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Les Films du Corbeau présente
La Nuit, les révoltés...

Comme tous les mardis soirs, Nino (Thor DEGAST) se penche sur le guidon de son vélo. Il est revigoré par sa session de natation, mais il fait froid en ce mois de février, la nuit est tombée sur Toulouse, et il est pressé de rentrer chez lui. Comme tous les mardis soirs, sa mère va insister, malgré l’heure tardive, pour qu’il finisse ses devoirs avant d’aller se coucher. La barbe. Et comme tous les mardis soirs, il emprunte le parking de l’usine désaffectée pour gagner 5 minutes. Mais ce soir, il rencontre quelque chose qui n’est pas comme d’habitude… Au détour d’un hangar, son attention est attirée par une scène étrange qui se déroule dans un coin obscur et isolé du parking. Il stoppe son vélo à l’angle du hangar et observe, quelques mètres plu loin, deux voitures garées face à face et, éclairés par les phares des véhicules, deux hommes qui encadrent un troisième homme agenouillé. De là où il se tient, Nino n’entend pas ce qu’ils disent, mais il perçoit le ton de leurs voix. Les deux hommes debout parlent bas et d’une voix dure, celui qui est agenouillé les implore. Leur carrure de boxeur termine le tableau : Nino a bel et bien l’impression d’assister à un règlement de comptes entre truands, comme on en voit dans les films !  

Il est excité par la découverte et ne veut pas en perdre une miette. Mais quand l’un des hommes sort de sa veste un revolver et tire une balle en plein front de l’homme agenouillé, son degré d’excitation redescend au point mort pour laisser la place à une stupeur et un effroi bien moins agréables. Choqués, il se rend compte qu’il n’a rien à faire là et fait demi-tour… mais il sent soudain une main large et musclée se refermer sur ses cheveux. D’une poigne implacable, Nino est tiré en arrière. Désarçonné de son vélo, il s’écroule par terre et se fait trainer sur quelques mètres. La douleur est insoutenable. Puis on le lâche. Nino relève la tête, les yeux embués par des larmes de douleur, et se retrouve nez-à-nez avec le visage de l’homme dont le front dégouline de sang et dont les yeux vitreux le fixent. Il se redresse avec effroi.  

Il est maintenant encerclé par trois hommes, les deux brutes au revolver et un homme à la peau noire (Terry FILLION), habillé avec plus de distinction que ses acolytes, et qui le dévisage avec un sourire carnassier.  

- Regardez ce que j’ai trouvé les gars, on avait un spectateur. Et il n’a pas payé sa place…  

Nino sent une sueur glacée lui couler le long du dos. Il rampe en arrière, mais l’une des brutes se place derrière lui, lui coupant toute retraite. L’homme élégant se penche vers lui.  

- Dis-moi gamin, tu te doutes que ça ne me fait pas plaisir que tu ais jeté un œil dans nos petites affaires ? Tu ferais quoi à ma place ?  

Devant l’absence de réponse, il se tourne vers ses acolytes.  

- Il est timide. Toi Franck, tu ferais quoi ?  

Le Franck en question sort à nouveau son arme de sa poche. L’homme élégant lève les yeux au ciel.  

- Pas beaucoup d’imagination, les gars. Toujours la même réponse… Il se relève et jauge Nino de la tête aux pieds. Non, moi je me disais que cette fois-ci, on pourrait trouver une idée moins salissante. Je suis sûr qu’on peut trouver un moyen de laisser notre nouvel ami rentrer chez lui, mais en s’assurant qu’il ait bien compris qu’il y a des choses qu’on raconte, et d’autres qu’on ne raconte pas…  

Nino, toujours à terre, regarde avec terreur les trois truands s’avancer vers lui…  

 

 

Amélie (Alice GILSTRAP) est inquiète. Depuis deux semaines, depuis ce soir où son fils Nino est rentré de son cours de natation avec la lèvre ouverte, il a beaucoup changé. Il est sombre, il ne dit plus rien, il évite sa mère et sa petite sœur et il ne semble rentrer du lycée que pour s’enfermer dans sa chambre. Il ne veut même plus aller à la natation, qu’il adore pourtant. Rien à voir avec son Nino habituel, jovial et souriant. Du coup, l’ambiance à la maison est lourde : sa petite sœur comprend bien que quelque chose ne va pas, et Nino refuse de répondre aux questions de sa mère. A propos de ce fameux soir, il lui a dit s’être blessé après une chute de vélo. Elle n’en croit pas un mot, mais pas moyen d’en tirer davantage.  

