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Guards Brothers présente
Une Guerre d'Acier - Episode 2 : Le Deuil d'un Peuple

« Une révolte nous pend au nez et nous nous faisons la guerre. »  

- Grifon Blood  

 

C'est un matin brumeux que le cavalier arriva. Il faisait partie de la garde de l'un des vassaux du père de Gisla – son message rendu le Seigneur Harry de Croston complètement fou. Vieillissant, le bougre ne s'était toujours pas rendu compte que son âge l'empêchait de se battre. Les seuls armes qu'il ne pourra jamais prendre désormais, ce sera pour les mises à mort des reîtres et des scélérats. Il n'avait pas tout de suite raconté ce que lui avait dit le cavalier à Gisla – il avait d'abord été voir le prêtre du Château Croston et s'était entretenu des heures durant avec lui. Croston n'était pas un grand fief et le prêtre, sympathiquement surnommé Gros-Ne en référence à ses naseaux et à la religion qu'il tente d'insuffler au Seigneur Harry depuis des années, le prêtre était donc la seule personne avec laquelle Harry de Croston pouvait discuter de guerre, de politique et de diplomatie. Gros-Ne était un homme érudit et sage – parfois un peu trop porté sur les bienfaits de l'alcool mais très savant. Plus tard, il avait osé en parler à sa fille. Gisla avait grandi et pour ce qui était de la politique, son égocentrique de père aimait en parler avec elle.  

La pluie avait recommencé à tomber, des nuages noirs avaient recouvert le château en très peu de temps. Harry avait convoqué sa fille dans la bibliothèque – lieu de pèlerinage de Gros-Ne. Il faisait les cents pas autour de la pièce et Gisla dut attendre qu'il ait bouclé plusieurs tours avant qu'il ne commence à parler. « Ils attaquent. Ces chiens de Cerve nous attaquent. Ils profitent du Deuil et ils attaquent. » souffla t-il. Dans sa voix il n'y avait ni colère ni peur – de l’incompréhension et de la surprise, sûrement. « Ils avaient toujours respecté ces traditions. J'ai envoyé un messager au Roi. Même deux par précaution. »  

L'énorme Roi Grégoire avait donc décidé de passer à l'offensive ? Un tel choix relevait de son mépris pour les coutumes de Rodoc mais aussi d'un esprit stratégique qu'on ne lui soupçonnait pas. Il a été conseillé. De qui pouvait-il s'agir ? Son frère sans doute – Auguste Peyre était, selon les dires, un homme très intelligent malgré sa fourberie. Quoi qu'il en soit, les fiefs de Harry de Croston allaient redevenir un champ de bataille – faisant frontière entre Rodoc et Cerve, avec bien sur la Maison Blood de Bois-des-Loups, de l'autre côté de la forêt. En tout cas, seulement si le Roi Firmin levait le Deuil – ce qu'aucun souverain n'avait jamais fait de mémoire d'homme. « Les troupes ont passé Bois-des-Loups ? » demanda t-elle à son père.  

Le Seigneur de Croston continuait à faire les cent pas. Il mit quelques instants à répondre – comme si la réponse l'inquiétait où qu'il réfléchissait à la manière de la formuler. « Grégoire et sa suite se sont arrêtés chez Blood. Ils festoyaient depuis près d'un jour quand le cavalier est parti du château. Ils ont du reprendre la route désormais. Ils seront là dans deux jours au plus tard – les Cerves ont toujours eut des troupes très rapides. »  

Gisla regarda plus intensément son père. Il avait les yeux baissés, tournés vers le sol. De la transpiration dégoulinait sur son front et ses yeux laissaient entrevoir encore plus de peur que sa voix. « Qu'allons nous faire alors ? Tenir un siège ? Si ils comptent envahir Rodoc, à moins de fondre directement sur Grand-Cité, ils vont obligatoirement commencer par prendre Croston. Et vu nos garnisons et nos provisions, on ne risque pas de tenir plus d'une semaine. Vu la réputation de Grégoire, ils nous décapitera tous et accrochera nos têtes à la bride de son cheval. »  

