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Oz Films présente
Apocalypse Please

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Concours "Utopie & Dystopie"  

Sélection officielle  

 

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Le Dr Loomis (Laurence D.) répétait les mêmes gestes, inlassablement, indéfiniment. À ses côtés, d’autres majors de leur promotion, d’autres spécialistes hautement qualifiés, utilisaient le même modus operandi . Loomis était docteur en génie génétique. Ses acolytes portaient le même grade, chacun dans leur domaine. Mathématique, chimie, physique, … des dizaines de scientifiques triés sur le volet, avec comme autre point commun que leur intelligence, leur relative jeunesse et un niveau très acceptable de beauté. À trente ans de moyenne, ils étaient la fine fleur de la Science. Les meilleurs des meilleurs. Et ce privilège, faire partie des meilleurs, n’était pas exempt de sacrifices. Ils étaient livrés à eux-mêmes. Dans l’immensité de leur étage, ils étaient exactement douze, mais les autres étages de la grande tour de verre étaient également occupés. L’atmosphère était aussi la plus impersonnelle possible. Du verre, du chrome, des panneaux blancs, du mobilier minimaliste et carré. Tout était parfaitement aligné, soigneusement agencé pour rappeler aux jeunes savants toute la droiture et la discipline qu’on leur imposait et qu’on attendait d’eux. Une fois leur journée de travail achevée, ils descendaient les septante étages qui les séparaient du sol, puis rejoignaient leur maison. Mais là non plus, ils n’étaient pas vraiment chez eux. Cela n’avait rien du foyer accueillant et chaleureux. La même architecture, la même décoration. Toujours cette impersonnalité. C’était meilleur marché, et plus simple à tous les niveaux. La Compagnie avait érigé un centre scientifique sans pareil, une véritable cité de verre, temple de la discipline. Sans doute devaient-ils être germaniques.  

 

La jeune doctoresse, comme ses comparses, se posait les quelques menues questions d’usage. Il se demandait bien sûr quels étaient les visages derrière tout cela, et à quelles fins dépensaient-ils des fortunes dans la Science. Bon sang, rien que leur salaire ! Pour être le meilleur de son domaine, Loomis percevait cent mille dollars par moi ! Avec les primes et tout le reste, sa première année de travail lui avait rapporté à peu de choses près un million et demi. Tellement démesuré ! A l’image de tout ceci.  

La Cité de la Science était réellement coupée du monde. Mais elle avait tout ce qu’on pouvait désirer, et le souci de la Compagnie devait plutôt être que personne n’essaye d’y entrer. Il y avait toutes les commodités : hôtels de luxe, plage de sable blanc et eau turquoise, salle de sport hautement équipée, centre commercial procurant toutes les denrées les plus luxueuses et onéreuses qui soient. La Cité était en fait une micro nation en soi. Les couples s’y formaient et s’y brisaient, mais la prostitution y était absente, et la criminalité presque aussi inexistante. Ces gens gagnaient des millions, littéralement… ils pouvaient faire et avoir absolument tout ce qu’ils désiraient. Et ils n’hésitaient pas à jouir de leurs privilèges.  

 

Mais – comme souvent dans ce genre de conte, il y a un mais – la quiétude et l’utopie de la Cité tenait à peu de choses, tels les colosses aux pieds d’argile. Ce qui se passait en dehors, les scientifiques l’ignoraient. Ils étaient là, millionnaires, enorgueillis par leur statut d’éminence de la Science, et n’avaient même pas la présence d’esprit de se poser les bonnes questions. Après tout, pourquoi l’auraient-ils fait ? Ce ne sont pas les aristos qui mènent les révolutions. Ils avaient leur tâches, ils les accomplissaient, résolvaient d’épineux problèmes génétiques, mathématiques, etc. Quand ils avaient fini, de nouvelles tâches, de nouveaux problèmes leur étaient amenés, et ils continuaient ainsi jours après jours, semaines après semaines, etcétéra, etcétéra.  

