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Le discours d'un mort

Je m'appelle Frédéric Menazier (Michael Post), Menazier, un nom francisé par ma honte de ne pas être Européen, ma hantise de ne pouvoir intégrer réellement la société actuelle par mes faits, cette nécessité d'avoir un nom qui ne laisse pas de préjugés. Ce n'est pas tant mon nom ni mon origine qui me fassent honte, je ne pourrais d'ailleurs pas exprimer cela comme une forme de honte... Mais comme une forme de peur. La peur d'être abandonné, la peur de me retrouver seul et isolé dans un univers totalement différent de celui que j'ai connu. Autrefois, je m’appelais Frédéric Med Hadje, quand je vivais encore au Maroc. Mon nom vient de mon père, mon père était Marocain et avait voulu que je garde son nom. Mais ma mère voulait absolument que j'ai un nom Français pour symboliser leur union charnelle... Union entre une riche Française et un Marocain qui aurait des origines aristocratiques. Aurais, verbe conditionnel, car cette condition n'a jamais été démontrée et mon père n'avait de princier que son langage altier...  

 

Je n'ai aucun souvenir de ce pays d'où je tire mes racines, n'y ait vécu que quelques instants, le temps de naître, pleurer, crier, réclamer le sein. Mais certainement pas le temps de pouvoir me souvenir. Pourtant, il m'arrive parfois, lorsque j'entends le chant d'appel à la prière, d'avoir comme un souvenir ou deux qui reviennent. Un souvenir de larmes, un souvenir de peine, ces instants précis qui entourent le départ de mon père. Du moins, je ne peux confirmer que ce soit relié, les aléas des souvenirs réels et créés... Car ma mère, elle, tenta d'insister sur la mort de celui-ci. Elle avait raison, la mort est la source de disparition la plus facile à accepter. Toutefois, mon esprit commença à germer, avec l'adolescence, de la survie de mon père. Je demandais plus de détails qu'on ne me fournissait pas, me forgeant un idéal paternel assez loin de la réalité.  

 

Ce que je sais, c'est que ma mère ne voulait plus retoucher à ce qui appartenait à mon père. Nous avions quitté le Maroc à mes quatre ans pour retrouver la France de ma mère, un pays inconnu pour moi. Fort heureusement pour moi, je n'avais pas le teint de mon père ce qui me permit de m'intégrer plus facilement. J'ai donc grandi dans l'asphalte, je m'y suis intégré et tenté de faire partie de ceux qui se pensaient au dessus. Mais le masque tombait assez facilement lorsque mon nom de famille était épelé. Les regards changent, les visages se déforment, la trahison sociale s'exécute. Malgré cela, j'ai voulu m'intégrer. Dès que je l'ai pu, j'ai changé un peu mon nom pour devenir officiellement Français. De Med Hadje, je suis passé à Menazier. Dans la prononciation, peu de changements, mais c'était tout de même différent en mon for intérieur. C'était le total dénis de mes origines. Je niais ce que j'étais pour paraître ce que je voulais devenir.  

 

J'avais un rêve, celui de devenir quelqu'un. En devenant quelqu'un je ne transpirais plus ma culture mais j'imposais la mienne, ma vision des choses, ma manière de faire, mon idéal... Je rêvais de changer le monde, de le rendre différent. Peut être aurais-je pu réussir à changer au moins une personne puisque je n'arrivais pas à me changer moi même et à m'accepter en tant qu'immigré. Mes études était terminées depuis longtemps, j'avais un travail bien payé et j'allais agrémenter le tout d'une petite amie. Seulement voilà, avant d'arriver au terme de mon rêve, il y a eu un problème.  

 

Un tout petit  

Petit  

Infime  

Problème.  

 

Un problème très récent puisqu'à vrai dire, il est présent depuis quelques secondes. Pour tout avouer, je suis simplement... mort.  

 

Mort, mord et remord. Tout est lié, je ne peux plus mordre la vie comme je le faisais, et je n'ai désormais que du remord. Je ne comprends pas pourquoi je suis mort, j'ai mangé, ca m'a brulé, ça m'a empoisonné et je me suis écroulé.  

