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Guards Brothers présente
Dynastie

25 Novembre 1332  

A la suite de la mort de son père Louis X le Hutin, Jean Ier est désigné Roi alors qu'il est encore dans le ventre de sa mère. Il vient d'atteindre la Majorité et la Régence de son oncle, Philippe de Poitiers, prend fin.  

 

 

Son oncle Philippe le regardait d'un oeil envieux. Assis pendant seize ans à cette même place, il était désormais relégué à rang honorifique - et ne pouvait que laisser ses yeux briller devant le nouveau Roi de France, son neveu, Jean Ier, dont il avait assuré la Régence pendant seize ans. Un autre dont les yeux ne cessait de laisser passer de vives étincelles était Charles, l'autre oncle de Jean, frère cadet de son propre père.  

Il avait fait de ses deux oncles ses conseillers. Certes leur possibilité d'accéder au trône en l'absence d'hériter direct de Jean leur permettrait d'intriguer contre lui à travers leurs conseils, mais qu'importe - Philippe était un fourbe mais Charles était un homme honnête, et ses grandes compétences en juridiction seraient fort bienvenues au Conseil. A part, eux le Conseil restreint se limitait à l’Évêque de Paris - un nouveau venu, Hugues étant mort il y a quelques mois déjà. On l'appelait Guillaume V, semble t-il. Il était cependant très peu bavard. Puis il y avait le Chef des Armés, Robert de Ressouches. Les autres chaises du Conseil Restreint étaient en mission ou à pourvoir.  

« Votre Majesté désirerait-elle un rafraîchissement ? » demanda le domestique, qui coupa le silence qui régnait jusque là dans la salle de pierre. Jean refusa et ce fut son oncle Charles qui prit la parole.  

« Votre Majesté, l'on vient de me rapporter que votre soeur, Jeanne, vient d'avoir un fils par son mariage avec le Compte d'Evreux. Ils l'ont baptisé de mon nom. »  

Jean acquiesça. Il ne savait que répondre à cela. Il n'avait jamais réellement apprécié sa soeur, probablement née d'un adultère, et il n'avait jamais rencontré Philippe d'Evreux. Charles ignora l'absence de réaction de son souverain et déclara :  

« Bertrand Augier de La Tour, Cardinal d'Avignon entre autres, est lui décédé il y a seulement quelques jours. Nous pensions que la présence de Messire Guillaume, ici présent, serait fort bien vue aux obsèques. »  

L’évêque affirma la déclaration d'un hochement de tête énergique. Jean se contenta d'un « Très bien. »  

Philippe s'éclaircit la gorge. Il était affublé d'un sourire satisfait.  

« Si Votre Majesté le permet, j'aimerai l'informer qu'une autre naissance est aussi à l'ordre du jour. Votre cousin, Roi d'Angleterre, vient d'avoir une fille du nom de Isabelle. Si je puis, Votre Majesté n'est pas encore mariée - et s'unir de la sorte avec la Couronne d'Angleterre permettrait de fonder une alliance durable après les tensions fortes qui règnent entre nous. Je ne parle pas d'épouser cette fillette, mais Aliénor, soeur du Roi Edouard, votre cousine par surcroît, de deux ans votre cadette, serait un bon parti. »  

Tous s'arrêtèrent alors. Guillaume regardait l'oncle du Roi bouche-bée, sûrement complètement décontenancé à l'idée d'organiser un mariage royale consanguin, presque incestueux. Charles gardait toujours cet air impassible, il ne semblait même pas avoir remarqué ce que son frère venait de dire - sauf à travers cette petite étincelle qui luit un instant au coin de son oeil. Le Chef des Armées bougea un peu sur son siège. Il était gêné. Jean savait de source sure qu'il avait un haine non dissimulée pour les anglais.  

Philippe affichait encore d'avantage ce sourire malicieux qu'il portait toujours. Il n'avait jamais aimé son défunt frère, et encore moins son neveu. Il désire mon trône. Pourtant, ce qu'il venait de dire fit que Jean lui rendit son sourire.  