Ainsi, ils étaient là, génies assidus et sans tracas. Alors qu’à l’extérieur de la Cité, le temps produisait son œuvre, faisant évoluer l’Humanité vers des cieux meilleurs, ou la faisant littéralement brûler, qui aurait pu savoir ? Sans aller jusqu’à la consumation, ni bercer dans la même utopie que la Cité, la civilisation tournait, avec ses qualités et ses faiblesses, toujours les mêmes, à quelques détails près, depuis des âges. Il n’y avait pas de caricature à dresser, pas de blanc ni de noir.  

Mais le gris était tantôt plus clair, tantôt plus foncé. C’est vers cette teinte plus obscure que tendait la silhouette (Joan Hodge) qui avait réussi à passer de l’autre côté. Elle était entré dans la Cité, se demandant elle-même comment elle avait réussi ce tour, et le regretta aussitôt.  

Elle se sentait observée, sans toutefois trouver d’où lui venait cette impression. Le malaise s’installait. Tout était si froid, si net. Rien ne dépassait, rien n’avait été laissé au hasard. Le sol était d’une propreté surréaliste. Le verre l’entourait, partout. Elle pouvait même voir ceux qu’on appelait les Scientifiques, allongés sur leur lit, endormi. La silhouette balaya le flot de questions et de méfiance, et marcha. Elle avait un but précis. Elle l’avait en point de mire, droit devant elle, surplombant la Cité des Sciences.  

 

Le Dr Loomis fut surprise de la scène qui s’ouvrit à elle lorsqu’elle atteignit le septantième étage. Ses collègues l’observèrent, puis dirigèrent leur regards tous ensemble dans une même direction, comme pour répondre aux questions qu’elle se posait. Des policiers avaient investi les lieux. Plus d’hommes qu’il n’y avait d’employés à cet étage. Sans doute un bon tiers de la force de police de la Cité, qui était assez mince en vérité. Un des hommes (Frank Mattis) vint à eux. C’était le seul habillé classiquement, sans l’uniforme blanc et bleu. Il portait un costume avec un manteau long. Il s’adressa aux Scientifiques.  

 

_ Bien, tout le monde est là ? Parfait. Je suis le lieutenant Harvey. Vous remarquerez sans doute un évènement inattendu. En réalité, cette nuit, cet étage a été visité et saccagé. Nous aurons besoin de votre aide pour établir avec précision ce qui a pu être volé. Je crois savoir qu’on vous considère comme nos meilleurs cerveaux. J’attendrai donc de vous que vous établissiez, en analysant ce qui a été bougé, détruit et ce qui a été laissé sans la moindre attention. Si on cherchait quelque chose, et qu’on ne l’en a pas trouvé, cette analyse pourrait nous renseigner sur ce quelque chose.  

 

Et bien ! Ce type parlait comme s’il traitait des affaires de ce genre tous les jours. Mais dans la Cité, il n’y avait jamais rien ! A part un ou deux démêlé de couple ou entre deux prétendants, mais jamais rien de vraiment sérieux qui réclamait une telle présence. Loomis comprit alors à la barbe de trois jours du policier, que celui-ci devait venir de dehors. Mais que foutait-il ici ? Chez les sang-purs ? Il y avait tant de questions qui affluaient à l’esprit de la doctoresse…  

 

_ Bon ? Vous pouvez rejoindre mes collègues si ça ne vous embête pas ? Je crois savoir qu’un jour sans progrès dans vos travaux vous valent une amande de dix mille dollars, non ? N’est-ce pas assez motivant pour vous ? Au travail !  

 

Sur ces mots, il disparut dans l’ascenseur, laissant les douze docteurs incrédules, avant que les dix mille dollars ne viennent planer dans leur esprit. Alors, ils se dirigèrent vers les policiers, timidement.  

