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Les Films du Corbeau présente
Fu sur la route

BO - http://www.youtube.com/watch?v=9XblbvrmgcM (à écouter en lisant)  

 

Il y a bien longtemps, en Chine...  

 

La vue de Li Ming (Jocelyn GUNNING) se troubla. Penchée sur son panier d’osier, elle regardait sa faible récolte et la montagne de plantes qui lui restait à dénuder. Elle ne pourrait pas continuer bien longtemps. Son fils ne remuait pas beaucoup dans sa bandoulière, mais il pesait sur son dos. Son poids, ajouté à celui du panier, lui brisait les reins. Le travail éreintant, la faim et la chaleur humide lui faisaient tourner la tête. Elle regarda Fu (Yun TSEONG), quelques étages plus bas, dont elle ne voyait que le dos plié sur la rangée de théiers dont il ramassait les fleurs et les feuilles. Il les avait mené au champ dès le lever du soleil, et depuis s’était contenté de la rabrouer quand elle ne suivait pas le rythme qu’il s’était imposé. Mais elle ne pouvait plus continuer et il ne s’en rendait pas compte…  

Fu n’avait pas toujours été comme ça. Lorsqu’ils s’étaient épousés, il était différent. Ils ne s’étaient pas choisis, certes. C’étaient leurs deux familles qui les avaient unis, et s’étaient cotisées pour leur offrir ces six arpents de terre sur le flan du village, près de la ville de Xian. Le jour de leur mariage, elle l’avait rencontré pour la première fois. Elle l’avait trouvé beau, tendre et prévenant. Mais il s’était rapidement montré insatisfait de la rudesse du sort qui leur était réservé, de leurs faibles moyens, de leur maison rudimentaire et surtout, du regard que les citadins de Xian posaient sur les pauvres cultivateurs de village tels que lui. Depuis, il n’avait plus d’autre objectif que de réussir à s’enrichir et offrir une autre vie à sa famille. L’intention était louable, mais il ne se rendait pas compte que sa famille souffrait de son obsession. Il était devenu exigeant, dur et aveugle. Li Ming avait tenté de lui faire comprendre que le bonheur ne se trouvait pas dans la seule richesse, mais il ne voulait rien entendre. Il passait ses journées à cultiver sa terre, à entraîner sa femme encombrée de son enfant encore nourrisson dans un travail éreintant, pour le bien de sa famille disait-il. Mais il en oubliait de regarder les siens souffrir…  

Li Ming décida de cesser ses efforts. Si elle continuait, elle allait perdre connaissance. Sa santé était déjà trop fragile pour passer toutes ses journées dans les champs. Elle rejoignit le bord de la route et s’assit sur son panier d’osier en tentant de soulager son dos et reprendre des forces. Malgré tout, elle surveillait Fu du regard : quand il la découvrirait assise, il s’adresserait à elle avec une dureté et une colère implacables. Les larmes lui montaient aux yeux. « C’est ce dos qui me fait si mal », se dit-elle. Tout à coup, elle sursauta au bruit du souffle propulsé des naseaux d’un animal à ses côtés. Elle se retourna et découvrit au milieu de la route un énorme buffle, magnifique et noir comme l’ébène. Comment ne l’avait-elle pas entendu approcher ? L’animal la fixait. Li Ming fut aussitôt saisie par son regard…  

 

Fu montrait une dextérité dont il était assez fier pour cueillir les feuilles et les fleurs de thé. La sueur ruisselait de son front et s’égouttait au bout de son nez, mais toute sa concentration était portée dans l’économie de ses gestes : aller le plus vite possible, tout en faisant du bon travail. Toute la journée, cette idée ne l’avait pas quitté. Il fallait à tout prix qu’il termine ses récoltes à temps pour le grand marché de Xian. Déjà, l’idée des richesses qu’il pourrait en retirer lui faisait miroiter une infinité d’améliorations pour son quotidien : des outils plus modernes, des nouvelles semences, peut-être un peu de terrain supplémentaire… Seule une douleur cuisante qui lui cisela le dos le força à marquer une pause. Il se redressa et se retourna pour surveiller la progression de sa femme. Mais elle n’était plus dans son rang… Il la chercha du regard et la découvrit de l’autre côté du champ, sur le bord de la route. Son fils paraissait endormi, empaqueté sur son dos, et elle caressait la tête d’un énorme buffle noir. Il cria :  

- Li Ming ! Arrête de paresser ! Reprends le travail !  

