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Baker Films Production présente
Un Retour au vert

Film participant au concours « vert »  

 

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C’était une pensée abstraite mais cela me revenait à l’esprit maintenant, j’adorais ce moment. Vous savez, celui où on se rapprochait des siens lorsqu’on s’apercevait de la futilité de la vie. Quand vous avez la fâcheuse impression que votre entourage actuel ne vous apporte finalement rien … Ma main caressait cette herbe, verte et virevoltante dans le vent. Nous étions à quelques mois de ma mort plus ou moins programmée, le terminus d’une vie centrée sur moi-même mais pour l’heure, je divaguais et pensais aux autres … une fois n’était pas coutume. Sur le parterre d’un vert chatoyant, je me retournais … la tête posée sur mes bras, profitant du moment présent, loin du bruit incessant de la ville.  

 

J’étais allongé sur cette pelouse, cette terre si chèrement acquise par mes parents et fit un bilan de ma vie, morose. Fils unique, élevé dans l’amour du partage et de la terre, mes parents étaient agriculteurs et durent se résigner à ce que je ne poursuive pas leurs traces. J’ai toujours été très con et égoïste, du peu que je me souvienne bien que j’aimais ma mère et mon père du plus profond de mon cœur. Je me souviens de mon insouciance, de la nature et de ce qu’elle pouvait offrir.  

Maintenant que j’y pense, j’aurai dû me préoccuper un peu plus de la chance que j’avais laissé passer mais ce fut un choix délibéré de vivre intensément, à cent à l’heure, en ne pensant qu’à gagner sa vie au détriment des autres personnes … Oui gagner c’était bien ce en quoi je croyais, à devoir laisser crever les moins que rien, être le meilleur dans tous les domaines.  

Aussi, très tôt et très jeune, j’avais pris le pari de quitter le giron familial dans cet environnement qui avait cette faculté incroyable de ralentir le temps. C’était le pouvoir de la nature, de la campagne finalement … prendre le temps, toucher ne serait-ce que l’herbe où j’étais allongé actuellement, ressentir la terre dessous moi … celle où mes parents résidaient désormais. Tout ce vert qui me renvoyait à la gueule ces souvenirs auquel je tenais, cachés au fond de moi et revenaient en surface comme pour me signifier un mal-être reclus depuis tant d’années … Je me souviens de tellement de choses que je ne pouvais, que je ne pourrais raconter à mes parents désormais. Putain …  

 

Une boule singulière montant en moi … je la retint. Je me souviens de ces moments passés sur la pelouse à jouer étant petit, coursant mon père alors que je n’étais pas plus haut que le pommier que j’avais planté moi-même … situé non loin de là où j’étais allongé.  

Le temps passait si rapidement, avait bouffé mes parents qui avaient vieilli bien trop vite pour prendre conscience qu’aujourd’hui il était trop tard pour se plaindre de quoi que ce soit. La vie me rappelait à l’ordre, la terre également, mes parents. Moi également j’allais vieillir bien plus vite que prévu …  

Je laissais finalement sortir un sanglot, honteux, puis arrachait délicatement un brin d’herbe de cette pelouse. Je fixais ce brin d’herbe entre mes deux pouces puis rapprochais le tout de mes lèvres et je me mis à souffler comme me l’avait appris mon père.  

Un son sortit, misérable mais tellement chargé de … séquences … oui c’est cela de séquences revenant à mon bon souvenir. Ce n’était même plus un film d’images, de moments agréables mais de morceaux, de bribes de souvenirs qu’il me restait en mémoire. J’avais occulté complètement ce passé, mon enfance … jetant mon dévolu sur ma vie d’adulte, mon métier qui me bouffait moi et ma santé. Enfin non, si j’étais réellement honnête avec vous, je vous dirais que le pire dans tout cela était que je pensais à mes parents, sans prendre le temps de me préoccuper d’eux et laissant le temps faire son œuvre. Et vous savez quoi ? De là où je me trouvais, à San-Francisco, j’en avais rien à foutre à vrai dire … Moi et ma connerie étions ligués contre mes vieux pour une raison que j’ignorais à vrai dire, enfin si, ils n’avaient pris la peine de venir me voir et d’années en années je m’étais fait à l’idée que c’était finalement bien ainsi. Vous savez ce que c’est, on ne voit plus les gens que l’on aime ou que l’on a aimés et très rapidement, on se monte seul des films hallucinants pour se créer des reproches envers ceux qui ne pensent pas à vous … selon vous.  