« N'est-elle pas mariée ? » demanda le Roi. « Une soeur de Roi, à quatorze ans, devrait être sans doute au moins fiancée. Qui plus sur cette île ! Toujours prêt à vendre leurs filles à quelconque Duc dès leurs six ans. »  

Le sourire de Philippe s'atténua quelque peu, puis revint de plus belle lorsqu'il répondit : « La Louve a essayé de la refourguer deux fois. La Castille a refusé, et un autre Duc n'en a pas voulu. Cependant, elle se prépare à épouser Renaud de Gueldre. On l’appelle le Noir et je peux vous assurer que son caractère en est la cause. Cependant, si il me venait l'idée d'en toucher un mot à votre merveilleuse tante, je pense qu'elle récupérerait sa fille et vous l'enverrait aussitôt. Elle y tient à ses louveteaux. »  

On pouvait ne pas l'aimer, Philippe était quand même malin. Sa Majesté prit alors la parole : « Trouvez-vous quelques hommes au plus vite, vous partez pour la Bretagne, mon oncle. » Il se leva, s'inclina, et quitta la pièce. Charles regarda son royal neveu et dit:  

« Même votre père n'aurait jamais oser confier de tels responsabilités à Philippe. Rusé ou inconscient, je ne saurais dire de quel bord vous êtes, mon Roi. » Il se gratta sa barbe foisonnante et fit signe à l’Évêque et à Robert de sortir – ils s'exécutèrent sans broncher. « La mort du feu Roi votre père reste mystérieuse – quels qu'en soit les constatations des médecins. Mourir en jouant au jeu de paume, pour avoir but de l'eau froide, avouez que rien n'indique qu'il n'ait put être empoisonné. Philippe convoite votre place. Il fera tout pour vous renverser. L'envoyer en Province, qui plus est sur l'autre rive de la Manche, n'est pas la meilleure des solutions. Croyez-moi, si il ne revient pas avec votre cousine, ce sera avec une armée. »  

Il était dans le vrai, Jean le savait. Il fallait le garder à l'oeil. Envoyer un homme? Non, le bougre pourrait lui couper la tête au moment venu. La seule solution serait donc d'envoyer avec lui quelqu'un qu'il n'oserait pas tuer – qui ne soit pas assez important pour qu'il puisse le signifier otage, et qu'il y tienne assez pour ne pas le décapiter. Mais Philippe n'aimait personne. « Laissez-le. Il reviendra, et avec ma cousine. »  

 

La jeune Aliénor d'Angleterre se tenait entre Philippe et la Louve de France, Isabelle, la tante de Jean. Le frère et la sœur ne cessaient de s'échanger des regards étranges. Était-ce de la haine? Jean parierait sur de la complicité. Si elle était un danger ou non, il n'en savait rien. Il aurait aimé que Charles l'en informe, mais il était à table, avec le reste de la Cour. De nombreux représentants de la Cour d'Angleterre étaient aussi représentés ici, mais pas le Roi. Édouard III n'avait apparemment pas trouvé d'intérêt à se déplacer. La Louve de France, sa fille Aliénor et le frère du Roi, du même nom que Jean, auquel on avait donné le sobriquet de Jean d'Eltham en raison de sa ville de naissance. Il était aussi du même âge que Jean, de quelques mois à peine son aîné. Celui-ci pensait qu'ils auraient put se ressembler, mais il n'en était rien: ce Jean d'Eltham possédait dans ses yeux une sorte de regard pervers qui dérangeait le Roi. Il avait été bien mieux formé au maniement des armes, en tant que second fils – sa mort étant dans tous les cas un bien moindre danger que celle d'un Héritier direct. Il finirait à la tête de l'armée de son frère, sans aucun doute – mais selon toute vraisemblance, les deux ne s'aimaient pas. Certains disaient que le jeune Édouard avait déjà tenté par maintes reprises d'assassiner son cadet.  

La jeune Aliénor était jolie, elle possédait de longs cheveux bruns clairs, presque blonds sans qu'elle ait l'air d'une de ces princesses nordiques – son giron et ses hanches ne garantissaient pas sa fertilité mais lui donnait un air charmant et plaisant, elle semblait apte à faire une bonne reine. Elle le sera, Jean l'espérait.  

