Cinejeu.net : devenez producteur de cinéma ! (jeu en ligne gratuit de simulation économique)

Guards Brothers présente
Une Journée Ordinaire - La Fin des Temps

Premier volet de la Franchise Commune Une Journée Ordinaire créée par Gérard Cousin.  

 

« Miserere Deus. Ignosce mihi. »  

 

12 mai.  

Le réveil sonna. Tim se leva d’un bond. L’horloge indiquait 6 :00 d’un rouge lumineux. La lumière de la lune traverse la fenêtre. Elle va bientôt laisser sa place à un soleil de mai. Il fera beau aujourd’hui, sans doute. C’était un jour férié à vrai dire – et toute la ville espérait un temps clément et propice aux festivités. Tim regarda le paquet sur sa droite. C’était une boîte à chaussure. A l’intérieur, ses économies. Il savait qu’aujourd’hui serait le dernier. Celui de la fin des temps. Pas une fin des temps apocalyptique, une fin du monde générale où tous mourraient dans d’atroces souffrances – ce serait sa fin des temps à lui. On lui avait volé l’autre paquet. Et aujourd’hui était la date où il aurait dut payer Dav.  

Dav, son patron. Le Grand Dav. Ce vieil homme dont le nom était à la bouche de chaque policier depuis que son trafic avait pris de l’ampleur. Et bientôt, Tim serait sa cible. Deux kilos. Pourquoi les as-tu perdus ?  

Il posa les pieds sur le sol, et s’habilla en vitesse – jean dépareillé, t-shirt pris au hasard – il devait paraître comme n’importe quel autre jeune, se fondre dans la masse. Il prit la boîte à chaussure et vida son contenu dans son sac à dos. Il regarda son tiroir. Lui seul savait ce qu’il y avait à l’intérieur. Il approcha sa main et tira la poignée du tiroir.  

Le flingue était bien là.  

Il hésita, mais il ne savait pas plus que personne ce qu’il pourrait lui arriver aujourd’hui. Il le déposa dans son sac, bien au fond. Le soleil commença à se lever. Il sortit de sa chambre sans un bruit et descendit les marches en prenant garde de ne pas réveiller ses parents. Tim n’avait que dix-sept ans, et ce 12 mai pourrait bien être le dernier jour de sa vie. Il aurait aimé serrer sa mère dans ses bras, dire à son père que malgré leurs problèmes, il l’aimait. Mais il avait merdé. Il avait tout foiré et le paquet, il ne l’avait plus. Dav allait le retrouver et le tuer s’il ne bougeait pas. Et les dernières paroles qu’il n’aura jamais dites à son père et à sa mère auront été « Bonne nuit. » Peut-être cette nuit était celle de son deuil, celle de l’obscurité de sa mort – il le saurait au terme de la journée. Il fallait filer entre les doigts de Dav en profitant de la fête qui allait battre son plein en ville et surtout, le lendemain, quitter ces lieux de malheur.  

 

Il poussa la porte d’entrée de sa maison. Et il regarda le ciel. La noirceur d’un côté, celle de la nuit qui arrivait à son terme. De l’autre, la lumière du soleil qui prenait place. Le même cycle se répétait à l’infini, celui de la vie et de la mort. Les rues du quartier résidentiel où vivait Tim étaient totalement vides. Il se dirigea vers le centre. Il fallait se fondre dans la foule, se faire oublier pour aujourd’hui, puis disparaître. C’était son plan – peut-être idiot mais il comptait le suivre à la lettre.  

Il regarda son poignée. Sa montre annonçait 6 :50. Il devait retrouver Dav à sept heures trente. Il était dans les temps. Une fois que ce dernier aurait remarqué son absence, il allait se lancer à sa poursuite. Et rien ne l’arrêterait. Pas même les flics. Il remonta plusieurs rues avant d’arriver auprès d’une église. Deux ou trois passants traversaient la place. Mais celle-ci était pour l’instant totalement morte : la fête allait se dérouler plus dans le Centre, et probablement des ouvriers installaient déjà les manèges. Ici, il n’y avait et n’aurait rien. Il regarda l’édifice religieux.  

Aie-pitié. Dieu, aie-pitié de moi.  

