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Les Films du Corbeau présente
CineClub

Paris, 1962  

 

Conrad (Thor Degast) ne pensait pas être en retard. Pourtant, lorsqu’il sortit du métro pour rejoindre le Trocadéro, il trouva une file d’attente déjà importante à l’entrée de la Cinémathèque. Il aurait dû être plus vigilant, les étudiants s’étaient déjà donné le message. A la Sorbonne, où il était entré deux mois auparavant pour suivre des études de lettres, beaucoup de ses camarades lui avaient parlé de Francis Ellroy et de ses interventions. Il put néanmoins accéder à la salle de cinéma, mais il dut tourner quelques minutes pour trouver un siège libre. A quelques distances de là, il aperçut la chevelure rousse qu’il cherchait du regard : une jeune femme (Gaby Vigmarsson) était assise deux rangs plus avant. Il l’avait repéré dans certains cours qu’ils suivaient en commun à la Sorbonne, et la retrouvait régulièrement à ces séances de Ciné-club. Il n’avait pas encore osé lui adresser la parole, mais il brûlait de le faire : elle était belle et dégageait une attitude qui, déjà dans les amphis, l’empêchait de se concentrer totalement sur les paroles des enseignants…  

Tout le monde était installé et Francis Ellroy (Jeff Collins) saisit le micro. Critique de cinéma américain et ancien professeur à l’université de Harvard, il s’était installé à Paris depuis quelques années et s’occupait principalement à éditer ses critiques dans les journaux français et différents essais sur le cinéma. On parlait beaucoup de son anthologie du cinéma américain qui devait sortir bientôt en librairie. Car si les interventions d’Ellroy étaient si courtisées, c’était parce que l’homme avait un talent particulier pour électriser un auditoire de cinéphiles et ouvrait le public français à un cinéma américain méconnu. Car si les Français pouvaient régulièrement voir des films américains, la guerre et les années d’après-guerre, où une population traumatisée avait besoin de se reconstruire par le divertissement, n’avaient laissé filtrer que peu de ces films d’auteurs si particuliers et qu’Ellroy leur faisait découvrir à présent. Il avait vécu ces films de l’intérieur et en parlait comme personne. Ainsi, ce soir-là, il avait choisi de leur faire découvrir l’un des premiers films d’un réalisateur qu’il chérissait : Le Lys de Brooklyn d’Elia Kazan.  

 

*  

 

La discussion à l’issue de la projection s’était poursuivie tard et tout le monde ressortait électrisé par le critique américain. A la sortie, Conrad jeta son regard sur la Tour Eiffel illuminée, qui leur faisait face. Ah, Paris ! Il y avait quelques mois à peine, Conrad passait son bac dans une petite ville de la Sarthe. Depuis son arrivée à la capitale, sa vie avait radicalement changé : fourmillement de nouvelles connaissances, de merveilles architecturales, de rencontres passionnantes. Il se sentait au centre de l’activité culturelle du monde, et avait l’impression de vivre les choses là où elles avaient vu le jour. Son attention fut distraite par la silhouette gracieuse de la jeune femme rousse, qui s’arrêta auprès de lui pour allumer une cigarette. Il fut aussitôt intimidé et se préparait intérieurement à, enfin, lui adresser une parole, lorsque celle-ci le prit de cours.  

- Passionnant cet homme, non ?  

- Ellroy ? Oui, oui, il est bath.  

« Bath » ? Il détestait ce mot, et voilà le premier qui lui était venu à l’esprit. Quel imbécile… Mais Pierra ne sembla pas lui en tenir rigueur et lui sourit.  

- Tu es à la Sorbonne aussi, n’est-ce pas ?  

- Oui, on a quelques cours ensemble, je crois. Je m’appelle Conrad.  

- Pierra.  

Une autre jeune femme l’appela au loin. Pierra se retourna.  

- Eh bien on se reverra sûrement ici ou à la Sorbonne, Conrad !  

Elle disparut. Un premier échange avec Pierra... Décidément, Conrad passait une bonne soirée…  

 

BO : https://www.youtube.com/watch?v=-JQCdGVt3s8  

 

*  

 

Conrad et Pierra prirent l’habitude de se retrouver à la sortie du Ciné-club. Ils faisaient route ensemble pour retrouver leur chambre du 5ème arrondissement. Conrad louait une chambre de bonne à deux pas de la Sorbonne. Fraichement arrivée à Paris elle aussi, Pierra avait moins de chance : ses parents avaient tenu à ce qu’elle loue une chambre dans un foyer de jeunes filles tenu par des bonnes sœurs, où les règles étaient strictes. Mais selon ses propres dires, elle n’allait pas tarder à en être évacuée de force, car elle n’arrivait pas à s’astreindre au couvre-feu imposé, ou à s’empêcher de fumer dans sa chambre malgré les interdictions répétées… Conrad la trouvait moderne et libre, et adorait discuter avec elle. Ils s’émerveillaient tous deux constamment des nouveautés vivifiantes que leur prodiguait la vie parisienne.  