Philippe et la Louve l'installèrent près du Roi, sur un trône moins grand, et légèrement en contre-pied. Ils n'étaient pas encore mariés. Ce soir, il l’amènerait dans son lit, après les Noces. Son oncle parti s’asseoir à la table des Anglais, en compagnie de sa sœur et de son neveu. Ça n'inquiétait pas Jean. Il avait sûrement fondé quelques liens avec ces hommes ou magouillait à nouveau un plan dont l'une des étapes était de s'asseoir avec eux. Jean vit Charles s'agiter sur son siège lorsqu'il vit son frère à la table d'en face. Robert de Ressouches en fit de même et murmura quelque chose à l'oreille de son voisin. C'est alors que Jean remarqua son cousin anglais, devant lui. Il se tenait de bout, il était le seul à l'être encore. Il l'avait pourtant vu se diriger vers la table. Il se mit à genoux et dit au Roi avec un accent britannique à peine perceptible:  

« Sir, j'ai ouïe dire que vous possédiez une magnifique bibliothèque – si il vous sied, j'aimerai y jeter un coup d’œil. » Il releva sa tête vers Jean et s'affubla d'un sourire malin. Y jeter un œil tout de suite ? Ce n'était pas normal – même pour un érudit. On interrompait pas un repas de noces comme ça, qui plus est si il était sur le point de commencer. Ce d'Eltham mijotait quelque chose.  

« J'accepterai volontiers, mais après le repas de Noces, voulez-vous, mon Seigneur. » Le sourire du jeune homme s'effaça aussitôt et il partit se rasseoir en traînant les pieds. Arrivé à quelques mètres du banc, il porta sa main à sa ceinture et dégaina une épée. Soudain, tous les autres Anglais firent de même, ainsi que Philippe. La Cour de Jean se figea. Celui-ci voyait Charles trembler de la tête aux pieds. Les Anglais étaient en grande supériorité, et les quelques gardes de Jean se postèrent devant lui. Mais lui voulait les affronter – comment osaient ils! C'était un mariage, un banquet pacifique. Philippe. Celui-ci prit la parole en s'avançant vers son neveu.  

« Votre Majesté, comme vous pouvez le constater je suis en supériorité, moi et les hommes de la Couronne d'Angleterre, parmi eux le Second Héritier du Trône et Frère du Roi. Je vous implore, sire, si vous ne voulez que ne coule sang, d'abdiquer en ma faveur, ou nous vous tuerons, vous et votre Cours, dans la seule fin que je m'assied moi même sur ce Royal Fauteuil. Alors, qu'en dites-vous? » Il afficha un sourire satisfait – ressemblant à celui de d'Eltham. Plus personne ne bougeait ni ne parlait dans la grande salle du trône.  

Jean ne savait que faire. Il paniquait. Il fallait garder son calme. Il regarda à sa droite, sa fiancée était toujours là. Au vu de la façon dont elle avait réagit – se cramponnant à son fauteuil en fermant les yeux – elle n'était pas plus au courant que le Roi de France de ce qui allait se passer le jour des Noces. Alors il se leva. Au vu de la position de son Trône, surplombant toute la salle, il se tenait désormais au-dessus des six gardes royaux qui s'étaient posté devant lui pour le défendre. « Mon Oncle ! Croyiez-vous réellement, en poussant la porte de ce palais avec cents bretons, que je vous laisserai, après que avoir dégainé votre arme, monter sur mon trône si facilement? Agir de manière aussi lâche – vous n'êtes qu'un pleutre. Une rébellion vous aurait gratifier d'honneur, et vous vous préférer à cela massacrer ma Cour durant un faux banquet de Noces. C'est bas, très bas, mon Oncle. Philippe le Pleutre, c'est le nom qu'on vous donnera, ou Philippe le Félon, Philippe le Tourne-Casaque, Philippe le Fourbe. Votre nom sali passerai à la postérité. Réfléchissez-y avant de planter cet épée dans mon torse. » Jean avait tenté de paraître le plus intimidant possible. Que pouvait-il faire d'autre? Fuir par la porte derrière son trône mais cela reviendrait à laisser le Palais à son oncle.  