Pire encore, elle l’a surpris au milieu de la nuit, alors qu’il rentrait en douce à la maison. Il avait fait le mur ! Et il refuse toujours de donner des explications. Même le fait de le punir n’a semble-t-il plus de prise sur lui. Son père est parti depuis plusieurs années, et Amélie se sent seule et désemparée.  

Comme si cela ne suffisait pas, la proviseure du lycée vient de l’appeler pour l’alerter : depuis deux semaines, les résultats de son fils sont en chute libre, et son comportement laisse franchement à désirer. Aujourd’hui, il a frappé l’un de ses camarades, c’est pourquoi il sera retenu ce soir par une heure de colle. S’il a évité le conseil de discipline, c’est seulement parce que les professeurs le connaissent comme un élève exemplaire, doué, intelligent et sportif, et tous s’entendent à dire qu’il traverse une mauvaise passe. La proviseure espère bien que sa mère trouvera une solution pour remédier rapidement au problème.  

Agacée (J’aimerais bien l’y voir, cette vieille peau), Amélie décide de se tourner vers sa sœur. Babé (Laura Lee LAND) est la tante préférée de Nino. Jeune femme libérée et énergique, Babé détonne dans son métier d’éducatrice spécialisée par son aspect gothique. Cheveux peroxydés, piercings et tatouages à chaque coin de peau, quand elle ne sillonne pas les rues pour son boulot à la rencontre des sans-abris de la ville, Babé sillonne le monde de la nuit pour s’amouracher avec des femmes aussi détonantes qu’elle. Mais malgré cette vie parallèle dissonante, elle est une tante présente et aimante, qui a toujours su particulièrement bien s’y prendre avec son neveu préféré. Aussi, Amélie espère que cette fois aussi, elle saura y faire mieux qu’elle-même.  

 

 

Babé regarde son neveu sortir du bahut, la sacoche branlant de biais sur son dos, et le poids du monde visiblement sur les épaules. Elle est affectée par sa mine épouvantable : il est pâle et ses yeux sont cernés, et ce n’est surement pas la colle dont il vient d’être libéré qui le met dans un tel état. En relevant la tête, il aperçoit sa tante et se dirige vers elle. Elle ne peut pas s’empêcher de noter que la dernière fois qu’elle l’a retrouvé à la sortie des cours, il lui avait renvoyé un sourire radieux : il était fier que ses camarades le voient en compagnie d’une femme aussi étonnante… Mais aujourd’hui, le regard des autres semble le cadet de ses soucis.  

- Alors gamin, on t’a pris en train de te branler dans les chiottes ?  

D’habitude, son langage « imagé » parvenait en dernier lieu à le dérider complètement. Cette fois-ci, elle n’eut droit qu’à un léger sourire, presque forcé.  

- C’est maman qui t’envois ? C’était vraiment pas la peine.  

- Laisse ta mère où elle est et viens avec moi, on va boire un verre.  

 

Attablés dans un troquet, Babé fixe son neveu, qui évite soigneusement son regard.  

- Alors balance, c’est quoi cette tête de cadavre que tu traine ?  

- Je sais pas ce que tu veux que je te dise, tout va bien.  

- Sors tes conneries à d’autres, Nino. T’as oublié à qui tu parlais, là.  

Nino ne la regarde toujours pas, il se concentre sur ses ongles en contractant la mâchoire. Babé se rend compte qu’il tremble de nervosité. Il est à point, il faut qu’elle le brusque un peu. Peut-être l’humour…  

- Si tu ne me dis rien, je raconterai à tout le monde que ta bite a oublié de pousser…  

Côté rigolade, c’est un nouvel échec. Au lieu de sourire, il répond enfin à son regard. Elle y lit de la colère, de la frustration. Il sert les dents. Mais qu’il accouche, bordel ! Elle lui donne une gifle. Alors les vannes s’ouvrent. Nino pleure. Et il lui raconte. Il lui raconte tout, ou presque…  

Il lui raconte le meurtre, les truands, les violences qui ont suivi. Pourtant là, elle se rend compte qu’il passe certains détails, elle ne comprend pas lesquels. En tout cas elle comprend que depuis, il est détruit, terrorisé, mal dans sa peau. Et en colère, terriblement en colère. Il lui avoue qu’il n’a pas fait le mur une fois, mais plusieurs fois. Parce qu’il veut retrouver ces « enculés ». Et qu’il y a trois jours, il a réussi, il les a retrouvé dans une boîte du centre-ville, et qu’il les y a aperçu encore les deux jours suivants. Cela semble être leur point de chute. Il lui montre même la photo qu’il a prise de leur « chef », avec son téléphone portable. Babé découvre le visage d’un bel homme noir, un visage sans nom et une boîte qu’elle reconnaît, pour les avoir déjà croisé au cours de ses virées nocturnes. Mais ça, elle ne le dit pas à son neveu.  