 

A cette pensée, je détendis mes doigts ancrés dans la terre. Puis expirai profondément … que de rancœurs, bon sang. Mes parents m’avaient quitté, leur fils se retrouvait seul mais parce qu’il le voulait bien … soyons honnête en ce moment même. Je le dois, je me le dois de l’être vis-à-vis d’eux et de moi-même.  

Et c’était à mon tour maintenant, de quitter les miens … C’était peut-être un rappel à l’ordre également provenant de mes parents, ils ramenaient à eux leur fils qu’ils n’avaient pas revu depuis trop longtemps. Les photos à l’intérieur de la maison ne trahissaient en rien leurs sentiments à mon égard malgré le temps, mon indifférence … égoïste que j’étais.  

Mais il était trop tard de toute manière, la rédemption n’était plausible que si elle était partagée et mes parents s’étaient éloignés de moi, à tout jamais.  

 

Je déglutis nerveusement, j’allais crever, moi et ma connerie avec … sans avoir pu dire au revoir une dernière fois à mon père et ma mère… alors qu’au loin s’élevait de l’intérieur de la fermette de mes parents dont j’avais hérité les voix de ma femme et celle et de mon petit garçon, de plus en plus proche, qui venaient à ma rencontre … Elle était peut-être là la vie finalement, insouciante comme mon fils et comme moi il y a des années de cela. Un enfant, se fichant éperdument du monde, de l’environnement où il se trouvait pour ne voir que ceux qui ont fait de lui ce en quoi ils croyaient, ce qu’ils lui ont transmis en espérant un semblant de retour plus tard lorsque ceux-ci seraient vieux et que leur enfant les aiderait au même titre qu’eux avaient pris le temps d’élever leur enfant.  

 

Un simple retour des choses, voilà ce que s’était. Comme c’était pour moi le cas actuellement, me demandant si mon fils pourrait vivre sans moi, sans paternel pour le conseiller, l’épauler en cas de besoin. Je sais pertinemment que oui, il pourrait vivre sans moi puisque que moi-même j’avais vécu sans la présence de mes parents mais je le regrettais amèrement maintenant.  

Mais la seule et unique chose dans laquelle j’étais fier était que mon fils me ressemblait énormément et vous savez quoi ? Je lui ai inculqué les valeurs que m’ont apprises mes parents malgré l’éloignement … comme quoi la vie et l’accomplissement de nos actes qu’ils soient volontaires ou non sont conditionnés par notre histoire personnelle … Je crois que je peux tout de même partir en paix malgré tout. Mes parents vivront en mon fils comme ils ont tout de même vécu en moi …  

 

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Réalisation : Francis Macomber (Le temps d’un songe, peau de chagrin …)  

 

Scénario : Walter Young  

 

Distribution :  

 

- Karl Hedges dans le rôle du narrateur  

- Ruth Chambers dans le rôle de la mère du narrateur  

- Jeff Collins dans le rôle du père du narrateur  

- Laura Chasen dans le rôle de l’épouse du narrateur  

 

 

Scénario : (3 commentaires)
une série B dramatique (Introspectif) de Francis Macomber

Karl Hedges

Ruth Chambers

Jeff Collins

Laura Chasen
Musique par Wayne Kirkhope
Sorti le 12 décembre 2026 (Semaine 1145)
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