 

Quelques spasmes et je ne bougeais plus. Ainsi, je suis désormais un esprit ? Voilà quelque chose de neuf ! Je n'ai jamais cru à l'existence d'une personnalité supérieure à nous. Ce n'est que l'expression même de notre solitude, et je ne me sentais plus suffisamment seul pour croire à tout cela. Lorsqu'on meurt, on est simplement mort. Plus de pensée, plus de conscience. Et voilà qu'il m'arrive le contraire.  

 

Si c'est le cas, je devrais normalement rejoindre le paradis non ? Alors qu'est ce que je fais là dans mon corps ? A ressentir encore, à voir encore, à ne plus respirer mais à pouvoir tout entendre. Le pire, ce n'est pas de mourir, mais c'est de n'avoir personne pour l'avoir remarqué. Ma petite amie n'est pas là, mon appartement est insonorisé. J'avoue, j'ai désormais les moyens d'habiter dans une villa en côte, mais moi j'ai toujours voulu être dans les environnements normaux, des environnements de bas étage pour pouvoir vivre avec ceux de mon espèce au lieu d'avoir l'air d'un riche péteux qui n'a plus que pour estime sa propre réussite.  

 

Alors j'attend...  

Depuis quelques minutes maintenant.  

Mon corps est encore chaud, ca ne doit faire que 2 minutes que je suis allongé et inanimé. J'aurais pu profiter de cette morbide solitude, pourtant une mouche vient déjà l'interrompre. Elle cherchera à se délecter de mon corps pour y plonger sa progéniture. Ma chaleur déclenchera leur appétit féroce et je serais un lieu de mille vies bien qu'un cadavre en décomposition.  

 

C'est une sorte de consolation. Je meurs pour donner la vie... Moi qui n'ait jamais eu d'enfant, j'engendre par ma peau et par ma chair.  

 

Aaah, quelle idée j'ai eu de mourrir les yeux ouverts... Je vois par la fenêtre, je vois la journée ensoleillée et ces gens qui courent dans les rues, toute cette vie. Mes rêves s'envolent, mon corps reste, mon esprit aussi. Et personne ne saura m'entendre car je ne peux plus parler, ma bouche est crispée, la nourriture mortelle en bouche, ce goût d'amande, cette odeur... Il parait que c'est caractéristique du cyanure, c'est en tout cas ce que j'ai vu en regardant "Les Experts". Mais alors... Les larves des mouches seront-elles aussi empoisonnée ? Je n'en sais rien...  

 

Gniii...  

 

C'est quoi ce grincement ? J'ai l'impression que c'était la porte de la salle de bain.  

 

Tomp... Tomp... tomp...  

 

Sur la tapis du salon maintenant, ce ne sont pas des pas... Ou alors cette personne marche très lentement. C'est ça, approche-toi, j'ai envie de voir la gueule de celui qui m'a tué !  

 

Tomp... Klok... Klok...  

 

Il a passé le tapis, je ne vais pas tarder à le voir !  

 

"Rrraaaaah...." fit un râle lent comme le souffle glacial de la mort. Un bras couvert d'une guenille sombre passa à la vue de Frédéric, se posant sur l'assiette à peine entammée qui se trouvait sur la table. En s'y posant, Frédéric entrevit un instant le squelette sous la peau translucide de cette main.  

 

Qu'est-ce que...  

 

"Frédéric Ménazier..." fit une voix lugubre et profonde dont les échos se réverbéraient en de multiples voix "Je vous observe depuis longtemps, le saviez-vous ?"  

Il sentit quelques chose de glacial s'insinuer dans ses cheveux et les agripper, remontant lentement la tête vers le visage semi-translucide d'une jeune femme encapuchonnée (Aleksandra Zaïtovitch).  

 

Pourquoi ? Comment ?! POURQUOI ?!  

 

"Il est des forces que l'on apelle pour faire souffrir autrui. Bien que je ne fasse généralement pas de cas, le vôtre m'intéresse." continua la jeune femme encapuchonnée. Elle tourna légèrement la tête comme si ses yeux s'insinuaient au plus profond du corps inanimé de Frédéric.  

"Savez-vous qui je suis ?" sussurra-t-elle alors. Les yeux de Frédéric restaient inanimés mais son esprit hurlait.  

"Oh que oui vous le savez..."

Scénario : (1 commentaire)
une série Z thriller de Ed Hood

Michael Post

Aleksandra Zaïtovitch
Sorti le 13 février 2032 (Semaine 1415)
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