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Les Films du Corbeau présente
El Esmeraldo

Il était épuisant d'avancer dans cette jungle épaisse. La densité de végétation et l'humidité chaude qui attire les moustiques rendaient leur progression particulièrement difficile. Heureusement Philippe avait trouvé en Heitor un guide efficace, qui leur évitait pas mal de pièges. Dommage qu'il ne parle que le portugais...  

Ils tournaient en rond, mais le village des Tirumi n'était pas loin, il en était sûr. Ces Indiens étaient une des rares tribus amazoniennes à être restée à l'écart de la civilisation occidentale. Et très peu d'études avaient pu être faites à leur sujet, à cause de leur nature réservée et du fait que leur village se trouvait en territoire particulièrement hostile et difficile à rejoindre. Pour Philippe, rencontrer les Tirumi, les approcher, les étudier était le Graal que tout ethnologue rêvait d'expérimenter.  

 

Paco, un membre de son équipée, fit remarquer que le jour commençait à décliner. Il était temps de retourner au campement. Philippe était à la fois frustré et excité : ce ne sera pas encore aujourd'hui qu'ils trouveraient le village, mais au moins ils étaient tombés sur des flèches brisées, qui prouvaient qu'ils approchaient du but.  

Il leur fallu plus de 2 heures pour rejoindre le campement, le soleil ne laissait plus que des traces pourpres dans le ciel presque obscurci. Dès qu'il fut en vue du campement, Philippe compris que quelque chose n'allait pas. Une agitation anormale. Il reconnut une jeep de l'armée brésilienne. Que faisait-elle là ? Son coeur s'emballa. Etait-il arrivé quelque chose à Anita et Sara, leur petite fille de 5 ans ?  

Dès qu'il aperçut Anita, la peur lui broya le ventre. Elle était en pleurs. Elle le vit à son tour et courut à sa rencontre, cria et confirma ses pires craintes :  

- Sara ! Elle a disparu ! Sara a disparu !  

Philippe n'en croyait pas ses oreilles.  

- Quand je suis allée la réveiller, son lit était vide, et la fenêtre du mobile home ouverte... Et j'ai trouvé des plumes par terre. Je ne sais pas de quelle tribu...  

Anita avait abandonné ses études d'ethnologie depuis plusieurs années, mais elle en connaissait suffisamment pour comprendre que des autochtones étaient passés par là. Pour Philippe, il n'y avait pas de doute : ces plumes étaient tirumis, ils étaient venus s'emparer de leur fille. Mais pourquoi bon sang ?  

 

Huit hommes de l'armée brésilienne avaient été dépêchés immédiatement. Le campement regroupait plusieurs ethnologues et scientifiques financés par différents groupement internationaux et le gouvernement prenait visiblement cette affaire très au sérieux. Rien n'était possible à une heure aussi avancée de la soirée, et Philippe et Anita eurent beaucoup de mal à trouver le sommeil. Mais à l'aurore, il était prêt au départ. Un groupe d'Indiens avec une petite fille devaient nécessairement laisser des traces. Les soldats allaient l'accompagner, lui et son équipée habituelle. Philippe s'en serait bien passé, car plus ils seraient nombreux, plus ils seraient lents et bruyants. Mais la surprise vint de là où il ne l'attendait pas.  

- Je viens avec vous.  

Anita se tenait face à lui, décidée.  

- Bien sûr que non, tu ne vois pas que ça va être dangereux ?  

- Mais qu'est-ce que tu crois ? Tu me demandes vraiment d'attendre ici pendant que ma fille est là-bas, Dieu seul sait où ?  

L'altercation retarda le départ de quelques minutes, et Philippe finit par convenir qu'Anita ne pouvait rester seule à l'arrière. Ils se mirent donc en route.  

 

Leur progression était lente, Philippe s'énervait constamment du fait que les soldats n'étaient pas préparés à une expédition rapide et discrète dans la forêt dense. Heureusement, les fuyards avaient laissé beaucoup de traces derrière eux. Pourtant, certaines n'avaient vraiment aucun sens, les menaient vers des impasses, ou démontraient une réelle absence de logique dans les déplacements des Indiens... Alors Philippe comprit. A l'évidence, les Indiens les surveillaient depuis un moment, peut-être depuis leur arrivée dans la jungle. Et si toutes ces traces, depuis le début de ses recherches, ne le rapprochaient pas de leur village, mais l'en éloignaient ?  

Sur ce postulat, Philippe entraîna le groupe dans de nouvelles directions, à rebours des "indices" qui avaient pu être posés à leur intention. Et au bout d'une longue journée de marche, ils purent enfin rejoindre le village des Tirumi... Mais celui-ci était vide ! Visiblement quitté à la hâte !  

