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Les Films du Corbeau présente
Contre toute apparence

Hôtel Coromandel, Le Caire, 1938.  

 

« J’adooore l’art égyptien. Mais professeur, finalement, que nous apportent toutes ces fouilles et ces découvertes ? Est-ce si utile de remuer autant de poussière ?  

- Une question judicieuse, Mrs. Humpingfool-Waters. Une question très judicieuse ! Voyez-vous, la connaissance du passé nous éclaire sur les événements d’aujourd’hui. Et nous indique le chemin à suivre pour l’avenir ! Si vous me demandez mon avis, l’histoire n’est qu’un cycle. Mais cela ne change pas le fondement de notre quête.  

- Comme c’est passionnant !  

- Voyez-vous, l’Egypte antique se distingue de toute… »  

Anna May Parker (Nour Pendragon) soupira discrètement en fouillant son assiette à l’aide de sa fourchette. Elle avait entendu le professeur Broomsfield (Herbert Schneider) tenir ce genre de discours des dizaines de fois. Et il était intarissable sur ce sujet. La veuve Humpingfool-Waters (Aline Siral), qui se penchait vers lui par-dessus son assiette, le dévorait tellement du regard qu’elle la soupçonnait de ne pas écouter le moindre mot. Son attention était ailleurs. Mais le professeur était bien loin de s’en rendre compte. Aussi instruit qu’il pouvait l’être, il semblait tout à fait ignare en matière de séduction.  

L’attention d’Anna May fut détournée par la présence d’un serveur, qui passa près de leur table avec un plateau dans la main. Il décocha un clin d’œil complice à la jeune femme. C’était Mortimer (Hugh Darby), l’un des garçons d’étage, serveur et barman de l’hôtel, avec qui elle avait eu l’occasion de discuter à une ou deux reprises. Un jeune homme charmant. Anna May sentit ses pommettes rougir légèrement et elle ne put s’empêcher de sourire.  

« Miss Parker ? Miss Parker ? Doux Jésus, m’écoutez-vous Miss Parker ? »  

Elle prit soudain conscience que le professeur appuyait sur elle un regard courroucé.  

« Pardonnez-moi, Professeur… Vous disiez ?  

- Miss Parker, si la démarche d’un jeune serveur a plus d’importance à vos yeux que les vestiges de la dynastie égyptienne, alors je me suis peut-être trompé en vous emmenant avec moi.  

- Mais pas du tout Professeur, je…  

- Miss Parker, je vous ai choisi parmi mes nombreux étudiants parce que j’ai cru percevoir en vous de sérieuses dispositions pour la compréhension des richesses qui nous entourent. Me suis-je trompé, Miss Parker ?  

- Je…  

- ME SUIS-JE TROMPÉ ?  

- Pas du tout, Professeur. Je vous assure… »  

Après un court silence, pendant lequel le Pr. Broomsfield maintint ses yeux grands ouverts sur la jeune femme livide, sa voix reprit le calme qui était le sien depuis le début du repas.  

« Bien. Alors vous serez assez aimable de bien vouloir attirer l’attention de votre jeune serveur pour nous commander deux tasses de thé. Je suis sûr que Mrs. Humpingfool-Waters est tout autant que moi désireuse de terminer ce repas. »  

Anna May était transie de honte d’avoir été ainsi sermonnée. D’autant plus que Mrs. Humpingfool-Waters posait sur elle un regard sévère, qui lui donnait vraiment l’impression d’être une fille de rien. Elle se leva précipitamment pour quérir les tasses de thé.  

 

 

Alors qu’elle s’apprêtait devant le miroir de sa minuscule salle de bains, Anna May répétait sans cesse la même phrase dans sa tête. « Tu as de la chance. Tu as de la chance. Tu as de la chance. » Oui, c’était une véritable chance d’avoir été choisie par le professeur Broomsfield pour lui servir d’assistante au cours de ce voyage de fouilles. C’était une reconnaissance. Elle était son élève à l’université de Cambridge, et Broomsfield, en plus d’être un enseignant d’archéologie émérite, était une sommité dans le domaine de l’Egypte ancienne. Elle admirait beaucoup l’étendue de ses connaissances.  

Mais il était aussi un homme aigri, misogyne, hypocondriaque, agoraphobe, particulièrement associable, et affreusement conservateur. Très, vraiment très difficile à supporter. Cette chance avait toutes les similitudes de la punition.  

