Hollywood en Californie, ou les rêves font les stars et les stars font les rêves...  

Une femme (Clarisse Flannery) pénètre dans une chambre d'hôtel accompagnée d'un homme. Le tourne-disque trône sur une table et passe en boucle Bang Bang de Nancy Sinatra, à l'image de cette mystérieuse jeune femme qui répète en boucle dans sa tête le même morceau de sa vie. La jeune femme semble refuser de croiser le regard de cet homme qui l'accompagne, dans son esprit, ce dernier reste flou comme si le souvenir de cette après-midi de mars devra être refoulé à jamais.  

Malgré l'assurance que fait preuve la jeune femme, son regard trahis son esprit et laisse entrevoir une fêlure, une profonde tristesse et si on y regarde de plus près, cette fille d'Eve laisse place à une enfant perdue dans sa vie et dans son esprit.  

Tu es belle...  

La jeune femme s'assoit sur le rebord du lit et déboutonne le pantalon de cet amant passager. Lui qui s'était montré si tendre et prévoyant jusque là, laisse peu à peu ses pulsions animals prendre le dessus. Ses caresses laissent place à des claques, ses baisers à des vas et viens entre ses cuisses.  

Durant l'acte, cette fiancée d'un soir ne cesse de contempler le plafond, ce plafond blanc qu'il lui rappelle la pureté de la neige et laisse entrevoir l'esquisse d'un sourire au coin de sa bouche. Quelques minutes seulement ou elle oscillera entre impatience et extase.  

La chose est faite, telle une victime consentante, elle se rhabille sans prendre le temps de fumer cette cigarette que lui temps l'homme encore nue sur le lit. Elle ne le reverra plus, l'effacera de sa vie et de ses souvenirs, désormais ce n'est qu'un reflet furtif dans le miroir de son passée.  

********** ROAD TO THE STARS **********  

Bande originale : Mirah - Special Death  

https://www.youtube.com/watch?v=-2x_kL-6gMo  

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De retour dans sa somptueuse demeure, la jeune femme allume la télé qui laisse place à un grésillement permanent. Cette image continue l'apaise et la jeune femme y renvois ses peurs et ses rêves. Elle se sent terriblement seule dans cette immense impasse que représente cette villa. Elle avait épousé un riche homme d'affaire américain, tellement absent, pris par ses voyages à l'autre bout du monde, qu'elle en vient à oublier son nom. Elle l'avait autrefois supplié de déménager dans cette ville pour devenir une star comme Marylin Monroe, une idole immortelle à la James Dean, mais pour le moment elle patiente sur ce tabouret en bois sans dire un mot, fixant la télévision, se remettant sans cesse en question sur ses choix.  

Cette femme est une riche épouse, elle est une prostitué pathétique, une amante mystérieuse qui tente de donner du piment à son quotidien, un simple sens à sa vie.  

Sa longue agonie permanente est interrompue par un coup de téléphone. A l'autre bout d'une fil, une voix douce et féminine lui propose de passer un casting pour un film intitulé Requiem for the blue tie. Heureuse, dans un état second comme si elle avait avalé une boîte de ces petites pilules bleues qu'on peut chopper au carrefour d'en face, la croqueuse d'hommes accepte la proposition. Elle demande toutes les informations, le lieu, la date et vers qui elle doit se présenter. Son interlocutrice lui donne le tout et lui souhaite bonne chance de la part de son agent. La jeune femme n'a pas d'agent mais n'y prête guère attention, elle ne se demande même pas pourquoi elle fait partie de ces privilégiés qu'on invite à passer un casting. Depuis maintenant trois ans, cette actrice défectueuse, aux allures de simple figurante, écumes les castings comme une pute fait le trottoir sans ramasser le moindre rôle ou dollars. Ce n'est pas faute de donner le meilleur d'elle même, son corps en a vu plus d'un trépasser entre ses cuisses.  

Le lendemain marque un jour nouveau, peut-être un nouveau départ dans sa vie, le début d'une carrière. La jeune femme n'a pas beaucoup dormis, elle trépignait bien trop d'impatience. Sa nuit est tout de même écourtée très tôt dans la matinée lorsque sa sonnette la convoqua sur le palier. Lorsqu'elle ouvre la porte, personne, simplement un coffret blanc couleur neige qui renferme une robe beige. Elle la trouve très belle bien qu'elle soit un peu démodée et vieillotte. Cette robe pourrait soulever une multitude de questions, mais la jeune ingénue décide de la porter pour obtenir ce rôle dans ce film.  

Le taxi la dépose devant l'entrée de cette immense immeuble. Son rendez-vous est au troisième étage, elle doit se présenter à un dénommé M.Williamson (Travis Lavino). A sa plus grande surprise, elle semble attendue, un homme vêtu d'un costard lui ouvre généreusement la porte d'entrée et lui fait signe de la suivre. La jeune femme se sent pousser des ailes, elle lui semble bien loin cette époque ou elle attendait des heures et des heures dans un grenier miteux à réciter des scripts sordides semblable au salaire qui lui serait alloué. Oui, aujourd'hui tout va changer, elle aura bientôt son étoile sur Hollywood boulevard et son nom résonnera à travers les siècles, vivant à jamais à travers les multiples chef d'oeuvres qu'elle aura eu l'honneur de tourner.  

