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MiklProd présente
Le bonheur perdu

Nous fêtons un triste anniversaire. Voilà un an que nous sommes séparés par les murs de cette prison. Un an que je vis loin de toi, un an que je deviens un autre homme, fou, sans raison, qui n’est plus qu’un être qui erre dans les longs couloirs de la désillusion. La vie y est totalement différente de ce qu’on raconte à l’extérieur. Tous les jours, on se lève sans savoir si le soir, on se couchera sur ce vieux matelas. Jamais, je n’ai eu autant de crainte.  

 

Cette lettre que tu vas recevoir te surprendra peut-être. Au bout d’un an, je me permets de t’écrire pour tout te dire, tout te raconter de cette année. Aussi peut-être es-tu dans les bras d’un autre, qui est auprès de toi, qui te couvre de monts et merveilles, qui te donne de l’amour, de la tendresse, du bonheur, chose que je ne peux pas te donner enfermer ici. Mais je t’ai toujours aimé, même enfermé ici, à scruter chaque seconde qui passe. Il n’y a toujours eu que toi dans chacune de mes pensées, chacune de mes phrases, chacune de mes secondes. Je m’en veux terriblement, presqu’à en mourir d’être ici loin de toi. Chacun de nos souvenirs me permet de vivre.  

 

Tu dois te souvenir de notre rencontre, dans ce petit café de Paris. Ce jour-là, rien n’allait pour moi. Je venais de me faire quitter par ma femme, qui m’annonçait qu’elle partait avec mon meilleur ami. Je me retrouvais seul et blessé, le cœur coupé en mille millions de morceaux. Personne ne pouvait le réparer, aucune femme ne pouvait y arriver. Tu es apparu comme un ange descendant du ciel. Je te regardais passer, oubliant presque mon verre de Whisky. Tu t’asseyais à la table en face, me regardant, le sourire naturel sur tes lèvres. Je me sentais reprendre des forces, de l’envie, de l’amour. Quelqu’un arrivait encore à faire battre mon cœur si détruit pourtant par le passé. J’osais te regarder, te toucher de mon œil, tant émerveillé par cette beauté si enchantée. Mon Whisky restait toujours au même niveau. J’en étais dégouté, affamé par d’autres choses ayant plus d’intérêts. Je m’avançais, le pas léger, sans vraiment y croire, vers toi. Je m’asseyais face à toi et commençait à parler. Tu m’écoutais, tu me parlais aussi et on apprit à faire connaissance. Quel bonheur se fut de parler avec toi. J’arrivais peu à peu oublier mon chagrin et même à oublier tout court. Je te laissais mon numéro, tu en fis de même. Tombais-je amoureux de cette beauté ? Je ne pouvais pas le dire à ce moment précis car tant de choses se bousculaient dans ma tête.  

 

Peu de temps après notre rencontre, je décidais de te revoir. Ma tête était enfin redevenue ce qu’elle a toujours été et j’avais envie d’aller de l’avant avec quelqu’un qui pouvait m’y emmener. J’essayais de t’appeler mais tu ne répondais pas. Peut-être étais-tu une de celle qui « allume » les hommes pour un soir. Je persévérais, allant jusqu’à te laisser une vingtaine de messages et une quarantaine d’appels en absence. Mais je voulais toi, te voir, te parler, et voire aller plus loin. J’attendais ton appel avec impatience, préférant lire tous les livres de ma bibliothèque jusqu’à ton appel venu. Mais rien, pas un appel, une nuit à me demander si vraiment ça vaut le coup d’attendre. J’avais le cœur de nouveau effondré. Je me disais que tout ça était voulu. Que depuis que cette femme m’a quitté, rien n’allait être comme avant. Puis, sur les alentours de dix heures, un appel. Je regarde le téléphone avec haine et sans envie. Je ne savais pas quoi faire : répondre ou laisser. Je décidais tout de même de regarder qui était l’appelant. C’était toi. Je répondais tout de même. Tu me présentais tellement d’excuses en une minute que je te pardonnais et parlais avec toi comme deux personnes normaux. Je te donnais mon envie de te voir et tu acceptais, avec cette même envie. Je sautais de joie et me préparais rapidement afin de te rejoindre dans ce café qui a vu mes déboires et ta rencontre. Tu étais là, face à moi, toujours aussi resplendissante. On s’asseyait pour discuter, encore, encore et encore. On se racontait notre vie, nos envies, nos amours, nos chagrins. Quatre heures de bonheur à voir tes yeux bleus comme l’océan et ta chevelure blonde comme le blé. Je te raccompagnais en essayant de me faire inviter chez toi. Tu me proposais de ton petit sourire si charmeur. Et on passait la soirée ainsi que la nuit ensemble.  

