La foule quittant le salon du livre de Paris pour se diriger vers le métro était nombreuse en ce premier jour du festival. Perdu au milieu de celle-ci, Anthony avait le sourire aux lèvres, ravi de cette journée passée à la capitale. Tenant contre lui la bande-dessinée pour laquelle il avait spécialement fait le déplacement, il n'en revenait toujours pas d'avoir pu rencontrer en personne son autrice préférée. Grand amateur de thriller à suspens, il avait lu tous les romans d'Alicia Prigent, et attendait avec impatience le prochain. Aussi la parution de l'adaptation en bande-dessinée de son tout premier roman était une bonne façon de patienter, et le jeune homme en garderait un souvenir particulier, grâce à la décicace qu'il avait pu avoir de l'autrice en personne.  

S'engouffrant dans le métro, Anthony ne se sentait cependant pas à l'aise agglutiné au milieu de tous ces inconnus. Heureusement pour lui, il n'était qu'à deux stations de son hôtel. Cela faisait plusieurs mois déjà qu'il avait planifié son déplacement spécialement pour le salon, et avait ainsi pu trouver une chambre pas trop loin du Grand Palais Éphémère où avait lieu le festival des lecteurs. Enfin arrivé à son hôtel, il posa ses affaires sur le lit puis se dirigea vers la salle de bain pour prendre une bonne douche.  

Il avait fait très chaud toute la journée, d'autant plus dans le Grand Palais Ephémère, au milieu de la foule d'amateurs de romans qui avaient bondé les lieux. Et puis à force de traverser les allées du salon en long et en large, Anthony avait les jambes très fatiguées. Une bonne douche lui ferait donc le plus grand bien. Cependant, en s'approchant de la pièce d'eau, le jeune homme eut une curieuse sensation, comme s'il n'était pas seul dans sa chambre. Se retournant vers le lit, son regard parcourut la pièce de gauche à droite à la recherche d'un élément inhabituel, mais il ne vit rien. Peut-être ferait-il mieux d'arrêter de lire ce genre de livre, s'il ne voulait pas finir paranoïaque.  

Mais lorsqu'il se tourna de nouveau vers la salle de bain, il se trouva nez à nez avec un colosse vêtu d'une salopette et d'une chemise à carreaux, et portant sur la tête un sac de jutte tellement usé qu'il n'avait sans doute plus servi depuis bien longtemps. Anthony n'eut pas le temps de crier qu'un énorme poignard lui pénétra les entrailles, lui coupant le souffle immédiatement. Reculant par instinct de survie, il s'écroula sur la moquette de la chambre d'hôtel en portant ses mains à son ventre. Il ne pouvait rien y faire, son sang coulait entre ses doigts et maculait déjà la moquette. Puisant dans ses dernières forces, le jeune homme se releva et fit un pas vers le lit, cherchant à attrapper le téléphone pour appeler à l'aide. Il eut tout juste le temps d'attrapper le combiné et de composer le numéro de la réception avant qu'un coup de hâche dans son dos le fasse s'écrouler sur les draps.  

Malgré la voix de la réceptionniste qu'il entendit dans le téléphone, le pauvre homme devina qu'il ne s'en sortirait pas en sentant son agresseur monter sur le lit. Un dernier coup de poignard entre ses homoplates lui traversa le sternum pour perforer jusqu'au matelas du lit.  

Prête pour sa deuxième journée de salon, Alicia (Courteney Campbell-Seasong) quitta sa chambre et se dirigea vers l'ascenseur pour rejoindre son éditeur qui devait l'attendre comme prévu dans le hall de l'hôtel. Lorsqu'elle y arriva, elle fut surprise de retrouve Bastian (Luke Halberg) accompagné de deux hommes qu'elle ne connaissait pas. A la vue du visage de son éditeur, elle comprit que quelque chose n'allait pas.  

Lorsqu'elle arriva à leur hauteur, l'un des deux hommes se présenta en montrant sa plaque de police et invita l'autrice à le suivre dans un endroit plus calme. Ne comprenant pas ce qu'il se passait, Alicia fixa le regard de Bastian espérant y trouver des réponses, mais celui-ci semblait tout aussi perdu qu'elle. Suivant le policier jusque dans un petit salon privé, elle fut suivie par son agent et le second policier qui fermait la marche. Lorsque la porte fut refermée derrière eux, l'agent Richet lui expliqua ce qu'il se passait.  

Le corps d'un jeune homme avait été retrouvé la veille dans sa chambre d'hôtel, attrocement massacré à l'arme blanche. Alicia ne comprit pas quel rapport il y avait avec elle, jusqu'à ce que le policier lui montre une photo prise dans la chambre de la victime. Elle reconnut immédiatement la bande-dessinée dont elle était venue faire la promotion au salon du livre, et sur laquelle se trouvait une dédicace signée de sa main à l'attention sans doute du pauvre homme qu'on avait retrouvé mort. Mais sous cette dédicace, écrite en lettres de sang, un autre mot avait été écrit : "A Alicia, puisse-t-elle se souvenir de moi".  

