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Oz Films présente
Drusilla

Le clair de lune baignait le jardin des orangers d’une teinte bleutée. L’empereur défiait l’astre du regard, tout en marchant entre les arbres. Il murmurait des menaces. Il s’était fait de la lune un ennemi. Le regard perçant, froid, fusillait chaque cratère. Au bout de la route, dominant Rome, il laissa exploser sa rage. C’était elle qui était à blâmer. Cet astre qui était venu lui prendre ce qu’il chérissait le plus au monde. Ce soir, cette nuit. La lune surplombait le ciel d’encre. Elle était la gardienne des dieux. Et responsable, aux yeux de l’empereur, de tous ses malheurs. Responsable de sa perte. Elle dont il avait fait une amie fidèle et intime, bien des années plus tôt, sur l’île de Capri. Là où le tout jeune Germanicus se délectait des âmes en détresse dont les corps venaient se fracasser sur les bas-fonds, au pied des falaises.  

Sa compagne d’alors, cette lune étincelante, l’avait trahi.  

Lui, l’empereur de Rome. Caligula.  

Il avait perdu sa sœur.  

Si douce et ravissante.  

 

* * * D R U S I L L A * * *  

 

 

Une main menue soutenait le menton du grand empereur du monde. Le regard de ce dernier, bleu azur, intimidait la malheureuse jeune fille. Sa respiration était saccadée. Sa main tremblait. Caligula le remarquait, et un sourire sadique s’affichait sur son visage. Elle était terrorisée à l’idée de ce que son propre frère lui préparait. Favorite de l’empereur, elle avait pourtant déjà subi les plus abjects supplices qu’une sœur eut à endurer. Des choses qui dépassent l’entendement, au-delà de tout mot. Caligula lui saisit fermement le poignet. L’étreinte était si forte que la main ne tremblait plus. Alors il se mit à parler, à lui décrire la jouissance qu’elle aurait dû ressentir à l’idée de tenir dans la paume de sa main le menton de l’homme le plus puissant du monde. Tel était son pouvoir, à elle, Drusilla, sœur de l’empereur. Elle le tenait dans sa main, elle le dominait de sorte qu’elle devenait de fait, elle-même, femme la plus puissante sur terre.  

L’espace d’un bref instant.  

 

Alors qu’elle tremblait de peur, elle avait revêtu ce rôle. À cet instant, si elle n’avait pas tremblé, si elle n’avait pas été paralysée par la peur de son frère, elle aurait réellement pu en jouir. Se délecter du pouvoir qui lui était investi. Peut-être même, avec le courage des dieux, aurait-elle pu renforcer son étreinte sous le menton de l’empereur. Refermer ses doigts sur sa gorge blanche et fragile. Caligula n’avait rien d’un titan. Il n’était même pas un homme. Mais ce monstre, si chétif fut-il, se contentait d’un regard pour vaincre chacun de ses adversaires. Sa force résidait dans son immense cruauté. Si sa main ne l’étranglait pas jusqu’à la mort, elle savait que jamais plus elle ne pourrait montrer son visage au monde, tant l’empereur le lui ravagerait.  

 

Les yeux bleus, vils, de Caligula suffisaient à l’effrayer. Ce simple regard avait suffi à lui épargner toute attaque, toute tentative de meurtre. Et il en était conscient. Il savait à quel point Drusilla était terrorisée et que jamais elle ne pourrait ne serait-ce que songer à la tuer. C’était ce jeu vicieux qui amusait l’empereur, aujourd’hui. Puis, il en désirerait plus de sa tendre Drusilla. Et bien sûr, rien ne se refusait à Caligula. Mais pour l’heure, il en avait assez. Il relâcha la main de sa sœur et se dressa face à elle. La silhouette menaçante posa un doux baiser sur le front de la jeune fille, puis s’en alla à la hâte, dans un dernier rictus de sadisme.  

Il en avait assez. Pour le moment. Mais il reviendrait.  

Plus vil et avide que jamais.  

 

À son retour, pourtant, l’empereur ne trouva pas ce qu’il était venu chercher. Il ne trouva pas le corps chaud et laiteux de sa Drusilla. Il ne trouve que la peine. La tristesse, et la mort.  

Ses yeux se remplirent de larmes et la fureur lui monta à la tête. Il leva la tête et posa son regard sur cette lune étincelante. Sa vieille amie de Capri. Son nouvel ennemi. Le déversoir de sa rage. Le cri de Caligula rompit le calme nocturne. Un hurlement sans fin, glacial. Après plusieurs minutes d’agonie, l’empereur s’était effondré dans la terre des orangers. Dans un dernier râle, il se redressa. Les poings enfoncés dans le sol, il releva son regard une dernière fois sur le grand astre lunaire. Ses yeux se teintèrent de sang.  

Il regardait maintenant son empire.  

Sa ville.  

Rome.  

 

L’empereur avait sombré corps et âme dans une folie son nom. Il vivait dans un autre univers, où rien ni personne ne pouvait le contrarier, pas même le destin ni la fatalité. Pas même la mort. Drusilla était vivante. Dans son esprit torturé. Elle vivait, et la malheureuse allait continuer à subir les actes déments de son frère.  

Même dans la mort, elle ne serait pas en paix.  

Même dans la mort, Caligula la posséderait.  

 

 

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Oz Films présente  

Drusilla  

 

Un film de John Patel  

Mis en musique par Shannon Harris  

 

Avec  

James Hendrickx-Alabama (Caligula)  

et Lisa Andrews (Drusilla)  

 

 

Scénario : (3 commentaires)
une série Z historique (Psychologique) de John Patel

James Hendrickx-Alabama

Lisa Andrews
Musique par Shannon Harris
Sorti le 28 mars 2037 (Semaine 1682)
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