Le sol est chaud et sec sous mes pieds. Je profite encore du soleil avant que ma grand-mère revienne de son travail de femme de ménage à la mairie de Lussas. Dans ces paysages de l'Ardèche, l'été nous fait froncer les sourcils, marcher le dos courbé, et trainer des pieds dans la poudre de sable. Je m'appelle Lolita (Gemma Rosen), à cause de mon père qui faisait semblant de lire le livre de Nabokov. Toute la journée, je traîne autour de ma maison, un peu dénudée, donnant ma chair blanche aux rayons du soleil, et laissant quelques garçons me faire la cour lorsqu'ils passent, «par hasard», devant ma maison. Jimmy (Benjamin Camacho) a 16 ans, mon âge, et vient me voir. Il arrête sa mobylette et enlève son casque. Je l'invite à franchir le portail mais ma mère l'a fermé à clé, il grimpe alors le muret. Son beau corps frêle retombe sur les rosiers et il fit quelques pas en ma direction. Sans dire un mot, il m'embrasse, glisse ses doigts sous ma jupe... et s'arrête soudainement lorsque ma grand-mère (Eleanor Rasberry) fait irruption. Revenant du travail, elle attrape le balai posé contre un mur et frappe Jimmy plusieurs fois dans les jambes. Ils se précipita vers sa mobylette en riant et en me disant doucement «à demain, Lolita!». Mais ma mère, Nathalie, est toujours aussi enragée. Elle me cogne avec le balai et finit le travail à coup de gifles dans la gueule, me griffant le visage, les paupières, avec ses grands ongles mal vernis. Je tombe dans l'herbe, pleurant, l'implorant de s'arrêter. Ma petite sœur Anaïs (Chiara Jablonsky) sort de la maison en courant pour me venir en aide. Ma mère s'arrête enfin, elle range le balai et commence à préparer le dîner.  

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MOI, LOLITA  

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Il est bientôt minuit et je fais semblant de dormir dans ma chambre. Je la partage avec ma sœur où nous dormons dans un lit superposé. Avec elle, nous parlons beaucoup avant de nous endormir, elle veut que je lui parle des garçons que je rencontre, de qui je suis amoureuse et moi je lui demande de quoi elle rêve la nuit. Par exemple, elle rêve d'un grand voyage, lointain et perdu, quittant la sècheresse de l'Ardèche et vivre aux bords des plages de la Côte Atlantique. Chaque soir, je lui promets que nous irons voir l'océan, bientôt. Puis, nous sombrons dans le sommeil.  

Au milieu de la nuit, un moteur de voiture me réveille. Je me lève et m'approche de la fenêtre où des phares m'éblouissent, impossible de savoir qui se trouve dans cette voiture. Je sors discrètement de la maison, marchant pieds nus sur le carrelage froid et ouvrant délicatement la porte. Le chien va aboyer mais je lui bloque le museau aussitôt, il me reconnaît et s'endort. Les phares continuent de m'aveugler, je m'approche de la voiture et celle-ci recule, je courre un peu et elle décampe et s'arrête à 300 mètres de ma maison, dans une rue déserte. Mon cœur tremble très fort, mais comme je n'ai jamais eu peur des histoires de méchants loups qu'on me narrer quand j'étais gamine, je pris mon courage à deux mains et j'avançais vers le ronronnement de la voiture qui venait d'éteindre ses phares. Je distingue un homme, séduisant et bien habillé, qui fait descendre sa vitre.  

«Tu veux monter Lolita?  

Comment savais-vous mon nom?  

Je passe tous les jours ici pour aller au travail, j'entends souvent ta mère hurler ton prénom avant de te mettre des coups.  

Tu me regardes tous les jours?  

Les petites robes te vont bien...»  

Je suis envoûtée, charmée, par les paroles de cet homme que je voudrais rassurant malgré les apparences. Je monte dans la voiture et il m'emmène faire un tour dans les rues de campagne encore brûlante par la journée passée. Les lumières des phares nimbent le visage de Gary (Chuck Beck), cet homme qui vient de me révéler son prénom. J'ouvre la vitre pour sentir le vent glisser sur ma peau humide. Il me fait voyager la nuit, comme une clandestine, ou un fugueuse intrépide.  

Au bord d'un lac, il m'allongea sur le sol et m'aime profondément... Cette nuit-là, je perdis ma virginité.  

Deux heures plus tard, il me demanda ce que je voulais faire. «Aller en boite», lui répondis-je immédiatement.  

Il m'emmena en boite mais me dis que lui dois rentrer et que je devrais me débrouiller toute seule pour revenir chez moi. «Pas de problème, Gary, je retrouverai mon chemin. On se revoit la nuit prochaine?» Il me sourit en me disant que ce sera un plaisir de me revoir.  

Au milieu de la piste de danse, je m'exaltais en dansant au sein d'une foule que je ne connaissais pas. http://www.youtube.com/watch?v=dDwKPGUIVME  

Un jeune homme s'approche de moi, je le laisse me guider, il s'enflamme et m'embrasse. Je le repousse car je veux être seule. Je veux seulement que mon corps exulte en toute beauté et de manière solitaire comme si je rendais hommage à la nuit que je viens de passer. Mais le garçon, Simon (David Hoenig) ne veut pas me lâcher. Il me suit jusqu'à la sortie de la boite. Les vigiles me demandent si ce garçons m'incommode mais je ne leur réponds pas et je marche droit devant moi, sur le bas côté d'une départementale pas éclairée. Je marche et Simon me suit, me suppliant de coucher avec lui, lui ce jeune gars ivre aux yeux exorbités. Je le fais tomber sur le bord de la route et se relève enragé. Il m'empoigne et m'entraîne avec lui dans le champs de maïs à côté. Je crie mais personne ne peut m'entendre. Il me gifle pour me faire taire et me mets à genoux. Il ouvre sa braguette et me force à le sucer. Je m'y applique, écoeurée, je vomis cinq après qu'il soit parti. Je dois absolument rejoindre ma chambre avant le lever du jour, je marche comme un zombie au bord de la route, je vois ma maison, mais je m'écroule au niveau du portail.  

Le lendemain matin, ma grand-mère me soulève d'une grosse empoignade et me traîne jusque dans mon lit. Ma sœur se réveille à peine pour aller à la garderie, elle sait que quelque chose ne va pas. Ma grand-mère s'en fout, pour elle, j'ai désobéis un point c'est tout. Je serais enfermée dans ma chambre une semaine en guise de punition. La journée passe et je ne fais rien, sans cesse les images de mon viol me reviennent et j'ai toujours cette envie de vomir. La nuit passée avec Gary est imprégnée du goût amer de sa fin tragique, je n'oserais pas le revoir ce soir. En plein après-midi, Jimmy s'arrête devant chez moi avec sa mobylette. Il fait le tour du jardin et de ma maison en regardant par les fenêtres mais je me cache sous le lit. Il repartira cinq minutes après. La nuit tombe et Gary m'éblouis à nouveau de ses phares mais je ne sortirais pas de la maison pour le voir. J'écris une lettre où j'explique que je m'en vais. Je réveille ma sœur et je lui dis: «Réveille-toi, on va voir l'océan!»  

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MOI, LOLITA  

un film de Tobbie Whiskey  

avec Gemma Rosen, Chuck Beck, Chiara Jablonsky, Benjamin Camacho, David Hoenig et Elanor Rasberry.  

durée : 1h34