« J'y ai déjà réfléchis, Sir. Je sais exactement ce que je fais et ce que je veux. Être Roi, voilà ce qui m'importe, de la même façon que je l'ai été pendant seize ans depuis la mort de ton feu père. Mort au jeu de paume, n'est-ce pas? Quelques gouttes de ciguë, et son effort fit le reste. Écartez vous de ce trône. » Jean déglutit. Tout cela n'augurait rien de bon. Il regarda derrière lui. Au-dessus du trône était placée l'épée de son père. Elle n'avait dut que peu servir. Il la prit et la plaça devant lui. Le maniement des armes ne lui avait pas été enseigné de façon poussée, et il ne connaissait que les bases du combat à deux mains. Philippe éclata d'un grand rire, et fut suivi par la plupart des Anglais. « Tu comptes m'affronter en duel, petit? » Son épée rougeoyait aux reflets du feu des chandeliers.  

Il s'approcha d'un pas assuré vers le trône de son neveu. Les gardes se raidirent et joutèrent vers lui. Trois anglais arrivèrent alors et, dans l'hystérie du combat, les gardes de Jean tombèrent un par un. Lui ne pouvait plus bouger. Il avait peur. Et cette peur était avant tout tournée vers celle de mourir ici, aujourd'hui, dès que son oncle aura essuyer sa lame tachetée de sang. Deux des anglais étaient mort, mais il en était de même pour les gardes du Roi. Philippe s'approchait désormais vers son neveu. Arrivé juste devant lui, il le regarda dans les yeux et dit: « Maintenant abdique, ou ta tête servira de plat principal pour la fin du banquet. Tu pourra épouser la Princesse, et même rester à la Cour si tu en trouves le plaisir. Mais plus jamais tu ne reposera tes royales fesses sur ce trône. Que choisis-tu? »  

Il sentit une goûte de transpiration perler sur son front. Jean ne voulait pas mourir. Encore moins de la main de son oncle, alors qu'il avait eut le choix de vivre. Il tenta de trouver le regard de Charles mais deux anglais l'avaient capturé et on lui avait placé un sac sur la tête. « Si tu ne te décides pas tout de suite, nous allons tuer toute ta Cour devant tes yeux. A commencer par mon pleutre de frère. Charles ! Apportez-le moi. » Les deux anglais poussèrent le cadet vers le bas des marches qui montaient au trône. Ils le mirent à genoux. « Es-tu prêt, petit? » Jean ouvrit la bouche mais aucun son ne sorti. Il ne pouvait plus parler. Il ne pouvait même pas voir une dernière fois le regard de son oncle, caché derrière le sac réducteur dont on l'avait affublé. Philippe tendit son épée au-dessus de lui et l'écrasa sur le sol. La nuque de Charles se trancha et sa tête roula sur les marches. Charles est Mort. Charles est Mort. C'est mon tour, maintenant. Philippe la pris dans ses mains, retira le sac et montra son exploit à chacun. Il souriait. Il venait de décapiter son frère mais il souriait. Puis il se tourna vers le Roi et dit: « Abdiques-tu, ou dois-je trancher la tête de ta nourrice? » Celle qui l'avait allaité se trouvait dans le fond de la salle et était déjà entourée de deux gardes anglais. Cette fois c'était trop. Jean se mis à genoux. Il ne pouvait même pas pleurer. Il ouvrit la bouche et tout ce qui en sortit ce fut:  

« J'abdique. » Le silence s'installa alors dans la salle. Plus personne n'osait dire mot. Même Philippe semblait ne pas comprendre ce qui se passait. Le voilà Roi de France. Après quelques instants, il retrouva ses esprits et lança d'un ton jovial:  

« Très bien! J'ai faim et je suis d'humeur festive - alors finissons ces noces! »  

 

 

Jeff Collins est Philippe V de France  

Lenny Slepers est Jean Ier de France  

Gemma Rosen est Aliénor d'Angleterre  

Jeremy Carter est Charles (dit Charles IV de France)  

Margot Copeland est la Louve de France

Scénario : (1 commentaire)
une série A historique (Uchronie) de Fabrice Rye

Jeff Collins

Gemma Rosen

Lenny Slepers

Margot Copeland
Avec la participation exceptionnelle de Jeremy Carter, Aimee Kubota
Musique par Ira Clements
Sorti le 16 janvier 2027 (Semaine 1150)
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