Et pour couronner le tout, une vieille veuve anglaise tout autant insupportable s’était entichée de lui et avait réussi à le convaincre de partager tous leurs repas…  

Elle soupira et repoussa loin ces réflexions. Pour le moment, elle avait son après-midi libre ! En totale contradiction avec ses convictions, le professeur avait décidé de laisser ses études de côté pour emmener Mrs. Humpingfool-Waters visiter les pyramides. Ca, c’était une autre forme de chance. Et elle comptait bien en profiter…  

Elle descendit les escaliers, vêtue de sa plus belle robe (qui était loin d’être une robe de cocktail) et maquillée avec discrétion. Elle choisit un fauteuil au bar de l’hôtel et attendit que le beau Mortimer finisse son service. Il lui avait proposé de l’emmener découvrir les souks du Caire. C’était bien un endroit où elle était sûre de ne pas y croiser le Professeur. Les Egyptiens d’antan avaient beaucoup plus de valeur à ses yeux que les autochtones d’aujourd’hui…  

Elle attendit patiemment, promenant son regard sur les autres résidents de l’hôtel qui l’entouraient. La quasi-totalité d’entre eux étaient des Anglais, comme elle, mais bien plus âgés. L’hôtel Coromandel était spécialisé dans l’accueil des voyageurs britanniques riches et grabataires. A part quelques palmiers en pot et des persiennes sur les fenêtres, tout dans ce lieu était fait pour leur rappeler la mère-patrie.  

Les seuls autres résidents qui ne venaient pas d’Angleterre étaient des militaires et des diplomates allemands. Anna May ignorait ce qui les avait amenés au Caire, et plus particulièrement dans cet hôtel. Un congrès peut-être. Certains d’entre eux arboraient le brassard du parti dominant, le parti nazi. Ils la rendaient mal à l’aise. Elle ne s’intéressait pas à la politique, mais elle savait que les tensions entre leur pays et la plupart de l’Europe étaient palpables. Certains parlaient même d’une guerre imminente. Ce qui ne semblait pas non plus soucier le Professeur, puisqu’elle l’avait vu partager un verre avec un officier la veille au soir.  

L’un d’entre eux sourit à l’intention de la jeune femme. Elle détourna le regard. Quel dommage que les seules autres jeunes personnes de l’hôtel étaient nazies.  

Excepté Mortimer, qui arriva à cet instant et déposa un verre de liqueur devant Anna May. Il souriait.  

« Pardonnez-moi de vous avoir fait attendre. Voici pour m’excuser.  

- Mais… qu’est-ce que c’est ?  

- Du brandy. Je me suis dit que vous en aviez besoin après l’épreuve du repas. Vous auriez vu votre tête ! »  

Anna May rit, et regarda autour d’elle, gênée.  

« Je ne sais pas si je dois… »  

Une jeune femme ne boit pas d’alcool dans les lieux publics, surtout en dehors des dîners. Mortimer l’encouragea cependant.  

« Vous avez une très mauvaise influence sur moi ! », rit-elle avant de boire sa rasade d’une traite. C’est à ce moment qu’elle perçut une silhouette debout, à ses côtés. Elle tourna la tête et son regard tomba sur le professeur, qui fixait le verre vide qu’elle tenait encore avec horreur. Il était harnaché de son large chapeau, de son épaisse sacoche en bandoulière et de sa ridicule ombrelle.  

« Prossef… Professeur !  

- Si vous n’êtes pas trop occupée à vous ridiculiser, vous voudrez bien récupérer mes carnets de notes. Nous avons beaucoup de travail, Miss Parker !  

- Mais… votre excursion… Mrs. Humpingfool-Waters…  

- … a été prise de vertiges soudainement quand j’ai fait fuir une abeille de son chemisier. Elle est partie se reposer. Une attitude tout à fait incompréhensible, si vous voulez mon avis. Mais qui nous libère pour reprendre le travail ! Hâtez-vous, je vous prie.  

- Mais… c’est que… Ce monsieur qui est là m’avait proposé… », dit-elle en désignant Mortimer.  

« Si vous avez d’autres projets, alors je serai ravi de continuer mes travaux seuls. Nous nous retrouverons en Angleterre, Miss Parker. »  

Il tourna les talons en direction de la sortie. Mortimer sourit tristement à l’intention de la jeune femme.  

