idéal pour quiconque souhaiterait être seul pour de bon, l'histoire du phare est remplie de faits étranges, disparitions inexpliquées de gardiens, navires s'étant échoués... tant de récits qui pourraient intéresser le personnage que Zoé à créer au travers de son premier roman.  

Zoé a rejoint le vieux capitaine dans le cockpit du bateau de pêche qui tient fermement la barre, grimaçant face à la difficulté que ce dernier est confronté pour maintenir le cap.  

Grognant diverses insultes contre la mer, le capitaine semble également parler à son bateau, murmurant qu'ils en ont connu d'autres et qu'ils vont également braver cette tempête.  

Zoé n'est pas rassurée, voyant les vagues qui s'abattent violement sur le vieux bateau de pêche, "Il faut être fou pour oser se rendre à l'intérieur de ce phare !" déclare sans prévenir le capitaine, d'une voix caverneuse, faisant sursauter la jeune femme qui lui demande pour quelle raison tout en se tenant à ce qu'elle peut pour ne pas être envoyée dans chaque recoin du cockpit. Le capitaine tourne sa tête en direction de Zoé, l'écrivaine aperçoit la peau burinée par les années passées en mer, "IL est maudit." répond simplement le vieil homme.  

Ne supportant pas la compagnie dérangeante du capitaine, Zoé est retournée à l'extérieur après que ce dernier avait annoncé qu'ils ne sont plus loin de leur destination.  

Les eaux tumultueuses rendent la traversée impressionnante pour la jeune femme, le ciel est d'un gris sombre menaçant tournant vers le noir et des éclairs transpercent le ciel qui semble être étouffé par les nombreux nuages.  

De hautes vagues s'écrasent lourdement sur la coque du bateau de pêche, se brisant et projetant d'énormes gouttelettes glacées sur le pont mais également sur Zoé, fermement accrochée au bastingage. Le sel et l'eau glacée fouettent le visage de la jeune femme tandis qu'une imposante silhouette se dessine à la proue du bateau au travers de la pluie torrentielle. Le phare semblait défier la tempête, stoïque malgré la fureur de cette dernière.  

Le vieux capitaine hurle des instructions pour aider Zoé à débarquer mais ses paroles se perdent dans le vacarme des vagues fracassant les rochers et la coque. Comprenant l'essentiel, la jeune écrivaine attrape fermement la corde trempée que lui lance le vieil homme et saute sur le quai du phare.  

Le tonnerre gronde tandis qu'un éclair vient aveugler la jeune femme qui trébuche lourdement, ses chaussures dérapant sur surface inondée. Elle se redresse, les cheveux trempés et collés sur le visage, observant le bateau qui s'éloigne déjà, sa silhouette disparaissant dans la pluie et la laissant seule sur cette île subissant l'acharnement des éléments.  

Gravissant les marches qui amènent au phare, Zoé lutte contre le vent qui la pousse en arrière. Une chute dans cet interminable escalier lui serait fatal.  

Le sifflement du vent lui perfore les oreilles tandis que la pluie semble littéralement mordre ses joues et l'ensemble de son visage alors qu'elle avance tant bien que mal, le bruit des vagues s'écrasant sur les rochers créant une cacophonie qui semblant lui indiquer de quitter les lieux.  

La lumière du phare, vacillant au travers des trombes d'eau est son seul guide.  

Atteignant enfin le haut de l'interminable escalier, l'écrivaine avance rapidement vers la massive porte en bois de l'habitation et se dépêche de frapper tant bien que mal.  

Zoé attend plusieurs minutes qui lui semble être une éternité, pensant que personne ne l'a entendu frapper elle s'apprête à réitérer son action alors que la porte s'ouvre lentement révélant une silhouette massive dans l'encadrement.  

"Entrez vite" dit-il d'une voix grave, presque inaudible dans le tumulte extérieur. Zoé s'empresse d'entrer, la chaleur de la pièce l'enveloppant immédiatement, contrastant avec le froid de l'extérieur tandis que la porte se referme derrière elle dans un claquement sourd qui coupe net le vacarme de la tempête.  

Une odeur de sel et de bois emplit l'air de la pièce tandis que la lampe à pétrole projette des ombres intrigantes sur les murs en pierre de la pièce, Zoé jurait en avoir vu une qui bouge indépendamment des autres mais elle est fatiguée et trempée. La jeune femme essuie l'eau qui coule sur son visage et se retourne vers l'homme qui lui a ouvert, ce dernier l'observant silencieusement d'un regard inquiet.  

Les vêtements lui collant à la peau, la jeune femme attend que l'homme brise le silence, un silence anxieux qui laisse le grondement lointain de la tempête mettre une ambiance particulière au sein du bâtiment.  