Ce soir-là, ils décidèrent de poursuivre la discussion plus loin et s’arrêtèrent dans un troquet du boulevard Saint-Michel. Ils parlèrent d’Ellroy évidemment, et d’Hitchock, dont le critique leur avait parlé ce soir-là. Il adorait Hitchcock et s’évertuait à prouver qu’il n’était pas un réalisateur de seconde zone, comme on le considérait encore à l’époque, mais bien un artisan du cinéma et un grand maître qui savait manier la mise en scène comme personne.  

Au bout d’une demi-heure, ils eurent la surprise de voir Francis Ellroy pénétrer dans le troquet à son tour, accompagné d’une jeune femme. Il s’installa à une autre table, sans leur prêter attention. Les deux étudiants n’avaient pourtant d’yeux que pour lui. C’est Pierra qui voulut sauter sur l’occasion. Ils ne pouvaient pas passer à côté d’une opportunité de lui parler.  

Ils s’avancèrent jusqu’à sa table, se présentèrent et lui firent part de leur admiration. L’Américain les reçut avec sympathie et les invita à se joindre à eux. Ils purent poursuivre ainsi leur discussion cinéphile pendant une bonne heure. Il ne leur présenta jamais la jeune femme qui se tenait auprès de lui, et qui se contentait de les écouter avec un sourire discret.  

Avant de se quitter, il leur proposa de venir chez lui le lendemain soir, boulevard Saint-Germain, où lui et sa femme organisaient une « party » avec des amis et quelques étudiants comme eux. Conrad et Pierra s’empressèrent d’accepter ce qu’ils considéraient comme un rare privilège.  

 

*  

 

Ils se retrouvèrent le lendemain pour arriver ensemble au domicile de leur nouveau mentor. Un inconnu leur ouvrit la porte d’un grand appartement cossu mais à la décoration spartiate, bien à rebours des maisons coquettes et franchouillardes auxquelles ils avaient l’habitude. L’appartement était spacieux et rempli d’une faune hétéroclite de jeunes et belles femmes, mais aussi de femmes plus mûres aux allures d’artistes, d’intellectuels barbus ou de jeunes hommes engoncés dans leur pull à col roulé. Ellroy les accueillit avec simplicité et les présenta à son épouse, Roxane (Toni Bergman). Conrad et Pierra échangèrent un regard furtif : qui était alors la jeune femme du troquet de la veille ? Mystère… Roxane était une très belle femme blonde, proche de la quarantaine, bien plus jeune qu’Ellroy. Très élégante, elle se mouvait avec grâce et dégageait une féminité et une décomplexion assez rare parmi la gente féminine de l’époque. Ellroy s’extasia gentiment devant le pull que portait Conrad.  

- Nous avons un disciple de Luchino Visconti, quel honneur !, dit-il avec humour.  

Conrad portait son pull préféré, noir avec une inscription blanche : « Lombarda ». Pierra le regardait avec amusement, mais sans comprendre l’allusion. Conrad s’expliqua, en se sentant un peu ridicule.  

- C’est le même pull que porte Delon dans « Rocco et ses frères »…  

La soirée suivit son cours à l’image de ce que les deux étudiants espéraient. Tout le monde discutait dans tous les coins autour d’un verre de vin et de morceaux de fromage. On parlait de cinéma bien sûr, mais aussi de toute autre forme d’art, de politique et de philosophie. Conrad entendait des points de vue tout à fait nouveaux pour lui, écoutait des personnages atypiques s’exprimer avec une grande originalité. Ellroy était toujours écouté avec vénération, mais il laissait les autres s’exprimer. Le monde dans lequel le jeune homme avait vécu jusqu’alors, et notamment toutes les discussions qu’il avait écouté au domicile parental, lui sembla plus « étroit », vieillot et en dehors des réalités. L’atmosphère dans cet appartement lui semblait très étrange, et il s’y sentait pourtant bien : tout le monde se tutoyait, se touchait, se servait dans la même assiette. Des couples s’embrassaient sans se cacher, ce qui n’était pas très courant à l’époque. Dans l’encadrement de la porte du salon, deux hommes s’étaient même embrassés, comme ça, devant tout le monde. Ca non plus, il ne l’avait jamais vu.  

Alors que la soirée était bien engagée, Roxane passa entre les convives en leur proposant le contenu d’un saladier. Elle proposa à Conrad de se servir, et le jeune homme reluqua un amas de petites pilules blanches. Il hésitait. Pierra s’approcha de lui.  

- Ce sont des acides, ça vient d’Amérique. Essaie ! J’en ai pris un, tu ne vas pas me laisser essayer toute seule !  

