Un laboratoire quelque part dans le bush australien - Minuit  

Barney (Jaime Genre) arpentait les couloirs du complexe semi-souterrain où il travaillait. Il ne savait pas vraiment quelles étaient les activités concrètes de la KKCorp. Probablement un truc entre la recherche pharmaceutique, cosmétique et leurs applications militaires top-secret. Il s'en foutait pas mal car il n'était pas (grassement) payé pour se poser des questions sur ce sujet. Alors qu'il mâchait son chewing-gum, il poussa la porte de son laboratoire. Et son regard fut immédiatement attiré par ELLE (Penelope Vélez). La jeune laborantine se nommait Melody et Barney craquait littéralement pour elle. Sentiment à sens unique, bien évidemment. Il fallait dire que le jeune homme faisait tout pour paraître étranger aux charmes de Melody. Et celle-ci s'en accommodait parfaitement. Là, elle était en train de zyeuter dans le microscope. Barney jeta un coup d’œil par dessus son épaule.  

- Alors ?  

Melody se releva brusquement.  

- Rien de notable. Ils sont stables.  

Du menton, elle désigna une large cage dans laquelle trois koalas déambulaient. Ils avaient une attitude agressive et ils s'agrippaient aux grilles en hurlant et en projetant de la bave vers les chercheurs. Barney les observa en haussant les épaules.  

- J'sais pas trop ce qu'on va en faire. L'expérience a officiellement foiré.  

- Dire qu'au départ, c'était juste un test de déodorant à la camomille. Oui, ça a bien foiré. Ils ont pas encore mangé. Enfin... Si on peut appeler ça de la nourriture.  

Elle désigna une poudre noircie peu ragoutante. À son tour, elle haussa les épaules.  

- J'sais même pas ce que c'est, mais ils ne veulent plus que ça. Ils sont barjes si je propose autre chose.  

Il y eut un long silence seulement entrecoupé par les cris des bêtes en furie. Barney reprit la parole.  

- Et Zygmo ?  

- Égal à lui-même. Il a passé la journée à sucer des feuilles d'eucalyptus.  

Leurs regards se portèrent vers un autre koala, en liberté celui-ci, qui restait bêtement assis sur un bureau. Son regard vide était surmonté d'une crête orangée, tel un punk. Barney aimait beaucoup ce koala qu'il avait recueilli comme un fils. Il se reconnaissait en lui.  

Puis le jeune homme saisit la poudre et s'approcha de la cage. Il l'entrouvrit afin de nourrir les trois koalas agressifs.  

Tout à coup, la lumière s'éteignit et une sirène retentit dans tout le bâtiment. Seuls les voyants rouges permettaient aux scientifiques de se repérer et de trouver l'issue de secours.  

- Vite !  

Barney se saisit de son copain Zygmo et suivit Melody dans le couloir, puis dans la cour du complexe.  

Une centaine de personnes forma ainsi un petit groupe dans la nuit du désert australien. Un grand type moustachu débarqua en levant les bras.  

- FAUSSE ALERTE LES GARS ! C'EST ENCORE RÉGIS QUI A ESSAYÉ DE BRANCHER SON TALKIE-WALKIE SUR LE DÉTECTEUR DE MENSONGES ET ÇA A FAIT heu... ZPRFT... RIEN DE GRAVE, RETOURNEZ À VOS POSTES !  

Melody lança un sourire amusé à Barney.  

- Ce n'est que la huitième fois, ce mois-ci. Ah, au fait, t'avais bien pensé à fermer la cage des koalas, hein ?  

- Ah c'est pas toi qui...  

Ils s'échangèrent un regard terrifié alors que Zygmo, dans les bras de Barney, mâchouillait tranquillement une branche d'eucalyptus.  

Sidney, le même jour  

Vegas (Malcolm Porter) ruminait.  

- Putain de saloperie de mes couilles.  

Le policier sortait du bureau de son boss et le moins qu'on puisse dire c'était qu'il y a de l'orage dans l'air. Il donna un coup de poing dans la porte du commissariat. La vitre vola en éclat. Comment pouvait-on l'accuser de mauvais traitements sur des suspects potentiels ? Merde alors, il les avait pris en flag' ! Ces dealers avaient bien mérité leur sort et il était hors de question pour Malcolm de payer les frais d'hospitalisation (et de funérarium pour l'un d'entre eux). Il se heurta à un SDF d'origine aborigène. Leurs regards se croisèrent et l'homme en guenille se mit à proférer des menaces à Vegas dans une langue inconnue. Le flic décampa.  

- Enfoiré de fils de pute.  

