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Les Films du Corbeau présente
Le Prince qui tâche sans tache

Un film à ne pas mettre dans toutes les mains, en tout cas pas celle des enfants…  

 

 

Dans ce royaume-ci ou ce royaume-là, hier ou aujourd’hui (demain peut-être ?)  

 

Le prince Arthus (voix de Joshua Kloss) arpentait les couloirs du palais. Les murs étaient froids, les plafonds hauts, il n’aimait pas ce château, trop sombre et trop sérieux. Le temps passait trop lentement, il s’ennuyait et les regards de tous les courtisans qu’il croisait où qu’il aille l’excédaient… Il voulait rentrer chez lui, dans son pays plus chaud, dans son palais plus confortable, plus aéré… Mais le roi son père le renverrait à coup de pied au c… Il était venu dans ce royaume pour rencontrer la princesse Lucinda. Car c’était elle que son père voulait le voir épouser. Jolie, la princesse, c’était sûr ! Blanche comme une colombe, sérieuse et sage comme une poupée de porcelaine, bien comme il faut… Mais d’un ennui ! Autant épouser bel et bien une poupée de porcelaine et la ranger dans un placard !  

Il repensait aux soirées de ripaille et de beuverie avec ses camarades de l’auberge, dans les bas-fonds de son royaume. Aux gueuses peut-être moins propres sur elles, moins bien élevées, mais tellement plus chaleureuses… Que le temps était long ! Et que tout le monde l’agaçait…  

Il trouva enfin un balcon isolé où personne ne penserait à l’approcher. Il huma l’air. Le printemps frappait à la porte, un rai de soleil lui chauffait le visage. S’il avait été au pays, il aurait été en selle à l’heure qu’il est, et courserait le sanglier… « Mon Dieu, combien de temps encore ? Qu’on me marie et qu’on passe à autre chose... »  

Un mouvement attira son regard dans l’encadrement d’une fenêtre étroite en contrebas. Il ne comprit tout d’abord pas ce qu’il voyait : une forme brune et épaisse effectuait des mouvements étranges. Puis il distingua la matière grossière d’un tissu tendu sur un énorme fessier. C’était le derrière d’une matrone qu’il observait, penchée en avant, occupée à Dieu-sait-quoi. Puis la matrone se redressa et se retourna. Elle était plus jeune qu’il ne l’aurait cru par ses formes généreuses. Elle frottait une flopée de linges blancs, sans doute une lingère du château. Ses joues pleines et roses respiraient la santé, ses mamelles épaisses manquaient de déborder d’un bustier trop serré… Tout à coup, Arthus se sentit l’envie d’une grande coupe de lait frais...  

 

 

Rosette (voix de Ruth Kordic) revenait du réfectoire, elle se dandinait pour rattraper les autres lingères qui marchaient, comme à leur habitude, regroupées à quelques mètres devant elle. Elle était plus courtaude que les autres, aussi devait-elle toujours marcher plus vite. Et elle était plus vilaine et moins finaude aussi. C’était pour ça également, peut-être, qu’on l’attendait rarement pour rejoindre les chambrées. Le repas fut occupé par une seule discussion, la même depuis quelques jours qui animait tous les piaillements du petit personnel : le prince Arthus ! Quel bel homme, quelle distinction ! La princesse Lucinda en avait de la chance ! Et puis il était si riche, sa famille si renommée, son royaume si lointain !...  

Mais alors quel caractère… Toujours la mine sombre, le regard dolent, comme si tout ce qu’il voyait n’était pas à la hauteur… Non mais pour qui se prenait-il ? Comme si ce royaume-ci ne valait pas le sien ! Voilà bien un homme qu’on avait du plaisir à reluquer du coin de l’œil pour mieux en médire dans les couloirs…  

- Et puis il paraît qu’il regarde à peine notre princesse ! A peine une parole !  

- A-t-on jamais vu ça ?  

- Sans doute les filles de là-bas sont encore plus belles ?  

- On n’a jamais entendu parler d’une plus belle princesse que la nôtre, je te dis !  

- M’est avis qu’on ne reconnaît pas toujours sa chance quand on la voit…  

- M’en irai te le prendre au coin d’une sous-pente pour lui dire ses quatre vérités, moi…  

Rosette se fichait bien de ces palabres. De prince, elle n’en avait encore jamais croisé. Soudain le silence se fit. Rosette manqua de buter contre le derrière d’une autre lingère, qui venait de se prosterner en avant. Tout le monde se prosternait ! Rosette s’empressa d’imiter son monde. Mais pour qui se prosternait-on encore ? Elle se faisait mal aux côtes avec cette tradition de se prosterner dès que leur chemin croisait celui d’un membre de la famille royale. Si seulement ils restaient cloîtrés dans leurs chambres, mais évidemment, ils ne cessaient de parader dans les couloirs ! Une fois courbé, on ne relevait la tête que lorsque la royauté était passée. Pourtant, Rosette jeta un regard pour savoir à qui elle devrait ce nouveau tour de rein. En face d’elle, un jeune homme, beau comme un Dieu, la fixait de ses yeux froids et durs. Un frisson lui parcourut l’échine. Il promena son regard sur elle, elle s’empressa de recourber la tête. Ce qui lui permit de voir que son bustier était mal lacé, sa poitrine encombrante pendait un peu trop. Elle se rajusta rapidement. Puis elle entendit les pas du jeune homme poursuivre son chemin.  