« Je suis tout à fait confuse, Mortimer… Professeur, attendez-moi ! »  

 

 

Le professeur avait retrouvé tout son entrain et marchait à dix pas devant Anna May, qui tentait encore de faire tenir les carnets de notes dans son sac à main. Elle n’avait pas eu le temps de retrouver sa sacoche de travail. Ses talons hauts la firent trébucher sur une pierre.  

« Miss Parker, croyez-vous sérieusement que votre accoutrement convient à notre excursion ? Je ne vous comprends vraiment pas. Vous êtes beaucoup trop coquette. Vous me décevez beaucoup. Hâtez-vous ! »  

Anna May pesta entre ses dents. « Si tu m’avais laissé le temps de me changer, vieux bouc… »  

« Nous avons beaucoup de chance aujourd’hui, nous allons pouvoir accéder à la troisième salle en sous-sol. Mais j’imagine que cela n’est pas à la hauteur d’un après-midi auprès d’un serveur d’hôtel… »  

Ils arrivaient aux pieds de la pyramide de Kheops. Même la magnificence de l’édifice, qui émerveillait Anna May à chaque fois, ne fut pas suffisante cette fois-ci pour éloigner ses envies de meurtre.  

Le Pr. Broomsfield était aussi réputé en Angleterre qu’en Egypte, et l’accès qu’il avait réussi à obtenir au cœur de la pyramide, dans cette troisième salle si peu étudiée encore, était réellement une opportunité exceptionnelle. Ils s’engouffrèrent dans le conduit à flanc de pyramide et le guide les mena pendant une dizaine de minutes dans une succession de couloirs étroits où ils débouchèrent sur une pièce vaste et tout à fait obscure. Avant de les laisser seuls, il alluma une série de flambeaux positionnés habilement pour éclairer les murs parsemés de hiéroglyphes colorés. Ils étaient dans un état de conservation extraordinaire.  

« C’est une splendeur », s’extasia le professeur. Anna May le rejoignit dans son émerveillement.  

« Relisez-moi nos notes d’hier, Miss Parker. »  

Anna May s’agenouilla et fouilla dans son sac à main, à la recherche du carnet. Il faisait trop sombre pour qu’elle distingue facilement les annotations. Elle les scruta un à un, puis sentit le sang refluer de son visage. Dans la précipitation, elle s’était trompée de carnets. Ceux qu’elle avait récupérés sur le bureau du professeur ne faisaient que lister les enseignants illustres de Cambridge, reprenaient des notes du professeur sur des conversations avec ses collègues, avec des hommes politiques, et même avec le 1er ministre semblait-il. Le Professeur fut prit d’un accès de colère terrible.  

« Vous êtes désespérante, incapable ! Je ne comprends pas comment j’ai pu me fourvoyer à ce point à votre sujet ! Vous n’êtes bonne à rien, et vous ne réussirez pas. Je m’en porte garant, Miss Parker ! Partez immédiatement, laissez-moi continuer seul ! »  

Anna May était en larmes, accablée. Elle ramassait les carnets qu’elle avait éparpillés sur le sable. Les fouillait une dernière fois, dans un ultime espoir d’y découvrir les notes tant attendues.  

Puis, soudain, ses sourcils se froncèrent. Dans les rouages de son esprit désespéré, un grain de sable venait de s’immiscer. Quelque chose n’était pas normal… Qu’avait-elle donc entre ses mains ?  

« Professeur… »  

Broomsfield l’avait déjà oubliée et reporté son attention sur les murs de la salle. Anna May se redressa, un carnet en main. Ses larmes ne coulaient plus, sa voix s’était faite plus claire.  

« Professeur !  

- Vous êtes encore là ?  

- Professeur, pourquoi gardez-vous les notes de vos discussions avec le 1er ministre ? »  

Broomsfield se figea.  

« Donnez-moi ça ! Cela ne vous regarde pas ! »  

Il se jeta sur elle et lui arracha le carnet des mains. Il ramassa les autres avec empressement et les enfourna dans la sacoche qu’il tenait contre son corps.  

« Pourquoi notez-vous vos discussions ? Elles me semblent très indiscrètes.  

- Mêlez-vous de ce qui vous regarde ! Je vous ai demandé de partir.  

- Professeur… De quoi parliez-vous hier soir, avec l’officier allemand ? »  

Le regard du professeur se durcit. Celui de la jeune femme aussi. Touché.  

« Je n’arrive pas à y croire… On parle d’une guerre prochaine contre l’Allemagne, professeur. Savez-vous comment peut-être interprété ce que vous faites avec ces nazis ?  

