Aujourd'hui marquera le premier jour de sa toute nouvelle vie. Une nouvelle femme verra le jour... La peur l'envahie petit à petit, la peur d'être incomprie, la peur d'être rejeté. Étendue de tout son long sur le lit, elle regarde le plafond sans même le voir, son esprit est ailleurs. Elle redoute de plus en plus la décision qu'elle vient de prendre. Angoissée, apeurée elle peut encore faire marche arrière mais dans ce cas elle se refusera la vie et restera cloîtré dans cette cage qu'elle s'est construite au grès des années. Le bruit des battements de son cœur rythme sa peur et résonne dans cette chambre vide.  

Après avoir pris son courage à deux mains, elle se lève, s'approche du miroir, et y observe l'image qui s'y reflète. Ce qu'elle voit ne peut la laisser indifférente. Elle ne peut faire marche arrière. Ce sera aujourd'hui ou jamais... Elle tire la chaise et s'assoit. Perdu et fortement intimidé face à cette multitudes produits de beautés et flacons en tout genre, elle tente tant bien que mal de garder son calme. Elle prend le premier flacon qu'elle peut attraper et en hume la douce odeur suave, douce et tellement féminine à la fois. Elle verse alors quelques du liquide parfumé au creux de son poignet et sourit. Elle en a le courage finalement. Galvanisée par ce premier succès, elle choisit une crème, plus pour sa belle couleur blanche et brillante que pour son effet hydratant d'ailleurs. Qu'importe. Elle est heureuse. Délicatement, elle s'en étale sur le visage. Un plaisir simple mais une étape tellement importante pour elle.  

Elle s'intéresse ensuite à une belle palette aux couleurs vives, un assortiment de fines poudres pour maquiller les paupières. Le choix et dense et le doute refait surface. Laquelle choisir ? Laquelle pour faire resurgir toute sa féminité avec classe et délicatesse. Après une longue hésitation elle choisie le rose. Elle balaye du regard les cosmétiques étalés devant elle. Toute excitée, elle choisit un rouge à lèvre, qu'elle trouve assorti au rose de ses paupières. Ce qu'elle voit dans le miroir la laisse sans voix. Rien n'a plus d'importance à ses yeux, plus rien ne compte à part le reflet dans le miroir...  

*  

Le rêve prend peu à peu forme et laisse place à un bonheur intense. Tout est parfait jusqu'à ce claquement de porte...  

Chérie, je suis rentré, j'ai été cherché Vincent plus tôt aujourd'hui. Le pauvre chérie est malade.  

S'en suit ce bruit qui résonne encore dans sa tête. Ce couinement d'escalier qui va marquer la fin d'un bonheur intense. Il est trop tard, elle ne peut rien faire et ne peut que désormais que subir les ravages de la vérité. La porte de la chambre s'ouvre. Ses yeux se ferment, la magie laisse place à une réalité qui la frappe en plein coeur, entre honte et indignation.  

Face au regard médusé et incomprie de sa femme, elle ou plutôt il se retrouve dans une mauvaise blague, une farce sans nom. Sans un mot, il se retourne vers le miroir et cette jolie femme qu'il y apercevait il y a encore quelques instant à laisser place à un clown ridicule, un homme bon à enfermé grimé de manière grotesque.  

Son coeur battait au rythme de la honte jusqu'à l'arrivée de son fils qui allait lui donner le coup de grâce. Le jeune enfant, encore innocent face aux turbulences de la vie, admira son père de la tête au pied. Il lui demanda pourquoi il était déguisé en princesse et si il pourrait en faire de même. Cette mascarade allait rapidement prendre fin. Oui, papa joue. Sur ces quelques mot, sa femme prit son fils par la main et l'emmena hors de cette chambre ou les secrets les plus profond avaient refait surface au risque de briser une famille entière...  

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Le dîner fut victime d'un silence prêt à vous glacer le sang. Franck n'osait pas affronter le regard de sa femme. Il était là, triste, silencieux, ravalant sa honte. Le seul que cette histoire n'avait pas choqué était Vincent. Le jeune garçon n'avait rien changé à ses habitudes et semblait même déjà avoir oublié la vision de son père en princesse. Sandra, sa femme, semblait perdue dans ses pensées. Elle semblait autant perdu que son mari. Il fallut attendre la fin du repas et le fait que Vincent aille se coucher pour que, enfin, le silence installé entre le couple prenne fin...  

L'explication commence avec des longs échanges de regards comme si les deux adultes se refusaient de commenter la scène passé. C'est finalement Sandra qui prit les choses en mains face au désarroi de son époux. Tu compte aller voir un psy ? Face à cette simple phrase pourtant lourde de sens, Franck se sentit abandonné, incomprie, cinglé... Cependant, il se sentait suffisamment coupable et d'un signe de tête, fit comprendre à sa femme que tout allait s'arranger...  

Il fallut obtenir une semaine avant d'obtenir ce premier rendez-vous. Une semaine de faux-semblant ou un certain malaise s'était installé au sein de la famille. Franck ne s'est jamais sentie aussi vulnérable. Dans quelques minutes il allait parler de son problème à une inconnue. Une femme qui le jugera comme un malade, un dérangé... Lui qui depuis si longtemps à refusé d'être lui-même.  

Il est l'heure, l'heure d'affronter ses vieux démons et tout faire pour sauver son couple, cette vie de famille à laquelle il tient tant. La porte s'ouvre et une femme en sort. Talons hauts, petit bustier et tailleurs mettant en valeur ses formes avec élégance. La femme lui fit signe de le suivre. Franck se lève et la suit, admiratif devant cette démarche qui se distingue avec grâce et aisance. Comment cette femme pourrait-elle l'aider alors qu'elle fait ressortir en Franck toute sa féminité, elle ravive en lui cette envie, sa volonté d'être une femme...  

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Alec Lederman : Franck  

Jenny Hereman : Sandra  

Effy Prister : La psy  

Wayne Charest : Vincent