Cinejeu.net : devenez producteur de cinéma ! (jeu en ligne gratuit de simulation économique)

Firewolf 2.0 présente
Schyzophrenia

 

«Vos rapports avec Stanley?»  

Ils s'étaient empirés. Lucy (Jeanne Haywood) soupirait rien qu'à l'évocation du prénom de son mari. Elle chercha par où commencer. Ce n'était même plus une distance que peuvent avoir deux êtres dont la passion s'est éteinte, s'en est pathologique. Elle est persuadée qu'il suivait une thérapie lui aussi de son côté. Elle l'a observé, voir s'il prenait un traitement au moment des repas. D'ailleurs les repas devenaient un supplice pour elle. Parfois, Stan le nez dans son assiette, amorphe, parfois à engloutir son repas et courir se réfugier dans la chambre ou le bureau. Il traînait sur le canapé devant la télé jusqu'à tard dans la nuit. Ça lui arrivait de retourner la maison pour «chercher quelque chose» quand elle n'était pas là Lucy mima des guillemets. Et puis son comportement en général. Celui d'un toxico en sevrage. Elle se réveillait au milieu de la nuit avec son mari prit de spasmes et de convulsions. C'était devenu un enfer de vivre avec lui. Lucy avait abandonné l'idée de lui parler, d'essayer de l'aider. Elle avait abandonné tout court. Elle se retourna vers sa thérapeute (Julia Carter).  

«J'ai fais mes comptes, encore sept mois et on pourra mettre la maison en vente sans perdre de l'argent.»  

 

 

Lucy jette le dessous de plat sur la table du salon. Retourne dans la cuisine et en revient pour lâcher un plat de lasagnes fumant. Stanley (Pierre Hancock), attablé, les yeux grands ouverts mais le regard bas. Il avait l'air paisible, contrastant avec l'attitude de sa femme. Ses pas étaient appuyés sur le parquet et ses talons claquaient comme des insultes au calme. Elle finit par s'assoir, le servit puis se servit. Elle mangeait son repas en le fixant, haineusement, mastiquant avec une hardeur comme si elle avait la plus mauvaise carne du monde dans sa bouche.  

Stanley mangeait lentement. Il tournait sa tête de temps à autre sur les côtés pour regarder derrière lui.  

Lucy avait finit. Son mari n'avait pas mangé la moitié de son assiette et continuait à mâcher mollement ses bouchées. Elle débarrassa son assiette et d'autres condiments, désespéré. Pas un mot n'avait résonné dans la pièce durant tout le repas. La télévision au loin, l'entrechoquement des couverts sur la céramique. En repassant à travers le salon, elle le vit de dos, fixer le mur sur sa gauche. Une plante verte, une fenêtre et une croûte d'une montagne verdoyante. Elle leva les yeux au ciel et alla s'étaler sur le canapé, jouer un peu avec sa tablette tactile devant un mauvais film.  

Stanley avait le regard paniqué.  

 

 

«Comment vous sentez-vous aujourd'hui Stanley?»  

Calme. Il était apaisé dans ce fauteuil. Le cabinet du docteur (Léopold Andromaque) était apaisant en lui même. Stanley commença les explications.  

Ça n'avait pas diminué. Maintenant ça arrivait aussi à son bureau.  

Les périodes de sevrage sont parfois très dures et l'antidépresseur qu'il avait arrêté était très puissant. Ce n'était que dans sa tête. Il fallait se recentrer sur soi même.  

Mais les ombres étaient inquiétantes. Elle ne faisaient que le regarder, certaines fixes, certaines en mouvement. Toujours face à lui.  

Elles sont inquiétantes parce que le subconscient décide qu'elles le sont. Et elles sont fixes parce qu'une partie de sa conscience sait qu'il n'y a pas d'ombres, son subconscient veut lui faire croire qu'une silhouette est devant lui mais sa conscience ne sait pas imaginer cette silhouette. L'hallucination n'est que partielle.  

Il y a les bruits aussi.  

Des bruits indéfinis, inquiétants, pour les mêmes raisons que les ombres.  

Mais c'est au delà de l'imagination.  

Le cerveau est au delà de l'imagination, du probable et du réel. Tout n'est que dans sa tête.  

 

 

 

La télévision éclairait la chambre par intermittences. Il n'était plus très loin de minuit et Lucy ne trouvait pas le sommeil. Impossible de s'endormir aux côté de quelqu'un qui ne fait rien pour s'assoupir. Elle fulminait intérieurement et sa colère nourrissait son insomnie. Elle essayait vainement de suivre le reportage sur une brigade anti-criminalité de province. Un des policiers ressemblait à Stanley. Elle espérait assister à une altercation, une bagarre.  