Mais elle ne prêta pas attention à lui. D’où il se tenait, il avait l’impression que sa femme parlait à l’animal. Ridicule ! Une fois de plus, il la tança :  

- Li Ming !  

Mais au lieu de lui répondre, il vit la jeune femme monter sur le dos de l’animal. Puis l’énorme buffle fit demi-tour dans la côte de la colline et progressa d’un pas lourd. Presque aussitôt, son pas se fit plus léger, puis l’animal trottina et, sur sa lancée, entreprit un galop qui lui parut incroyable pour un animal aussi lourd. Rapidement, il atteint l’orée d’un bosquet de bambous et disparut. Fu resta pantois : un buffle venait d’emporter sa femme et son fils ! A l’opposé de leur maison !  

Reprenant ses esprits, il laissa éclater une colère noire. Mais qu’était cet animal stupide qui lui enlevait sa main d’œuvre ? Et que passait-il par la tête de son épouse de le laisser seul au milieu de son champ ? Comment terminerait-il sa récolte ? Frustré et impuissant, il décida d’arrêter le travail pour ce jour. Evidemment, sa femme n’était plus là pour l’aider à ramener les sacoches de thé. Aussi il camoufla une partie d’entre elles sous des théiers touffus et chargea les deux plus grandes sacoches sur son dos. Au lieu de rejoindre sa maison, il choisit néanmoins de suivre la trace du buffle pour découvrir le but de ce petit manège. Il marcha de longues toises, et chaque paysan rencontré lui confirma qu’un buffle gigantesque était bien passé par ici, courant à une allure prodigieuse et chargé d’une femme et d’un nourrisson. Mais où se rendaient-ils ? Il ne pouvait pas les suivre jusqu’au diable-vauvert ! Pourtant il poursuivit son chemin. Et bientôt, il arriva jusqu’à la Grande Route, celle que les multitudes de marchands et de convois empruntaient pour faire commerce dans toute l’Asie. Celle qu’on appelait déjà la Route de la Soie.  

Il s’était bien éloigné de son village, pourtant il poursuivit sa route…  

 

 

Il marchait depuis de longues heures sur le chemin pierreux et le soleil se couchait. Il n’avait toujours pas rattrapé le buffle, mais ses traces étaient encore fraiches. Le poids des sacoches lui ciselait les épaules. Il décida donc de profiter du duvet de mousse au pied d’un saule pour se reposer. Il s’y allongea et s’endormit immédiatement.  

A son réveil, le soleil était sur le point de se lever. Il contempla la vallée brumeuse que le chemin surplombait et fut, le temps d’un instant seulement, touché par la quiétude de la nature endormie. Soudain, il entendit une voix grésillante dans son dos :  

- Mon repas est bien modeste, mais tu peux le partager si tu le souhaites.  

Une très vieille femme (Jocelyn GUNNING) était assise près de l’arbre où Fu s’était endormi, et se penchait sur un vieux sac troué dont elle sortait deux boulettes de riz gluant et deux mandarines. Quand était-elle arrivée-là ? Fu ne lui posa pas la question et se contenta d’accepter son offre en la remerciant. Il lui demanda tout de même :  

- Qui es-tu grand-mère ? Que fais-tu là ?  

- Je ne suis qu’une vieille femme qui suit son chemin.  

