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Guards Brothers présente
Les Collines de Brindes

Brindes – Fin du Second Âge  

 

William Windes marchait dans les pas de son vieux père. Ilias Windes allait sur la fin de sa vie, lui qui avait toujours rêvé de mourir au combat, sur ses collines. Les Collines de Brindes... La Seigneurie de son père, qui serait bientôt la sienne, était réputée sur le Ha-noh entier pour ses collines. Vastes, dénuées de toute végétation, on pouvait y voir arriver l'ennemi à des lieux. Les Collines de Brindes était devenu une expression courante lorsqu'il s'agissait de désigner le troisième plus grand domaine de Rodoc. William n'avait jamais quitté la ville, son père s'y était toujours fermement opposé – il ne savait réellement pourquoi, par ailleurs. Il aurait aimé voir le magnifique Palais de Grand-Cité, les Murailles-du-Soir ou celle de Bois-des-Loups, et même les Riverin de Naltere. Son père l’amena dans la salle où se trouvait son trône. C'est ici qu'il y vrai audiences, il est vrai, et le nom de salle du trône était ce que les gens du commun avaient trouvé de mieux pour qualifier cette pièce. Elle était moyennement grande, et ne s'y trouvait que trois fenêtre. Ilias s'assit sur son fauteuil et fit signe à son fils de s'asseoir à côté de lui.  

« Mon fils. » Il s'arrêta. Il regarda sa chope vide et sembla triste de la trouver ainsi, lui qui aimait tant l'alcool. « Mon père me dit un jour une chose très intéressante. Prends garde à ne pas mourir vain. Il est évident que je n'aurais pas eut besoin de lui pour y penser, mais ces quelques mots restèrent gravés dans ma tête jusqu'au moment où je fut trop vieux pour tenir une épée. Ce jour là, la triste s'empara de moi et je sut que tel serait mon destin. » Il renifla. William eut juste le temps de voir couler un peu de morve sous son nez. Il ne savait si les propos de son père relevaient de la sénilité où si ils avaient quelque signification. « Les collines qui entourent notre domaine sont vastes. Notre fief représente pas loin du tiers du Royaume. On dit même que certaines de ces vastes collines restent encore inexplorées. » Où veut-il en venir ? Veut-il que j'aille explorer ces collines ? « Un messager est arrivé hier – Ser Titus est attaqué, dans son fief, à Pedron. D'après ses dires il ne s'agirait pas d'une armée ordinaire. Je ne puis m'y rendre, trop vieux, trop fatigué, alors j'ai pensé à toi. Cent hommes, trois chevaliers de la Cour de ton choix. Tu pars demain à l'aube. »  

 

Ser Robert Estremin, grand, expérimenté, fort et trapu, lorgnait de haut les trois autres cavaliers qui se trouvaient à ses côtés. Le premier était William Windes, héritier de Brindes, chargé d'une quête par son propre père à Pedron, dans l'Antre du mystérieux Ser Titus que lui même n'avait jamais vu. Le suivant était Ser Harold Pirsan : un chevalier illettré parvenu après avoir vaillamment servi dans les troupes de Brindes. Il pouvait toujours rêvé avoir un fief, tant qu'Ilias Windes sera en vie, ça n'arrivera jamais. Le dernier était le plus jeune. Ser Dan Otron, il était le deuxième fils d'un des plus puissants vassaux de Brindes, et avait été adoubé il y a seulement un mois. Il était du même âge que William et ils s'entendaient très bien. En espérant qu'il soit aussi fervent au combat qu'il est de bonne compagnie. Ils marchèrent bien trois jours pour arriver à Pedron, suivis de leurs cent hommes. Pedron était très isolé, c'était le seul château, voir même village, à des lieux à la ronde. Une forêt dense tapissait les collines alentours. En s'approchant du petit bourg perdu, Estremin se pencha vers William : « Elle est où leur armée assaillante ? » William se posa la même question. Les gens passaient au milieu du chemin sans avoir l'air inquiet, et la seule garnison en poste se trouvait être deux gardes à l'air pas vraiment belliqueux. Personne n'aurait soupçonné qu'à l'heure actuelle, Pedron requérait l'aide de son seigneur pour vaincre une armée les attaquant.  