- Vous vous êtes trompée de carnets, Miss Parker. Votre erreur est inacceptable. »  

Son regard était maintenant glacial, implacable. Il se saisit d’un flambeau, dont le manche était en acier, et s’avança vers la jeune femme d’une démarche lente et menaçante. Anna May recula.  

« Que faites-vous ?  

- Vous êtes plus qu’incapable, Miss Parker. Vous êtes maintenant indésirable. »  

Il tenta de la frapper avec le manche enflammé. Mais le poids de la sacoche le déstabilisa et lui fit rater sa cible. Anna May chuta et cria. Mais le guide était parti, ils étaient seuls à plusieurs dizaines de mètres sous la pyramide.  

Broomsfield retira sa sacoche et la laissa posée sur le sable. Il enfonça son flambeau entre les carnets, qui prirent rapidement feu.  

« J’ai été imprudent, j’en conviens. Maintenant, il me reste une trace à supprimer. »  

Il se jeta à nouveau sur elle, mais il n’était pas puissant. Elle réussit à le repousser à coup de talons et prit la fuite dans le couloir de sortie. Elle n’avait pas de flambeau, et le chemin vers la sortie était un dédale de couloirs. Elle avança à l’aveugle, poursuivie par le professeur. Elle courait plus vite que lui, elle le distança facilement.  

« Miss Parker ! Vous ne savez pas où aller ! »  

Il disait vrai. Et elle savait que certains couloirs effondrés creusaient des gouffres vers les étages du dessous. Des trous mortels. Sa main rencontra un renfoncement dans la paroi. Elle s’y blottit. Elle ne savait plus quoi faire. La lumière du flambeau s’approchait. Elle retint sa respiration. Le professeur passa devant elle, mais il ne pensa pas à tourner la tête.  

« Miss Parker ! Vous suivez la mauvaise direction. Revenez, nous pouvons encore parlaaaaAAAAAAH ! »  

Anna May venait de voir le flambeau disparaître. Le professeur venait de chuter dans un de ces gouffres. Quelques pas de plus, et Anna May y aurait plongé elle-même. Elle s’approcha et aperçut le corps disloqué du professeur plusieurs dizaines de mètres plus bas, avant que le flambeau ne s’éteigne.  

 

 

Mortimer s’alarma lorsqu’il vit la silhouette de la jeune femme pénétrer dans l’hôtel. La nuit était tombée depuis plusieurs heures déjà, il s’était inquiété. Et elle reparaissait les vêtements souillés, la mine tragique, déposée devant l’hôtel par des policiers égyptiens.  

« Miss Parker, que s’est-il passé ?  

- Oh Mortimer, c’était horrible. Le… le professeur est tombé dans un gouffre des pyramides. Il est mort.  

- Seigneur… Venez, vous avez besoin d’un remontant.  

- Merci Mortimer, mais je suis épuisée. Je vous verrai demain, vous voulez bien ? »  

 

Enfermée dans sa chambre, Anna May ne parvenait pas à faire cesser le tremblement de ses mains. Avait-elle eu tort de cacher la vérité aux autorités ? Elle n’avait aucun moyen de prouver la trahison du professeur, maintenant qu’il avait brûlé ses carnets. Et elle avait craint de révéler sa découverte : on aurait pu interpréter la situation, la mort du professeur juste après la découverte d’Anna May, comme un crime.  

Elle se blottit, sale, sur son lit. Et attendit longtemps le sommeil.  

 

 

Lorsqu’elle pénétra dans la salle de restaurant le lendemain matin, de nombreux visages se tournèrent vers elle. La nouvelle avait déjà circulé. Elle vit l’officier allemand qui s’était entretenu avec le professeur. Son regard la transperça. Elle détourna le sien. Une nausée lui vrilla l’estomac.  

Mortimer vint à sa rencontre, prévenant, et la mena jusqu’à une table éloignée où il avait déjà dressé un petit déjeuner copieux.  

« Mangez, et remontez vous reposer. Je viendrai vous voir à la fin de mon service. »  

A quelque distance, Mrs. Humpingfool-Waters était assise seule à une table. Elle avait le teint livide, visiblement marquée par l’événement tragique. Anna May fut saisie par son regard : elle la fixait avec une haine non dissimulée.  

