Un petit conseil de lecture, écoutez la musique en même temps, quitte à ralentir la lecture, pour vous imprégner de cette dernière.  

The tourist - Radiohead (http://www.youtube.com/watch?v=aAXRKPGKXWs)  

L’eau bouillante ruisselle délicatement sur sa peau rougissante. La main droite posée sur la paroi face à la lui, et l’autre avec les doigts enfournés dans ses cheveux, Jérémy (Nicholas Julyan), le dos courbé, la tête baissée et les yeux fermés, ne bouge pas, laissant l’eau couler sur lui. Couler sans qu’aucune notion de temps ne le perturbe, fermant les yeux et s’évadant, flottant, dans cette couche de chaleur qui l’enveloppe. Après quelque minute d’une certaine forme apaisement, Jérémy rouvre les yeux, saisit un tube de gel douche et se savonne alors rapidement le corps.  

Passant la main pour retirer la buée, Jérémy est debout, nu, devant le miroir de la salle de bain. Il n’arrive pas à détacher son regard de son reflet. Observant son corps frêle et squelettique, cette peau granuleuse, ses poils grimpant sur son torse, cette absence de muscle, ses coupures sur le bras, son sexe pendant, il plonge son regard triste dans celui de son sosie adulte depuis peu en face de lui. Soudain une voix derrière la porte se fait entendre, Rachel (Joanna Davis), sa mère, lui demande de se dépêcher car la famille passe à table.  

Le regarde au loin, Jérémy projeté sa vie derrière la vitre du salon. Soudain, une voix l’interpelle, celle de son père, Laurent (Vincent Vinding), qui en plein débat avec la belle-famille lui pose une question de politique. Hésitant, Jérémy regarde chaque membres de la famille autour de lui attendant sa réponse. Alors l’oncle Thomas dit en rigolant qu’une personne de l’âge de Jérémy n’est pas intéressé par la politique et qu’elle cherche juste à faire la fête, et tout la tablé se met à rire. Alors que le débat de sourd reprend sur les fonctionnaires et leur statut, Jérémy est dégouté par cette classe moyenne auto-suffisante et à la vue étroite. Replongeant son regard dans son plat, il se force à manger.  

Depuis maintenant deux heures devant son PC a jouer à un jeux-vidéo, le jeune homme oublie petit à petit le temps qui passe autour de lui, s’enfonçant dans un autre monde, un monde de violent, d’aventure et d’héroïsme. En pleine partie, son téléphone vibre un coup. Puis il vibre une seconde fois, c’est un appel, alors Jérémy le laisse vibrer sachant qu’il ne compte pas décrocher et écoutera le message plus tard. Après une dizaine de minutes, un sms arrive sur son portable, c’est Élodie (Rebecca Faulconer) qui lui demande pourquoi il ne répond pas et pourquoi il n’est toujours pas là à sa fête. Se levant brusquement, Jérémy se rend compte qu’il n’a pas vu l’heure passer, il se prépare alors en vitesse, tout stressé.  

High and Dry - Radiohead (http://www.youtube.com/watch?v=GKkr29EGc-Y)  

La nuit tombe doucement sur les bâtiments de cette amas de béton et de verre. Les écouteurs dans les oreilles, la musique à fond, Jerémy déambule entre les bâtiments aux moulures de la révolution industrielle. Malheureusement quand le regard se baisse, le retour à la réalité percute les promenades solitaires de son esprit.  

A gauche, un homme en costume avance rapide, presque en courant, bousculant sans gêne une jeune mère avec ces trois enfants, surement une mère divorcée. Devant des jeunes en jogging avec leur scooter, jouant les caïds en se moquant d’une personne âgé ayant du mal à marcher. A droite, deux adolescents d’une quinzaine d’années, s’embrassant encore et encore, plein d’amour, contre la vitrine d’une boutique de vêtements. Il y a trois jours ce n’était pas le même garçon. Bercé par la musique, Jérémy continu son trajet sans s’arrêter comme un fantôme nostalgique errant sans envie dans un monde qui ne peut être le sien.  

Arrivé à la soirée, un garçon qu’il ne connait pas, complément émerché, lui ouvrir la porte, l’embrasse et repart faire la fête l’air de rien. La musique électro à fond fait trembler légèrement les murs, plaçant un rythme sans émotion et sans but dans la tête de Jérémy. Repoussant la porte derrière lui, il rentre dans la grande maison. Plusieurs dizaines de jeunes sont là, un verre à la main, voir une bouteille. La soirée est déjà bien entamée et les visions déjà extrêmement floues.  

Jérémy cherche alors du regard dans la foule Élodie, il aimerait la voir. Il faut se l’avouer, cela fait quatre ans que Jérémy est amoureux d’elle, mais n’a jamais eu le courage de lui dire. Brusquement il la voit, tombant du canapé sous l’effet de l’alcool. Un garçon, assez beau avec ces cheveux blonds la remet sur pied et alors elle se jette dans ses bras et l’embrasse. Prenant un verre sur une table, Jérémy fronce les sourcils et le boit d’un trait. A peine fini, il en prend un second…  

All I need – Radiohead (http://www.youtube.com/watch?v=wUL8NklXDsw)  

Un mal de crâne impressionnant résonne contre chaque extrémité de sa boîte crânienne. Posant les mains sur son visage, Jérémy essaye d’ouvrir les yeux. Respirant fortement, il arrive à sentir sa propre haleine empestant l’alcool. Il commence à percevoir doucement les contours de sa chambre. Se mettant droit dans son lit malgré son mal de crâne, Jérémy essaye de se souvenir de sa soirée. Petit à petit des images lui reviennent, Élodie, un personne se vomissant dessus dans une baignoire, du sang, une bagarre et elle… Il ne connait pas son nom, il ne la connait pas tout court, mais se souvient de l’avoir embrassé. Et surement plus, et sans protection. Jérémy pose sa tête entre ses bras se trouvant pitoyable.  

Soudain son portable vibre, Jérémy décroche. Une voix entremêlée de pleurs et de sanglots, celle d'Élodie, à l’autre bout du fil, elle dit qu’elle a fait une bêtise, qu’elle regrette, qu’il l’a forcé et elle raccroche brutalement.  

Jérémy est perdu, il sanglote, il ne s’est pas comment faire. Prenant le couteau qu’il cache dans son tiroir, il se dit qu’il est trop faible pour ce monde, ce monde sans espoir avec les maladies, les guerres, la famine, la pollution, l’alcool, les mentalités ou encore le tabac. Serrant les dents, Jérémy plante le couteau dans sa peau, se coutant doucement la peau. Voyant le sang couler sur son bras, les larmes montent, brouillant sa vision, et il est satisfait. Satisfait de se punir comme les autres soirs, avec ces coupures qui rejoignent les précédentes. Jusqu’au jour où la satisfaction ne sera plus suffisant dans cette descende dans les enfers…