Ils avancèrent dans le bourg jusqu'au château. Château étant un grand mot – il s'agissait d'une tour, tout au plus un petit fort. C'était la demeure de Ser Titus. William ne l'avait jamais vu. C'était d'habitude l'un des vassaux les plus discrets de son père. Ser Estremin, Pirsan et Otron descendirent de leurs cheveux et s'approchèrent de l'entrée. Les trois quarts des troupes étaient restés à l'entrée de Pedron, nul besoin de paraître comme un envahisseur de ces pauvres gens. William resta en retrait, entouré d'une vingtaines de ses troupes. Après quelques instants, la porte du fort s'ouvrit et un vieil homme sortit. Même si il était vêtu comme un dépravé, William sut de suite qu'il s'agissait de Ser Titus, tel que son père l'avait décrit : un vieil homme barbu, de taille moyenne, au regard perçant et à la démarche boiteuse souvenir de Cerve.  

Il s'avança entre les trois chevaliers de William et arriva à sa hauteur. Il leva les yeux. Son regard perçant. « Sire. C'est un plaisir de vous rencontrer enfin. » dit-il. Il se tourna alors vers son fort. « J'ose espérer que ma modeste demeure vous siéra pour que je puisse vous présenter les événements. Oh, Ser Estremin, quoi de nouveau depuis cette joute perdue ? Amenez donc ces trois là avec vous. » Il désigna les trois chevaliers de William. Ce dernier descendit de son cheval et tous quatre suivirent Ser Titus.  

Ils arrivèrent dans son fort. La première pièce qui s'ouvrit à eux était bien plus vaste que ce que William aurait put imaginer. Les murs atteignaient sans peine vingt pieds, un lustre décrépi se balançait de gauche à droite, des toiles d'araignées pendant à ses branches, tandis que tous avançaient sur un vieux tapis représentant la signature du Pacte d'Eber V. Ils passèrent dans une salle annexe où une table ronde étaient entourés de nombre de chaises. Titus leur fit signe de s'assoir – ses quatre invités s'exécutèrent. « Les forêts qui entourent Pedron sont pleines de mystères, » commença t-il. « On raconte encore aux enfants les mésaventures des jeunes gens qui s'y seraient rendus sans leurs parents – le Grand Loup. Foutaises, bien sur, mais qui ont une once de vérité : la plupart de ces gamins ne reviennent jamais. C'est un labyrinthe d'arbres et de buissons, les hommes n'y vont que pour couper du bois. Le plus terrifiant dans tout ça c'est que ces bois pourraient cacher une armée entière. » Il regarda William. Il fixait ses yeux, tentant de déceler sans doute la moindre peur. « Ça commencé il y a six cycles. Trois bûcherons ne sont jamais revenus. Puis des chasseurs, puis mes propres hommes d'armes. On savait à ce moment qu'il y avait quelque chose de nouveau ou de très ancien dans ces bois, quelque chose que nous n'avions jamais eut à craindre. Les plus folles rumeurs se sont répandus. Puis, il y a un cycle, on a retrouvé une maison calcinée. Ses habitants avaient été massacrés et à moitié dévorés, le bois était encore fumant. Ce genre d'incident se répéta deux fois, avec des conséquences encore plus violentes. A chaque fois, autour de ces maisons on a trouvé des centaines d'empreintes humaines, comme si l'armée Cerve était passée par là. J'ignore si c'est un leurre ou si il s'agit d'une véritable armée, mais cette menace a pris trop d'ampleur, et je ne peux plus la combattre seul, surtout dans mon état. » Il scruta les réactions du prince et des trois chevaliers.  

Ce fut Otron qui parla – il était fils de noble après tout, William avait tendance à l'oublier. « Vous voulez que l'on combatte une armée mystérieuse dont personne encore en vie n'a vu un seul soldat, un seul étendard ? Il s'agit probablement d'un clan de sauvages quelconque... » Titus le coupa d'un signe de main.  

« Bien sur qu'il peut s'agir d'un clan sauvage, et on en revient au même point : je ne peux les combattre, d'où votre présence ici. Je vous accompagnerais et... » Il déglutit. « Ils ont ma fille, vous savez. » Ses yeux brillaient à la faible lumière qui passait de l'extérieur.  

« Votre fille ? » fit Estremin.  

« La veille du jour où la première maison a été flambée, elle était allé à la lisière de la forêt cueillir quelconque plante. Elle n'est jamais revenue. » Il semblait perdre son calme. Ses doigts tapotaient le pommeau de son épée. Il veut se battre. Plus qu'aucun d'entre nous, il veut se battre.  