 

Elle rejoignit sa chambre et se rendormit un court moment. Elle fut réveillée par un bruit discret : quelqu’un venait de déposer une enveloppe sous sa porte. Elle l’ouvrit et y lit un mot rapidement tracé à la plume.  

« Je sais ce que vous avez fait. »  

Elle se sentit soudain glacée. Qui pouvait savoir ce qui s’était passé ? Alors Anna May fit plus attention à la note, qui avait été écrite sur un papier à lettre distingué, et qui sentait la lavande. Si Mrs. Humpingfool-Waters avait l’intention de la faire chanter, elle ne comptait visiblement pas le faire avec subtilité.  

Anna May se décida. Elle longea les couloirs et rejoignit la chambre de la veuve. Elle n’allait pas se laisser intimider. Elle n’avait rien à se reprocher. Elle frappa mais n’obtint pas de réponse. Elle ouvrit la porte et pénétra dans la chambre. Mrs. Humpingfool-Waters n’y était pas. Mais elle perçut un bruit sur le balcon. La veuve était installée à une table, sirotant une tasse de thé à l’abri d’un pare-soleil et observant le jardin encore vide de l’hôtel. Sur la table, le papier à lettre et la plume étaient encore disposés hors de leur étui.  

Anna May la fit sursauter lorsqu’elle s’adressa à elle.  

« Pourquoi m’avez-vous écrit ce mot ? »  

La veuve se redressa avec effroi. Elle recula jusque dans la chambre.  

« Je suis persuadée que vous lui avez fait du mal. Il m’avait parlé de vous. Je sais de quel genre vous êtes.  

- Vous dites des sottises. Je ne lui ai rien fait. Il est tombé. »  

La veuve courut jusqu’à la porte de la chambre, qu’elle ouvrit.  

« Sortez d’ici ! Vous ne me faites pas peur.  

- Je n’essaie pas de vous faire peur. Je suis venue vous parler, parce que vous êtes dans l’erreur. »  

Anna May referma la porte avec autorité. Mrs. Humpingfool-Waters se précipita jusqu’à un guéridon, où elle saisit l’appareil téléphonique qu’elle tint à bout de bras, comme une menace.  

« N’approchez pas, ou j’appelle à l’aide.  

- Mrs, vous vous trompez sur moi. Et sur le professeur. Je vous assure. »  

La veuve reculait, le téléphone dans les mains, à mesure qu’Anna May avançait vers elle. Elle se tenait maintenant proche de la balustrade du balcon.  

« Vous mentez. Vous n’avez aucune vertu. Le professeur connaissait les pyramides comme son ombre.  

- Vous ne savez pas tout sur le professeur. J’ai appris des choses terribles…  

- Vous mentez !  

- Attention, vous allez… »  

Mais trop tard, la veuve trébucha contre la rambarde du balcon. Elle fouetta l’air de ses mains, encombrées du téléphone et de son câble qui volait autour d’elle. Anna May se précipita, mais ne réussit pas à l’atteindre. La vieille femme bascula en criant et disparut. Anna May ne réussit qu’à saisir le câble du téléphone, qui se tendit brutalement, la projetant à genoux. La veuve avait dû réussir à s’agripper au combiné ! La jeune femme tenta de tirer dessus pour la hisser jusqu’au balcon, mais la résistance était trop forte. Le câble lui glissa des doigts et se tendit encore davantage. Elle se pencha précipitamment par-dessus le balcon, tendant sa main pour l’aider à remonter, mais resta figée d’effroi… Le câble du téléphone s’était enroulé autour du coup de Mrs. Humpingfool-Waters, qui tanguait dans le vide, les yeux exorbités et la langue pendante…  

Au même moment, son regard croisa celui de Mortimer, qui fixait la scène avec le même effroi depuis le jardin. Ils se fixèrent l’un l’autre, incapables d’un mouvement.  

 

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Un film de Gary STRÖMER  

Sur un scénario original du Corbeau  

 

Avec  

Nour PENDRAGON - Anna May Parker  

Hugh DARBY - Mortimer  

Herbert SCHNEIDER - le professeur Broomsfield  

Aline SIRAL - Mrs. Humpingfool-Waters  

 

Sur une musique de Gaia LAWS  

Scénario : (3 commentaires)
une série B thriller (en noir & blanc) de Gary Strömer

Hugh Darby

Nour Pendragon

Herbert Schneider

Aline Siral
Musique par Gaia Laws
Sorti le 11 avril 2037 (Semaine 1684)
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