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Les Films du Corbeau présente
Lady Sunshine

 

BO : http://www.youtube.com/watch?v=C2q2bis6eLE  

A écouter en musique de fond pendant la lecture  

 

Août 1978. Dans une discothèque de GérardMerveille, Lady Afrodita (Donzelle OUACHINGTONE) fait face à son micro et ondule sur la mesure des beats pulsés par les énormes enceintes. Derrière elle, en retrait, Lady Sexy (Drew ALEXANDER) l’accompagne, moulée elle aussi dans une robe à paillettes. Elle est sa choriste. Devant elles, une foule de jeunes personnes, hommes et femmes, bougent au rythme disco de leur chanson sensuelle. I feel loooove…  

Depuis les coulisses, un homme les regarde, placide. Cette chanson, il l’a déjà trop entendue, la magie n’opère plus. Greg Svensson (Alec LEDERMAN) est le manager du groupe Ladyzz, c’est lui qui a réuni ces deux femmes, dégotté les musiciens et payé une petite fortune le compositeur de cette balade aussi simple qu’envoutante et au succès qu’il espère garanti. Depuis une semaine, il promène ses Ladyzz dans les boîtes de seconde zone pour les faire connaître, et pour tester leurs morceaux. Celui-ci fonctionne mieux que les autres, c’est indéniable.  

D’Afrodita, son regard se déplace et balaie la salle. Sa tête est remplie d’une prévision de chiffres et de sommes d’argent, mais son attention est télescopée par une lueur au milieu de la foule. Une jeune femme blonde irradie, le corps luisant de sueur dans cette chaleur moite, au milieu des danseurs. On dirait qu’elle capte à elle seule l’éclat des projecteurs. Elle danse avec une sensualité particulière, alors qu’elle scande en playback les paroles (certes très simples) de la chanson. Les hommes autour d’elle la regardent avec désir, et certains s’en approchent. Elle est concentrée sur la musique et les pulsations, mais elle a visiblement conscience des corps qui l’approchent, puisqu’elle répond aux frôlements des autres par des déhanchés sensuels.  

 

La prestation des Ladyzz est terminée, un autre groupe les a remplacé sur scène et occupe la foule par la même frénésie disco. Greg est au bar, Afrodita est à son bras et tire sur la paille d’un Coca-Cola. Elle est exténuée et aimerait que Greg la ramène chez lui. Mais lui observe les danseurs, et en particulier la jeune femme blonde qui embrasse maintenant un jeune homme à pleine bouche. Il regarde le jeune homme l’entraîner dans une alcôve de la discothèque et se coller à elle sensuellement. Ses mains se promènent sur le corps de la jeune femme, sur ses hanches, ses fesses. Elles reviennent vers ses cuisses et s’enfoncent langoureusement dans son entrejambe. Alors le jeune homme se braque et se recule. Il vient de toucher quelque chose qu’il ne s’attendait pas à trouver là. Greg voit son expression se transformer en un dégoût qui semble étonnamment amuser « la jeune femme ». Il devine une quelconque insulte lancée par le jeune homme avant de s’éloigner. Elle rit, elle semble ne pas se formaliser de ce genre de scène, et rejoint les danseurs.  

Greg se tourne vers le serveur et l’interroge sur cette jeune femme. Il apprend qu’elle est une habituée du lieu et se fait appeler Evangelina (Lucas AGNELLO).  

 

 

BO : Fin de l’écoute  

 

 

Novembre 1984. Evangelina est assise sur le siège en cuir noir d’un cabinet de consultation. Elle est pâle, ses traits sont tirés et ses joues légèrement creusées. Un médecin proche de la retraite, une cigarette sur le coin des lèvres, lui demande d’enlever son chemiser. Elle s’exécute. Le vieil homme se nettoie les mains et se retourne vers elle. Il découvre son torse blanc et plat. Il fronce les sourcils : cette jeune femme n’en est pas une… Il croise régulièrement des originaux dans son cabinet, mais il y a certaines excentricités auxquelles il n’arrivera jamais à se faire. Cette époque n’est décidément plus la sienne…  

