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Les Films du Corbeau présente
Les Enfants du Monde - le Premier Age

Dans un coin du monde, quelques dizaines de milliers d’années avant notre ère.  

 

Garro (Franck Elioth) remonte lentement la colline herbeuse, se frayant un chemin entre les buissons, les bras chargés de branches mortes. A l’entrée de la caverne, Kaala (Katia Oblomov) le voit déboucher des arbustes en grognant de plaisir. Prass (Aymeric Cruz) ne relève pas la tête de sa tâche : il est assis sur l’herbe et tente d’embraser des herbes sèches en frottant deux silex l’un contre l’autre. Mais il n’a pas le coup de main. Garro s’agenouille à côté de lui et dépose ses branches mortes. Mais Prass ne l’aperçoit même pas. Quand il s’active, plus rien n’existe autour de lui. Garro grogne et arrête les gestes du jeune homme. Il n’a toujours pas compris qu’il n’y arrivera pas comme ça. L’aîné récupère les deux morceaux de bois secs et vides qu’il utilise pour le feu. D’un mouvement agile, il frotte l’un des morceaux contre l’autre. Au bout de quelques minutes, le frottement produit une légère fumée grise. Garro y ajoute quelques fétus d’herbe sèche et souffle doucement dessus. Les herbes s’enflamment légèrement. A force de patience, Garro parvient à obtenir une légère flambée, qu’il replace au centre du foyer éteint. Prass grogne de dépit. Que fait Garro que lui-même ne fait pas ?  

Le feu crépite maintenant et attire Liita (Marlene Somers) hors de la caverne. Encore ensommeillée, elle vient réchauffer son ventre arrondi auprès de la flamme. Kaala émet un sifflement de mépris. Liita est une oisive, elle n’est d’aucune aide alors qu’elle-même tanne des peaux depuis le début du jour pour les protéger tous du froid. Liita se blottit contre Prass et frotte son ventre contre lui. Le jeune homme ne réagit pas. L’instinct de paternité ne s’est pas encore réveillé en lui…  

 

L’après-midi est doux et chaud. Prass a disparu dans les environs. Il passe beaucoup de temps à chasser mais ramène rarement grand-chose de comestible. Cela fait plusieurs lunes maintenant qu’ils ont été obligés de quitter leur groupe, mis à mal par le froid et la maladie. Depuis, ces deux hommes et ces deux femmes se tiennent compagnie dans la caverne qu’ils ont trouvé par hasard, sur les hauteurs de la plaine, où ils sont plus protégés des divers dangers. Garro n’est le père de personne, mais il veille sur eux comme étant le plus sage. Kaala est encore plus intelligente que lui, mais elle est trop autoritaire et pas aussi patiente. Car il faut de la patience pour vivre auprès de Prass et Liita, plus jeunes, plus écervelés. Prass s’active toute la journée pour être utile, mais c’est un jeune chien fou, qui ne sait pas bien réfléchir. Liita est plus lascive, et préfère profiter de la douceur du temps que de s’échiner à la tâche.  

Garro est assis à quelques mètres de la caverne. Il mastique les derniers restes de chair entre les arrêtes du poisson qu’a pêché Kaala. Nul autre ne parvient à pêcher comme Kaala. Elle est aussi agile et patiente qu’un chat sauvage. Liita s’approche de lui. Elle a retiré ses peaux et s’avance complètement nue, le ventre brillant sous la chaleur des rayons du soleil. Elle se frotte à lui. Que lui veut-elle ? Ce n’est pas lui qui l’a engrossé. Non, elle veut juste assouvir un désir soudain. Garro tourne la tête vers la caverne, où Kaala doit être en train de s’occuper. Ils ne se sont pas choisis, elle et lui. Si l’habitude veut que Garro se tourne davantage vers Kaala pour copuler, et que Prass aille davantage vers Liita, rien ne l’interdit de s’amuser avec la jeune femme qui se trémousse contre lui. Pourtant, il préfère la repousser. Il n’est pas bien sûr de savoir pourquoi, mais il lui semble que cela éviterait des problèmes…  

 

*  

 