- Et alors, pourquoi tu n’es pas allé voir la police ?  

- Parce que je veux leur faire la peau à ces bâtards.  

- Arrête de dire des conneries Nino. Tu vas rentrer à la maison, et tu vas me laisser m’occuper de ça.  

- Non ! Tu ne sais pas ce qu’ils…  

- « Ce qu’ils » quoi ?  

- Qui ils sont, je veux dire. Je suis sûr que la police ne va pas me croire. Laisse-moi tranquille, je peux gérer seul.  

Ce n’est pas ça qu’il avait l’intention de dire, elle le jurerait.  

- Nino, écoute-moi bien. Ok, on en parle pas aux flics pour l’instant. Mais tu vas quand même rentrer et laisser ça derrière toi. Moi, je vais voir de mon côté pour savoir qui sont ces types et à qui on a affaire. Ok ? Tu veux bien me faire confiance sur ce coup-là ?  

Ca lui fait visiblement mal de céder, mais pourtant il accepte. Derrière son masque fermé, Babé aperçoit un infime instant le visage du petit garçon qu’elle connaissait. Il a peur.  

- Maintenant rentre. Et s’il te plait, parle à ta mère. Elle est inquiète et elle ne comprend pas.  

 

 

Le même soir, Babé est de service et arpente les rues. Son collègue essaye de convaincre un sans-abri imbibé d’alcool de rejoindre un foyer pour la nuit alors qu’elle discute avec une prostituée africaine, un de ces visages qu’elle croise depuis des années dans les rues et qui apprécie toujours de faire une pause pour se réchauffer autour du café qu’elle lui avait apporté. Son téléphone sonne, sa sœur est au bout du fil :  

- Babé, Nino est encore parti. Je ne sais pas où ! Il m’a parlé de ces types, j’ai peur qu’il fasse une bêtise…  

- T’inquiète, je pense savoir où il est.  

Elle raccroche. (« Satané gamin ») Babé explique rapidement la situation à son collègue et file. Elle se rend immédiatement au club dont il lui a parlé quelques heures plus tôt. Il y a du monde devant l’entrée, et une pluie fine commence à tomber. Elle connaît le videur, et peut donc entrer sans perdre de temps. A l’intérieur, le bruit est assourdissant et elle s’avance avec difficultés au milieu des clubeurs. Tout à fait le genre d’ambiance qu’elle recherche d’habitude, mais ce soir, c’est la plaie.  

Puis elle aperçoit son visage : sur une banquette, encadré de filles en tenue légère et de deux hommes trapus, il sirote un verre en souriant. C’est l’homme de la photo, celui que poursuit Nino. Elle s’avance encore, regarde autour d’elle avec nervosité. Puis elle le voit à son tour. Nino est là aussi (« Comment il est entré, bordel ? » ), à quelques mètres des truands. Il leur fait face, mais ils ne le voient pas. Il les fixe avec intensité. Elle tente de le rejoindre, mais il y a trop de monde. A ce moment, elle le voit lever le bras. A la main, il tient un revolver et vise l’homme élégant. Babé crie le nom de son neveu, mais il ne l’entend pas. Une danseuse le voit et hurle. L’homme élégant l’aperçoit enfin et se fige. Babé arrive enfin à lui et lui agrippe le poignet. Une détonnation, un projecteur explose à quelques centimètres au-dessus de la tête de l’homme. Hurlement, cohue. Les deux brutes s’élancent vers Nino, gênés à leurs tours par les clubeurs. Babé entraine son neveu vers la sortie. Dehors, ils prennent la fuite en courant. Très vite, ils se rendent compte que les deux brutes les poursuivent. Ils courent à perdre haleine, Babé connaît le centre-ville comme sa poche. Elle bifurque au gré des galeries et des ruelles qui se présentent, puis au bout de 15 minutes de course effrénée, elle plaque son neveu contre le renfoncement d’une entrée d’immeuble. Camouflés par l’obscurité, le souffle coupé, ils écoutent. Plus de poursuivants, ils les ont semés…  

 

 

Il est tard, ils sont à pied, trempés, et ils approchent de la maison. Ils n’ont pas dit un mot. Nino a pleuré dans ses bras, ses nerfs ont lâché. Elle s’est contenté de le serrer, maintenant elle le raccompagne en lui caressant la nuque. Demain, ils iront voir les flics. Ce soir, il a assez morflé.  

Quand elle voit la porte d’entrée entrouverte, son cœur se sert.  

- Reste-là.  