"Bienvenue." finit par déclarer l'homme robuste, semblant avoir la quarantaine, portant une vieille veste en cuir usée, "Vous devez être Zoé ? Je n'attends personne d'autre et ce n'est pas la tempête qui va aider." questionna-t-il d'une voix quelque peu étouffée, semblant avoir oublié l'habitude de converser avec une personne.  

Zoé hoche la tête, "Vous devez être Jim ?" demanda-t-elle à son tour tandis que l'homme regarde vers l'extérieur.  

Jim (Hugo Garrett) acquiesce sans dire le moindre mot, ne quittant pas la jeune femme du regard. Après un moment de silence tendu, le quarantenaire se dirige vers un escalier en colimaçon massif en bois et demande à la jeune femme de le suivre afin de lui montrer sa chambre. "Vous devez être épuisée par la traversée. Je vais vous montrer votre chambre."  

Le grincement du bois de l'escalier sous les pas du gardien de phare et de l'écrivaine, ainsi que le vent qui siffle au travers des parois du vieux phare, donnent l'impression à l'atmosphère d'être surnaturelle.  

Des éclairs flashent l'entièreté du phare tandis que Zoé regarde les photographies anciennes et les diverses cartes maritimes qui ornent les murs et qui sont les témoins silencieux des vies passées au sein du phare à travers les siècles.  

La jeune femme manque de peu de marcher sur les talons de Jim, ne l'ayant pas vu s'arrêter afin d'ouvrir une porte donnant sur une petite pièce austère. Le mobilier se résume à un lit en fer forgé, une table de chevet où une lampe à pétrole est posée, une commode, ainsi qu'une petite fenêtre donnant une vue incroyable sur la mer.  

"C'est rustique mais vous allez apprécier les couvertures chaudes dans la commode. Il y a également des serviettes." déclare Jim en posant sa lampe à pétrole sur la commode.  

Zoé le remercie avec un sourire tandis qu'il quitte la pièce en ne cessant de la regarder, ce qui a pour effet de gêner la jeune femme qui ne tarde pas à prendre couvertures pour préparer son lit au profond sommeil qu'elle lui réserve ainsi que les serviettes afin d'essuyer son corps trempé et ses cheveux qui le sont tout autant.  

Zoé, camouflée sous les couvertures, écoute le bruit du fracas des vagues et le hurlement du vent tout en pensant à Jim qui l'intrigue beaucoup.  

Est-il au cœur des mystères du phare dont parlent les gens ?  

Pourquoi a-t-elle l'impression qu'il vit dans ce phare depuis de longues années ? Mais l'esprit tourmenté de Zoé est rapidement bercé par le bruit des vagues, s'endormant doucement.  

Jim descend l'escalier en colimaçon avec précaution, le silence du phare amplifie le moindre son et il n'a plus l'habitude d'avoir de la compagnie.  

Il se dirige vers la cuisine, traversant le hall principal avec la lampe à pétrole qui projette des ombres qui semblent observer le moindre de ses pas.  

Le gardien du phare allume une autre lampe à pétrole, la lueur éclairant son visage qui parait plus grave encore à cause du jeu de lumière accentuant ses traits. Jim ouvre un placard, prend une bouteille de whisky et verse une généreuse quantité dans un verre usé. Le gardien lâche un long soupir tout en se passant la main sur le visage.  

La présence de l'écrivaine le perturbe, il n'a plus l'habitude d'être en présence d'autres personnes, vivant dans la solitude depuis des années avec pour seul compagnie ce phare et ses secrets. Jim avale une gorgée de whisky et sent la chaleur brûlante du breuvage qui descend dans la gorge.  

Il connait les rumeurs que les habitant de Creyston racontent sur le phare et la malédiction, les fantômes et le gardien du phare qui a mystérieusement disparu. Jim se lève et avance vers une vieille commode, ouvre un tiroir et en sort une boîte qu'il ouvre en tremblant légèrement.  

Une photographie s'y trouve, jaunie par le temps, où Jim, bien plus jeune, sourit en compagnie d'un autre homme et d'une femme ayant la soixantaine. Jim regarde fixement le visage de l'autre homme, une larme coulant le long de la joue s'écrase sur la main de ce dernier qui se ressaisit.  

Zoé est là pour écrire.  

Mais que va-t-elle faire si elle découvre son secret ?  

Si elle découvre ce qui s'est réellement passé ici ?  

Qu'elle découvre qu'il n'est autre que le frère de l'ancien gardien du phare ?  

Jim a l'espoir que la jeune femme puisse découvrir la vérité, le laissant enfin faire la paix avec son passé et ses démons.  

