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Oz Films présente
Silence

Wales Agency présente  

 

Dans le cadre du concours CROSSOVER 3  

 

"SILENCE"  

 

Ecrit par Loki Oz  

 

 

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Les histoires les plus extraordinaires commencent souvent par la plus simple des banalités. La nôtre, dans ses racines les plus profondes, y fait pourtant exception. Trouvant son point de départ dans les tréfonds de l’humanité, aux profondeurs du monde, dans les circonstances les plus irréelles et surnaturelles qui soient. Elle naquit du sang et de la guerre, avant de tomber dans l’oubli pour des siècles et des siècles, et être ranimée au plus proche de notre âge. C’était une mauvaise histoire, qui fut alors contée à la mauvaise personne.  

 

Mais relater ces événements lointains enlèverait tout intérêt à notre histoire. Nous y trouverions sa résolution trop facilement. Bien que de nombreuses personnes, dans le déroulement de ces événements, se soient laissées duper et en subirent les tragiques conséquences.  

 

Ainsi commencerons-nous cette narration au sortir de la Seconde Guerre mondiale, dans un Londres renaissant et plein d’espoir.  

 

Ian (Avi Elias), un employé de bureau, comme la City en produisait déjà des centaines, traite une montagne de dossiers à la vitesse de l’éclair, comme si chaque feuille le rendait incroyablement plus riche. Cependant, à un rythme de dix dossiers par jour, c’étaient 200 livres qui rentraient dans sa poche chaque mois. Nous étions en 1947, à l’époque ça représentait une somme rondelette. Alors que sa mécanique analytique était en pleine ébullition, traitant les données comme le ferait un automate, un cri rompit sa concentration.  

 

Deux ans seulement étaient passés, et ce genre de cri, accompagné par le geste qu’il vit, avaient toujours une profonde signification. Une terrible signification. Ian en resta bouche bée plusieurs secondes, regardant l’auteur du signe, incrédule. Mais quelle mouche avait bien pu le piquer? Ce mec était complètement fou d’oser reproduire ce geste aussi déplacé que monstrueux. Ici, dans cet établissement, de surcroît. La Rothschild!  

 

Reprenant confusément ses esprits, Ian s’aperçut que personne d’autre autour de lui ne semblait avoir remarqué, ou été choqué par ce qui venait de se produire. Comment avaient-ils pu passer à côté? Ils ne pouvaient ne pas l’avoir vu, ni entendu. Cela ne pouvait pas être qu’un excès de puritanisme ou une mauvaise compréhension. Il avait bien vu. Bien entendu. Ces mots sortis avec la rage et l’autorité de la langue dans laquelle ils avaient été prononcés. Et puis ce salut… Non, il n’y avait pas d’erreur possible, et Ian finit par conclure que ce n’était qu’une blague de mauvais goût, qui avait glissé sur la surface de l’indifférence. Après tout, c’était comme ça qu’on répondait aux plus imbéciles d’entre nous.  

 

Quand l’éprouvante journée s’acheva enfin, Ian prit la direction de son appartement. Alors qu’il marchait dans les rues animées de la capitale londonienne, l’esprit encore à moitié embrumé par les chiffres et l’infernale tension du boulot, la même mauvaise blague se répéta. Juste sous ses yeux, au cœur de Londres! Les mêmes vociférations, le même mouvement du bras. Et enchaînés par les passants qui se croisaient. Une scène complètement folle se dessinait devant lui. Diable, il n’était pourtant pas en Belgique, alors pourquoi tant de surréalisme? Il n’en croyait ni ses yeux, ni ses oreilles. Et quand il demeurait le seul à s’écarquiller les yeux, à tourner sur lui-même à la recherche d’une réponse, un autre passant prenait le relais, comme pour répondre au précédent. Et le suivant après lui, et ainsi de suite. Tout le long du chemin, la même rengaine atroce.  

 

Enfin rentré. Ian ouvrit la porte de son appartement de Fulham, et se figea sur place. Son sang se glaça à l’accueil de sa femme (Jocelyn Gunning). Son épouse, son amour. Elle avait prononcé les mots, et tendu le bras droit, comme pour viser le haut d’une statue.  

 

«Sieg Heil!»  

