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Oz Films présente
The Principle of Alawn Lynch

Les larmes ne coulaient plus.  

Mais la souffrance demeurait.  

La haine, la rage avaient conduit Alawn Lynch à tuer, non plus par obligation, parce qu’on le lui avait demandé, mais par envie. Il l’avait fait pour lui. Et pour Rachel. Il s’était vengé, et n’y avait trouvé nul réconfort. C’était ce qu’on lui avait dit, exactement ce contre quoi on l’avait mis en garde. Au fond de lui, il savait qu’ils avaient raison, il l’avait toujours su, mais il n’y avait rien qui aurait pu le retenir d’aller au bout de son obsession.  

Mais plus que le poids de la mort, le sang sur ses mains, et la peine toujours inconsolée, il avait le sentiment que, pour la première fois de sa vie, il n’avait pas fait ce qui était le plus juste, il n’avait pas agi dans le bon sens de la conception du « Bien ».  

Il avait appris que si Rachel avait été tuée, ce n’était pas par accident. Il avait toujours cru que sa femme était la malheureuse victime collatérale d’une tentative d’assassinat sur lui-même, Alawn Lynch, agent du Prestige britannique. Dans sa quête sanglante au confins des ténèbres de l’âme, il avait mis à jour un fait des plus perturbant : avant d’être enrôlée par le Prestige pour aider Alawn, Rachel avait joué un rôle plus important que ce que les services pensaient, dans les activités d’agent double de son patron de Wall Street. En réalité, c’était Rachel qui jouait le rôle de la taupe. Elle était l’agent double.  

Un jour, elle avait appris que les services occidentaux allaient jusqu’à éliminer ces taupes. Elle avait alors pris peur, et décidé de mettre un terme à tout ça. Elle avait fait en sorte que le nom de son boss apparaisse, et avait sauté sur l’offre qui s’était présenté à elle. Le Prestige convoitait son aide pour introduire un agent, Alawn Lynch, auprès de son golden-boy de supérieur. Ainsi, elle avait trouvé un exutoire.  

Elle était tombé amoureuse de cette homme, cet agent, qui représentait à ses yeux un nouveau départ. Elle, que Alawn définissait comme l’innocence incarnée, le modèle de vie standard qu’il aspirait à assimiler ; elle était exactement dans la même configuration que son nouvel époux. Elle cherchait à faire table rase.  

Mais le passé, ne le répètera-on jamais assez, finissait toujours par vous rattraper.  

Comme de coutume, il n’avait pas manqué à ses obligations.  

Enfonçant tout et tout le monde dans les ténèbres.  

 

 

Comme Alawn aurait pu le faire sur d’anciennes taupes soudainement réorientées, un agent soviétique avait mis une balle dans un fusil sniper, attendu le bon moment, et tiré. Il aurait pu espérer abattre en cette occasion un ex-agent ennemi, mais l’objectif était bien la jeune Rachel. L’autre homme avait été blessé à l’épaule. Et l’agent soviétique avait alors, dans un éclair de lucidité, pris conscience de ce qu’il avait fait. Il avait détruit les convictions, et l’équilibre sentimental, d’un mari aimant. Il avait sans doute engendré une nouvelle machine à tuer dans le camp opposé, mais surtout, avait arraché le joie et l’amour du cœur d’un être humain.  

Parce qu’à l’est aussi, les hommes ont des sentiments, et des scrupules, cet agent du KGB avait déjà avalé une capsule de cyanure quand Alawn l’avait visité. Mais celui qui lui avait pris sa femme, sa Rachel, avait eu la délicate attention de lui léguer un microfilm et une note rédigée dans un anglais maladroit.  

 

Une révélation. Une vérité. Qui ne changeait rien, à ce moment-là. Alawn avait continué et remonté jusqu’à l’homme qui avait ordonné la liquidation. Lui aussi l’avait fait que suivre ce que le KGB ordonnait dans de pareilles circonstances. Dans la banlieue londonienne, on signait tous les jours des ordres du même acabit, que des gars comme Alawn étaient chargés de faire respecter.  

C’était précisément cette symétrie presque parfaite qui troublait Alawn. Quand il agissait par ordre, pour son pays, pour le Prestige, peu lui importait que ce qu’il faisait ne valait pas mieux que ce que faisaient eux qu’il était chargé de tuer. Mais là, il l’avait fait indépendamment, c’était une affaire personnelle. Il avait été le seul à décider de ça, et il avait pris cette décision par lui-même. Il avait assassiné un autre homme, parce qu’il l’avait voulu. De quel droit faisait-il cela, qui était-il pour juger cet homme ? Alawn ne trouvait aucune réponse satisfaisante et devrait continuer à vivre avec ce poids et ce sentiment de n’avoir pas fait ce qui était juste.  

 

Mais avait-il seulement fait quoi que ce soit de juste ?  

Le Prestige, le Royaume-Unis, le bloc de l’ouest. Était-ce vraiment ça, le « Bien » ? Ces entités pouvaient-elle, à elle seule, définir ce qui était juste ? Alawn se posait de nombreuses questions, et le doute s’installait dans son esprit. Un agent est perdu quand le doute s’installer en lui. Il ne pouvait douter. C’était au-dessus de ses moyens, au-delà de ses compétences et de ses attributions. Il pourrait douter, quand le jour serait venu, quand tout cela serait terminé. Un jour, plus tard.  

 

C’était sur cette dernière conviction qu’il avait repris le service. Mais plutôt que repartir sur le terrain, dans quelque mission aventureuse, Alawn avait été considérablement freiné. Son action vengeresse aurait pu contenter bon nombre de chefs au sein d’un service de renseignement, mais pas le Prestige. Il y avait, même en temps de guerre, un code éthique. Des principes aussi nébuleux que surréaliste, qui voulait que les chefs restent en vie, et que les relations entre supérieurs soient cordiales, tant que faire se peut. Comme si même les services secrets devaient faire preuve de diplomatie à l’excès.  

Le Prestige jouait donc un jeu absurde avec ses semblables, un énorme festin bourgeois où les bonnes manières prévalaient. Pendant que le prolétariat crevait et s’entretuait sous leurs pieds.  

 

Une mission très confidentielle était parvenue aux oreilles d’Alawn. Elle n’aurait jamais dû arriver jusque-là, mais il gardait en sa chef de section, une femme très élégante et raffiné, un de ses derniers alliés au Prestige. Milady (Anya Fox) lui avait glissé quelques mots à ce sujet, en off. Officiellement, Alawn ne savait rien.  

Mais il semblait que les pontes se méfiaient encore de lui, et malgré cette version officielle, Alawn fût transféré sur l’île de Sheppey, dans le Kent, assigné à la protection de Lord Henry Lismore et de sa fille, Zoey Lismore. Lismore était un ancien du Prestige, où il avait dirigé la section d’Alawn pendant deux décennies avant de prendre la direction du service dans son ensemble durant la guerre. Il avait ensuite été remercié après avoir été convaincu de collaboration avec les nazis. Mais on savait depuis longtemps que ce n’était que prétexte pour mettre en place un nouveau Prestige, et que Lismore demeurait dans les petits papiers de Sa Majesté en personne.  

 

Tout cela mis à part, Alawn était bel et bien mis sur la touche. Pendant ce temps, à Gibraltar, le plus grand rassemblement d’agents était orchestré. Il était question d’un certain Szasz, que le KGB rêverait secrètement de voir enfermé dans ses cellules.  

Un hongrois convoité par les soviétiques, exilé en terre britannique. Tout cela ne réclamait certainement pas une telle démonstration de force de la part du Prestige. Il y avait autre chose là-dessous, à n’en pas douter.  

Si Milady prenait régulièrement contact avec son agent, pour lui transmettre les informations dont Alawn avait besoin, elle fût rapidement écartée du groupe de réflexion de la mission. Alawn devait alors opérer avec un minimum de données, que sa supérieur continuait de lui transmettre au compte-goutte, quand elle parvenait à en intercepter.  

 

Pendant que l’opération Gibraltar se préparait, Alawn devait reconstituer un puzzle, tout en jouant son rôle auprès de Lord Lismore. Entre deux parties de Cluedo grandeur nature, il écoutait ses histoires, ses faits d’armes d’avant-guerre, le complot déguisé dont il avait été victime, etcetera. À Sheppey, tout ce qui valait véritablement le coup d’œil était Zoey Lismore. Son enthousiasme débordant était, d’après son propre père, une affaire surréaliste. Sur ce point, Alawn ne lui donnait as tort tant cette joie de vivre contrastait avec l’ennui, a monotonie et le ciel morne du Kent. Cette fille était comme une bougie au milieu d’une plaine désolée d’Ecosse, par un matin brumeux. Conjugué à cela une beauté qui n’avait pas son pareil à des dizaines de miles alentours, Zoey devint très vite ce pourquoi Alawn se levait chaque matin. Elle devenait son moteur, sa motivation.  

 

Un jour, elle finit par occuper toutes ses pensées. Elle avait pris la place de Rachel, l’espace de quelques instants. Les jours suivant, le même phénomène se reproduisit. Et ces instants de vinrent de plus en plus longs.  

Un soir, quand la confiance et la complicité avait fini par s’installer dans le domaine Lismore, Lord Henry avait décidé de sortir, seul, chez un vieil ami du Prestige. Il avait insisté pour que Alawn ne suit pas collé à ses basques comme son boulot le demandait. Il préférait le savoir à la maison, veillant sur sa chère fille. Lord Henry ne vit, ou fit semblant de ne pas voir, le sourire et le regard malicieux que Zoey lança à l’agent Lynch, et tourna ses talons, les laissant ensemble.  

Cette nuit-là, Alawn laissa son jeu d’énigmes, et s’oublia dans les bras de la pétillante Zoey Lismore. Au contact de la peau douce et pâle de la jeune femme, la passion revint, plus forte que jamais, dans ses sentiments. Le sang affluait, convergeant vers un même point. Il n’était plus lui, l’agent Alawn Lynch, mais un autre homme. L’homme que Rachel avait créé, l’amant passionnel. Cette nuit, serait dévouée à cet homme.  

Avant qu’il ne reprenne sa place. Son rôle ici-bas. Ses principes.  

Un agent du Prestige.  

 

Mr Szasz était plus qu’un hongrois exilé. Il était protégé, par Sa Majesté, pour service rendu à la couronne et au peuple britannique. Concrètement, lorsque la Hongrie s’était enflammée au rythme de sa révolution, Szasz était employé dans les services d’immigration, lesquels étaient infestés d’agent du KGB. Dans la confusion, il avait pu mettre la main sur des informations importantes. Il avait fui, et transmis ces informations au Prestige. Parmi elles, les plans d’un attentat contre la reine elle-même. Un attentat qui fût étouffé dans l’œuf, grâce à la bravoure de Mr Szasz. Il était, depuis lors, protégé par le pays.  

Mais le Prestige semblait prêt à faire des concessions pour entretenir la bonne conduite de son festin bourgeois. Pour préserver les bonnes manières, il n’hésiteraient pas à sacrifier un héros, un véritable fils de Sa Majesté.  

Pour une question de principes.  

Surréaliste.  

 

Une autre nuit au paradis de Sheppey.  

Cette fois, la part d’ironie était d’autant que celle de vérité. Pour Alawn, il y avait un peu de paradis, ici. Zoey, c’était ce petit bout de terre divine. Elle dormait paisiblement, allongée à côté de l’agent du Prestige. Ses seins parfaits se gonflaient au rythme de sa lente respiration. Elle était résoluement ce qu’il y avait de plus parfait sur cette terre d’exil.  

Alawn la dévora du regard une dernière fois, puis se leva. Il laissa la délicieuse jeune femme derrière lui, pour en rejoindre une autre, non moins délicieuse, quoi que plus mature. Et par conséquent, exempte d’innocence et d’insouciance. Milady attendait son agent au bout de la jetée embrumée. L’air était frais, propice aux raisonnements d’urgence.  

La silhouette s’avança sur le bois. Le vent marin couvrait ses pas, et la chef de section étouffa une surprise quand elle se retourna. Il se tenait juste en face d’elle, toujours aussi grand et présent. Son ancien mai, son mentor. Lord Henry Lismore.  

 

Quand Alawn traversa la jetée, il s’attendait à trouver Milady, dos à lui, déclamant quelque tirade finement choisie, en guise de bonjour. Mais il ne voyait rien ni personne. Il regarda sa montre. Bons sang ! En ce moment-même, Gibraltar voyait s’agiter tout un commando d’agents. Et Milady qui se payait le luxe d’être en retard. En y réfléchissant, Alawn comprit tout l’absurdité de la chose. Il ne pouvait y avoir d’erreur ou de concours de circonstances. Il s’était forcément passé quelque chose de très grave. Arrivé au bout de la jetée, il ne trouva que des éclaboussures sur le bois, et une eau agitée.  

 

L’air dont elle avait rempli ses poumons quand elle juste avant de sombrer commençait à disparaître. Bientôt, elle en manquerait. À ce moment, elle pourrait encore tenir quelques dizaines de secondes tout au plus, avant le grand saut dans le noir.  

Les relations entre elle et son mentor étaient devenues orageuses peu après qu’il lui ait confessé avoir réellement fait tout ce qu’on l’accusait d’avoir fait. Sa collaboration nazie.  

La détermination dans le regard de Lors Lismore, tantôt sur la jetée, n’avait laissé planer aucun doute. Rien n’avait changé. Il n’était pas là pour arrondir les angles.  

Il était toujours prêt à se salir les mains.  

Quand le Prestige le demandait. Un vrai patriote.  

Bourré de principes…  

Scénario : (2 commentaires)
une série A thriller de Lawrence Hendrickx

Karl Klimek

Anya Fox

Jeff Collins

Tracy Barron
Avec la participation exceptionnelle de Peer Strätz, Bradley Lester
Musique par Kerrilyn Harris
Sorti le 10 août 2030 (Semaine 1336)
Entrées : 25 083 539
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