Il n’était presque jamais venu sur cette place, et découvrait presque les commerces qui se trouvaient là. Il s’arrêta un instant et s’assit sur les marches qui montaient aux portes de la nef. Il mit son visage dans ses mains. Qu’est-ce que j’ai fait ? Il voulut pleurer mais ne réussit pas. Comme si Dieu se refusait à avoir pitié de lui. Après quelques minutes, il se força à se relever. Il aurait aimé rester ici toute la journée finalement, s’abandonnant à jamais, à attendre la mort sur ces marches. A attendra la Faucheuse. A attendre Dav. Mais son cœur lui disait de continuer. Il avança à nouveau vers le cœur de Gérardmerveille. Il était presque 7:30 et les passants se faisaient plus nombreux.  

Après une bonne demi-heure de marche, il arriva dans les grosses avenues du centre de la ville. Sur les places on avait installé des manèges, des barrières avaient été posées devant les trottoirs de plusieurs rues pour le défilé qui aurait lieu dans l’après-midi, le Parc Central était même pour le moment complètement bouclé puisque des ouvriers s’acheminaient encore à amener les pièces détachées des attractions dont pourront profiter les habitants de la ville pour les festivités qui auraient lieu plus tard dans la journée. Le Maire Davis sera sans doute là. Tim longea les trottoirs de l’avenue. Il croisa des types qui étaient dans sa classe, mais aucun ne lui adressa un regard. Il essayait de se faire discret. Personne ne devait le reconnaître, et il faisait tout pour. Pourtant, en prenant toutes ses mesures, avec sa capuche qu’il avait mise sur sa tête dans le but de cacher son visage, il savait qu’il ne devait sans doute pas passer inaperçu. Certains le dévisageaient. « Encore un jeune drogué. » C’est de ça qu’il avait l’air ? De l’un de ses clients ? Dieu, pardonne-moi.  

Tim n’avait jamais cru en Dieu. Ni en quelque forme de religion. Mais là, il le désirait. Il enviait ceux qui pouvaient croire en lui et trouver un quelque soupçon d’espoir dans des passes comme celle-ci. Ou serais-ce le Diable que je devrais prier ? Il trébucha sur un clochard sans s’en rendre compte. L’homme jura contre la jeunesse et se rendormit, une bouteille d’alcool vide roula à côté de lui.  

Il arriva à hauteur du Parc Central. Un type s’excitait autour de celui-ci. « Des Aliens, des Aliens ! » criait-il. Des policiers arrivèrent à sa hauteur et le firent taire, s’entraînant alors dans un échange enflammé avec l’homme étrange. Tim hésita à aller les voir et à tout raconter. La drogue. Le paquet. Dav. Il irait en prison lui aussi. Combien il pourrait prendre ? Six mois, un an, deux ans, tout au plus ? Il ne savait rien des condamnations, et il s’en fichait. Tout mais pas la taule. Si cette ville est une jungle sauvage, la prison est un enfer. Il s’arrêta devant les barrières qui délimitaient le Parc. Ils voyaient les ouvriers se presser à l’intérieur, comme des fourmis.  

L’horloge de la cathédrale sonna un coup. 8:30. Le temps passait vite. Il voyait les secondes défiler et se rapprocher sans obstacle de la Fin des Temps. Il entendit un bruit sourd, comme un coup de feu. Il fit volteface. Il crut voir Dav mais c’était la pièce d’un char du défilé qui venait de tomber sur le sol, sur la jambe d’un homme qui criait désormais à n’en plus finir. Cet événement avait détourné son attention de la voiture qui venait d’arriver d’une rue adjacente qui n’était pas barrée. Elle passait devant le Parc, un peu plus loin. Quand il la vue, Tim la reconnu aussitôt. C’était la voiture noire et clinquante de Dav. Tim ne fit ni une ni deux et passa au-dessus de la barrière du Parc. L’accès n’était pas autorisé mais il n’y avait que là qu’il pensait pouvoir échapper à la vigilance de l’homme qui le pourchassait.  

Il accéléra le pas et parti en direction d’un bosquet d’arbres. Il enjamba une ou deux branches et s’accroupit. Il avait essayé de ne pas se presser pour passer le plus inaperçu possible, mais il n’était pas certain que Dav ne l’avait pas vu. La voiture passa à quelques dizaines de mètres de lui, et disparut entre les rangées d’immeubles, continuant à tourner. Tim attendit quelques minutes puis, voyant que Dav ne semblait pas pointer le bout de son nez une nouvelle fois, sortit de sa cachette. Il enjamba à nouveau les branches, puis la barrière. Plus loin, une ambulance venait d’arriver pour le pauvre homme qui s’était pris un morceau d’un char sur la jambe.  

