On pense souvent que le coup de foudre n'arrive qu'aux autres. C'est bien avant que la foudre n'électrocute votre cœur vous rappelant que derrière sa carapace l'être humain n'est autre qu'une âme, une âme emplie d'émotion qui n'attendent que le moment, l'instant T pour venir vous submerger.  

Pourtant, rien ne laissait présager que ces émotions jaillissent de mon cœur.  

C'était une rentrée banale. Retrouvant mes amis, je me fondait dans la masse de ma promotion.  

"- Salut Martin, ça va Bien?!" demandais-je à mon camarade de classe de l'année passé.  

"- Ça va bien et toi Benoit?  

- Super, il fait beau, j'ai encore la forme des vacances !"  

Les amis arrivaient les uns après les autres. Les conversations s’enchaînaient, les blagues aussi, beaucoup même. Mes amis avaient toujours le mot pour rire.  

" - J'ai hâte de découvrir les têtes des premières années en tout cas. J'espère qu'elles seront pas mal." Dit Martin.  

Seb, un autre ami répondit,  

" - J'ai entendu dire que oui, elles étaient même super. En tout cas c'est pas en deuxième année qu'on trouvera notre bonheur... Toutes prises ou moches.  

- Les enfoirés Coco et Val, ils pourront les mater les premières années. J'aurais du redoubler aussi. S'amusa Martin.  

- Pourquoi tu dis ça, ils repiquent? Demandais-je.  

- Ben ouais, t'étais pas au courant?"  

La conversation continua jusqu'à la reprise des cours, le premier "amphi", qui n'était d'ailleurs pas réellement un cours mais plutôt une présentation de l'année.  

Il fut plutôt long. Toujours les mêmes paroles bateaux de la hiérarchie... On exige de vous un comportement professionnel et bla bla bla.  

Une fois cet amphi terminé, nous pouvions aller découvrir les compositions des différents groupes de TD. Ceux-ci occupent la moitié du temps de cours. Tous ressentions donc une sorte d'excitation. Un peu comme au collège, quand vous cherchez à voir si vous aimez les personnes de votre classe.  

25 par groupe environ pour 103 étudiants.  

Verdict groupe 23 :  

Julien, Maria, quelques noms qui me ne me sont pas familiers. Ah Martin est avec moi, j'aurais au moins une personne dont je suis proche. Bon le groupe n'a pas l'air trop mal. Quelques personnes que je ne connais que de vue. Ce sera l'occasion d'apprendre à les connaitre.  

Les jours passèrent. Au bout d'une semaine, je connaissais déjà beaucoup mieux les gens de mon groupe. Et il faut avouer que l'ambiance était plutôt bonne. Il y avait ce groupe de fille qui retenait mon attention. Plutôt discrètes, sauf l'une d'entre elle, qui sortait du lot. Ce n'était pas tout à fait le style de fille vers qui j'allait d'habitude, mais là je ne sais pas pourquoi, sa sympathie, son côté sans prise de tête m'intriguait. Habituellement j'étais plutôt attiré par des filles calmes. Coup de foudre? Non qui croit encore à cela en 2014? Et puis si c'était le cas, je l'aurai eut l'année d'avant. Si nous n'étions pas dans le même groupe, il nous arrivait fréquemment de nous apercevoir.  

Soudain, le professeur me fit sortir de mes pensées.  

" - Benoit, what's the meaning of samples"  

Je n'avais rien écouté des explications précédentes, de ce qui avait amener le professeur à poser cette question. Heureusement mon anglais était plutôt bon.  

"- I think that it's "échantillons"".  

Le cours suivi son cours. Participation active, voila ce que réclamait mon professeur. Il était plutôt embêtant parfois. Non pas qu'il soit méchant ou sévère, mais on était obligé d'être toujours sur le qui-vive, pas de possibilité de se perdre dans des pensées trop profonde.  

Les journées passaient.  