Un long soupir semble traverser la cuisine, sortant Jim de ses pensées. La tempête fait rage dehors mais ce que le gardien du phare vient d'entendre n'y est pas lié.  

Les poils de Jim se dressent sur les bras tandis boit le restant de son whisky et quitte la pièce pour aller se coucher. Il ne préfère pas prêter attention à ces choses qui se produisent dans le phare durant la nuit.  

Zoé court dans une prairie, le parfum des fleurs sauvages qui embaume l'atmosphère tandis que la chaleur du soleil caresse doucement la peau de la jeune femme.  

Subitement, le ciel devient noir et le vent se lève brusquement, balayant brutalement la prairie et faisant s'envoler les fleurs vers la noirceur du ciel qui descend doucement vers Zoé.  

Cette dernière tente de fuir en courant dans la prairie sans fin.  

Chutant après que son pied s’est pris dans un trou, la jeune écrivaine passe à travers la porte d'entrée du phare, tombant dans le hall d'entrée. La lampe de pétrole illumine les murs et le sol, projetant des ombres qui semble se mouvoir autour de la jeune écrivaine qui se met à courir, prise d'une peur incontrôlable.  

Ses pas résonnent dans le phare, chaque porte qu'elle ouvre ne menant qu'à une nouvelle pièce vide et froide dont les murs semblent se resserrer davantage.  

Des cris retentissent derrière elle, des voix de femmes et d'hommes mais également d'enfants qui semblent suppliantes. Les pièces du phare se font de plus en plus sombres tandis que les cris ont laisser la place à des murmures inaudibles semblant se situer tout autour de la jeune femme. Oppressée et étouffant, Zoé continue de courir jusqu'à arriver à une porte en bois ornée d'inscriptions et de gravures anciennes qui s'ouvre seule au moment où la jeune femme pose sa main dessus.  

Devant elle, une grande salle ornée de chandelles flottant dans les airs. Avançant doucement, Zoé remarque que les murmures se sont arrêtés et que Jim est assis au centre de la pièce mais plus jeune et sans la dureté des traits qui caractérisent son visage.  

Il se tient immobile, le regard vide et fixe qui ignore totalement la jeune femme qui tente de le faire réagir mais sans succès.  

Un froid glacial s'est imprégné de la pièce, de la fumée sort de la bouche de Zoé alors que les chandelles s'éteignent subitement. Laissant la jeune femme dans un état de stress qui ne cesse d'augmenter.  

Lorsque la lumière revient, Jim a disparu et Zoé ressent une présence derrière elle. Se retournant doucement, une silhouette sombre l'observe de ses yeux perçants.  

Instinctivement, Zoé recule doucement.  

"Qui êtes-vous ?" demande-t-elle d'un ton hésitant.  

La silhouette ne répond pas mais avance doucement vers la jeune femme. La pièce se met à trembler puis à tourner, les murs se déforment et les chandelles vacillent dangereusement.  

Zoé veut crier mais aucun son ne sort de sa bouche alors que la silhouette continue d'avancer vers elle, n'étant pas affectée par ce qui se produit dans la pièce. La jeune femme sent la terreur prendre le dessus sur son esprit, des éclairs éblouissent Zoé qui se met à voir des tempêtes, des naufrages, des visages déformés par la peur qui semblent la voir.  

Un nouvel éclair survient, la silhouette est désormais tout près avec son visage indistinct faisant face à celui de Zoé totalement terrifié qui sent une pression au niveau de la poitrine qui ne cesse de grandir.  

L'air lui manque.  

Elle ne sait quoi faire pour échapper à cette chose.  

La peur consume la jeune femme qui croit sa dernière heure arrivée.  

L'obscurité engloutie l'écrivaine.  

Zoé se réveille en sursaut brusquement, haletante et en sueur.  

La pièce se trouve dans l'obscurité la plus totale, uniquement éclairée par intermittence à cause des éclairs causées par la tempête qui n'a pas l'air de s'être calmée.  

Elle se redresse, essuyant son front avec la main tout en regardant à l'extérieur puis se lève et allume la lampe à pétrole.  

La lumière douce et vacillante réconforte tant bien que mal la jeune femme. Les murmures ont disparu, remplacés par la pluie qui frappe la fenêtre de la chambre du phare. "Ca semblait si réel." murmure la jeune femme tout en s'asseyant au bord du lit et se frottant les yeux.  

Pourquoi a-t-elle fait ce cauchemar ?  

Le phare est-il réellement hanté ?  

La jeune femme repense à ce que le vieux capitaine lui a dit sur la malédiction qui aurait frappé le lieu.  

Dans quoi s'est-elle fourrée ?