Ce soir-là, Prass et Liita se sont couchés sur l’herbe, à l’extérieur de la caverne. La nuit est suffisamment chaude pour cela. Garro et Kaala préfèrent la caverne. Dormir à découvert leur paraît trop dangereux. Le silence règne dans la plaine, entrecoupé de quelques hululements d’animaux et de la brise qui souffle doucement dans les arbres. Garro n’a qu’à demi-conscience, dans son sommeil, du craquement soudain venant du ciel. L’orage gronde probablement. Pourtant, Kaala et lui se redressent quand ils entendent leurs compagnons crier à l’entrée de la caverne. Ils se précipitent. Prass et Liita désignent un point lumineux dans le ciel. Prass grogne d’émerveillement. Une étoile qui courre. Ce n’est pas rare d’en voir les nuits chaudes et dégagées. Mais Kaala n’est pas de cet avis, il ne s’agit pas d’une étoile coureuse. Elle dégage des couleurs, et vient dans leur direction. A mesure qu’elle approche, ils paniquent, sautent, se cachent à l’entrée de la caverne. « L’étoile » file à une allure vertigineuse et vient s’effondrer sur la colline qui jouxte la leur, dans un fracas tonitruant. Puis plus rien. Kaala sort de la grotte et fixe le point de chute. Plus de son, plus de lumière, peut-être distingue-t-on de la poussière de roche qui vole dans les airs, mais elle n’en est pas sûre. Il fait trop sombre.  

Prass saute de soulagement. Ils ont échappé au pire. Il s’apprête à partir dans la direction du fracas, voir de quoi il s’agit. Mais Garro le retient. Il fait nuit noire, la faune des environs est forcément éveillée. C’est trop dangereux.  

 

*  

 

Ils sont partis dès le levé du jour. Ils ont marché jusqu’à ce que le soleil culmine à son zénith et sont parvenus à l’entrée de la grotte. A vrai dire, ce n’est pas une grotte, mais une trouée dans la paroi rocheuse, toujours fumante de poussière de roche, qui a été créée par la chute de l’étoile. Elle a formé un boyau profond et étroit dans le flanc de la colline. Liita a peur et se tient en arrière. Garro cherche un bâton à enflammer pour pénétrer dans la grotte, mais Prass est intenable et ne veut pas attendre. D’ailleurs, on aperçoit une lueur au fond du boyau. Alors il avance, seul. Les autres l’attendent et regardent sa progression. Le jeune homme disparaît au fond du couloir de pierres. Ils attendent un moment, mais Prass ne revient pas. Ils grognent, mais Prass ne répond pas.  

Alors ils s’avancent à leur tour. Mais Liita ne veut pas, elle a trop peur. Garro et Kaala avancent seuls, mais Liita a encore plus peur de rester seule, alors elle les suit. Ils progressent en silence, la lumière faiblit. Mais effectivement, une lueur colorée les attend au fond de la gorge caverneuse. Ils découvrent Prass allongé sur le dos. Il tremble et a perdu conscience. Pourtant, ses yeux entrouverts dégagent une lueur jaune. Mais l’attention de ses compagnons est rapidement attirée ailleurs. Au-dessus de lui, trois boules de lumière flottent dans les airs. Ils n’ont jamais rien vu de tel et n’arrivent pas à en dégager leur regard. Liita n’a plus peur, elle s’approche en même temps que Garro et Kaala. L’homme tend son bras vers la boule de lumière blanche. Kaala s’avance vers la boule de lumière bleutée. Liita, elle, parvient à la boule de lumière rougeoyante. Alors qu’ils s’apprêtent à toucher les boules de lumières, celles-ci entrent précipitamment en eux, par le bout de leurs doigts. Tous les trois chutent sur le sol. Leur corps tremble, pris de convulsions, et leurs yeux entrouverts dégagent une lueur colorée, de la teinte de lumière qui est entrée en eux…  

 

*  

 

Ils se sont réveillés et se sont découverts seuls, les uns près des autres, dans le boyau complètement obscurcit. Les yeux de Prass ne luisent plus d’aucune lueur, ceux des autres non plus. Ils ont pris le chemin du retour et ont rejoint leur caverne, sans prononcer un seul son. Ils sont sonnés. Chacun rejoint la grotte et va s’allonger dans son coin. Ils sont fourbus de fatigue.  

 

*  

 

La vie a repris son cours, et pourtant rien n’est plus pareil. Kaala est malade depuis leur sortie sur la colline d’à côté. Elle tremble de froid, a de la fièvre. Garro s’occupe d’elle comme il peut. Il passe beaucoup de temps à aller chercher de l’eau au ruisseau, car Kaala a terriblement soif. Un matin, lorsqu’il sort de la grotte, il trouve l’herbe et la terre ravagée, comme si on l’avait retournée. C’est Prass qui a fait ça. Lui au contraire paraît dans une forme étonnante, il court dans tous les sens. Il plonge sur le sol et enfonce ses mains dans la terre, la retourne et s’en recouvre. Puis il se relève et va faire la même chose plus loin. Un jeune chien fou, complètement fou…  

Liita est morose depuis quelque temps. Elle grogne peu, se tient retranchée auprès du feu. Elle le protège des intempéries, se réchauffe et réchauffe son ventre sans cesse. Au moins, elle se rend utile en maintenant le feu allumé.  