Il l’ausculte, fouille sa bouche avec sa spatule, écoute sa respiration. Evangelina est venue le voir à cause de ses accès de fatigue et de fièvre. Elle tousse sèchement et ses maux de tête ne la lâchent presque plus. Le vieil homme fronce les sourcils une deuxième fois : ces bleus qu’il découvre sur son coude et qu’il retrouve sur ses omoplates le perturbent. Ce ne sont pas des traces de coups, ils ressemblent à des nodules, mais il n’en avait jamais vu de cette forme et n’en comprend pas la provenance. Il regarde la jeune femme avec inquiétude. Elle répond à son regard avec un léger sourire fatigué…  

 

 

Octobre 1978. Les Ladyzz se produisent à nouveau sur scène, scandent la même chanson. I feel loooove. Mais cette fois, elles ne sont plus deux. Derrière Lady Afrodita, Lady Sexy a été rejointe par une deuxième choriste, belle, fraiche et blonde : Evangelina est devenue Lady Sunshine. Greg se tient seul face à elles et les regardent répéter. Lady Sunshine se démarque décidément des autres femmes. Si Lady Sexy remplit son rôle avec grâce et discrétion, si Afrodita paraît s’ennuyer sur son micro, Lady Sunshine, elle, habite un personnage qui pourrait passer pour l’Amour-même. Plus femme que les autres, plus sensuelle et habitée, elle a cette capacité à captiver tous les regards, et Greg s’en rend bien compte.  

La chanson se poursuit, mais Afrodita a cessé de chanter, laissant les musiciens et les choristes s’arrêter chacun leur tour, se demandant pourquoi ils n’entendent plus sa voix. La chanteuse paraît renfrognée. Greg la questionne.  

- C’est elle, dit-elle en se tournant vers Evangelina. Elle fait n’importe quoi, elle chante trop fort, je n’entends même plus ma voix. Dis-lui de se calmer !  

Evangelina répond à la critique en silence, par un sourire. Comme à son habitude, les attaques semblent couler sur elle comme un courant d’air sur une montagne.  

- Ce n’est pas elle le problème, Afro. Elle a le truc. C’est toi qui devrais te caler sur elle. On dirait que tu t’emmerdes.  

Afrodita s’avance vers Greg. Depuis le bord de la scène, elle lui répond avec colère.  

- Répète-moi ça ?  

- Tu as la sensualité d’une planche à pain aujourd’hui. Tu as un corps, sers-t-en bon sang ! Ecoute ce que tu chantes ! Eva et Sexy nous font vibrer. Pas toi.  

- Tu es en train de me dire que je suis moins femme que l’autre travelo ?  

- Afro, tu la fermes et tu t’y mets sérieusement. Tout le monde t’attend, on n’a pas que ça à foutre.  

La jeune femme reste immobile au bord de la scène. Les paroles de Greg la giflent, et elle n’a pas l’habitude de s’entendre parler ainsi. Au lieu de rejoindre son micro, elle sort de scène et disparaît dans les coulisses en faisant résonner ses talons hauts. Greg et Sexy lèvent les yeux au ciel. Evangelina regarde ses ongles comme s’ils avaient quelque chose d’intéressant à lui dire…  

 

 

Décembre 1984. Evangelina est allongée sur un lit d’hôpital. Elle est seule dans sa chambre et regarde la vitre qui donne sur le couloir. De l’autre côté, plusieurs jeunes médecins en blouse blanche la regardent en parlant. Sur leur visage, elle lit la peur et le dégoût. Mais elle ne s’en formalise pas. Elle attend. Et s’ennuie.  

Un médecin plus âgé rejoint ses collègues et les regardent avec étonnement. De l’autre côté de la vitre, Evangelina n’entend rien, mais elle comprend qu’il les rouspète. Il met un masque d’hygiène sur son visage, enfile des gants en plastique blanc et entre seul dans la chambre. Il s’approche de la jeune femme.  

- Excusez mes collègues. Ils sont jeunes et stupides.  

Elle répond en souriant avec légèreté.  

- Ce n’est pas grave.  

- Ils ne connaissent pas cette maladie, et comme on ne sait pas exactement comment elle s’attrape, ils vous fuient comme la gale.  

- Peut-être qu’ils ont raison, peut-être que je suis une gale et que c’est vous qui êtes stupide !  

Le médecin est sur le point de lui répondre, mais il comprend à son visage qu’elle ne cherche pas à l’insulter. Elle arbore au contraire un sourire moqueur. Il a l’impression qu’elle ne prend pas sa maladie au sérieux, mais sa légèreté inhabituelle lui paraît un remède plus indiqué que l’apitoiement. Il ouvre la robe de chambre de sa patiente et dénude son torse. De nouvelles plaques sont apparues et se sont étendues.  