Alors Conrad se servit.  

Le reste de la soirée se passa pour lui comme sur un nuage. Tout le monde lui parut plus beau, plus proche. Il eut l’impression d’être au centre d’une nouvelle famille. Il se sentait inspiré, il s’exprimait en ayant l’impression de n’avoir jamais été aussi pertinent et intelligent, il pensait que tout le monde buvait ses paroles. Il ne cessait de rire avec Pierra, se rapprochant d’elle de plus en plus, laissant davantage ses retenues de côté, et il put finalement échanger avec elle un long baiser. En face de ce nouveau couple, Ellroy était assis sur le canapé, la main posée sur la cuisse de son épouse, posée sur l’accoudoir. Ils regardaient les deux étudiants s’embrasser avec un sourire de connivence. Le sourire complice de ceux qui avaient déjà emprunté ce chemin.  

 

*  

 

Le lendemain, Conrad marchait dans la rue avec un léger mal de crâne. L’étourdissement de la veille était passé, et il lui restait une drôle d’impression sur la soirée. Rétrospectivement, il n’était plus aussi à l’aise avec ce qu’il avait vécu et ce qu’il avait fait. Il était certain d’avoir dit un tas d’âneries et s’était sans doute ridiculisé… Les gens qui l’avaient entouré étaient définitivement originaux et spéciaux, mais l’atmosphère qui y avait régné lui paraissait maintenant plus amorale et déroutante que la veille. Néanmoins, il ne regrettait pas d’y être allé. D’autant qu’il s’était réveillé auprès de Pierra. Et pour ça, il aurait fait bien pire que tenter une imitation de Miles Davis, debout sur la table, comme il l’avait fait la veille s’il en croyait un obscur souvenir…  

Il déambulait dans la rue des Ecoles lorsqu’il se retrouva nez à nez avec Roxane Ellroy. Cachée derrière des lunettes noires, sa chevelure blonde fermée par un chignon et son chemisier noir aux épaules dénudées la distinguait dans la rue des matrones occupées par leurs commissions à cette heure matinale.  

- Mais c’est notre jeune ami spécialiste de Miles Davis ! Bien remis de vos émotions ?  

Conrad sentit le rouge lui monter aux joues… Cependant, il accepta de s’asseoir à la terrasse d’un café en sa compagnie. Elle s’intéressa à lui, lui posa des questions sur ses études et ses aspirations.  

- Mon mari vous aime beaucoup, vous et votre belle amie. Il faudra que vous reveniez nous voir, qu’on fasse davantage connaissance.  

Conrad était touché par sa sympathie, mais il ne savait pas s’il était prêt à passer une soirée en tête-à-tête avec des gens qui avaient vécu tellement de choses. Il se sentait bien inintéressant comparé à eux. Roxane releva ses lunettes noires et échangea avec lui un regard qu’on aurait pu dire langoureux. Elle était vraiment très belle, presque féline. Elle sortit un livre de son sac à main.  

- Tenez, c’est un roman noir d’un auteur américain. Hitchcock veut en faire un film. Lisez-le, et ramenez-le moi un de ces après-midi. Vous me direz ce que vous en avez pensé.  

En lui donnant le livre, elle attarda sa main sur celle du jeune homme. Il était décontenancé. Pourtant, il dut bien admettre que l’invitation était claire.  

- Mais… je… euh… Et votre mari… ?  

Elle éclata d’un rire sibyllin.  

- Mon mari vous aime beaucoup. Et votre jeune amie également, comme je vous l’ai dit. Nous ne sommes pas aussi vieux-jeu que vous avez l’air de le penser !  

 

*  

 

Conrad se confia à Pierra sur sa rencontre avec Roxane, et son étrange proposition. Il avait été très mal à l’aise. Pierra réagit en riant.  

- Ne fais pas cette tête-là ! Moi cela ne m’étonne pas beaucoup. C’est comme cela que ça se passe dans les couples intellectuels parisiens. On appelle ça les « couples libres ». Tu devrais essayer, pourquoi pas ? Elle est très belle…  

Conrad était choqué, mais il ne voulait pas le montrer, de peur de se montrer trop étroit d’esprit. On était à Paris, à la Sorbonne, et on était censé être ouvert d’esprit, jeune, dans une mouvance de liberté. Pourtant cette mouvance-là ne lui convenait pas, et il s’en sentait coupable. Il voulait passer à autre chose, mais il avait été trop blessé par Pierra pour cacher sa mauvaise humeur.  

- Tu aurais dit oui, toi ?  

- Ce n’est pas ce que j’ai dit. Je ne sais pas, va savoir.  

- Tu pourrais faire ça, comme ça, malgré notre histoire ?  

Le visage de Pierra se referma. Une gêne s’installa entre eux.  