Soudain, la terre tremble près de Garro. Un tremblement de terre ? Non. L’herbe se soulève, la terre s’entrouvre et apparaît la tête de Prass. Il est barbouillé de brun et mâchonne un verre de terre en rigolant. Comment a-t-il fait ça ? Prass s’approche de Liita, il veut frotter son corps boueux contre le sien. Mais sitôt que leurs deux peaux entrent en contact, ils sont pris d’une vive secousse douloureuse. Liita hurle et le repousse violement. Elle a ressenti la secousse au plus profond de son ventre habité.  

Il se passe vraiment des choses étranges… Garro préfère s’éloigner. Kaala dort, et il est grand temps que quelqu’un parte chasser s’ils veulent avoir de quoi se nourrir. Tout le reste de la journée, il tente d’attraper quelque chose. Mais il n’y parvient pas. Il se sent lourd, il a du mal à courir. Il se sent bloqué dans ses mouvements par une force invisible. Comme si l’air lui faisait barrage. Il manque toutes ses proies. Alors que le jour décline, il aperçoit un lièvre. Il parvient à s’approcher silencieusement jusqu’à ses côtés. Il n’en avait jamais approché un de si près sans faire entendre son pas lourd. Ne lui reste plus qu’à planter sa lance. Mais l’animal aperçoit son geste et détale. Garro plonge et tente de l’attraper, mais ses doigts glissent sur le pelage. Le lièvre s’enfuit et Garro tend sa main, qui se referme de dépit dans le vide. Alors, le lièvre déjà loin semble être saisi en plein bond. Il tombe étourdit sur l’herbe. Garro n’en croit pas ses yeux. Il se précipite et ramasse l’animal avant qu’il ne reprenne conscience. D’un mouvement vif, il lui tord le cou…  

 

*  

 

Les choses sont de plus en plus étranges près de la caverne. Prass et Liita ne s’approchent plus. Le jeune homme passe ses journées hors de la caverne, loin des autres. Ce soir-là, à son retour, Liita l’a accueilli d’un long sifflement de colère. Prass a plissé les yeux de mécontentement et, lentement, sans émettre un seul mouvement, s’est enfoncé dans la terre jusqu’à disparaître complètement. On ne l’a pas revu avant le matin suivant.  

Liita n’approche plus les autres que pour saisir de quoi manger. Elle ne quitte pas le brasier, se charge maintenant de cuire la viande elle-même. Elle promène ses mains dans les flammes sans ressentir de douleur. Elle saisit des morceaux de charbon enflammés pour les lancer sur ceux qui s’approchent trop près d’elle. Un matin, Garro l’a surprise en train de dormir, les pieds plantés dans les flammes. Pourtant elle ne se brûle pas.  

Garro chasse beaucoup mieux qu’avant. Il a compris comment l’air fonctionnait. Il l’utilise maintenant pour pousser sa course, et rattrape facilement les biches pour leur planter sa lance dans la gorge. Il parvient même à saisir une masse d’air invisible dans son poing pour l’envoyer sur un oiseau et l’assommer. Il se sent léger, il a l’impression qu’il pourrait presque voler.  

Seule Kaala ne va pas mieux. Elle tremble moins, mais sa respiration se fait difficile. Elle boit énormément, plus que Garro aurait cru cela possible. Et dès qu’elle ne boit plus, sa gorge s’assèche, son souffle se fait rauque. Un jour, Garro s’apprête à partir chercher de l’eau, une nouvelle fois. Mais Kaala lui saisit la cheville pour l’arrêter. Elle se traine hors de la grotte et s’arrête devant un trou laissé dans la terre par Prass. Elle y enfonce ses mains et attend. Lentement, de l’eau s’amoncelle dans le fond du trou. Jusqu’à le remplir. Alors Kaala y plonge la tête et boit, longtemps.  

 

*  

 

Un matin, Liita a disparu. Sans rien dire. Au loin, Garro aperçoit un arbre enflammé. Il pense qu’elle doit être partie dans cette direction.  

Prass revient de moins en moins souvent à la caverne. Un matin, Garro a senti la terre vibrer. A l’entrée de la grotte, il a trouvé un monticule de terre, de ceux que Prass laisse derrière lui comme les taupes le font lorsqu’elles disparaissent dans le sol. Ils n’ont plus revu Prass depuis ce jour.  

Depuis qu’elle parvient à s’abreuver seule, Kaala va mieux. Elle arrive à se lever et à reprendre des activités. Mais elle reste pâle. Un jour, elle vient frotter son ventre contre Garro. Il va bientôt s’arrondir. Mais un autre jour, elle caresse le visage de Garro. Elle va partir à son tour. Elle désigne le lac qu’on distingue au bout de la plaine. Garro ne la retient pas. Il reste seul à la caverne. Il se sent en sécurité. Il est devenu plus fort que tous les animaux.  