Une main se posa sur son épaule.  

Son sang se glaça.  

Il se retourna aussitôt, prêt à fuir à toutes jambes mais ne vit qu’Evan, son meilleur ami depuis plusieurs années. « Eh ! » lança le garçon. Il donna l’accolade à Tim. « Je t’ai fait peur, désolé ! » Evan lâcha un rire moqueur et pris avec deux doigts la joue de Tim pour la tirer dans tous les sens comme on fait à un bambin. « Je te taquine… Bon, t’essaye de t’récupérer une fifille cette fois ci mon Tim ? J’ai pas envie de te voir finir pu… » Tim détourna la tête. Il n’en pouvait plus. Il aurait voulu fuir, mais il ne fit que regarder à l’opposé d’où se trouvait son ami. Evan avait arrêté de parler en voyant Tim lui tourner le dos ainsi.  

 

Il était 10:00. Tim était assis avec Evan sur une table à l’intérieur du Café du Sud, à deux pas du Parc Central. Ils connaissaient très bien la serveuse, Christine, par la mère d’Evan, et c’est là que son ami l’y avait amené après lui avoir confié les grandes lignes de ce qui lui arrivait. « Bois une bière et ça ira mieux. » lui avait-il dit. Toujours de bon conseil. « Et donc, tu ne veux pas aller voir les flics ? »  

« Je vais les voir et je me retrouve en taule avec comme voisin de cellule Dav ou l’un de ses sbires qui s’y retrouve aussi à cause de moi. » Ils restèrent silencieux. Un mutisme gêné de la part des deux. Christine arriva pour prendre leurs commandes. Ils prirent chacun une bière – le Café du Sud ne chipotait pas sur l’âge. Les ados étaient l’une de leurs principales sources de revenus et la police ne les emmerdait pas tant qu’il n’y avait pas de problèmes. Les minutes étaient passées plus vite alors qu’ils étaient assis sur la banquette, Tim avait même esquissé un sourire. Mais la fête commençait réellement, et en voyant de plus en plus de monde faire son entrer dans le café, ils décidèrent de sortir.  

Les rues étaient bondées. Le Parc Central avait enfin ouvert ses portes. Si Dav se trouvait à quelques mètres de lui, jamais Tim n’aurait pu le voir. Il espérait que ce serait de même dans son cas. Le Maire Davis était sur une estrade et faisait le discours d’inauguration des festivités. Très peu écoutaient. Lui n’écoutait pas non plus. L’homme était sur sa fin, âgé, fatigué par son mandat actuel. Il inspirait désormais d’avantage la pitié qu’une quelconque sympathie.  

Le temps s’était mis à ralentir une fois de plus. Tim se sentait coupé du monde. La voix de la foule, le discours du maire… tout n’était plus que murmures, chuchotements. Serais-ce la fin des temps ? Il continuait à marcher, à se fendre un passage dans la foule, à écarter cette gigantesque mer d’hommes et de femmes. Tout était devenu silencieux. Il n’entendait plus que son cœur battre à tout rompre, et sa respiration, devenue rauque.  

Il regarda derrière lui. Il ne voyait plus Evan, avalé par la marée. Il ne savait pourquoi, mais il voulait continuer à avancer. Fuir cette vie, cette foule, cette fin. Si Dav ne le tuait pas, ces gens l’étoufferaient. Il sentit une larme couler le long de sa joue. Dieu a pitié de moi. La mer s’ouvrait enfin devant lui, enfin. Les gens s’étaient écartés, le laissant passer. Certains le dévisageaient mais il n’y prêtait guère attention. Ce sont eux mes meurtriers. Pas Dav, pas moi, pas la drogue. Eux. Ce monde terrible et insurmontable. Ce monde affligeant. Ce monde sans croyances, sans espoir.  