Harry s'arrêta. C'était cette question qui le taraudait tant. Il ne voulait surtout pas mourir de cette façon. « C'est pourquoi nous allons partir du château. Je vais y laisser le Capitaine Aigues. Il tiendra autant de temps qu'il pourra. Toi, moi et Gros-Ne nous partons d'ici ce soir pour Grand-Cité. Nous passerons à Naltere – Modric Riverin n'y ait pas mais son fils Georges doit s'y tenir, malgré les obsèques royales. »  

Son père voulait donc fuir. Ça ne l'étonnait pas vraiment – il n'était ni courageux ni belliqueux, et il s'assurait la vie en faisant cela. Si Rodoc venait à tomber, il pourrait prendre la mer à Grand-Cité. Gros-Ne avait dut le supplier de venir avec eux. Il était étonnant que Aigues, le Capitaine des Gardes, n'ait pas fait de même – ce n'était lui aussi qu'un pleutre de parvenu et il se pisserait dessus à la vue de la hache du Roi Grégoire. A croire que je suis la plus courageuse ici. « Je vais donc préparer mes affaires ? »  

« Oui, au plus vite. Nous emmenons quelques hommes avec nous mais veille à prendre le strict minimum. » C'est pas comme si tu m'avais acheter mille et une robes pendant tout ce temps. Harry sortir de la bibliothèque, sa démarche boiteuse de vieux Seigneur dévoré par la maladie le faisait presque passer pour un vieillard. Gisla se contenta de le regarder ouvrir la porte péniblement sans même l'aider. Elle n'aimait pas son père, mais ce voyage vers Grand-Cité lui permettra peut-être de revoir Modric.  

 

 

Grégoire n'arrêtait plus de chanter ses poèmes guerriers – parlant de ces pleutres de Rodoc, de leurs vierges qui ne le seraient plus très longtemps, de leurs soldats que l'on allait dépecer. Quelques hommes suivaient mais ils étaient rares – la seule voix qui portait était celle de Grégoire, qui semblait aussi heureux de marcher vers Grand-Cité que si on l'emmenait pour la première fois à la chasse. Auguste se tenait à ses côtés, tenant en amont de son vil sourire son habituel rictus mesquin. Il regardait avec amusement son aîné et semblait au final tout aussi heureux que lui d'aller en guerre. Thibaut se tenait en retrait – il chevauchait en compagnie d'Arnon, un jeune chevalier à l'engeance vague qui avait probablement été conçu dans le recoin d'une étable. Il n'avait jamais été éduqué mais il amusait Thibaut, il était à peu près le seul à rire de son Roi et surtout de son frère.  

« Si je peux me permettre de conseiller mon futur souverain, mieux vaudrait ne jamais tourner le dos à Sire Auguste. Il poignarderait dans le dos son propre fils. Je l'ai rencontré d'ailleurs – Aimé, il me semble. Je suis resté quelques semaines dans la garnison de Clairzaux mais quand le Capitaine de la Garde a sut évaluer mon amour pour Auguste, il m'a rapidement envoyé auprès de Sa Majesté. Il est plus agréable que son père, il faut lui reconnaître. Lui au moins ne souris pas lorsqu'on lui parle de la mort d'un parent. »  

Durant le long trajet qui relia Noirfort à Bois-des-Loups, Arnon ne cessa de lui raconter ses multiples anecdotes – on put penser qu'il eut vécu sept vies tant il semblait lui être arrivé un nombre impressionnant de choses. Lorsqu'ils approchèrent du siège de la Maison Blood, ce château embrumé encerclé d'une profonde forêt, Arnon quitta Thibaut et rejoignit l'avant-garde. Grégoire fit une entrée fracassante à Bois-des-Loups, c'était effectivement la seconde fois de tout son règne qu'il visitait la ville et beaucoup découvraient leur Roi pour la première fois. Arthur Blood – le Faiseur de Veuves accueillit son Souverain les bras ouverts. Il lui présenta fils et filles – il en possédait cinq, dont l'un possédait déjà les armes d'un chevalier.  