Il claqua la porte de son appartement situé au trente-sixième étage de la tour Max-Thayer.  

- Bah alors mon loulou, qu'est-ce qu'il t'arrive ?  

Une femme d'une (bonne) cinquantaine d'année (Aline Siral) s'approcha. Elle arborait un look peroxydé à la Maryline Monroe et ce malgré les rides qui parcouraient son visage. Elle sirotait un mojito.  

- Ces sales enculés de leur mère...  

- Oh. Mauvaise journée. Allez mon chou, viens te prélasser avec moi... sous la couette.  

Il se dit qu'il avait des choses à faire, comme réparer le verrou de la salle de bain. Et finalement...  

- Bon d'accord.  

Quelque part dans la nature, le lendemain  

Les trois koalas sautaient de branche en branche. Ils étaient clairement plus vigoureux et intelligents que les autres de leurs espèces. Ils s'approchèrent d'un groupe de leurs congénères qui musardaient tranquillement dans un arbuste. Et sans avertissement, les trois cobayes de la KKCorp les attaquèrent.  

Un peu plus tard, dans la soirée  

Le vieux Tony était fatigué. Le fermier avait eu une dure après-midi de labeur. Depuis que la vieille Nicole l'avait quitté pour un monde meilleur, les journées étaient plus rudes. Mais le souvenir de sa tendre épouse lui permettait de tenir bon. La nuit tombait. L'heure de dormir s'approchait. Pourtant, un grattement le fit sursauter. Le vieux Tony fit le tour du porche et aperçut des mouvements dans l'obscurité. Il s'approcha, sa fourche à la main. Une douzaine de petites silhouettes grattaient le sol.  

- FOUTEZ-MOI LE CAMP ! MALOTRUS DE MES COUILLES EN BOIS !  

Avant qu'ils ne disparaissent, Tony croisa le regard du chef des koalas. Il y lut un mélange de folie et de fermeté. Ils décampèrent et le vieil homme s'approcha du lieu où ils avaient creusé.  

- Bon dieu... N...  

Une croix en bois surplombait le trou. Dans celui-ci, et malgré l'obscurité, on pouvait y deviner le cadavre d'une vieille femme... à moitié grignoté.  

Laboratoire de la KKCorp  

Barney et Melody se faufilèrent dans un couloir étroit. Barney hésita.  

- T'es sûr qu'on a le droit d'être là ?  

- Bien sûr que non, on n'a pas le droit ! Mais il faut qu'on sache !  

Ils continuèrent mais la porte d'accès était fermée. Barney commença à rebrousser chemin.  

- Bon ben tant pis. Allez on s'casse.  

- Regarde !  

Melody désigna une bouche d'aération qui accédait à la pièce secrète. Devant le regard circonspect de son collègue, la jeune femme désigna Zygmo qui suçait imperturbablement des feuilles d'eucalyptus dans les bras de Barney.  

- C'est lui qui va y aller. Je vais lui accrocher une caméra sur le front.  

Le petit koala entra. Ou plutôt fut poussé à l'intérieur. La pièce était très grande, presque un hangar, et il y régnait un calme qui semblait inhabituel. De grandes cuves étaient placés tout près de machines gigantesques. Des palettes de la poudre noire nutritionnelle (qui avait nourri les koalas fugitifs) étaient entreposées dans un coin. C'était ici qu'on la produisait. Et Zygmo serait le premier à connaître l'épouvantable vérité.  

Quelques jours plus tard, à Sidney  

Vegas se réveilla en sursaut. Le petit jour pointait dans sa chambre et sa femme dormait paisiblement à ses côtés. Un léger ronflement se faisait entendre. Bon sang qu'elle avait l'air vieille quand elle n'était pas maquillée ! Son téléphone sonna mais Vegas décrocha vite avant que sa femme n'ouvre l'oeil. C'était le commissaire.  

- Rappliquez vite votre gros cul !  

- Gné ?  

- Quoi ? Vous avez pas vu les infos ? Vous avez quinze minutes !  

Il raccrocha et se dirigea vers la grande télévision du salon, en se faisant un café au passage.  

Les images étaient surprenantes et choquantes. Une vue d'hélicoptère filmait le cimetière Rockwood vu du ciel. On pouvait y discerner une centaine de petites silhouettes qui allaient de tombe en tombe. Les dégâts semblaient considérables.  

- Mais c'est quoi cette putain de merde ?  

Une vue plus proche lui fit faire tomber sa tasse qui éclata au sol. C'étaient des koalas aux yeux fous.  