Un frisson remonta le long du dos de l'autrice en découvrant avec horreur ce mot qui lui était visiblement adressé. Mais qui donc pouvait-il avait commis ce crime horrible pour elle ? C'est bien la question que se posait la police, et c'est la raison pour laquelle elle était là.  

S'en était fini pour cette année pour le salon du livre. Bastian avait déjà informé les responsables du festival qu'elle ne pourrait pas être présente pour les deux autres jours prévus. L'information avait déjà fuitée, et la presse était amassée devant les portes de l'hôtel, attendant la sortie d'Alicia. Pour sa sécurité ainsi que pour celle de tous les festivaliers, elle allait devoir se tenir à distance au moins le temps de l'enquête. Sa première pensée fut pour son fils Miguel, qu'elle avait laissée à la maison avec sa nounou, mais la police la rassura en lui indiquant que des agents avaient déjà été envoyés sur place pour assurer leur sécurité à tous les deux.  

L'agent Richet posa à la jeune femme les questions habituelles. Avait-elle une idée de qui pourrait lui en vouloir de la sorte ? Avait-elle reçue des menaces quelconques ? Mais Alicia n'avait aucune idée de qui il pouvait s'agir. Totalement perdue, elle cherchait à comprendre si autour d'elle quelqu'un aurait pu commettre de telles horreurs, mais évidemment elle ne trouvait personne.  

Devenue célèbre grâce à ses romans d'horreur, dont le tout premier avait été inspiré de ses pires cauchemars, Alicia Prigent était devenue une spécialiste dans ce domaine de la littérature. C'est en suivant les conseils d'une psychologue, qui lui avait recommandé de mettre à l'écrit ce qui la hantait depuis cette fois où un tueur froid s'en était pris à sa famille, qu'elle avait trouvé goût à l'écriture. Cela lui avait permis de dompter ses peurs, et par la même occasion d'offrir à ses lecteurs ces instants de frissons qu'ils recherchaient en lisant ses livres.  

Mais depuis bientôt deux ans, la jeune femme ne trouvait plus l'inspiration. Pour faire patienter ses fans qui attendaient le prochain roman, son éditeur avait trouvé un subterfuge en adaptant le premier de ses romans en bande-dessinée, dont elle était justement venue faire la promotion. Si celle-ci se vendait bien, ils pourraient adapter de la même manière les romans suivants de l'autrice, le temps qu'elle trouve le sujet de son prochain livre.  

Lorsque le lieutenant Richet eut les réponses à toutes les questions qu'il avait à poser à Alicia, il l'invita à remonter sous leur garde dans sa chambre pour rassembler ses affaires et quitter l'hôtel. Pour le moment mieux vallait pour elle de se tenir à distance de la foule. Aussi le flic lui demanda si elle savait où elle pourrait loger en attendant que l'affaire se tasse, un endroit où il pourrait la joindre en cas de besoin.  

Le meilleur endroit selon elle était de se rendre dans sa petite résidence secondaires dans le Morbihan. Là-bas elle pourrait rester loin des journalistes avec son fils. Peut-être même Maëlle, la jeune étudiante qu'elle avait engagée pour s'occuper de Miguel lorsqu'elle n'était pas là, accepterait de les accompagner pour ne pas qu'ils soient seuls. Richet lui demanda l'adresse précise de l'endroit et l'identité exacte de la babysitter en question, afin de faire quelques vérifications.  

Lorsque l'autrice eut réunit ses affaires dans sa chambre, la police la fit sortir par l'arrière de l'hôtel. Un chauffeur les attendait déjà, prêt à les emmener jusque chez Alicia pour récupérer Miguel et Maëlle, puis à faire la route jusque dans le Morbihan. Pour le moment Bastien, son éditeur, allait rester sur Paris pour répondre à la presse qui allait évidemment vouloir recueillir son avis sur tout ça, puis il la rejoindrait là-bas.  

Mais en se rendant dans cette petite ville portuaire sur le côte du golfe du Morbihan, Alicia ne risquait-elle pas d'attirer là-bas celui qui en avait après elle ? Mais qui donc pourrait ainsi vouloir commettre de tels crimes en son nom ? L'homme qui avait des années durant pourchassé sa mère était bel et bien mort depuis des années. Il était impossible que ce soit lui qui réapparaisse tel son pire cauchemars ainsi des années après.  

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Alicia (Courteney Campbell-Seasong)  

Bastian (Luke Halberg)  

Miguel (Ricardo Muños)  

Maëlle (Moïra Doldinger)