 

Il était trop tard pour continuer leur chasse, et ils décidèrent de bivouaquer dans le village. Cela laissait le temps à Philippe et Anita de s'intéresser aux habitudes des Tirumi, et ils observèrent leurs habitations, leurs traces de vie. Ils furent totalement décontenancés lorsqu'au sein d'une de ces cahuttes, ils découvrirent un coffre aux armes de la Delco Foundation... La fondation néerlandaise qui avait envoyé Philippe à la rencontre des Tirumi ! A l'intérieur, des médicaments, des vivres, des cartes... Incompréhensible ! Les Tirumi étaient sensés vivre coupés de toute civilisation depuis des années, et pourtant ils étaient entrés en contact avec ses employeurs... Et ceux-là, que cherchaient-ils ? Pourquoi l'envoyaient-ils alors que visiblement, le contact était déjà créé ?  

L'incompréhension totale à laquelle le couple faisait face leur tournait la tête. Anita était effrayée à l'idée que la Delco pouvait avoir un lien avec l'enlèvement de sa fille. Elle avait pensé jusque là que les Tirumi avaient emmené Sara parce qu'elle était une jolie petite fille blanche, peut-être en voyaient-ils pour la première fois ? Ou au pire, elle pensait qu'ils l'enlevaient pour stopper les recherches de leur village. Mais là, les choses se compliquaient et ne présageaient vraiment rien de bon.  

 

La décision de Philippe et Anita fut rapide et sans appel : il fallait qu'ils continuent seuls. Ils perdaient trop de temps à cause des autres, et les soldats pouvaient être un risque que les choses dérapent. Ils s'enfuirent donc ensemble dans la nuit, dans la jungle hostile, à la poursuite des fuyards Tirumis.  

Ils savaient que la jungle regorgeait de dangers, et le mystère autour de cet enlèvement était peut-être plus dangereux encore. Mais leur fille les attendait, quelque part...  

 

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Cela faisait deux jours qu'ils progressaient tant bien que mal dans la forêt dense. Ils étaient épuisés, mais le but de leur marche les encourageait à tenir bon. Ils avaient croisé beaucoup de bêtes sauvages, la plupart inoffensives (des paresseux, des tamanoirs...) mais certaines potentiellement dangereuses (des serpents de belle taille et des araignées). Jusqu'à présent, l'homme avait fait davantage peur à la bête que le contraire, ils n'avaient donc pas été trop inquiétés. C'était une chance, car Philippe n'avait pas pensé à se munir d'autre chose que de la machette qu'il utilisait pour se frayer un passage. Mais elle était bien inutile face aux plus pénibles des prédateurs : les moustiques...  

Ils tenaient le coup également car ils se savaient sur la bonne piste : les signes de passage de la tribu Tirumi étaient nombreux. Et il était évident qu'ils rattrapaient petit à petit leur retard, car ces traces étaient de plus en plus fraiches.  

Quand enfin, ils virent au loin une légère fumée s'élever dans le ciel, ils éprouvaient un vif sentiment d'exaltation mêlé d'appréhension. Ils se firent plus prudents et plus discrets à mesure qu'ils s'approchaient, mais cela ne fut guère utile... Ils se retrouvèrent soudain face à un homme grand, solidement bâti, à la peau cuivrée. Il se tenait debout, fixe, face à eux. Visiblement, leur arrivée ne le surprenait pas du tout...  

Ils se fixèrent en silence pendant un moment qui sembla très long à Philippe et Anita. Ils étaient tétanisés. L'Indien était également armé d'une machette, plus rudimentaire, mais Philippe sentait que le combat ne serait pas égal, vue la solide carrure de son adversaire. Puis, brusquement, l'Indien leur fit signe de le suivre et fit demi-tour. Surpris, Philippe et Anita se méfiaient, mais ils n'avaient d'autre option que de le suivre.  

Ils marchèrent derrière lui en silence quelques minutes et débouchèrent sur une minuscule clairière où un feu était allumé. Le couple fut très étonné de n'y trouver personne d'autre. Où était la tribu ? L'Indien s'assit près du feu, où cuisaient trois petits animaux. Sur le moment, Philippe ne fut pas capable de s'y intéresser suffisamment pour reconnaître quelle en était l'espèce.  

Puis l'Indien prononça quelques paroles dans sa langue. Philippe fut très étonné : il s'attendait à ne pas connaître la langue Tirumi (aucun manuel ne la décrivait), mais il constata qu'elle était suffisamment proche de celle de plusieurs autres tribus pour qu'il la comprenne. Ils purent donc se parler.  