C’est alors qu’il remarqua ses pieds bandés. Dans de nombreuses familles de Chine, il n’était pas rare de bander les pieds des jeunes filles. Pour beaucoup de Chinois, les petits pieds étaient un signe de distinction et de pureté chez les jeunes femmes à marier. Ainsi, on compressait leurs membres, qui avec les années s’atrophiaient pour ne devenir que des moignons handicapant. Fu n’avait jamais compris l’intérêt de cette coutume. Une épouse qui ne pouvait pas tenir correctement sur ses pieds lui paraissait bien inutile. Mais encore une fois, il se demanda surtout comment elle était parvenue seule à suivre un si long chemin ? L’endroit était très reculé, et il n’avait connaissance d’aucun village dans les parages.  

- Où vas-tu grand-mère ?  

- Je vais me recueillir sur le mont Xiliàn.  

- Est-ce loin ?  

- Oh oui, encore loin d’ici.  

- Mais comment comptes-tu y parvenir ?  

Il ne voulait pas l’embarrasser en lui parlant de son infirmité, mais la vieille femme suivit son regard jusqu’à ses pieds.  

- Tu as raison, jeune homme. C’est bien la question que je me pose. Où vas-tu, toi ?  

- Par là-bas. Je poursuis un buffle qui a enlevé ma femme et mon enfant.  

La vieille femme ne marqua pas autant de surprise qu’il s’y était attendu. A la place, elle plongea son regard dans le sien, et Fu fut surpris par l’éclat de jeunesse qui jaillissait du fond de ses yeux. Furtivement, il eut l’impression de le connaître. Mais l’impression s’évapora aussitôt.  

- Ton histoire est surprenante, mais pas tant que ça… Sais-tu pourquoi je souhaite me rendre sur le mont Xiliàn ?  

- Dis-moi.  

- On dit que les âmes de tous nos ancêtres s’y rejoignent. C’est pour ça que je souhaite y arriver avant de mourir. Le mont est sur ta route. Ne voudrais-tu pas m’y porter ?  

- Que racontes-tu ? Et que connais-tu de ma route ? Je ne suis pas un canasson, tu devras te trouver une autre monture.  

Fu crut voir un éclair de ruse traverser les yeux de la vieille femme.  

- Je connais bien le buffle dont tu me parles. Je l’ai souvent rencontré, nous sommes même devenus un peu amis. Et je sais bien où le trouver…  

Fu se sentit à bout de patience. Il chargea les deux sacoches de thé sur ses épaules et lui répondit :  

- Tu me fais perdre mon temps, vieille chouette. Je n’ai pas de temps à écouter tes fables…  

Mais il fut interrompu à la vue de son visage. Ses rides s’étaient creusées en une grimace de colère terrifiante, et ses yeux projetaient une lueur aveuglante. Fu voulut reculer et s’enfuir, mais il était incapable de bouger et de détourner son regard. Elle s’adressa à lui d’une voix caverneuse et puissante :  

- Fu, fils de Ming, ouvre tes yeux ! Le temps n’est pas ton principal souci ! Une vieille dame réclame ton aide, la refuseras-tu ?  

Fu était pétrifié. Comment connaissait-elle son nom ? « Une sorcière ! » Sa peur fut plus forte que son courage. Sans un mot, il reposa ses sacoches et aida la vieille femme à s’installer sur son dos. Il fut alors surpris de constater à quel point elle était légère. Il put facilement pendre ses sacoches à son cou. Puis il se mit en marche.  

- Merci, Fu. Je m’appelle Tien Mu. Tu verras, on va faire un beau voyage ensemble.  