 

*  

 

Liita marche dans une forêt aux arbres hauts et touffus, les mains soutenant son ventre qui s’alourdit chaque jour. La lumière traverse difficilement les feuillages. Soudain, elle se retrouve face à un sanglier énorme, accompagné de plusieurs marcassins. La bête souffle fortement dans ses naseaux à la vue de l’intruse, et frotte son sabot contre le sol. Elle s’apprête à attaquer. Mais Liita ne bouge pas et la regarde calmement. Une lueur rouge traverse les yeux de la jeune femme. Une flamme jaillit soudain sur une plaque de lichen, près des sangliers. La flamme se répand sur les feuilles mortes et encercle rapidement les animaux effrayés. Le cercle de feu se resserre et vient les griller complètement.  

A quelque distance de là, un groupe d’hommes, lance à la main, avance dans la forêt. Ils sont attirés par la vive lueur émise par les flammes.  

 

*  

 

Prass observe une chèvre sauvage, occupée à s’abreuver au bord d’un ruisseau. Il la fixe intensément, et ses yeux sont traversés par une lueur jaune. Alors, la terre tremble sous les sabots de la chèvre, qui n’y comprend rien. Soudain, ses pattes de devant s’enfoncent dans la terre humide et, rapidement, l’avant de son corps entier est enfermé sous un lourd tas de boue. Seul son arrière-train dépasse de la terre. Ses pattes arrière s’énervent dans les airs à mesure que l’animal étouffe. Puis elles se calment peu à peu, jusqu’à pendre, inertes. Alors Prass s’avance et penche ses lèvres contre les pis gorgés de lait.  

 

*  

 

Kaala a enfin rejoint le lac. Elle est épuisée. Elle se ressource en plongeant son corps dans les eaux fraiches. C’est alors qu’elle aperçoit l’autre femme. Elle est nue, mais son corps est recouvert de terre séchée. Elle est armée pour pêcher. Kaala ne l’a jamais vue. Elles s’observent un instant. Puis l’autre femme grogne de colère, de méfiance. Elle arbore une lame en pierre taillée et avance vers Kaala d’une démarche menaçante. Pourtant, Kaala ne bouge pas, ne cherche pas à répondre à sa provocation. Elle regarde l’inconnue avancer vers elle, son arme en avant, les pieds dans l’eau. L’inconnue fixe cette femme dont elle rapporterait bien la viande à sa tribu. Elle croit distinguer une lueur bleutée traverser son regard. Soudain, le lac est mu par une secousse, une tempête invisible. L’eau semble bouillonner. Des vagues formées sans raison viennent frapper ses chevilles. La guerrière fulmine. Elle ne sait pas comment c’est possible, mais c’est forcément l’autre qui en est la cause. Il faut qu’elle la tue. Elle s’élance, mais elle est frappée par une plus lourde vague qui la fait chanceler. Une deuxième la fait chuter. Une troisième vient l’attirer dans les eaux et l’entraine jusqu’aux profondeurs du lac. Alors celui-ci se calme. Et Kaala se penche pour ramasser la lame de l’inconnue, restée plantée dans la boue.  

 

*  

 

Garro piste un cheval sauvage dans la plaine. Il a perdu sa trace, mais il hume encore une trace de son odeur. Avec une telle prise, il pourra se nourrir pendant plusieurs jours sans chasser et se concentrer sur ses tentatives d’envol. Mais soudain, le vent lui amène une autre odeur, éclatante, qui lui emplit les narines. Il se retourne et se retrouve face à un ours qui s’avance vers lui, menaçant. Garro se réjouit, il va pouvoir tester ses étranges pouvoirs sur une proie plus épaisse. Il tend les bras vers l’animal et se concentre. Alors l’ours sent le vent tourner sans comprendre. Une rafale lui fouette le visage et l’oblige à s’arrêter. Puis l’air vient à lui manquer. Il étouffe. Sa tête tourne. Il perd connaissance et s’effondre.  

 

Ainsi nait le pouvoir des Enfants du Monde, qui accompagnera leur destin à travers les âges...  

 

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Un film de Lucas JANSSEN  

Sur un scénario original du Corbeau  

 

Avec  

Franck ELIOTH - Garro  

Katia OBLOMOV - Kaala  

Aymeric CRUZ - Prass  

Marlene SOMERS - Liita  

 

Sur une musique de Joan JODOROWSKY  

Scénario : (2 commentaires)
une série B fantastique de Lucas Janssen

Franck Elioth

Katia Oblomov

Aymeric Cruz

Marlene Somers
Musique par Joan Jodorowsky
Sorti le 05 février 2033 (Semaine 1466)
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