Elle voulait qu'il en prenne dans la gueule.  

Et lui à ses côté, parfaitement enroulé dans sa couette, la tête sur l'oreiller, fixer comme un malade le plafond, les yeux grands ouverts. Il ne bougeait pas, à peine si l'on pouvait distinguer sa poitrine se soulever à ses respirations.  

Elle se retourna vers lui, comme pour attendre qu'il parle. Qu'il réagisse. Qu'il bouge un muscle, qu'il lâche une caisse, merde!  

Elle attrapa son oreiller, éteint la télé, et sortit de la chambre trouver une couche plus accueillante sur le canapé du salon.  

Stanley, le regard fixé aux lézardes du plafond, murmura un non.  

 

Elles étaient autour de lui. Les ombres. Les silhouettes. Il fixait toujours le plafond, mais maintenant il était seul. La fraîcheur du corps absent à ses côtés envahit lentement le lit. Il apercevait la partie supérieure de quelques ombres s'approcher de lui, s'éloigner, au fur et à mesure que ses yeux s'adaptaient à l'obscurité récente. Des larmes perlaient aux bords de ses yeux. En fixant sa lézarde, il se répétait que c'était dans sa tête.  

Brièvement, une des ombres se déplaça beaucoup plus vite le long d'un mur. Sur son passage, deux cadres accrochés au mur chutèrent au sol.  

 

Depuis le rez-de-chaussé, Lucy entendit son mari exhaler des hurlements de terreur.  

 

 

 

Un dimanche matin déprimant. Lucy lavant les tasses du petit déjeuner, Stanley encore attablé. Une ombre l'observe depuis l'encadrement de la séparation entre la cuisine et le salon. Elle lui occulte la télévision. Il tente de regarder tant bien que mal, mais sans jamais lever les yeux sur son visage. Il ne veux pas. Stanley tente d'agir comme s'il n'y avait pas d'apparition, comme pour se prouver qu'elle n'existe pas, même si une de ses « imaginations » a renversé des objets dans sa chambre hier soir. C'était probablement un rêve. Et le désordre dans la chambre au matin était certainement dû à une crise de somnambulisme.  

Il arrivait partiellement à suivre ce qu'il y avait à la télévision. A force de la fixer pour voir à travers, il percevait l'entité onduler, comme un nuage de fumée noire très dense. Des palpitations faisait sursauter le corps de l'ombre par moments.  

Stanley arrivait à suivre l'émission de télévision. Un reportage sur une petite famille dans un lotissement. Il arrivait à passer outre la présence de l'ombre. Elle, était resté au même endroit depuis plus d'un quart d'heure. Il se sentait gagner. Mieux que de vivre avec, il en avait presque de l'indifférence. Il gagnait. Il ne ressentait plus de terreur. Ce n'étaient que des ombres. C'était sa peur qui leur donnait leurs pouvoirs. Sans peur, elles n'étaient plus que de banales formes opaques dans l'espace autour de lui.  

Dans une confiance retrouvée, dans un élan de défiance, il leva son regard sur le visage de l'ombre.  

Dès que ses yeux se posèrent dans les deux trous béants de la tête de la silhouette, son visage fantomatique sauta au visage de Stanley dans un hurlement strident. Ce dernier se masqua le visage en hurlant et par réflexe se jeta en arrière, tombant de sa chaise.  

Il rouvrit les yeux pour ne voir que Lucy se tenant devant lui, un sourcil dressé.  

« Je... La télévision... Une image... »  

Lucy se retourna vers la télévision, puis reposa son regard sur Stanley, avec le même sourcil interrogatif.  

« Une séquence d'accident m'a surprit et j'ai été bêtement effrayé. »  

Lucy lui répondit que la télévision n'a pas été allumée de la journée.  

 

Stanley essayait de comprendre, le regard vide. Lucy, dépitée, partit chercher son manteau. Stanley la suivait du regard pendant qu'elle partait à l'extérieur. En refermant la porte derrière elle, le regard de Stanley atterrit sur la fenêtre du salon. Derrière la fenêtre, une ombre observait Stanley resté au sol.  

La peur revint dans ses yeux.

Scénario : (4 commentaires)
une série B d'horreur de Nicolas Goldsmith

Pierre Hancock

Jeanne Haywood

Léopold Andromaque

Julia Carter
Sorti le 03 novembre 2040 (Semaine 1870)
Entrées : 4 971 436
url : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=24761