Puis vint un mardi, un mardi qui semblait anodin. Des travaux de groupes. Un camarade de classe me demanda :  

" - Benoit tu n'as pas de groupe?  

- Non.  

- Viens avec nous alors  

- Ok, il y a qui?  

- Mike Maria et Oxia."  

C'est à cet instant, quand j'ai croisé son regard, quand j'ai entendu sa voix, quand j'ai réellement prêté attention à elle que j'ai tout de suite su. J'étais tombé amoureux. Les clichés s'emparaient de mon corps. Battements de cœur, gorge nouée... Tout y passait quand je la côtoyait.  

Pourtant, tout nous opposait. Elle avait la popularité, je ne l'avait pas vraiment. Elle était drôle, je ne l'était pas vraiment, elle était fêtarde, je ne l'était pas vraiment. C'était comme ça pour tout. Pourtant, sans que je ne puisse expliquer pourquoi, je recherchais toujours sa présence, son sourire.  

Les jours passaient, les conversations se succédaient. Nous étions devenus de bonnes connaissances. Je n'irai pas jusqu'à dire ami tout de même. Cependant, je n'arrivai pas à lui montrer mon amour qui s’amplifiait au fur et à mesure que j'apprenais à la connaitre.  

Puis, vint un jeudi matin. Je me rendais à mon premier cours de la journé, effectuant ma routine habituelle. Voiture garée, clefs dans la poche droite... En prenant l'allée principale menant au bâtiment E, j'aperçu une fille tapie dans l'ombre d'un palier sans passages habituels. Je pouvais entendre au loin ce qui s'apparentait à des pleurs. Au fil des pas je reconnut cette fille. C'était elle, Oxia. Je m'approchais alors doucement. Quand elle me vit, elle me sauta dans les bras en pleur. J'étais totalement surpris. Je ne savais pas quoi faire.  

" - Qu'est-ce qu'il y a Oxia, pourquoi pleures-tu?  

- Je ne peux pas te le dire, j'ai juste besoin de réconfort auprès de personnes avec qui je me sens bien."  

Cela voulait dire qu'elle se sentait bien avec moi. Avais-je peut être une chance?  

" - Tu sais, tu peux m'en parler, je ne répéterai rien.  

- Non c'est impossible" me rétorqua-t-elle en sanglots.  

Un portable vibra. Elle avait reçu un sms. J'ai pu alors en lire le contenu.  

" Espèce de s....., tu vas rentrer oui ou non?!!!"  

L'expéditeur du message n'était autre que son père.  

Je lui ai alors demandé ce qui se passait. Là elle m'expliqua tout.  

Son père la harcelait, plus qu'harceler même parfois. Elle me détailla toute son histoire en sanglots. D'où tout est parti : la mort de sa mère il y a 6 mois.  

J'essayais alors de la réconforter.  

" - Ecoute Oxia, on ne va pas aller en cours. Viens je t’emmènes chez moi."  

Elle acquiesça par un mouvement de tête et m'embrassa.  

" - Je t'aime Benoit."  

J'était scotché. Si ceci lui rendit l'espace d'un instant son sourire si saisissant et me permis enfin de révéler mon amour au grand jour, je ne savais pas comment je devais réagir... Sourire pour lui témoigner mon amour ou rester stoïque, triste pour lui témoigner ma compréhension envers son histoire?  

Ce fut le moment le plus heureux et le plus bizarre à la fois de toute ma vie.  

Nous avons donc passé la journée ensemble, j'ai alors tenté de lui faire oublier son père. Vint ensuite le moment où Oxia devait rentrer chez elle. Que devais-je faire.  

Une chose était sûre, j'allais l'héberger pour la nuit. Mes ses frères étaient là-bas, battus, harcelés aussi. Je ne pouvais pas laisser ça tel quel.  

Mon envie de vengeance, de lui faire justice était si grande, que serais-je capable de faire une fois là-bas? Mon impulsivité pourrait prendre le dessus.  

Devais-je alerter la police? Sans doute, mais ma soif de vengeance était si grande...