Elle se précipite dans la maison, et se retient de crier. Nino ne l’a pas écouté et l’a suivie. Il hurle.  

- Mamaaan !  

Le salon est sens dessus dessous. Amélie est étendue sur le tapis, on lui a tiré une balle en plein visage. La petite sœur de Nino pleure, recroquevillée en haut des escaliers. Babé se précipite vers elle pendant que Nino se penche sur le corps de sa mère…  

 

 

Les flics sont arrivés, ils ont pris leur déposition. Mais d’un commun accord, après avoir échangé un regard, Nino et Babé ont décidé d’en dire le moins possible. Assez pour qu’on les retienne le moins possible. Babé a rejoint l’avis de son neveu : elle veut prendre les choses en main. Elle veut se venger. Elle ordonne à Nino de ne rien faire, de rester avec sa petite sœur. Mais elle sait bien que si elle ne se dépêche pas d’agir, il ne l’attendra pas.  

Elle sillonne les boîtes, les clubs, les bars. Elle piste ses connaissances, amis, amantes, anciennes amantes. Drags, barmens, teuffeurs, dealers. SDF, prostituées, videurs. A tous, elle leur montre la photo, elle leur raconte ce qu’il y a à savoir. Elle tient maintenant un nom, et une fonction : Baccary Sembé est à la tête du principal trafic de drogue entre l’Espagne et la Toulouse. Il contrôle un trafic qui arrose la France entière. Une vraie entreprise, une toile d’araignée monstrueuse et gigantesque. Elle s’en fout, elle n’a pas peur.  

 

Deux soirs plus tard, Baccary Sembé s’impatiente. Ses deux acolytes sont en retard. Puis Jimmy arrive enfin, il a l’air dépité.  

- Bac, on a un problème. J’ai rien écoulé ce soir, ou presque. Ils ont tous refusé.  

- Comment ça, « refusé » ? Tu sais pas tenir tes dealers ou quoi ?  

- Ils m’ont dit qu’ils avaient trouvé un autre fournisseur. Alors j’en ai pris un, et je lui ai demandé « gentiment ». Il m’a dit qu’il y avait de la nouvelle came en ville. Il ne sait pas d’où elle vient, mais elle est deux fois moins chère. La « Babé », qu’ils l’appellent. J’ai goûté, elle est impeccable !  

- C’est quoi ce bordel ?  

A cet instant, Franck les rejoint enfin. Il est salement amoché : il boîte, son arcade sourcilière pisse le sang, il se tient une côte. Baccary l’interroge du regard.  

- C’est des putes ! J’ai rien compris. Elles sont arrivées d’un coup, elles étaient 8 ou 10, je sais pas, et elles me sont tombées dessus. Si j’en avais pas envoyé une ou deux au tapis, je crois vraiment qu’elles m’auraient fait la peau. Elle m’ont dit : « C’est de la part de Babé ». C’est qui ça, Babé ?  

Baccary sent la moutarde lui monter au nez. Qu’est-ce qui se passe ? La bauge des rues qui se révolte ou quoi ? Il faut qu’il aille voir ça de plus près. S’adressant à ses sbires :  

- Toi, tu viens avec moi. Toi, va voir un toubib, t’as l’air de rien.  

Il sort accompagné de Jimmy et rejoint sa Porsche… qu’il a faillit ne pas reconnaître ! Pare-brise crevé, pneus éventrés, pare-chocs détruits et carrosserie défoncée… Entendant des bruits de pas précipités, il tourne la tête et aperçoit des clochards disparaître en courant à l’angle de la rue. Il comprend.  

« La petite famille a des amis, à ce qu’on dirait. Une bande de crevards qui croit qu’on peut s’attaquer à nous. Ok, on va leur expliquer les règles du jeu… »  

Il sort son téléphone et compose un numéro.  

- C’est Baccary. J’ai besoin que tu m’envois des renforts sur Toulouse. Y a de la révolte dans l’air…  

 

La nuit, les révoltés…, ou la réaction extraordinaire de gens ordinaires...  

 

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Un film de Bradley LESTER  

Sur un scénario original du Corbeau  

 

Avec  

Thor DEGAST - Nino  

Laura Lee LAND - Babé  

Terry FILLION - Baccary Sembé  

Alice GILSTRAP - Amélie  

 

Sur une musique de Wayne HOPKINS  

Scénario : (1 commentaire)
une série B thriller de Bradley Lester

Thor Degast

Laura Lee Land

Terry Fillion

Alice Gilstrap
Musique par Wayne Hopkins
Sorti le 08 août 2031 (Semaine 1388)
Entrées : 18 508 240
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