 

L'Indien se présenta comme étant Taipeatoa, un guerrier Tirumi. Sans autre préambule, il leur confirma que c'étaient bien des membres de sa tribu qui s'étaient emparé de leur fille, et qu'ils l'emmenaient à présent au plus profond de la forêt. La tribu se cherchait une nouvelle terre, et dans de telles circonstances, les traditions tirumis indiquent que le sang versé d'une jeune fille pure peut amener protection et fertilité sur la terre nouvelle.  

Philippe et Anita étaient tétanisés. Leur pire crainte se confirmait.  

Anita s'écria :  

- Mais pourquoi notre fille ?  

Philippe traduisit, et Taipeatoa répondit, impassible :  

- Les miens pensent qu'il n'y a pas plus pure qu'une enfant à la peau claire. Votre fille était la seule dans les environs.  

Les parents accusaient le coup. Puis Philippe demanda :  

- Mais pourquoi nous le dites-vous ? Et pourquoi nous attendiez-vous ?  

Car de toute évidence, Taipeatoa savait leur arrivée proche. C'est ce qu'ils comprirent quand il leur tendit deux des trois animaux cuits.  

- Je n'aime pas ces vieilles croyances. J'aime les miens, mais en tant que guerrier Tirumi, je crois que c'est mon devoir de les en empêcher. Je crois que du sang versé peut nous porter malheur. Je vais vous aider à la retrouver.  

- Mais comment réagira votre tribu ?  

- Ils ne comprennent pas mon choix. Quand je les ai quitté, ils m'ont dit qu'ils ne me laisseraient pas revenir. S'ils me revoient, ils me tuent. Vous aussi. Ce que nous allons faire va être difficile.  

Philippe était très impressionné par le courage de cet homme, qui n'avait pas hésité à se retourner contre ceux qu'il aimait pour ce qui lui était apparu injuste et barbare. Quitte à en mourir. Si jamais ils y survivaient, jamais il ne pourrait trouver un juste moyen de lui prouver sa reconnaissance.  

 

Ensemble, ils prirent donc la route une heure plus tard. Taipeatoa ne disait pas un mot. Mais Philippe ne put s'empêcher de lui poser des questions.  

- Pourquoi avez-vous quitté votre terre ?  

- Le chef du village a accepté de la donner à la femme blanche.  

- ... Quelle femme blanche ?  

- Celle qui vient par les airs dans une machine bruyante.  

Philippe pensait savoir de qui il parlait.  

- C'est cette femme qui vous a donné des boites de nourriture et de médicaments ? Une femme aux yeux clairs ?  

- Oui.  

Il lui posa encore quelques questions puis, révolté, se tourna alors vers Anita.  

- Il vient de me confirmer qu'Hilke Van Vleet était en contact avec eux depuis un bon moment. La Delco a réussi à acheter leur terre pour une bouchée de pain ! Toute ma mission n'était donc qu'une mascarade... Pour camoufler leurs tractations illégales, j'imagine.  

- Mais pourquoi la Delco tient tant à cette terre ?  

- C'est ce que je me suis demandé. D'après ce que Taipeatoa a compris, ils avaient l'air très intéressés par ces pierres vertes qu'on trouve à certains endroits sur leur terre.  

- Des pierres vertes ?  

- Si je me souviens des informations géologiques que j'ai lu sur cette partie de l'Amazonie, je ne serais pas étonné qu'il parle d'émeraudes...  

L’écœurement que Philippe pouvait lire dans le regard d'Anita était à l'égal de leur colère. Tout était enfin clair. Ils savaient maintenant pourquoi ils en étaient là et à cause de qui... Ils savaient également où ils allaient et ce qu'ils allaient y trouver. Ce qu'ils ne savaient pas, c'était dans quel état ils retrouveraient leur fille, et comment Taipeatoa espérait qu'ils s'y prennent, tous trois contre une tribu entière...  

Anita, de son côté, ne pouvait pas s'empêcher d'espérer croiser un jour prochain le chemin de cette Hilke Van Vleet, porte-parole de la Delco...  

Beaucoup d'épreuves les attendaient encore avant de retrouver leur fille. Mais la force sereine de Taipeatoa les apaisait un peu. Son aide était une chance inespérée, et une raison supplémentaire de puiser dans leurs ressources pour poursuivre ce long chemin.  

 

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Philippe - Weston Hatcher  

Anita - Suri Pendragon  

Taipeatoa - Nathan Calvitie  

Hilke Van Vleet - Pamela Isham  

 

Un film réalisé par Patricia Coleman  

Mis en musique par Sandrine Kopp

Scénario : (3 commentaires)
une série B d'action (Aventure) de Patricia Coleman

Weston Hatcher

Suri Pendragon

Nathan Calvitie

Pamela Isham
Musique par Sandrine Kopp
Sorti le 06 avril 2030 (Semaine 1318)
Entrées : 14 508 067
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