 

 

Le soleil culminait maintenant à son zénith, mais la route s’enfonçait dans une forêt de bambous et de myricas qui les protégeaient de la chaleur. Tien Mu attirait régulièrement l’attention de Fu sur la beauté des détails de la nature, et lui parlait des animaux dont ils surprenaient parfois les cris. Leur chemin longea bientôt un ruisseau, et la vieille femme réclama à Fu de s’y arrêter. Elle lui demanda également de faire chauffer de l’eau, puis de lui donner de ses feuilles de thé qu’elle fit infuser. Fu ne mettait pas beaucoup de cœur à l’exaucer, mais malgré sa douceur et sa cordialité, il la redoutait et n’osait pas lui livrer ce qu’il avait sur le cœur. Il dut néanmoins reconnaître que la boisson qui lui avait coûté une infime partie (« mais trop grande tout de même ») de sa récolte lui donna une énergie nouvelle.  

Fu voulait reprendre la route, mais Tien Mu ne paraissait pas prête à repartir. Il l’invita à monter sur son dos, mais elle refusa d’un ton mystérieux.  

- Pas encore, nous attendons quelqu’un.  

Fu se demanda si le buffle n’allait pas faire son apparition… Elle ne lui en avait plus parlé. Que savait-elle de sa mésaventure exactement ? Soudain, il entendit un bruit de branchages écrasés de l’autre côté du ruisseau. Il vit alors apparaître une jeune femme surprenante (Adrienne HARE) : ses vêtements étaient précieux et d’apparence soyeuse, et sa présence au beau milieu de la forêt ne manqua pas de surprendre le jeune homme. Mais ce qui attira surtout son attention était l’extrême blancheur de son visage, une blancheur qui n’était pas naturelle… La jeune femme ne leur prêtait pas attention. Elle s’agenouilla le bord du ruisseau, y trempa ses avant-bras et entreprit de les frotter avec force. Alors elle entama une chanson, belle et affreusement triste. Fu était ensorcelé par son chant et son aura. La voix de Tien Mu le fit sortir de sa torpeur.  

- Combien d’eau te faudra-t-il, belle endormie ?  

La femme mystérieuse interrompit son chant et tourna la tête dans leur direction. Fu fut touché par le désespoir intense qui se dégageait de son regard. Elle répondit d’une voix lointaine et laconique :  

- Chaque jour, je viens. Et il m’en faut davantage, encore et encore. C’est sans fin.  

Fu s’approcha de Tien Mu et lui murmura à l’oreille avec angoisse.  

- C’est un fantôme ?  

Pour toute réponse, la vieille femme lui sourit et reporta son attention sur la femme du ruisseau.  

- Tu as du beaucoup aimer celui pour qui tu as fait cela…  

En guise de réponse, la femme-fantôme sortit ses bras de l’eau et les exposa à leur regard. Au creux de ses deux poignets, une entaille déversait une quantité surprenante d’un sang rouge, d’autant plus éclatant sur sa peau diaphane. Puis elle les replongea dans l’eau. Tien Mu se retourna vers Fu et le prit en aparté.  

- Nous pouvons faire quelque chose pour elle, n’est-ce pas Fu ?  

Fu lui renvoya un regard passablement idiot. Il avait peur et ne comprenait pas du tout ce qu’elle attendait de lui. La vieille femme attira son regard sur les deux sacoches de thé. Interloqué, Fu en ramassa une et la lui tendit. Elle refusa.  

- Pas moi. Toi.  

Alors Fu s’avança vers la jeune femme, avec hésitation et peu de courage. Arrivé près d’elle, il ouvrit la sacoche et la lui tendit au-dessus du ruisseau. Sans un mot, elle se servit de deux grosses poignées de feuilles de thé, puis de deux grosses encore. Tien Mu s’adressa alors à elle.  

- Tu appliqueras ces feuilles sur tes plaies. Tu verras qu’elles ont un pouvoir que lui-même ignore. Elle désignait Fu.  

Alors la jeune femme se releva, ramassa les feuilles dans le creux de sa robe et s’éloigna en les remerciant d’un regard empli de joie. Silencieuse et souriante, Tien Mu reprit alors sa place sur le dos de Fu et tous deux purent continuer leur chemin. Fu fronçait les sourcils.  