 

Ian recula lentement, hors de chez lui, comme pour se laver de toute complicité, s’adjurer de toute faute. Il n’était plus chez lui dans cet appartement, pas en y tolérant ces atrocités. Et cette femme-là, n’était pas la sienne. Devant le faciès d’épouvante affiché par son mari, elle baissa son bras et sentit monter en elle un doute, une légère angoisse. Que signifiait donc cette réaction? Etait-il possible que tout lui ait échappé?  

 

«Tu ne le savais pas? Ian, tu ne le savais vraiment pas?»  

 

Non. Comment? Et quoi? Qu’était-il censé savoir? Que voulait-elle dire par ces quelques mots? Était-ce subitement devenu normal et acceptable de crier à la gloire du nazisme? La nouvelle mode lancée ce matin? Et surtout, bon sang, pourquoi semblait-il être le seul à se poser toutes ces questions? Le seul à ne pas comprendre ce qui se passait?  

 

Les appels de sa femme raisonnaient dans la cage d'escalier, dans un écho de plus en plus lointain. Ian! Ian, reviens! Laisse moi t'expliquer.... Mais il ne voulait pas revenir. Il voulait des explications, ça oui, mais pour l'heure le déni l'emportait. Sa femme, c'était la goutte d'eau. Il ne pouvait l'accepter. Une fois dans la rue, son immeuble derrière lui, il marcha droit devant lui, ignorant la folie qui se propageait autour de lui. Il se fit violence pour garder ses œillères et ne pas exploser. Il se laissa aller à la première et principale faiblesse des Hommes, Il noya ses esprits dans l'alcool, Verre après verre, dans l'espoir que demain serait une gueule de bois ordinaire, sans saluts ni infamie. Dans l'espoir qu'il se réveillerait enfin, sorti de son plus terrible cauchemar.  

 

Mais ses nerfs ne résistèrent pas à l'accumulation de frustration et d'injustice, et il déchargea sa colère. Un énième geste avait eu raison du self-contrôle de Ian. Le client du bar, qui n'était pas le premier ni le dernier à exécuter ce signe, à crier son ralliement, avait eu la malchance de tomber sur Ian, au pire moment. Un premier coup sourd l’assomma, si bien qu'il ne fut qu'à demi-conscient de ce qui suivi. Les poings de Ian finirent par se tétaniser, rouges, couverts de sang. Il reprenait sa respiration, haletant, en observant son œuvre. Son ivresse, portée à son paroxysme par cet élan de violence, s'évapora rapidement. On le regardait, à la fois comme un indésirable et comme un monstre qu'il fallait craindre.  

 

Instinctivement, il se dirigea vers l'arrière de l'établissement pour se retrouver rapidement dans une ruelle bordant le bâtiment. Là où la déchéance de l'âme venait vomir sa noyade éthylique. Il demeura là, adossé contre un mur, fixant la sortie de secours, dans l'attente qu'un ami imbibé de sa victime n'en surgisse pour se venger, pour lui régler définitivement son compte. Mais les seconds défilèrent, et la porte restait immobile. Il était en quelque sorte béni, sain et sauf.  

 

«Vous êtes très peu à ne rien y comprendre… »  

 

Ian se raidit. Il avait tant fixé son attention sur la sortie du bar qu'il avait oublié que le danger pouvait venir de n'importe quel côté. Mais cette voix n'avait rien de menaçant. Froide, sèche et cassante, elle sonnait pourtant comme une lueur d'espoir plus qu'une promesse de douleur. Il tourna la tête de côté, vers cette voix. Il ne s'était pas trompé, elle ne pouvait appartenir qu'à ces beautés dures et froides, celles que l'on savait distantes et inaccessibles, mais dont l'aura ne les rendait que plus désirables. C'était une femme (Logan Mandown), encore jeune et fraîche, les cheveux d'un blanc pur et étincelant, le visage lisse et le teint pâle mais vivant.  

 

Ce qu'elle allait lui dire, changerait son existence à tout jamais.  