L'homme attend que l'ascenseur s'ouvre et lui ouvre une porte débouchant sur le salon d'un palace. La pièce est immense mais complètement vide, pas une seule table ou chaise, pas même un simple pot de fleur. Le valet lui fait signe de la suivre une dernière fois et ensemble il traverse ce grand salon jusqu'à cette porte ou un homme surgit.  

On vous attendait, vous venez pour le casting c'est bien ca ?  

Monsieur Williamson est grand, charismatique et une barbes de plusieurs semaines qui laisse ressortir son côté animal, sûrement un excellent amant ne peux s'empêcher de penser la jeune femme. Elle acquiesce d'un simple signe de tête et donner son manteau à ce mystérieux valet qui quitte aussitôt la pièce.  

Très bien, dîtes moi votre nom...  

La discussion est immédiatement interrompue par un coup de téléphone. Monsieur Williamson y répond aussitôt. Il affirme que l'ensemble du casting s'est parfaitement bien déroulé mais que la perle rare se trouve là, sous non nez. La jeune femme tente de camoufler son excitation mais ses yeux la trahissent encore, ils pétillent comme un vague de flash lors des tapis rouge, elle s'y voit déjà, être sur une simple bobine pour une gloire éternelle.  

Le film est un délicat jeu de lumières sur la mise au point progressive de son héroïne : Dorothy Parton. Je veux que le générique de fin mette un terme à un étrange confessionnal. Vous savez mademoiselle...  

- Madame - Elle montre fièrement son alliance à Williamson comme si elle cherchait à prouver quelque chose avant que celui-ci reprenne son monologue en faisant mine d'ignorer la remarque de la jeune femme face à lui.  

- Le cinéma est une machine à créer des émotions, certes parfois déconnecter les unes des autres mais nous obligeant à passer de monde en monde pour embrasser chaque facette de notre humanité.  

Elle ne comprend pas un piètre mot de ce qu'il raconte mais fait mine de s'y intéresser fortement. Ce rôle elle le veux et il est hors de question qu'elle gache cette opportunités avec des remarques idiotes. Elle écoute tout ce que ce Williamson veux lui dire, elle lance ce petit éclat de rire hypocrite lorsqu'elle pense que la réaction est adéquate et le regarde passionnément droit dans les yeux abusant de ses charmes, profitant de la faiblesse de l'homme. Elle le sait, dans quelques minutes -qui lui semble terriblement longues- Monsieur Williamson lui confiera le rôle...  

Cette actrice en devenir n'a pas fermé l'oeil de la nuit, elle n'a cessé de gigoter dans son grand lit vide en crépitant d'impatience que la lumière du jour frappe son visage. Elle a rendez-vous dans quelques heures pour tourner la première scène du film.  

Un taxi vient la chercher devant chez elle et la dépose à l'endroit même ou elle avait passer ce casting quelques jours plus tôt. Elle se rend rapidement compte que ce Williamson n'est qu'autre que le réalisateur lui-même. Intérieurement, elle ne peux s'empêcher d'être fier de l'avoir conquis, peut-être en deviendra-t-elle sa muse comme Tippi Hedren avec Alfred Hitchcock.  

Elle tient le premier rôle féminin, mais est venue les mains vides. M.Williamson ne lui a fait parvenir aucun script, il affirme que la connaissance d'un script ne concerne que les amateurs, ceux qui se mentent à eux-même et faussent leurs émotions. Tourner une scène à la brut fait ressortir toute l'humanité du personnage et l'actrice y fera ressurgir ses forces et ses faiblesses les plus intimes. De ce fait, la jeune femme est dans le noir complet, elle n'a aucune idée du sujet du film et se contente de suivre aveuglément les directives de son réalisateurs comme si il s'agissait de son gourou bienfaisant.  

M.Williamsson explique à sa nouvelle protégée que dans cette scène, Dorothy Parton acceuille un jeune éphèbe dans une chambre d'hôtel. Bien plus qu'un amant, cet homme représente le vide qui entoure la jeune femme, bien plus que du sexe, il s'agit pour elle de se confesser sur sa vie. D'avantage, le réalisateur lui explique la scène et ce qu'il advient de son rôle, et d'avantage la jeune femme a l'impression de se retrouver nez à nez avec sa propre existence. Requiem for the blue tie n'est que le reflet de son âme, un miroir qu'elle s'est toujours refusée de voir. Bien plus qu'un film, bien plus qu'un simple rôle, Dorothy Parton représente son purgatoire. A travers elle, cette infidèle avide de reconnaissances devra mettre fin à ses souffrances en se confessant à ce réalisateur.  

Personne ne sait combien de temps peut durer une seconde de souffrance. Elle peut durer le temps d'un purgatoire ou toute l'éternité, il en dépend uniquement de vous.