Le banquet commença très vite – dès que les troupes de Cerve eurent monté le camp à l'extérieur de la ville. Thibaut se retrouva sur la table des fils de Blood – il y avait aussi Grégoire Richemont, l'héritier de Château-Rouge, et quelques autres fils de vassaux et jeunes chevaliers de bonne famille. Le Blood à la tenue de chevalier se nommait Alwin. Un grand gaillard fort mais pas très futé – à la différence de son benjamin, Grifon, plus inspiré par la bibliothèque de Bois-des-Loups. Le dernier, Landéric, apprenait tout juste à manier l'épée. Le jeune Richemont fut le premier à parler. Il s'adressa directement à Thibaut. « Mon père a évoqué l'idée que la nouvelle de notre attaque courrait déjà à Rodoc. Ils vont lever le Deuil avant même que nous ayons passé la frontière. La mort de Robin n'aura au final été qu'un casus belli moyennement inspiré pour une guerre qui prendra temps, hommes, femmes, enfants, argent et prospérité. Nous courrons à notre perte. »  

Grégoire Richemont semblait avoir la langue bien pendue – parler de telle façon à l'héritier était passible d'accusation de trahison mais le garçon semblait sur de lui. Ce fut Grifon Blood qui prit sa suite. Il fixa d'un air réfléchi le fond de son verre et dit : « Le petit peuple parle d'un homme qu'on appelle Le Mage. Il réunirait sa propre armée pour contrer les pouvoirs en place. Certains le disent capable de haute magie. » Landéric, son frère, éclata de rire, il fut suivi de façon peu convaincue par Richemont et quelques uns de ses vassaux.  

Le grand gaillard regarda son benjamin avec des yeux moqueurs et lança : « Les ragots du petit peuple ne t'épargne même pas, frangin ! Il y a à peine un mois on nous parlait de chèvres volantes à Salet et maintenant un grand Magicien venu des cieux pour apporter son aide salvatrice à la hiérarchie de ce monde ! A ce rythme, on apprendra dans moins d'une semaine que Florent et Firmin Roysse se marieront à la fin du Deuil ! » Son pic eut grand succès et provoqua l'hilarité sur presque toute la table. Seul Grifon Blood ne rit pas. Thibaut, lui, se contentait d'admirer la scène en simple spectateur. Le deuxième fils Blood se leva de sa chaise et lança:  

« Ce que rapporte le peuple n'est que le reflet d'une vérité. Que ce Mage existe ou non, là n'est pas la question. La vraie interrogation porte sur ce monde. Cerve et Rodoc vont mal, nos royaumes battent de l'aile – les récoltes se font rares, le peuple se meurt, et nos grands Seigneurs ne bougent pas le petit doigt. Une révolte nous pend au nez et nous nous faisons la guerre, festoyons gaiement en marchant vers Grand-Cité. Cette guerre marquera la fin du monde que nous connaissons, et vous le savez tous pertinemment. Richemont a raison : Nous courons à notre perte ! » Il quitta la table, laissant derrière lui un silence plombant. Beaucoup de Seigneurs assis aux tables voisines avaient tendu l'oreille aux propos de Grifon Blood.  

Thibaut regarda le dos du jeune homme s'éloigner et sortir de la pièce. Landéric se tourna vers lui. « Pardonnez-le, mon prince. Il ne sait pas ce qu'il dit. L'alcool, sans doute. » Mais ses paroles se perdirent lorsque les conversations reprirent. A vrai dire, les propos de Grifon n'étaient pas totalement faux. Il suffisait de sortir des châteaux et d'aller en ville pour vérifier la haine du peuple envers ses chefs. Si il y a une révolte, je serais le premier à y passer. Richemont et Blood avaient déjà commencer à débattre – le second était vraiment bêta et ses propos n'avaient aucun sens. Encore quelques heures et tu ne les reverra pas avant des années. Ou plus jamais, si ils meurent sur le champ de bataille.  

