Cela devait arriver. Personne n'en parlait, tout le monde faisait tout pour l'éviter mais cela nous pendait au nez, et ce fut rapide. Très rapide, beaucoup trop. Depuis plusieurs années, et il fut établi plus tard que cela s'était déroulé sur plusieurs générations, nous l'attendions sagement, tout en préférant parler de la fin du monde ou de l'entretien de notre planète. Ce sont des enjeux à longs termes sur lesquels évidemment le défi est grand, mais surtout sur lesquels nous pouvons avoir un impact. Alors que ça.. Nous ne pouvions qu'attendre et fermer les yeux en prévision du "choc". Aujourd'hui, nous sommes en 2034, et depuis quelques années déjà, l'état de gel de la créativité a été déclaré. Il est devenu à la fois illégal et impossible de créer une musique, un jeu-vidéo, un vêtement ou n'importe quoi qui pourrait se démarquer des autres.  

Si seulement il s'agissait d'une mauvaise dystopie, il serait plus ou moins simple d'outrepasser cela en neutralisant les hautes sphères et les applicateurs de la loi mais hélas, ce n'est pas le cas. Il est devenu impossible de créer car tout a déjà était visité, imaginé, produit. Toute musique ne peut plus être qu'un vague sosie d'une mélodie déjà existante où les notes auraient été inter-changées. La mode, sainte main invisible choisissant la tenue des jeunes filles "fashion" jusqu'aux atours des plus importantes femmes de la politique et de la noblesse moderne, a parcouru en tous sens les excentricités les plus folles et les plus laides, avant, tout comme les jeux vidéos, d'utiliser le "retro" et le "vintage" afin de continuer à donner l'illusion de la création, jusque'à la panne totale.  

Ces extinctions progressives de la créativité s'appliquèrent de façon presque homogène à tous les arts, même l'écriture. Les phrases les plus choquantes n'avaient plus aucun goût, les histoires les plus complexes avaient déjà étaient inventées. Même Cinejeu avait fini par fermer, fautes de nouvelles créations à savourer et au vu du désintérêt des gens pour la gestion, lassante, devenue aussi ennuyante qu'une vie sans surprises, une vie sans créations. Une vie où même les héros les plus mythiques ont fini par abandonner, après plusieurs renouvellements, renaissances et caetera. Batman a été exécuté par une Cour des Hiboux presque compatissante, Superman écrasé par un nouveau monstre apocalyptique...  

Aujourd'hui, tout est paré d'un copyright et il est impossible de créer de nouveautés ou d'interpréter une oeuvre existante. Même les parodies et leurs consoeurs de l'interprétation, après avoir tout traversé, n'ont plus rien à donner. La monotonie d'un monde vivant dans le passé est marquée par l'extraction continuelle des créations du passé, à la recherche d'un plaisir déjà exhalé. Les sciences, fidèles alliées de la nouveauté, ont atteint un summum difficilement améliorable et ont permis à l'art de tout essayer pour rendre son dernier souffle. L'homme ne peut plus inventer, l'homme ne sait plus inventer, il ne peut même plus guerroyer, car un seul mot mal placé pourrait déclencher la fin de l'humanité en quelques poignées de secondes. L'homme s'ennuie.  

Albert Colombus, jeune homme a qui tout semble sourire, est destiné à succéder au conglomérat fort représente de son richissime paternel. Comme depuis son enfance, il aura l'argent, les femmes et tout ce qui va avec. Personne n'osera le contredire et son pouvoir l'ennuiera jusqu'à la fin de ses jours. Mais un secret familial fait bientôt surface, véhiculé par les écrits non publiés de son ancêtre de l'ère 2000. D'après lui, un homme a pensé à tout cela, et aurait réservé un gigantesque trésor artistique, perdu, destiné à être diffusé pour briser la monotonie du monde en ces temps sans étincelles. Seulement, d'autres hommes ont eu vent de la rumeur et sont décidés à trouver ce trésor seuls, afin de le vendre à l'état d'en tirer les honneurs. La course au Rekindled est lancée.