- Excusez mon indiscrétion, mais avez-vous connu beaucoup de partenaires sexuels ces dernières années ?  

- Oh oui Docteur, beaucoup…  

- Vous avez une maladie que l’on croise énormément ces derniers mois au sein de la communauté homosexuelle de la ville. Je dois être honnête avec vous, on ne la connaît pas bien. Je vais vous prescrire un traitement, mais je ne suis pas sûr du résultat. Il faudra qu’on se revoie régulièrement. En attendant, côté rencontres, tenez-vous à carreau. Compris ?  

- Compris.  

Le médecin lui ausculte maintenant le dos, où d’autres nodules ont proliféré. Evangelina se laisse faire et paraît songeuse.  

- C’est quelqu’un qui m’a transmit cette maladie, c’est bien ça ?  

- C’est ça.  

- Comment savoir qui ?  

- D’après ce que vous m’avez dit tout à l’heure, ça risque d’être difficile ! Avez-vous déjà vu ce type de marques sur quelqu’un d’autre ?  

Elle réfléchit quelques instants. Puis, doucement :  

- Oui…  

 

 

BO : Reprise de la chanson  

 

 

Décembre 1978. Les Ladyzz se produisent dans la plus grande discothèque de la ville. La scène est sans commune mesure par rapport à la taille de celles qu’elles ont pratiquées ces derniers mois. La salle et le nombre des danseurs qui leur font face sont tout aussi impressionnants. I feel love est sur toutes les lèvres de la ville. Le 45 tours vient d’être édité et il se diffuse déjà sur toutes les radios du pays.  

Lady Sunshine rayonne derrière son micro, ceinte d’une robe volante dorée. Derrière elle, Lady Sexy et Lady Afrodita l’accompagnent dans leur robe couleur bronze. Si Afrodita ondule au rythme imposé par la nouvelle chanteuse, son visage de marbre reflète bien la frustration qui l’habite. Mais Greg a prévu le coup et organisé l’agencement des projecteurs de façon à ce que l’éclat de sa robe attire les regards sur ses courbes plutôt que sur son visage.  

Depuis les coulisses, Greg observe avec admiration la nouvelle star de la ville. Sunshine électrise son audience, elle transmet des ondes sensuelles sur lesquelles sa voix cristalline se pose et termine l’envoûtement.  

Elle semble elle-même envoutée, pourtant Sunshine ne perd rien de l’émulation de la foule. Elle se sent en osmose avec eux, elle comme eux ondulent sur la même musique, au même tempo. Parmi la foule de danseurs, elle ne quitte pas des yeux un jeune homme en particulier, qui lui renvoie son regard depuis le début de la soirée.  

 

Plus tard ce soir-là, dans sa chambre d’hôtel, Evangelina vide sa coupe de champagne pendant que le jeune homme du public, Axel (Hisa TOSHI), termine sa préparation. Il lui tend alors le miroir et ses deux lignes de poudre blanche. Elle aspire l’une d’elle par le nez, lui aspire l’autre. Il a tenu à faire tourner le disque de I feel love à plein volume. Elle aurait bien choisi autre chose, mais elle n’a pas réussi à le lui refuser. Il enlève sa chemise et l’entraîne jusqu’au lit. Ils s’y étendent et s’embrassent, se caressent. Elle embrasse le bleu qu’elle découvre sur sa clavicule.  

- Tu t’es fait mal ?  

- Je ne sais même pas comment je me suis fait ça. Viens par là.  

Il attire son visage vers le sien.  

I feel loooove…  

 

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Un film de Lisa JOSEPH  

Sur un scenario original du Corbeau  

 

Avec  

Lucas AGNELLO - Evangelina/Lady Sunshine  

Alec LEDERMAN - Greg Svensson  

Donzelle OUACHINGTONE - Lady Afrodita  

Drew ALEXANDER - Lady Sexy  

Hisa TOSHI - Axel  

 

Sur une musique de Wayne HOPKINS  

Scénario : (2 commentaires)
une série A dramatique (Musical) de Lisa Joseph

Lucas Agnello

Donzelle Ouachingtone

Alec Lederman

Drew Alexander
Avec la participation exceptionnelle de Hisa Toshi
Musique par Wayne Hopkins
Sorti le 14 novembre 2031 (Semaine 1402)
Entrées : 24 731 499
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