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Umbre Legacy présente
No Way Out

Le procès s'achève ce soir. C'est la seconde fois que je comparaît et les lois fundanciennes sont strictes et claires. Je le sais depuis longtemps, très longtemps. En fait, cela fait six ans que j'attend ce moment. Je vais être emprisonné à vie, au milieu des hommes les plus abjects de l'île, dans l'ennui le plus profond et sans aucun espoir de recouvrir les années qui m'ont été arrachées. L'enthousiasme me frappe comme le courant tumultueux d'un fleuve caractériel dans lequel je me serais mis à nager. Enfin, après six ans de quête, ma récompense est là. Au début, je la redoutais, j'essayais de trouver un moyen pour la contourner, un moyen pour la transpercer et me permettre peut être de digérer lentement afin de retrouver une nouvelle vie. C'était la voie de l'oubli. Mais très vite, j'ai arrêté d'y penser. Je me focalisais tellement sur ce que j'avais à faire que mon attention finissait par ressembler à un bateau toujours ancré dans le même port. Les regards timides que je portais à l'au-delà, à ce qui m'arriverait "après" se sont bien vite effacés pour me laisser concentré sur la tâche à accomplir. Au fil et à l'aiguille du temps, je me suis habitué à cet avenir sombre au bout de mon chemin et j'ai tout fait pour le toucher enfin du doigt, car il signifiait la fin de mon cauchemar, pour un autre beaucoup moins douloureux. Une fois en prison, je dormirais peut être dans une chambre spartiate et triste, mais je dormirais. Enfin.  

 

Je baisse la tête, passant mon regard sur le bois verni devant lequel mon avocat se débat dans le filet d'une machination prévue et espérée de longue date. C'est une femme, qui ne paye pas de mine, relativement vieille et tout aussi insipide. Mais derrière la façade sans intérêt du personnage secondaire ennuyant se cache une véritable lionne, véritablement attachée à mes intérêts. Peu à peu, une forme vaporeuse de l'espoir s'infiltre par des failles insoupçonnées de mon esprit. Mon avenir tout tracé devient flou, se froisse et se désorbe soudainement pour laisser la place à une nouvelle voie. Tout aussi expiatoire mais plus juste. Alors que ma défense tente désespérément d'amadouer le juge, les habituels souvenirs me reviennent, une dernière fois avant la fin.  

 

Je revois ces deux femmes, pimpantes et débordantes de vie. Mes filles. L'une d'entre elle, naîve mais incroyablement sympathique brûle d'un amour passionné pour un homme que je ne connais que mal. La seconde, plus intelligente et - évidemment - plus pessimiste, vit tranquillement à l'ombre de son couple uni, en matriarche banale. Alors commence le drame.  

 

Je n'étais pas là à ce moment précis mais j'imagine facilement le mari de ma première fille rencontrer la seconde, son regard lubrique se poser sur ses courbes à chaque rencontre, les premiers harcèlements... Par malheur, Anne, ma seconde fille avait fait l'erreur de divorcer pour tromperie, elle se retrouvait donc seule face à la menace, alors que Cassandra restait persuadée de la pureté de son mari.  

 

Le 14 Juin. C'est ce jour là que tout explosa. J'avais délivré à mon gendre les premières menaces et lui avait explicitement fait comprendre se calmer, après plusieurs mois de simples "conseils". J'avais peur pour Anne, mais je ne m'attendais pas à ça. Pas avec tant de célérité. J'appris bien plus tard qu'avant de la violer et de la tuer, il avait menacé sa fille nouvelle dans ce triste monde d'un couteau afin de la rendre consentante plus rapidement. Il l'avait tué, peut être par peur, par dégoût ou tout simplement par folie, juste après sa besogne. Le pire vint après. Devant l'absence de preuves, mon gendre ne fut pas écroué, et je dus vivre six ans durant avec le désespoir de la mort de ma fille, et la conviction - lucide - que son assassin vivait avec ma seconde pupille. Ma femme était morte depuis bien longtemps, je ne sais toujours pas pourquoi j'ai mis autant de temps avant de me décider.  

 

Autant de temps avant de le confronter. Et le tuer. Je sursautai, surpris dans mes pensées par le marteau du juge, tradition ridicule mais ô combien imposante. Comme si le rêve continuait, les lèvres du vieil homme se mirent à bouger, annonçant au compte goutte la pérennité de mon avenir.  

 

- En vertu des droits qui me sont donnés, je déclare donc l'accusé..  

Scénario : (1 commentaire)
une série Z dramatique de Bernd Harrison

Ivan Colloff

Alyssa Clinton
Musique par Robbie Kater
Sorti le 17 mai 2025 (Semaine 1063)
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