Qu'est ce que je fous dans ce bordel? Jamais quand on m'a présenté ma mission, l'on m'avait parlé d'un tel bordel, d'une telle situation où je serais plus proche de la mort que de la vie. J'étais si bien chez moi, à New York, avec ma femme. Je ne comprends pas encore la mouche qui m'a piqué et m'a fait dire un oui sans que je le veuille. Mais cela est du passé et aujourd'hui, je suis ici, sur cette planète dont personne ne connait les réelles ressources, une planète dont personne ne connait le moindre détail. Certes, c'est l'objet de notre contrat que de ramener des informations sur ce tas de… je ne saurais définir la chose tant le feu, la glace et la terre ne font qu'un. Je crois que tout chimiste qui aurait à cœur la passion des éléments trouverait en ce machin une source de bonheur, de distraction digne d'un sudoku pour un cadre de New York. Avant de vous parler de l'avant, permettez-moi de me présenter. Je m'appelle Conor (Nathan Kondor) et l'histoire que je vais vous raconter est la mienne.  

Je n'ai jamais eu la vocation de devenir un explorateur de planète inconnue de notre système solaire. Je n'ai jamais eu la vocation de faire ce genre de chose simplement parce que je voulais travailler dans la finance, un domaine totalement à part mais pourtant dans lequel je me suis épanoui dans tous les sens du terme. Il faut dire que lorsqu'on a 25 ans (soit il y a une dizaine d'années), je profitais de la vie comme il le fallait. J'allais au travail avec une patate qui démoralisaient les passants, je gagnais extrêmement bien ma vie, si bien que je pouvais acheter un appartement par semestre et je couchais avec bon nombre de femmes durant la semaine, mais jamais la même car je n'aimais pas la routine. Puis, j'ai décidé de prendre un peu de temps pour moi. Je gagnais encore très bien ma vie et je couchais avec toutes les femmes qui croisaient mon regard. Et un jour, j'ai entendu parler de cette organisation qui recherchait une nouvelle terre d'accueil pour les humains, pour anticiper l'apocalypse (cette belle blague que les Mayas nous ont fait 2050 ans plus tôt). J'y suis allé sans grande conviction, sans l'envie de changer de travail réellement car j'aimais mon travail (enfin le salaire que produit mon travail) et le projet, après explication, m'a vraiment convaincu, si bien que l'ORNP (Organisation de Recherche d'une Nouvelle Planète) m'a proposé de travailler pour eux dès l'an 2060, soit dans huit ans. Le temps pour moi de me faire des noisettes en or massif. Je ne cherchais pas du coup à me poser avec quelqu'un, je cherchais juste à m'amuser mais Tara (Laura Lee Land) est arrivée dans ma vie comme une boule de neige suit une avalanche. Entre elle et moi, c'était plus qu'un coup d'un soir, c'était un véritable amour qui s'installait. C'est la seule femme avec qui j'ai couché deux soirs de suite, enfin plus pour le coup mais l'idée est là. Nous nous sommes rencontrés dans un petit bar sur la 5e avenue. Un moment de bonheur qui dure depuis aujourd'hui dix ans. Putain, c'est aujourd'hui notre dixième anniversaire! Et je suis à je ne sais combien d'années lumières pour lui souhaiter. La vie est injuste.  

Bref, revenons. Il y a deux ans donc, j'intègre le projet de l'ORNP. Je suis une formation des plus intenses avec un gars, Darren (Erwan Roux). Ce mec me ressemble sur certains points, enfin surtout un, les filles. Il a beau avoir quelques mois de moins que moi, il n'arrive pas à construire une relation sérieuse avec une personne. Je trouve ça étonnant pour un homme "mûr" mais bon, cela prouve que l'on peut s'amuser à tout âge. L'entraînement, la reconnaissance, les consignes, le tir… Tout y passe. Nous passons énormément de temps à nous préparer psychologiquement aussi car le contact avec la Terre sera très rare, juste par message enregistré. On ne va pas se plaindre, ça aurait pu être pire. J'ai dû mal à accepter de partir et de laisser Tara seule, avec le petit. Oui, je ne voulais pas vous le dire mais je suis papa d'un bout de chou qui a bientôt trois ans. Il est à l'image de sa maman et a le caractère à la con de son père. On en le changera pas je pense. Ça donne des souvenirs à Tara au moins, un peu de moi. Continuons. Le grand jour est arrivé assez vite en fait. Plus nous nous préparions, plus j'avais l'impression de ne pas être prêt finalement, prêt à partir, à quitter ma terre, à aller vers l'inconnu, à laisser les gens que j'aime derrière moi. Pourtant, je devais le faire, pour moi, pour elle, pour eux, pour nous, pour la dote (oui, je suis vénal!). Le grand jour est arrivé le 17 octobre 2061, il y a précisément 542 jours. Nous sommes partis pour A. Son nom est provisoire bien entendu, le temps de la définir plus précisément. J'ai proposé Merde mais on m'a dit que ce n'était pas assez joli pour une planète. Qu'ils aillent se faire foutre, je l'appellerais Merde.  