- A ce rythme, je n’aurai plus rien à vendre. Vieille femme, dis-moi la vérité : c’est ma ruine que tu souhaites ?  

Tien Mu émit un léger gloussement.  

- Fu, « le Riche ». Tu portes bien le nom de ton aveuglement… Tu crois connaître le chemin de la richesse, mais tu te trompes.  

 

 

Cela faisait plus de deux jours qu’ils suivaient la route sur des côtes rocailleuses et exténuantes. Bientôt, ils arrivèrent dans des contrées enneigées. Si Fu distinguait encore les contours du chemin, il ne pouvait plus trouver de trace du buffle. Tien Mu le rassura.  

- Je connais bien notre buffle. Fais-moi confiance, je sais où le rejoindre…  

Fu espérait qu’elle ne se moquait pas de lui. Il n’avait de toute façon pas d’autre choix que de poursuivre sa route, et pourtant quelque chose en lui savait qu’elle avait raison. Soudain, il s’arrêta. Un long hurlement animal venait de retentir dans la vallée, qui lui glaçait le sang. Il était incapable de reconnaître de quel animal il pouvait s’agir. La voix de Tien Mu était calme, et pourtant elle l’inquiéta grandement :  

- Nous avons une nouvelle visite…  

Au détour d’un rocher, Fu vit apparaître une silhouette gigantesque, emmitouflée d’une fourrure épaisse et stupéfiante, d’un gris argenté sur laquelle la lumière du ciel miroitait dans une harmonie incroyable. Sur ce corps recroquevillé, qui faisait plus du double de la taille de Fu, trônait un visage de singe impressionnant, dont les yeux jaunes et profonds se posèrent sur le couple de voyageurs. Fu était épouvanté et sur le point de prendre ses jambes à son cou, quand Tien Mu s’adressa à l’animal :  

- Dieu-Singe, j’espérais te rencontrer et je suis comblée par ta visite.  

L’illustre animal (Ewan BLAKSTAD) s’approcha et s’accroupi en face du visage de la vieille femme. Il ne prêtait visiblement pas attention au jeune homme, mais Fu put observer de plus près son regard : ses yeux respiraient une sagesse immémoriale qui l’apaisa. Le Dieu-Singe parla d’une voix gutturale :  

- Je t’attendais, Tien Mu. J’ai été prévenu de ton voyage. J’ai décidé de t’accompagner sur le mont Xiliàn, si tu le veux bien.  

- Ô vénéré, ta compagnie est justement l’une des étapes du voyage que nous avons entrepris.  

Fu s’attendait – et redoutait – que l’animal reporte son attention sur lui. Pourtant il n’en fit rien. Ils se mirent en route, et le Dieu-Singe continua de parler à Tien Mu en semblant ignorer totalement sa présence…  

Il ignorait combien de temps ils marcheraient encore, ce qui l’attendait sur le mont Xiliàn où apparemment il ne pourrait éviter de se rendre, et s’il retrouverait bientôt le buffle, Li Ming et son fils. Mais il était certain que ce voyage n’était pas survenu par hasard, et que ce qui l’y attendait était crucial. Il ne savait seulement pas encore dans quel but…  

 

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Un film de Kat HANA et Simon TANG  

Sur un scénario original du Corbeau  

 

Avec  

Yun TSEONG – Fu  

Jocelyn GUNNING – Li Ming/Tien Mu  

Ewan BLAKSTAD – la voix du Dieu-Singe  

Adrienne HARE – la femme-fantôme  

 

Une musique composée par Luke JULYAN  

Scénario :
une série B fantastique (Conte) de Kat Hana & Simon Tang

Yun Tséong

Jocelyn Gunning

Ewan Blakstad

Adrienne Hare
Musique par Luke Julyan
Sorti le 11 juillet 2031 (Semaine 1384)
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