 

Ser Titus avait fourni une vingtaine de ses hommes, ce qui portait l'effectif total de leurs troupes à cent vingt-sept d'après Pirsan, qui comptait bien plus aisément que dans les souvenirs de William. Ser Estremin se tenait en tête du cortège, sa grande lame dans sa main droite, prête à arracher la tête de n'importe quel voleur d'enfant. Ensuite se trouvait Ser Titus, qui était en grande discussion avec Pirsan justement – leurs origines étaient opposés pourtant, l'un venait d'une Cour et l'autre de la rue, pourtant ils semblaient avoir trouvé un terrain d'entente. William marchait à côté d'Otron, les quelques cent vingt-deux soldats se trouvaient à leurs côtés. Ils avançaient sur la « Route de la Forêt », comme elle était surnommée par les locaux. Elle s'enfonçait dans l'obscurité des bois, et avait pour seule utilité d'aller couper du bois ou chasser plus facilement dans l'intérieur de la forêt – personne ne prétendait être allé au bout, et on ignorait même si elle avait une fin.  

« Ils attendent quoi en faites ? Que leur armée leur tombe sous le nez ? » ironisa Otron. Il n'avait d'ailleurs pas tort. S'avancer de telle manière dans les bois était sot. Mieux valait scinder les troupes et faire une battue dans la forêt, dans l'espoir de voir quelque chose – au risque que les ennemis soient plus nombreux, bien qu'ils soient sans doute moins bien entraînés. Alors William accéléra le pas et arriva à hauteur de Titus. Il lui fit part de la remarque.  

« Le gros risque étant que les autres sont peut-être, même sans doute au vu des dégâts occasionnés, assez nombreux. Vous voudriez quoi ? Quatre groupes de trente ? Si vous êtes vraiment déterminés, faisons comme ça. Mais si vos troupes sont de moitié à la fin de la journée, vous n'irez pas pleurerez dans les jupes de votre père. »  

 

On avait foutu Otron et William ensembles. Les deux jouvenceaux comme les avait surnommé Titus. Ce dernier avait pris la tête de ses troupes personnelles, Pirsan et Estremin un groupe chacun. Ils avaient chacun pris une direction différente. William et Ser Otron étaient partis vers l'Ouest. Jusqu'à la nuit, ils ne croisèrent rien, et aucun événement incongru ne vint mettre en péril leur avancée.  

Jusqu'à la nuit.  

Depuis le départ du soleil ils avaient vu la fumée et la lumière d'un grand feu, au loin. Certains hommes disaient qu'il s'agissait d'un des autres groupes, ce qui était peu probable. Ils se mirent en route vers ce feu, et la distance fut bien plus importante que ce que William avait d'abord imaginé. Ils n'étaient plus qu'à quelques dizaines de pas quand retentirent les premiers cris. Des cris stridents, des cris de douleurs glaçants. Des murmures parcoururent les rangs des soldats. Un ou deux s'arrêtèrent d'avancer, mais William devait continuer. Ne sois pas faible. N'aie pas peur. Ne montre pas que tu as peur.  

Plus que quelques pas. Derrière les arbres, un brasier. Des silhouettes qui dansent devant. Des cris. Des chants. L'un des soldats cria. D'autres suivirent. William entendit des « Sorcières ! » Et il ne s'en rendit même pas compte lorsqu'il chuta de son cheval.  

 

Ser Robert Estremin avait croisé le groupe de Ser Titus il y a très peu de temps. Tous étaient assis plus loin, chantaient et buvaient et festoyaient. Lui se trouvait à l'écart en compagnie du Seigneur de Pedron. Ils parlaient du Royaume, de la Chevalerie et de pas grand chose au final.  

La Lune était haute.  

Le Vent se levait.  

Et soudain, un hurlement qui déchire la nuit. Les rires et la musique s'arrêtent, toutes les têtes se tournent vers l'obscurité de la forêt. Robert dégaine son épée. Brusquement, un son. Une chanson. Une chanson triste. Une chanson des ténèbres. Un chant qu'il ne faut pas chanter. Le Chant des Morts.  

 

 

Lucas Agnello : William Windes  

Lenny Slepers : Ser Dan Otron  

Tanya Johnson : Siresta  

Emma Stewart : Syla, la fille de Ser Titus

Scénario : (1 commentaire)
une série B fantastique (La Méchante Sorcière de l'Ouest de la Forêt) de Carla Cerruti

Lucas Agnello

Tanya Johnson

Lenny Slepers

Emma Stewart
Musique par Eileen Constantinescu
Sorti le 17 septembre 2027 (Semaine 1185)
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