 

Modric Riverin fixait d'un regard sévère son nouveau Roi. Firmin ne savait que penser de ce que l'on venait de lui rapporter – Modric visiblement n'avait qu'une solution en tête. J'ai promis. J'ai promis de faire respecter le Deuil. Tous n'attendaient que sa réponse. Fallait-il répliquer ou non ? Les troupes Cerves avaient sans doute déjà franchi la frontière et Croston tomberait d'ici peu. Si Firmin ne levait pas le Deuil, la victoire adverse serait sanglante et rapide. Il se tourna vers Modric.  

« Levez le Deuil, votre Majesté. Il n'y a aucune autre solution. Ils ne respectent pas nos croyances, et cela pourrait causer notre perte. C'est notre fin à tous qui se joue maintenant. » dit l'homme d'une voix sourde et assurée.  

« J'ai promis. » dit Firmin. « Le Deuil devait être respecté. Il le devait. Pour lui, pour mon père. » Il en perdait ses mots. Si il voulait que son père trouve le repos il fallait respecter cette tradition. Des pensées se bousculaient dans sa tête.  

« Pensez à votre tante, à votre frère. Voulez-vous les voir mourir ? Firmin, je vous parle en tant que père de votre mère, en tant qu'ami de votre père et son plus fidèle serviteur durant tout son règle. Levez ce Deuil, attaquons les et boutons les. Ils ne s'attendent pas à ce que l'on réagisse si tôt, ils seront perdus et désorientés. Nous gagnerons à coup sur, nous avons plus d'hommes, et qui plus est mieux entraînés. »  

L'argument familial. C'était à prévoir. Audoin Windes se trouvait aussi dans la pièce, ainsi que Geoffroy Fleuret. Ils étaient tous deux restés muets depuis le début. Ne voyant aucune réponse de Firmin, le Seigneur de Brindes, Audoin Windes, prit la parole.  

« Votre père aurait levé le Deuil. La vie passe avant les croyances, personne ne remettra jamais ça en question. Vous enfreindrez une loi millénaire mais vous obtiendrez l'avantage du peuple. Même dans la tourmente vous savez vous relevez, c'est ce qui restera. Firmin le Juste, Firmin le Brave. »  

Le silence s'installa à nouveau. Firmin regarda les trois hommes. Ils étaient tous de vieux amis de son père, des compagnons de bataille, et pour eux, il n'était qu'un jeune héritier nouvellement promu Roi.  

« Très bien. Je lève le Deuil. » dit-il dans un souffle.  

La Salle du Conseil était froide et Firmin avait très froid. Lorsqu'il prononça ses mots ils sembla geler encore plus, aucun ne bougeait. Nous sommes en guerre. Je viens de devenir Roi et nous sommes en guerre. Il se leva et prononça ces mots : « A une seule condition : je veux me battre. Je veux marcher avec mes hommes sur ces enfants de putain. Modric, vous mènerez les troupes, mais je viens avec vous. »  

 

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CASTING :  

 

RAPHAËL LILLARD : Thibaut Peyre  

SAM PEWANN : Firmin Roysse  

EZRA MONET : Gisla de Croston  

TORI HUNTER : Eugénie Peyre, soeur de Thibaut  

MARCUS LEE BAMPTON : Auguste Peyre  

VYACHESLAV GRINKOZ : Harry de Croston

Scénario : (1 commentaire)
une série A fantastique (Serial) de Ewan Noyes

Raphael Lillard

Ezra Monet

Sam Pewann

Tori Hunter
Avec la participation exceptionnelle de Marcus Lee Bampton, Vyacheslav Grinkoz
Musique par Lisa Kelly
Sorti le 16 avril 2027 (Semaine 1163)
Entrées : 17 844 247
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