 

Le lieutenant quitta la grande tour et fonça au commissariat. Il entreprit de forcer la porte du commissaire, mais celui-ci était absent. Cela lui facilitait la tâche, à vrai dire. Il entra, et referma soigneusement la porte derrière lui. Il s’assit et chercha quelques instants comment il pouvait contacter la Compagnie. Il n’était que peu habitués aux protocoles de la Cité. A vrai dire, il les ignorait totalement. Lui, il venait de dehors, et il avait eu le privilège d’entrer par la grande porte. Parce qu’on avait pensé qu’il était particulièrement qualifié pour résoudre cette enquête. Une ombre de dehors s’était introduite, et était entré dans la grande tour. Ensuite, tout a déjà était dit. Une fouille du septantième étage, peut-être un vol, peut-être pas. Et un vrai saccage laissé derrière. Cette « silhouette » cherchait assurément quelque chose. Les vidéos avait clairement montré que depuis son entrée dans la Cité jusqu’à sa disparition des écrans, elle n’avait eu qu’une cible. Elle savait où chercher, et par conséquent ce qu’elle cherchait. Une autre chose que la vidéo avait enseignée : la silhouette était la propre sœur du lieutenant Harvey.  

 

Le Dr Loomis et les autres savants remettaient en place leur étage, avec un soin et minutie presque passionnelle. Malgré l’état de dévastation apparent, très peu de choses étaient endommagées. Quelques tubes vides, des instruments de verre inutilisés, rien de vraiment important ou qui soit irremplaçable. Mais surtout, il devenait de plus en plus clair que rien en manquait à l’appel. Tout avait été retourné ou presque, mais absolument rien n’évait été dérobé. Ce qui signifiait que, si cette Ombre cherchait quelque chose, elle ne l’avait pas trouvé.  

Dès lors, tout était bien clair pour dire qu’elle continuerait, ailleurs.  

 

La figure du Grand Scientifique (Daryl Curtin) passa rapidement de l’exaspération à la surprise, quand elle vit qu’elle parlait non pas au commissaire mais à un petit lieutenant. Une part d’elle-même s’apprêta à couper court à cette mascarade, mais la part de curiosité prit alors le dessus.  

Harvey avait choisi de le contacter pour obtenir des éclaircissements. Une telle intrusion, avec cette façon particulière de fouiller, avec un but bien précis… Il y avait de toute évidence quelque chose d’une extrême importance, caché dans la Cité des Sciences. Quelque chose qui impliquait le septantième étage. Quelque chose dont le Grand Scientifique était sans nul doute au courant, probablement même l’instigateur. Mais quel était ce quelque chose, qui puisse pousser sa propre sœur, citoyen lambda de l’extérieur, à devenir la première âme à pénétrer de force dans la Cité ?  

 

Sans véritable surprise, cette grande figure avait joué son rôle de victime incrédule. Elle ne savait rien, ne se doutait de rien, et blablabla. C’était évident, et Harvey se demanda comment il avait pu croire un seul instant à une collaboration. Parce que maintenant, il savait que le Grand Scientifique mentait. Et donc, ce qu’il soupçonnait se vérifiait. L’Ombre de sa sœur recherchait quelque chose que cette éminence ne voulait pas voir divulguée. Une chose, à n’en pas douter, terrible. Même les scientifiques du septantième devaient l’ignorer. Leur mode de travail était taillé pour ce genre d’opération. Ils recevaient des tâches ponctuelles, à priori sans rapport avec les précédentes. Mais une fois leurs travaux assemblés, on obtenait un résultat. Une chose terrible. Qu’il fallait cacher et nier.  

Cela n’augurait rien de bon.  

Que du pire.  

 

La nuit était tombée sur la Cité. Alors que le lieutenant Harvey rejoignait les douze savants du septantième étage, l’Ombre ressurgit. Elle avait une nouvelle cible. Un plan B.  

Le Grand Scientifique lui-même...

Scénario :
une série B policier (Science-Fiction) de Adam Lester

Frank Mattis

Laurence D.

Daryl Curtin

Joan Hodge
Musique par Stephanie Harline
Sorti le 02 décembre 2028 (Semaine 1248)
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