Nous avons voyagé durant près de 25 jours, à une vitesse assez élevée. Je n'en revenais pas. Il a tout ça dans l'espace! Darren rit. J'avais envie de lui mettre un poing dans la gueule pour qu'il me laisse vivre ce moment magique, avec des yeux de gosses. Durant ce voyage, bizarrement, nous avons appris à mieux nous connaître, même si nous avions partagé déjà plusieurs moments ensemble. Nous savions que cette aventure humaine (ou pas) laisserait des séquelles chez l'un d'entre nous, comme il était dit dans la brochure et le contrat que nous avions signé. Bref, nous avons atterri… un jour! Je ne pourrais pas donner la date puisque je ne m'en souviens plus. Je sais que la première personne à nous avoir accueillis n'était autre que le capitaine Becks (Mickael K Riddick). C'est un brave gars qui est sur cette merde depuis déjà un an. Je plains ce mec qui ne doit pas vivre simplement. Il lui faut beaucoup de courage pour être là, à diriger des fous! Très vite, le Docteur Diana (Lady Pinkie) nous a pris en charge pour voir si nous allions bien et savoir si le voyage s'était bien passé, si nous arrivions à nous acclimater… La routine quoi! Cela ne faisait que quelques minutes que nous étions là que j'en avais déjà purement et simplement marre. Le capitaine Becks nous convoque en salle de réunion. Il nous explique notre mission sur cette merde. Nous devons trouver toutes les sources d'énergies propres à cette planète. Cette énergie serait très puissante et pourrait remplacer à terme plusieurs sources terrestres. Je ne suis pas convaincu mais peu importe, ici, je dois fermer ma gueule. Nous serons avec Nico (Sylvain Barré), un geek! Oui, je le définis aussi simplement que ça puisque ce mec arrive plus à faire jouir un ordinateur qu'une femme. Désolant quand on n'a même pas 23 ans! Nous devons monter au Nord de la base où nous sommes. Sur notre chemin, nous devrions trouver ce qu'on appelle un geyser Typtonique. Quel nom à la con pour parler d'une substance jaune. Nous partons donc tous les trois vers le Nord, équipés pour affronter le froid et la chaleur (paradoxe je trouve). Nous sommes armés, "au cas où" qu'ils nous disent. Une façon simple de dire que cette merde est peuplée.  

Cela fait quelques heures que nous marchons. Nous sommes non loin d'un truc typmachin. Je pense à Tara, au petit. Je sais que ça rend faible mais je ne sais pas pourquoi, je ne peux pas m'en empêcher. Nous avançons. Darren reçoit un petit bloc de glace sur la tronche. Étrange alors qu'il n'y a pas de raison d'en recevoir un. Nous avançons à pas prudent. Je lève les yeux vers le ciel et voit surgir de nulle part une bestiole immonde. C'est un croisement de menthe religieuse et de troll! Nous tirons pour tenter de tuer la chose mais rien n'y fait, elle est coriace la salope! Je remarque une espèce de marque jaune sur elle. Je décide de prendre un bloc de glace et de taper dans cette marque. La bestiole hurle et tombe sur moi. J'arrive à m'extraire. Darren n'en revient pas, Nico ne bronche pas. Le problème est que cette chose n'est qu'un avant-goût de ce qui nous attend puisque le geyser est gardé par des centaines de bestioles de la sorte. Franchement, qu'est-ce que je fous dans ce bordel?