 

C’était le début de notre longue relation. Aujourd’hui, ça fait cinq ans, cinq ans d’amour. La vie n’a pas toujours été simple pour nous. On a vécu beaucoup d’épreuves ensemble. Tout commençait un mois après notre relation, et cette fichue maladie, la chlamydiose. Cette maladie m’a fait beaucoup de torts. Je savais que ma vie avec toi ne serait plus la même. On serait toujours deux et jamais trois. J’admettais pour te soutenir car je t’aimais, je ne voulais pas que tu t’abattes, ce n’était pas le moment. On se devait de vivre, même avec ça. Cela nous a en aucun cas empêché de vivre. Puis, les problèmes de mon ex qui ne cherchait qu’à me réduire plus bas que poussière. Elle m’a dépouillé, me laissant sans rien, si ce n’est que toi. Cette épreuve a été plus douloureuse pour moi que d’apprendre ta stérilité. Je n’arrivais pas à relever la tête.  

 

Aujourd’hui, cinq ans après, quand j’y pense, je me dis qu’on en a vécu de choses ensemble, de nos grands moments d’amour à nos grands moments de froid. Mais au bout du compte, on s’en est toujours sorti.  

Aujourd’hui, je suis loin de toi, dans cette prison à vivre avec des fous. Ils ont soit tuer, soit violer, soit frapper ou alors voler. Rien n’est pareil à la vraie vie. Ici, tout n’est qu’illusion, fantaisie funèbre. Toi, tu dois sûrement m’avoir oublié, moi ton mari.  

 

Le mariage. Quel apogée de mon bonheur. J’étais toujours contre car je ne voulais pas m’engager dans quelque chose d’aussi sérieux. Notre vie de jeunes amoureux, même après trois ans, me plaisait. Puis un jour, j’ai voulu sauter ce pas avec toi, mon amour, pour faire de notre amour un acte éternel. On se mariait le treize septembre, en comité restreint. Ce mariage, ses préparatifs et tout ce qui va avec ont été les choses les plus stressantes à faire pour moi comme pour toi. Tu courais partout, t’énervais pour un rien et stressais quand un détail manquait ou arrivait en retard. Mais à la fin, ce fut un mariage magnifique et si beau, si joyeux, si féérique. Tu devenais officiellement Madame de mon cœur, de mon nom, de ma personne et moi, je devenais Monsieur de toi et uniquement de toi. A partir de ce moment, tout dans ma vie changeait trop vite et je comprenais bien vite aussi que tout n’allait pas se passer comme prévu.  

 

On passait quelques mois merveilleux avec notre voyage de noces à Venise et Vérone. Ce fut un voyage magnifique dans ces villes d’amoureux de la plaine italienne. Sentir un peu de Shakespeare en soi ainsi qu’un peu de vénitien, cela me rendit encore plus amoureux de toi, encore plus heureux de m’être marié avec toi.  

 

Puis la descente aux enfers commençait. Dans la vie, tout peut être rose et puis devenir si noir. Je vivais un bonheur sans précédent, un bonheur où j’aurais voulu que nul ne m’y enlève. Rien ne pouvait me détruire et pourtant, je me pris un poignard dans le cœur, un poignard planté par celle que j’aimais, celle que j’avais épousé, celle pour qui je me suis sacrifié, toi. Jamais, je n’aurais pu penser ça, jamais je n’aurais cru quelqu’un s’il m’avait dit que tu me ferais souffrir, presque me tuant. Pourtant tu l’as fait. Ce soir-là, où je suis rentré plutôt que prévu. Il n’y avait pas de bruit, juste ton manteau et celui de mon meilleur ami. Rien ne me passait par la tête jusqu’au moment où je t’ai vu sur lui, enlacée, ton corps nu, te laissant emportée par ton plaisir. Tu te retournais, gênée, affolée te couvrant d’un drap. La colère me montait au point de vouloir sauter sur lui et aussi sur toi, te gifler pour te réveiller et te faire comprendre ce que tu venais de faire. Il tenta de me rattraper dans ma furie pour m’expliquer des choses sans sens, des excuses si peu signifiantes. J’allais dans la cuisine, tu nous rejoignis et on s’expliqua, avec vacarme, fracas, hurlements, avec tant de haine et tant de honte.  

 

Aujourd’hui ça fait un an que je suis ici à penser à toi, à ce que tu fais, à savoir si tu m’aimes toujours ou si tu es dans les bras de cet autre. Peut-être recevras-tu cette lettre écrite de la main d’un prisonnier, de ton amant, de ton mari. Peut-être tu me répondras à ce pardon que je n’ose dire, à cet affront que tu m’as fait subir, à ce dégoût de l’amour et à cette joie de la haine et du désordre. Aujourd’hui, un an après, je me dis que la vie continue et qu’il est possible de tout recommencer, tout refaire comme si mais je n’oserai plus te toucher, te caresser, te voir dans ton plus simple appareil, ses lignes si parfaites, ce dessin sans défaut. Mon amour, il est tant pour moi de te laisser. En espérant que tu reçoives cette lettre. Je suis sot, tu ne pourras pas la recevoir, tu es loin de ce monde, vers les cieux, emporté par ton erreur, dans les bras de ton amant. A jamais.  

 

Bradley Alanson joue le narrateur  

Jenny Gunning joue la femme

Scénario : (2 commentaires)
une série Z dramatique de Lisa Joseph

Bradley Alanson

Jenny Gunning
Sorti le 25 juin 2027 (Semaine 1173)
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