La poupe du bateau ne s'enfonce plus dans le sable. Il semblerait qu'il se soit stabilisé au milieu de cette plage du nord de la France, désertique. Les pieds fins et forts de Jean (Pierre Bova) ne craignent pas le froid du sable d'hiver. Il fait le tour du bateau pour repérer les pièces qu'ils pourra démonter et revendre. Cette opération va lui prendre la journée et celle du lendemain.  

Le vent glace la peau, les yeux sont durs, Jean est dans son élément. Après plusieurs heures d'effort, il se touche le visage pour se stimuler. Mais lorsqu'il se retourne, il est pris d'une secousse au coeur : il voit sa femme, Rose (Ruth Chambers), assise au bord de l'océan. Elle porte une robe blanche et se tient comme une statue de cire qui regarde dans la direction de l'horizon. Le vent s'intensifie et pousse Jean vers le fantôme de sa femme. Il émet quelques résistances et puis finit par se laisser porter. Mais il le sait, dès qu'il sera suffisamment proche pour la toucher, elle disparaîtra.  

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LE MARCHAND D'ÉPAVES  

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Le soleil n'est pas encore levé que Jean a déjà mis ses pantoufles et part chercher du pain. Sur sa route, il croise les dockers qui débauchent et ceux vont commencer leur journée. Tout le village normand se réunit au seul bar du coin, La Houle, tenu par une jeune femme qui est inconnue du village. Elle s'appelle Elsa (Katia Oblomov) et elle essuie les verres au fond du café. Jean pousse la porte du café et s'assoit à la table la plus reculée pour être seul. Elsa connaît déjà les habitudes de son client, elle lui apporte un café et du cognac. Jean la remercie et il sourira pour la seule fois de la journée. Les autres clients parlent fort entre eux, certains en sont déjà à leur troisième verre de vin blanc pendant que d'autres jouent à des jeux d'argents. Les visages sont durs et marqués, mais la joie de tenir ensemble lui donne cette vie précieuse, cet enchantement alcoolisé.  

Une fois bu le café et le cognac, Jean quitte le bar. Elsa le salue en lui faisant un signe de la main et continue dans sa lancée d'essuyer les verres.  

De retour à son épave, les nuages devenaient de plus en plus gris et chargés. Il poursuit méthodiquement son travail avec cet air absent qui le caractérise. Mais à quoi peut bien penser cet homme qui ne parle à personne ?  

Dès que la pluie s'abattu sur le sable, il rangea les pièces du bateau dans une remorque et remonta la petite dune en la tirant à bout de bras.  

Une heure plus tard, il parvient à rejoindre sa petite boutique et s'y abrite en regardant la pluie tomber.  

Il s'endormait peu à peu en rêvant de sa femme défunte, en s'imaginant qu'elle déboule à travers la pluie pour lui apporter un thermos de café.  

Lorsqu'il ouvrit ses yeux, il vit bien une silhouette. Elle était très trouble mais plus elle courait plus les traits de cette personne devenaient clairs. C'est alors de Jean reconnu Vincent (Mathieu Wauthier), son fils qu'il n'a pas vu depuis cinq ans.  

Les deux hommes se faisaient face dans la boutique. Vincent aidait son père à mettre les pièces détachées en rayon et à tout noter dans un cahier. Il tentait de savoir comment allait son père, comment il faisait pour manger, s'il voyait du monde et si les ventes de la boutiques se portaient bien. Jean répondait la plupart du temps par des soupirs en ballotant ses bras comme si, de toute manière, rien n'allait vraiment.  

Vincent prépara le café et ils le burent en silence. La pluie continuait de déferler sur le village portuaire et personne ne se trouvait dans les rues.  

Vincent est venu pour récupérer des affaires de sa mère, comme des photos, des lettres et des souvenirs de dessins d'enfant qu'elle gardait lorsqu'elle travaillait dans la maternelle du village. Il s'était assis dans la chambre parentale en laissant son père regarder la télévision, probablement un jeu télévisé qui l'ennuie. Mais son téléphone venait l'interrompre, c'est le travail qui appelle. Vincent est un homme d'affaire pour une boite de création de logiciels.  

Quelque chose distrayait Vincent au téléphone. Il voyait son père parler tout seul dans le salon, il semblait s'inventer une conversation avec sa mère.  

Oui, Jean s'imaginer parler avec elle. Elle est là, assise dans le fauteuil d'à côté et ils critiquent ensemble les candidats du jeu télévisé. Vincent raccrocha et éteignit la télévision en demandant à son père s'il devenait fou. Jean ne dit rien, il se lève et s'enferme dans sa chambre. Vexé, Vincent quitte la maison familiale en claquant la porte. La nuit est tombée.  

Jean s'est endormi tout habillé sur son lit parmi les photos de famille que regardait son fils. Il n'avait pas mangé et ne s'était pas lavé de la journée. Mais des bruits le réveilla. Il reconnaissait la voix d'Elsa, la serveuse du bar, et elle semblait accompagner Vincent après une soirée arrosée.  

Elsa et Vincent s'envoyaient en l'air dans le salon. Jean riait seul dans sa chambre, il semblait à nouveau partager une drôle de conversation avec sa femme.  

Le lendemain matin, Jean est comme à son habitude. Au bistrot, il se fait servir le café et le cognac par Elsa mais il la regarde froidement cette fois-ci. Parce qu'elle le connaît bien, elle sait ce qui lui ferait plaisir. Au juke-box, elle met "Padam Padam" d'Edith Piaf. Tous les clients se taisent pour écouter la chanson, cette chanson sur laquelle ont dansé Jean et sa femme lorsqu'ils se sont rencontrés dans ce bar. L'esprit de Jean se remémore ce moment, il s'imagine à nouveau danser avec elle.  

Vincent entre dans le bar à ce moment et voit son père danser avec Elsa...  

PADAM PADAM (Edith Piaf)  

http://www.youtube.com/watch?v=LfmguyDRBwU  

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LE MARCHAND D'ÉPAVES  

un film de Marcus Burroughs  

avec Pierre Bova, Mathieu Wauthier, Ruth Chambers et Katia Oblomov.