- Ecoute Conrad, je suis désolée si je t’ai laissé penser autre chose, mais… Ce qu’on a fait hier soir… Je veux dire, pour moi, cela ne veut pas dire qu’on est un couple. Tu comprends ? C’était vraiment bien, mais…  

Effectivement, ça, il ne l’avait pas vu sous cet angle.  

- Te casse pas, j’ai compris.  

Enervé, vexé, il se leva et s’apprêtait à s’éloigner. Il se retourna avant de disparaître.  

- C’est comme ça que ça se passe à Paris, c’est ça ?  

- Conrad…  

 

*  

 

Il n’alla pas en cours le lendemain. Trop blessé, pas envie de voir Pierra. Il n’alla pas au Ciné-club non plus. A la place, il lut le livre de Roxane. Mais il n’arriva pas à aimer. Ou pour être plus exact, il n’avait pas envie d’aimer. Il était écœuré, il se sentait le vilain petit canard dans un nouvel univers de libres pensées. Le pire, c’est qu’il culpabilisait. Il aurait dû être plus ouvert, mais il n’y arrivait pas. C’était comme ça, il était peut-être trop « provincial » pour ces gens-là.  

Malgré tout, il se décida en milieu d’après-midi. Il allait se rendre boulevard Saint-Germain et rendre son livre à Roxane. A cette heure, elle serait peut-être seule chez elle. Et si elle voulait plus, eh bien… Il revit le visage de Pierra, qui le poussait presque dans les bras de Mme Ellroy. Il verrait bien ce qu’il ferait.  

Il monta au 4ème étage et sonna à la porte des Ellroy. Mais il ne s’était pas préparé à ce que ce soit Francis Ellroy qui ouvre la porte. Il lui sourit, ravi de le voir. Conrad était affreusement mal à l’aise.  

- Votre femme m’avait prêté ce livre… Je venais le lui rendre…  

- Roxane n’est pas là malheureusement. Mais je lui donnerai ! Qu’en avez-vous pensé ?  

Conrad entendit un mouvement derrière Ellroy.  

- Je vous dérange ? Vous n’êtes pas seul ?  

- Vous ne me dérangez pas, ne vous en faites pas.  

Néanmoins, Ellroy se tenait dans l’encadrement de la porte et il ne répondit pas à sa deuxième question. Dans un espace au dessus de son épaule, Conrad aperçut le reflet une silhouette rousse passer furtivement devant un miroir du salon. Son ventre se contracta.  

- Très bien, le livre. Je… j’ai cours, il faut que j’y aille. A bientôt Monsieur Ellroy.  

- Appelez-moi Francis !  

Et il referma la porte alors que Conrad descendait les escaliers. Mais le jeune homme s’arrêta au bout de quelques marches et attendit en silence sur le palier inférieur. Au bout de quelques minutes, la porte d’Ellroy s’ouvrit à nouveau et il entendit une voix qu’il reconnut immédiatement.  

- Je ne suis pas sûre d’être à l’heure. Je te tiendrai au courant.  

Pierra descendit les escaliers et se retrouva nez-à-nez avec Conrad, le visage sombre. Le sien exprima la surprise, aussitôt suivie par un semblant de déception.  

- Conrad, qu’est-ce que tu fais là…  

- Je constate, je constate, répondit-il, d’un ton moraliste.  

Un silence pesant s’installa entre eux. Pierra soutenait son regard sans baisser les yeux.  

- Il pourrait être ton père, presque ton grand-père !  

Pierra se mit en colère.  

- Tu me juges, Conrad ? Est-ce que je te dois quelque chose ?  

Des larmes lui montèrent aux yeux.  

- Si tu n’aimes pas ce que tu vois, tu n'as qu'à fermer les yeux…  

Elle s’éloigna et descendit les escaliers en courant. Conrad aurait du se sentir content de lui. Après tout, c’est lui qui avait raison, la moralité était de son côté. Pourtant, il se sentait mal. Un nouveau monde venait de s’ouvrir à lui, un monde qui l’électrisait, un vrai mélodrame de cinéma. Mais contrairement aux films de Douglas Sirk, personne ne se tenait devant lui pour lui en expliquer les règles…  

 

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Un film de Stefen MENEZ  

 

Avec  

Thor DEGAST - Conrad  

Gaby VIGMARSSON - Pierra  

Jeff COLLINS - Francis Ellroy  

Toni BERGMAN - Roxane Ellroy  

 

Sur une musique de Wayne HOPKINS  

BO : https://www.youtube.com/watch?v=-JQCdGVt3s8  

Scénario : (1 commentaire)
une série B dramatique (Noir & blanc) de Stefen Menez

Thor Degast

Gaby Vigmarsson

Jeff Collins

Toni Bergman
Musique par Wayne Hopkins
Sorti le 26 juin 2032 (Semaine 1434)
Entrées : 19 556 502
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