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Les Films Maurice Poussin présente
Les Vies impalpables

 

Maurice Poussin présente:  

 

Thierry Cros (Chuck Miller), 47 ans, célibataire, sans enfants. Un homme de Gerardmerveille, comme il y en a tant d'autres: laid, sale, lâche et fainéant. Thierry Cros n'était que trop l'enfant de cette ville agitée, peuplée et indifférente; il n'était que trop l'exemple de la société urbaine, celle qui tasse et lisse les individualités; qui en sculptrice malveillante, sinon inconsciente de son action, modèle à la chaîne ses enfants encore vierges et informes, produit inlassablement les nouveaux rejetons du cortège ininterrompu de la Médiocrité.  

 

A la médiocrité commune et populaire, Thierry avait néanmoins le bon goût de vivre dans une solitude peu courante quand on sait l'incapacité qu'a la métropole de dérober à la vue plus d'un jour la vision d'autrui. Mais en solitaire néanmoins peu édifiant, car si intérieurement, en effet, Thierry vivait pour lui et en lui, il n'était tout de même pas soustrait à la loi universelle qui veut qu'en société, au travail ou pour les plus minces commodités il faut toujours user de sa langue - le muscle dont il avait les plus grandes peines à mettre en action.  

 

Observons donc notre homme dans sa rame de métro, être aussi commun que le siège sur lequel il est assis: les yeux semi-clos par le demi-sommeil, l'habitude, l'ennui et la résignation qui lui permet d'endurer la vie, poursuivent le même dessein que la face morne et fermée, affichée dans l'enfilade des couloirs pour prévenir l'impudeur du contact d'autrui. Au travail, ses interactions n'atteignent pas le stade de l'humanité, mais restent enchaînées à leur logique fonctionnelle.  

 

Il rentre alors chez lui, seul, libéré de la tyrannie de l'autre, vaquant à des occupations qui n'en sont pas, seul, mais non pas heureux. Sa solitude, Thierry l'avait choisie. Il avait bien réussi, dans sa jeunesse, à se construire un noyau de vie sociale ordinaire, peu étincelante, il est vrai, mais assez fournie pour espérer ce qui au final n'était pas le comble de l'extravagance: l'amour réciproque, qui s'il était plutôt sporadique, ne lui était pas inconnu; l'amitié; les ambitions professionnelles, qui à défaut d'être brillantes, agissent comme un anesthésique et empêchent de s'observer en profondeur. Mais insidieuse, l'inertie, dans laquelle s'était engagée sa vie, au tournant de la jeunesse, au commencement de la perte des illusions de l'enfant qu'il était encore, avait fait son travail et acheva d'anéantir le doux état de l'espoir. Ainsi, plutôt que de se morfondre sur une vie chaste, ennuyeuse et peu inspirée, Thierry s'était décidé, volontairement, à mener ce genre de vie, à mener une vie pauvre en plaisir. Par ce tour de passe-passe il serait la cause de son existence. Cette erreur, qui voulût que l'effet - l'ennui - soit attaché à une décision de sa volonté et de son libre arbitre et ne fut pas la conséquence indésirée de maux plus profonds et qui pouvaient le dépasser, lui permettait, pensait-il, de rendre sa destinée plus supportable et peut-être plus valable qu'une autre. Il avait certes adjoint à ce baume illusoire des prétentions spirituelles, littéraires, floues mais placées sur le plan de l'esprit, qu'il ne tarda pas à quitter, presque inconsciemment, porté et trimbalé sur la pente des efforts minimaux. Il se rendait bien compte, malgré lui, des limites de ce faux choix. Quand furent retranchées de son capital vital, les sociabilités superficielles et les spiritualités, qui dans son illusion étaient finalement toutes aussi vaines, il fallut bien compenser le manque à gagner, rétablir l'équation et ne pas sombrer dans l'apathie. Si les facultés et les ambitions communément liées au bonheur lui faisaient défaut, il retirait cependant de l'imagination et de la rêverie des ressources concrètes et pratiques, qu'il prenait en compte et dont il jouissait véritablement, auxquelles, ordinairement, peu de gens prêtent attention.  

 

Il se peut bien, peut-être, que M.Cros ne soit pas si ordinaire que la foule qui l'entoure. Celle-ci, dans le décompte des moments qui priment, ne touche qu'au vécu sensible et à l'éveil. Thierry, lui, après un certain temps, fut capable d'y glisser l'impossible et le non vécu de l'imagination. Ses rêveries n'étaient plus un plan hors du temps réel, mais bien la forme démultipliée d'une vie qu'il vivait effectivement, simplement par la force de l'invention.  

 

***  

 

Il transmet finalement son numéro à cette charmante serveuse rousse, Eloise (Renee Bartek), chez qui il s'imaginait déjeuner chaque jour pour lui faire la cour ... Ou peut-être, sportif de haut niveau, croulant sous la gloire et les espoirs de son pays, si le prix Nobel de littérature ne l'en "empêchait". Les carrières politiques, artistiques ou les plaisirs de l'amitié, de l'amour, du désir s'ouvraient à lui sans limites et lui octroyaient sans tarder les bienfaits espérés, dont la vie réelle se montrait si peu prodigue et tellement avare ...  

 

Pouvait-il seulement vivre véritablement ainsi? Thierry, certain de la puissance nouvelle qu'l détenait, l'implication de la vie de la rêverie dans la vie de l'individu, se doutait cependant qu'il était nécessaire de vivre ses rêves et de les translater dans son existence ...  

 

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Un film de: Stefanie Taufen  

Avec: Chuck Miller & Renee Bartek  

Durée: 1h43

Scénario : (1 commentaire)
une série Z dramatique de Stefanie Taufen

Chuck Miller

Renee Bartek
Sorti le 21 avril 2029 (Semaine 1268)
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