Il entra dans le commissariat comme une tornade. Tous les regards se tournèrent vers lui dans un silence soudain. D'un pas assuré, il entra dans le bureau du boss.  

- Ah, Vegas. Très bien.  

- C'est quoi ce bordel de mes couilles ?  

- Vegas, je vous présente les docteurs Melody Wither et Barney heu... j'ai oublié.  

- Et ça c'est quoi ? PUTAIN !!! BOUGE PAS ENCULÉ OU J'TE FAIS UN DEUXIÈME TROU DU CUL DE TA RACE !!!  

Vegas avait dégainé son revolver et pointait son canon en direction d'un koala amorphe, surmonté d'une crête, qui croquait nonchalamment une branche d'eucalyptus.  

Le commissaire s'approcha et poussa le canon du revolver vers le bas et se tourna vers les scientifiques d'un air désolé.  

- Excusez l'agent Vegas, il est un peu à cran.  

Melody fit un pas en avant. Barney, lui, ne disait rien. Il s'était uriné dessus.  

- Voila ce que nous savons. Ces koalas sont atteint d'un mal terrible. Ils sont agressifs, adroits, ingénieux et ils travaillent en bande. Ils peuvent contaminer leurs congénères. D'après nos projections, tous les koalas d'Australie seront infectés d'ici une semaine.  

Vegas jura.  

- Ta mère la pute.  

Melody, imperturbable, continua.  

- Nous avons découvert qu'ils avaient été nourris avec... des cadavres humains. La société qui nous emploie... qui nous employait plutôt... récupérait des aborigènes et les incinérait. En secret. C'était ça qu'ils testaient sur les animaux. Un additif alimentaire fait à partir de corps humains.  

- Les enculés de leur race.  

- Du coup, cela explique pourquoi ces animaux profanent les sépultures. Ils se nourrissent de nos morts.  

Le commissaire tapa joyeusement dans ses mains.  

- Voila qui arrange notre merdier : quand il n'y aura plus de cadavres, nous serons débarrassés de ces sales bêtes !  

Barney leva la main.  

- Certes, mais on pensait créer un antidote. Ce spécimen (il désigna Zygmo) est parfaitement sain et...  

À ce moment précis, un flic en civil entra dans le bureau sans frapper.  

- Boss ! Regardez ça !  

Ils allumèrent la télévision. Des images apocalyptiques étaient diffusées. Une femme se faisait agresser par des koalas au beau milieu de la foule. La scène sanglante se concluait par la mort de la jeune femme. Et les koalas choisissaient une nouvelle victime.  

Barney reprit la parole d'une voix lugubre.  

- On n'est pas sorti de notre "merdier". Ils ont compris que s'ils nous tuaient, on devenait des cadavres. On va tous crever.  

- Nom de Dieu de putain de bordel de merde de saloperie de connard d'enculé de ta mère.  

Plus ou moins au même moment  

Roselyne, la femme de Vegas, s'étira lascivement. Vegas n'était plus là. Au moins, elle aurait le temps de se pomponner. Elle prit une douche bien chaude puis bien froide afin d'étirer les chairs. Soixante-deux ans. Le temps commençait à prendre emprise sur elle. Et dire que ce trou du cul de Vegas lui en donnait quinze de moins. Au moins, elle pourrait vivre à ses dépens pendant encore un petit moment et même se mettre un petit pécule de côté pour ses très vieux jours.  

Elle arriva dans le salon, une serviette autour de la taille. Sa poitrine flasque tombait sur son ventre. Un petit courant d'air la fit frissonner. La baie vitrée devait être ouverte. Et, tout à coup, elle se mit à hurler, les mains sur les joues.  

-AAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaAAAAAAAAAAAAAAAAA  

aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaAAAAAAAAAAAAAAAAAAA  

AAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaaah!  

Sa serviette tomba au sol. Devant elle, trois koalas l'observaient en silence. Ils étaient largement recouverts de sang. Leurs dents claquaient. Roselyne, intégralement nue, hurla encore.  

-AAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaAAAAAAAAAAAAAAAAA  

aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaAAAAAAAAAAAAAAAAAAA  

AAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaaah!  

Le koala le plus proche d'elle esquissa un mouvement. La femme fit demi-tour et se barricada dans sa salle de main. Le verrou était cassé... Elle tenta de résister à la charge des bestioles qui heurtaient la porte. Celle-ci s'entrouvrit un peu. Une main griffue apparut dans l'embrasure.  

-AAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaAAAAAAAAAAAAAAAAA  

aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaAAAAAAAAAAAAAAAAAAA  

AAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaaah!