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Guards Brothers présente
Un Monde de Sang - Episode 3 : Les Damnés d'un Monde

« Je vais faire souffrir ces gens autant qu’ils m’ont fait souffrir. »  

- Grifon Blood  

 

Grifon Blood était assis sur le trône de son père. Il était pensif, et désespéré. Il revoyait Alwin, son frère aîné, lorsqu’ils étaient plus jeunes. Ils avaient appris ensemble à manier le fer. Il se souvenait de moments plus anciens encore : la fois où ils avaient éventré le tableau d’Ilin Blood, un lointain ancêtre vieux de deux siècles, et qu’ils avaient dû subir ensemble la colère de leur père. Pourtant, tous d’eux, il y a encore quelques mois, ne se ressemblaient en rien : Alwin s’était révélé un guerrier viril et courageux, tandis que Grifon s’était perdu dans l’étude et dans la bibliothèque. Il s’était toujours dit qu’ils formaient une paire parfaite : quand Alwin deviendrait Seigneur de Bois-des-Loups, à la mort de leur père, il pourrait le conseiller parfaitement, tandis que lui et son instinct de la guerre pourrait faire un parfait homme d’action.  

Mais tout ceci n’était plus que du passé. Si Arthur Blood, leur père, était mort, il en était de même pour Alwin.  

Morts tous les deux sur le champ d’honneur, happés par des épées Rodoc. Il les avait prévenus pourtant. Il se souvenait de ce banquet, ici même, lorsque le feu Roi Grégoire faisait campagne vers le sud et s’était arrêté ici même pour festoyer avant la bataille. Il leur avait dit qu’ils courraient à la mort, que Rodoc ne se laisserait pas faire. Mais ils n’avaient pas écouté. Et ils étaient morts. Par la faute de Grégoire Peyre et de son désir de guerre. Puis son fils avait continué la guerre, et était mort à son tour. C’était un gamin manipulé qui dirigeait ce Royaume : un fils et un frère de fou, et Grifon était persuadé que la lignée Peyre n’avait plus lieu d’être. Il fallait quelqu’un qui ne pensait pas seulement par son épée et par son phallus pour diriger ce peuple.  

Le jeune se leva de son trône et s’approcha du Chef de sa Garde, Clotaire Louvre, et lui fit signe de tendre son oreille. « Vous dites que l’armée de Victorin est aux Îles Rousses ? » Clotaire confirma d’un rapide hochement de tête. « Très bien. Formez les rangs au plus vite. Nous attaquons. » Il resta figé un instant, probablement incrédule par rapport à ce qu’il venait d’entendre, mais s’éclipsa et s’exécuta. Grifon continua à remonter la salle du trône et vit sa sœur, Éléonore. Sa fratrie était loin d’être éteinte, et il lui restait encore, en plus d’elle, Constance et Landéric pour l’épauler dans la bataille qu’il allait mener contre ceux qui avaient causé la mort de son père et de son frère.  

Éléonore marcha lentement vers lui. Son visage serein et doux était toujours marqué par le deuil d’Alwin. Elle arriva à la hauteur de Grifon et demanda : « Tu comptes attaquer Noirfort, je me trompe ? » Il resta muet et continua son chemin. Il poussa une porte et il se retrouva à avancer dans le long couloir qui menait à l’entrée de la Forteresse, sa sœur toujours sur ses talons. « Ce n’est pas en faisant la guerre que les morts reviendront à la vie, tu sais. » Grifon s’arrêta. Il se retourna vers Éléonore.  

« C’est par leur faute qu’Alwin et Père sont morts. Tout ce qu’on peut pour sauver leur mémoire, c’est les venger. Je vais réduire en poussière Noirfort, et tout ce qui reste de la lignée Peyre. Je vais faire souffrir ces gens autant qu’ils m’ont fait souffrir, et je deviendrai Roi. Et nous régnerons sur Cerve pour l’éternité. »  

 

 

« Eugénie ? » Frère Benoît s’approcha d’Eugénie Peyre. Elle se tenait dans sa chambre, elle n’en sortait presque plus depuis la mort de Thibaut. Elle regarda le vieil homme s’asseoir à côté d’elle. Il posa sa main sur son épaule. « Vous devriez venir voir votre frère. On vient d’apprendre une rébellion de la Maison Blood. » Ses yeux se tournèrent lentement vers Benoît. Sa mine était grave – elle l’était pourtant rarement. Il avait toujours été là pour l’épauler, mais cette fois-ci, il semblait inquiet, réellement perturbé par la tournure des événements.  

« La Maison Blood ? » s’enquit-elle. Elle avait déjà rencontré les fils Blood : Alwin, beau garçon, et décédé pendant la guerre, et ses frères Grifon et Landéric. Elle se rappelait avoir entretenu fut un temps avec Éléonore Blood, la plus âgée des filles du Faiseur de Veuve, qui avait presque son âge. Elle savait que le Seigneur de Bois-des-Loups était mort au combat, tout comme son fils aîné, et que Grifon Blood était désormais le nouveau dirigeant des lieux, mais de ce qu’elle savait de lui, elle ne l’imaginait pas en rebelle.  

« Leurs armées marchent sur Noirfort en ce moment même. Et les nôtres sont en mer. Nous ne pouvons rien à faire, mise à part fuir cet endroit. Mais pour aller où ? Si le château est prix, personne ne verra d’objection à ce que le jeune Blood les dirige tous. Et nous serons mis à la porte de tous les châteaux de Cerve. Et ne pensez même pas aller à Rodoc. » Il se tut et regarda le feu danser dans la cheminée. « Sir Rousse a réussi à échapper aux armées de votre frère. »  

« Je l’aime bien. » répondit-elle. La tête de Benoît se tourna lentement vers elle, les traits incrédules. « J’avais accompagné Père lors d’une visite à Castelmagne il y a des années. C’était un homme brut mais très intelligent. Sa femme m’avait enseigné la dentelle. »  

Frère Benoît resta silencieux encore quelques instants. Il sortit de sa poche une pierre aux teintes rouges. « Ceci est une Incipiste. Une pierre très rare, et la seule capable – avec des compétences en magie – de changer l’apparence d’une personne. » Eugénie comprit enfin ce qu’il lui voulait. Ses yeux se tournèrent vers le vieillard.  

« Mais, et vous… »  

« Je ne suis rien. Tu es fille et sœur de Rois. Et Blood marche pour te trancher la gorge. » Il déposa l’Incipiste sur les genoux d’Eugénie. « Prends-la dans tes mains. » Elle hésita un instant. Changer mon visage ? Elle déglutit. Elle avait peur, elle était terrifiée. Puis elle prit la pierre dans ses mains. Elle respira un grand coup, ferma les yeux, et entendit la voix de Frère Benoît prononcer des incantations à côté de lui.  

Lorsque ses paupières s’ouvrirent à nouveau, elle n’était plus la même personne.  

 

 

Le Dar-noh se profilait à l’horizon. Auguste était assis dans sa cabine, il regardait fixement le poignard avec lequel il avait tué son neveu. Il réfléchissait. Regrettait-il son acte ? Ses yeux se portèrent sur la flamme de la bougie qui flottait devant lui. Il entendait les hommes s’agiter sur le pont : ils n’avaient pas vu la terre depuis deux semaines, et celle-ci leur était inconnue.  

Ses pensées s’attardèrent sur Marius, son jeune frère. Le troisième, avec lui et Grégoire. Il était parti aux Îles Rousses il y a des années de cela et avait embarqué dans la Mer de l’Ouest. Personne n’avait plus jamais eu de nouvelles de lui. Certains disaient que son navire avait coulé, ce qui était fort probable puisqu’il n’était pas très bon marin, d’autres qu’il avait rejoint Rodoc. Et les plus fantaisistes parlaient du Dar-noh. Depuis lors, la pensée de l’Autre Continent rappelait sans cesse à Auguste son frère disparu. Il espérait le revoir, lui parler, comme jamais il n’avait pu le faire avec le feu Grégoire. Lui qui était désormais régicide et fratricide, il n’espérait plus que se confesser, se confier à quelqu’un. Mais personne ne lui parlait – on le laissait seul, dans sa cabine ou sur le pont, à regarder les étoiles ou lire les mêmes livres trempés.  

Il repensa à son acte. La lame tuant Thibaut, son neveu. Il l’avait toujours apprécié, d’un tempérament moins belliqueux que celui de son père. Mais ses yeux s’étaient ouverts, et tuer Thibaut était la seule manière de stopper ces folies. D’arrêter lui-même ce qu’il avait engendré.  

Je regrette et j’envie ce garçon.  

Les vagues frappèrent plus fort. Il sentit le bateau tanguer et la bougie faillit tomber sur le sol. Le navire dansait presque sur les vagues, comme s’il fêtait cette fuite de pleutres. On toqua à sa porte. Il lâcha un « Entrez » et Nestor Rousse, son hôte, s’avança.  

« Nous arriverons au Dar-noh avant la nuit. » fit-il sobrement.  

Mais Auguste demeura muet. Il ne savait que dire à cet homme. Un homme d’honneur, un homme sensible et loyal, qui avait accepté de l’accueillir pour requérir un procès, et qui désormais était un traître, tout comme lui. Il était à la fois admiratif de Nestor Rousse, mais le considérait aussi comme un idiot. Ou est-ce moi l’idiot ? « Sir Rousse, je ne vous ait pas encore remercié. » dit-il simplement. Il avait ça sur le cœur depuis des semaines.  

L’homme en face de lui resta de marbre. Il le considérait d’un regard qui ne laissait transparaître aucune émotion. Ni colère, ni crainte, ni compassion, ni sympathie. « J’espère que s’il en avait été de même pour moi, vous auriez fait de même, Auguste. » Le Seigneur déchu des Îles Rousses se retourna et sortit de la cabine, ne laissant que le silence derrière lui.  

Le bateau tanga à nouveau. Et les pensées d’Auguste lui revinrent à l’esprit.  

Il baissa les yeux vers le sol.  

Et, tout comme le pleutre qu’il était, il se mit à pleurer.  

 

 

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CASTING :  

 

MARCUS LEE BAMPTON : Auguste Peyre  

TORI HUNTER : Eugénie Peyre  

JASON WILLIAM’S : Grifon Blood  

GEMMA ROSEN : Eleonore Blood  

COLIN RICHARDSON : Frère Benoît  

DAVID CROQUETTE : Nestor Rousse  

Scénario : (1 commentaire)
une série A fantastique (Sérial) de Tim Bones

Marcus Lee Bampton

Tori Hunter

Jason William's

Gemma Rosen
Avec la participation exceptionnelle de Colin Richardson, David CROQUETTE
Musique par Jennifer Emerson
Sorti le 17 février 2029 (Semaine 1259)
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