Il s’arrêta brusquement. Devant lui se tenait Pam, une fille de sa classe un peu étrange, aux allures gothiques. Le temps sembla reprendre son cours. Les voix n’étaient plus muettes, les gens ne le dévisageaient plus. Pam. Elle levait les sourcils en signe d’étonnement. Elle avait l’air amusé de voir Tim débarquer de telle façon. Elle n’avait jamais été très belle, et Tim ne lui avait jamais réellement prêté attention. Pourtant, sa présence le rassura. Il voulait être seul, et elle l’était tout le temps. Serais-ce la seule personne qui pourrait m’aider ? « Pourquoi cours-tu ainsi ? » fit-elle.  

Il remarqua alors qu’il était complètement essoufflé et il peina à répondre. « Je… je… »  

« Suis-moi dans le Parc, on étouffe ici. » La foule était moins dense dans le gigantesque Parc. Ils purent s’asseoir sur le gazon bien tondu, à une cinquantaine de mètres des manèges où des gamins criaient et s’amusaient. « Alors, tu veux bien me dire ce qui va pas ou on tu vas rester muet comme un con ? » demanda Pam.  

Tim leva les yeux vers le ciel. Les feuilles battaient au fil du vent. Le soleil se rapprochait de son climax. Tout semblait plus calme ici. Plus reposant. Il ne savait que faire, où aller. Devait-il fuir, encore et toujours, ou attendre, attendre que Dav arrête ses recherches ou le retrouve et lui loge une balle dans la tête ? « J’ai froid. » fut tout ce qu’il trouva à dire. Pam ne le regarda pas de travers. Pourtant tout le monde la regarde de travers, elle. Elle est différente. Elle se contenta de sourire, comme pour souligner l’intelligence et la véracité de ce qu’il venait de ce qu’il venait de dire. Tim pensait à la mort, encore. Etait-ce douloureux ? Mourir allait-il lui faire mal ? Allait-il souffrir une fois six pieds sous terre ? Il ferma les yeux et prit une bouffée d’air frais.  

Pardonne-moi pour mes péchés. Pardonne-moi de mes offenses.  

Il ouvrit ses paupières.  

Et il le vut.  

Pas Dieu, mais le Diable.  

A vingt mètre environ, sa grosse barbe blanchâtre, son regard fou, sa carrure imposante malgré son âge avancé, trois de ses hommes de mains le suivant sur les talons. Dav. Le Grand Dav. Il marchait droit vers Tim. Il eut le temps de voir que le trafiquant tenait sa main posée autour de sa taille, comme si il tenait dans celle-ci une arme pour terminer Tim.  

Il n’eut pas le temps de réfléchir et se leva d’un bond, laissant Pam derrière lui. Il courut à toute vitesse et n’entendit qu’un « Toi ! » Il ne sut si c’était la voix de Dav ou celle de Pam, mais il s’en fichait. Il sauta au-dessus d’une barrière du Parc et se jeta à nouveau dans la marée humaine qui se trouvait à la sortie. Il courait plus vite qu’il ne l’avait jamais fait. Il poussait les gens sur le côté, il retenait sa respiration.  

Il trébucha.  

Il s’était perdu.  

Il mit du temps à se relever, mais il sentit une main se poser contre son épaule. Etait-ce encore Evan ? Ou Dav qui l’avait rattrapé ? Il leva les yeux vers l’inconnu. Le jour du jugement dernier était arrivé. Le jour de sa Fin de Temps. Il voulut crier mais il ne put. Il voulut prier mais personne ne l’écoutait. Il voulut se faire pardonner mais ce qu’il avait fait était trop grave.  

Il avait trébuché.  

Il s’était perdu.  

Perdu, dans ce Monde sans Pitié.  

 

 

Mitchell Whitaker : Tim  

Chris Wertan : Evan  

Miranda Seyfried : Pam  

Dorothy Parker : Christine Glau, la serveuse  

Jeff Collins : Le Grand Dav / Le Diable  

Sean Kiszko : Le Maire Davis / Dieu  

Scénario : (3 commentaires)
une série A thriller (Franchise Commune "Une Journée Ordinaire") de Olav Dankworth

Mitchell Whitaker

Miranda Seyfried

Chris Wertan

Dorothy Parker
Avec la participation exceptionnelle de Jeff Collins, Sean Kiszko
Musique par Kerrilyn Harris
Sorti le 22 juillet 2028 (Semaine 1229)
Entrées : 24 355 353
url : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=20128