 

«Nous vivons une ère sombre. Les ténèbres sont tombés sur nos villes. Et ce, il y a déjà cinq ans. Vous n'avez jamais gagné la guerre, vous aviez perdu, et décidé de soutenir l'ennemi pour garder un semblant de souveraineté. Voilà la vérité, cet ennemi, que vous appelez nazisme, est entré dans votre pays. Si les hommes sont restés chez eux, les idées, elles, sont belles et bien ancrées dans le quotidien. Et ça, tout le monde le sait, depuis le début, tout le monde l'a toujours su… sauf vous. Vous ne comprenez toujours pas ce qui vous arrive. Et c'est normal, cela fait de vous l'exception que j'espérais trouver. Ces cinq dernières années, vous et vos semblables, partout sur la planète, avait vécu le Silence. Une poudre aux yeux, lancée par une entité millénaire, pour sauver les âmes de cette triste damnation qu'est votre réalité.»  

 

«Vous me faites comprendre que nos vies, depuis cinq ans… MA vie, n'était qu'une vague illusion?»  

 

«C'est précisément ce que vous devez comprendre, Ian. J'ai contribué à cette illusion. Tel est mon rôle ici-bas.»  

 

«Alors pourquoi tout cela? Pourquoi cette illusion s'est-elle brisée? Que s'est-il passé? Et pourquoi, moi, suis-je conscient de ce qui se passe?»  

 

«C'est votre ennemi qui a brisé le Silence. Ce matin même. Et si la majorité ne s'est rendu compte de rien, il y a quelques rares personnes que le Silence ne trompe pas. Ceux-là, furent du côté de vos ennemis. Du côté des monstres. Et ils se sont efforcés, ces cinq dernières années, de briser le Silence. Quant à vous, c'est le phénomène inverse. L'illusion marchait tellement bien, qu'elle est devenue votre réalité. Comme un dormeur, qui se réveillerait convaincu que ses rêves sont réels.  

 

Le plus étonnant est que votre femme était votre exact opposé. Elle, était consciente de ce qui se passait. D'où sa réaction lorsqu'elle s'est rendue compte de ce que vous étiez vraiment.»  

 

«Et que suis-je alors? Quel foutu rôle suis-je censé jouer dans cette vaste comédie?Le Monde est perdu, de toute façon. La réalité, c'est ce jour que je viens de vivre, cet horreur, cette ignominie. Voilà la vérité, donc. La guerre est perdue, et ce n'est pas moi qui irai la gagner. Alors, maintenant, que pouvons-nous bien faire si ce n'est fermer les yeux une bonne fois pour toute, et nous endormir à jamais?»  

 

«Cet ennemi, qui vous a battu, est aussi le mien. Et je me sens vaincue, tout autant que vous. Depuis plus de mille ans, le Silence protège la race humaine de sa nature la plus bestiale. Les événements les plus durs, les plus cruels et les plus monstrueux de l'Histoire ne sont qu'euphémisme de ce dont l'Homme est réellement capable. Le Silence n'est pas là pour changer le cours des choses, il n'a pas pour vocation d'interférer, mais dans ses extrêmes retranchements, il se doit de protéger l’Humanité. Ce qu'il a fait il y a cinq ans. Avec le temps, l'illusion rattrape la réalité, et le déclin de la race est annihilé. Mais si on empêchait cela de se produire, si on faisait taire le Silence, alors se précipiteraient les Chevalier de l'Apocalypse.  

Votre rôle, dans l'Histoire, est de restaurer le Silence.»  

 

«Restaurer le Silence? Vous voulez dire que tout ce qui peut nous sauver, c'est une illusions? Simplement, bercer les Hommes dans un rêve… ET ignorer la réalité?»  

 

«Oui, c'est notre seule et unique planche de salut. En voguant dans cette illusion, l'âme collective finira par écraser d'elle même la vérité, et rétablir l'ordre de marche de l'humanité. Votre femme savait, et a été utilisée par l'ennemi, elle est le premier jalon de votre quête.Je voudrais pouvoir vous aider, mais j'en suis incapable désormais.»  

 

«Attendez. Qui êtes-vous?»  

 

«Je suis la Gardienne du Silence… j'étais.»  

 

La femme s'éloignait, dans la pénombre de la ruelle, alors que Ian digérait ce qu'il venait d'entendre. Les fondements de son existence étaient mis à mal, et il peinait à se tenir debout, tant ses membres tremblaient. Il atterrissait, littéralement, dans le monde réel. Laid et répugnant. Avec sur lui le poids de ce qui semblait être la survie de l'humain contre le monstre. Et comme seul point de rattachement, sa femme, et cette inattendue Gardienne.  