Tout le monde se redressa. Comme Rosette, ses voisines se tenaient les hanches de douleur.  

- Que lui prend-il, à cet animal-là ? Si maintenant ils s’arrêtent…  

- Mais y a pas à dire, c’qu’il est bel homme…  

 

 

Il était tard et Rosette ne pouvait s’empêcher de bailler à s’en démettre la mâchoire. Elle était seule dans les couloirs, donc elle ne se gênait pas ! Les bras chargés de linge sale, elle venait de changer le lit de la princesse Lucinda. Elle poussa de son derrière la porte du placard à linge et se mit à trier les draps souillés. Décidément, quelque chose devait tarauder la princesse pour qu’elle lui donne autant de travail à cette heure de la nuit… Soudain, la flammèche de sa chandelle vacilla. Quelqu’un venait d’entrer et avait fermé la porte derrière lui. Elle se tenait immobile, pétrifiée dans la faible lueur de la torche du couloir. Une main ferme se posa sur l’arrière de son cou et la courba en avant, la tête dans le tas de linge. Puis on lui souleva les jupons. Puis…  

Rosette en avait vu d’autres au cours de sa vie laborieuse au château. Les nobles avaient souvent l’humeur légère… Mais cette fois, c’était différent. Peut-être les effluves étourdissants du beau jeune homme qui reboutonnait maintenant ses braies brodées ? Peut-être ce mélange de brusquerie et de douceur auquel elle n’était pas habituée ? Quoiqu’il en soit, elle n’avait pas encore envie de se relever, elle préférait le regarder encore. Une fois ajusté, il plongea son regard dans le sien. Elle frissonna à nouveau comme elle l’avait fait quand il l’avait fixée dans les couloirs, plus tôt ce jour-là. De l’index, il lui fit une pichenette sur le nez, se détourna et disparut dans les couloirs.  

 

 

- Vous avez vu la mine de la princesse ?  

- Il paraît que la potionneuse lui prépare de la poudre d’escamptette, tellement qu’elle a de cernes.  

- Ca a pas l’air de gêner le prince pour autant ! On ne le reconnaît plus, lui non plus.  

- Il sifflait dans les couloirs ce matin.  

- Ah ben il fait moins le fier ! On raconte qu’il a même joué au croquet avec la reine ce matin.  

- C’est comme si qu’on avait inversé les rôles… Allez comprendre !  

Rosette n’arrivait pas à écouter sur les conversations de ses voisines de table. Le nez au-dessus de son assiette de ragoût, elle était perdue dans ses pensées. Elle regardait par la fenêtre. Le soleil était encore haut, il lui tardait tant qu’il se couche ! Alors elle irait dans son placard, chercher les fines tentures de bain, puis elle rejoindrait les appartements du prince, pour « remplacer ses linges de toilette », comme il lui avait dit de dire à la garde. Et alors… et alors…! « C’est pas possible qu’il n’ait que deux mains, c’t’homme-là. Où qu’il soit, il est toujours au bon endroit ! », pensait-elle en songeant à la nuit précédente, et à celle d’avant. Et celle d’avant… Les jours de Rosette au château se suivaient jusqu’alors comme une tranquille rengaine. Depuis quelques temps, elle avait l’impression que sa vie avait vraiment débuté.  

 

 

On commença à chuchoter discrètement dans les couloirs. Des bruits coururent, des échanges de regard se firent. Bientôt, on parlait moins fort quand Rosette passait dans les parages. Puis elle surprit quelques regards étonnés d’abord, puis courroucés ensuite, belliqueux, jaloux. Mais jamais une réflexion plus haute que l’autre. Rosette allait avec entrain, sans se poser de questions. Lire entre les lignes, décoder les signes et les intentions des autres, cela n’avait jamais été dans ses cordes…  

De son côté, le prince était rayonnant. Il aimait le château, en découvrait le visage charmeur et festif. Ses jours n’étaient que jeux, promenades, taquineries avec ses futurs beaux-parents.  

La princesse Lucinda, elle, dépérissait, s’asséchait, se flétrissait. Lorsque Rosette vint à passer dans ses appartements, elle croisa le regard sombre et haineux de la princesse. Elle repensa alors à sa mère qui, lorsqu’elle était enfant, la regardait de la même façon juste avant de lui dire :  

- Toi, ma vilaine, tu vas passer un sale quart d’heure…  

Ah, sa chère maman. Cela faisait longtemps qu’elle ne l’avait plus vue. Déjà, elle avait oublié pourquoi elle s’était mise à y songer…  

 

 

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Un film de Rezzati ZAVATTA  

Sur un scénario original du Corbeau  

 

Avec  

Ruth KORDIC - la voix de Rosette  

Joshua KLOSS - la voix du prince Arthus  

 

Sur une musique de Christopher KAUDERER  

 

Scénario : (2 commentaires)
une série Z d'animation de Rezzati Zavatta

Joshua Kloss

Ruth Kordic
Musique par Christopher Kauderer
Sorti le 24 avril 2032 (Semaine 1425)
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