 

«Une dernière chose, lança-elle à l'attention de Ian. J'ai eu la chance de vous trouver en premier lieu, mais vous devez savoir que je ne suis pas la seule. Il y a un autre Gardien.»  

 

* * *  

 

Maintenant que notre récit est lancé, et que chacun connait son rôle et les enjeux qu’il sous-entend, revenons aux fondements de notre Histoire. Celle-là même qui prit racine il y a mille ans, à des milliers de kilomètres de Londres. Dans les sables du désert se tenait un temple aux allures de forteresse. Ses murs étaient noirs, d’un noir si profond que les âmes trop curieuses s’y perdaient irrémédiablement. Cachés de toute civilisation, et de toute tentation, y vivaient ce qui ressemblerait à des moines de nos jours. Une poignée d’Hommes, dont la principale force était la croyance inaltérable en une entité supérieure, qu’ils idolâtraient jours et nuits, sondant les profondeurs de leur être. Leur Dieu, appelons-le comme ça, était un Horloger. Il avait déclenché la création du Monde, et veillait à sa bonne marche en avant. Quand le mécanisme complexe se grippait, ou présentait un défaut, alors seulement il émergeait de sa réserve et intervenait. Quand l’Homme, sa création ultime, dérivait dans ses éternels travers, il tendait la main ici-bas pour rétablir le bon ordre.  

 

Ce qui nous amène dans les sables et la forteresse noire. L’Homme dérapait de nouveau, plus fort que jamais. L’horreur et l’abject s’étaient emparés de lui. La plus vile preuve de son ignominie. Il torturait, et tuait quiconque oserait remettre en cause sa propre nature divine. Pour l’Homme, il n’y avait plus de Dieu, que l’Homme. Et périssait celui qui en doutait, pire encore pour celui qui s’en détournait. Les méditations des moines seraient à jamais écrasées par la rage de quelques tyrans, et avec elles, tout le construit philosophique du Monde.  

Alors, l’Horloger leur confia un pouvoir. Le libre arbitre ne pouvait être détourné, et ce qui avait été fait ne pouvait être changé. Ce qui se passait, se passait et ni Dieu ni personne n’y pouvait rien. Mais avec le Silence, les Gardiens avaient le pouvoir d’orienter les cataclysmes vers un nouvel ordre. Une altération de la réalité, qui finirait par devenir elle-même réalité, par la force de conviction des masses. Une croyance si forte, qui partagée par tous, finirait par exister.  

 

Ainsi deux des moines furent investi des rôles de Gardien et Gardienne du Secret, et rétablirent l’ordre au fil des siècles, chaque fois que la situation l’exigeait et que l’Homme courrait à sa perte.  

 

En 1942, un tel moment était venu, une nouvelle fois. Les serres ténébreuses d’un aigle monstrueux se resserraient sur l’humanité. En quelques mois, les Hommes étaient devenus Monstres. Des loups, pour leur propre race. Telle était la réalité. Une vérité, une page sombre de l’Histoire, que le Silence avait effacé des consciences.  

Jusqu’à ce que les mauvaises personnes se réveillent.  

Jusqu’à ce que la corruption de l’âme n’atteigne l’Horloger lui-même…  

 

* * *  

 

La femme, la Gardienne, s'éloignait, dans la pénombre de la ruelle, alors que Ian digérait ce qu'il venait d'entendre.  

 

«Une dernière chose, lança-elle à l'attention de Ian. J'ai eu la chance de vous trouver en premier lieu, mais vous devez savoir que je ne suis pas la seule. Il y a un autre Gardien.»  

 

«Peut-il nous aider?»  

 

«Vous devez savoir une chose sur le Silence. Il ne peut être brisé que de l'intérieur...»  

 

 

 

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Cast:  

 

Ian: Avi Elias  

La Gardienne du Silence: Logan Mandown  

L'Autre Gardien: Bernhard Sansel  

La femme de Ian: Jocelyn Gunning  

Le Narrateur: Michael Cannon  

 

 

 

Scénario : (2 commentaires)
une série A thriller (Fantastique) de Bradley Lester

Avi Elias

Logan Mandown

Bernhard Sansel

Jocelyn Gunning
Avec la participation exceptionnelle de Michael Cannon
Musique par Morena Levanon
Sorti le 12 août 2034 (Semaine 1545)
Entrées : 20 400 907
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