Il était une fois un monde où coexistaient plusieurs mondes. Les habitants de la Terre migraient petit à petit sur la planète Mars où l'écosystème était bien meilleur. Il n'y avait plus grand chose à faire sur Terre, à part s'isoler dans des bunkers protégeant des émissions radioactives des centrales détruites par la Quatrième Guerre Mondiale. Là où il y avait le plus de travail, c'était sur la Lune, plusieurs entreprises s'y sont installées. Le problème à cette nouvelle organisation du monde, c'était celui du transport d'une planète à une autre. Pour y répondre, furent créés des petits robots aptent à construire des ponts entre les mondes. Le robot Lulu, en était l'un des gardiens...  

Je m'appelle Lulu, habitant de la planète Terre, j'ai été construit il y a dix ans de cela dans le but d'être le gardien du pont qui relie la Terre à son satellite, le Lune. J'en vois passer des humains en costumes-cravates qui partent travailler sur la Lune. La plupart sont cadres ou chefs d'entreprises, ils ressemblent à des zombies mal réveillés, les yeux collés et lobotomisés. La fatigue est leur lot quotidien. Ils ne me regardent jamais, moi qui suis dans une petite cabine à l'entrée du Pont en direction de la Lune. De l'autre côté, sur la Lune, il y a une autre cabine où se terre un autre robot, il paraît que c'est un robot femelle dénommée Rose. Je rêve souvent de ce robot que je n'ai jamais rencontré mais qui fait le même travail ennuyeux que moi.  

Je disais que j'en vois passer des humains tristes et harassés. Toute leur vie se résume au travail, à être pris dans un flux indifférencié, bloqué dans des transports interminables. Je les vois passer et c'est tous les mêmes.  

Un soir, je vis un de ces hommes tomber à terre de fatigue. Les humains qui le suivaient ont marché sur son corps tendu. L'homme ne criait même pas, tant il était épuisé, presque les coups qu'il recevait l'envoyer dans un sommeil encore plus profond. Il ne sentait pas la douleur, il mourrait sous mes yeux... Moi, je n'ai pas le droit de sortir de ma cabine dans ce genre de cas, c'est le service de nettoyage qui s'active à débarrasser le corps de l'entrée du Pont.  

Un autre soir, je reçu un appel d'urgence. Je décrochais le téléphone et j'entendais la voix de Rose. "Robot Lulu, il y a des groupes d'humains qui bloquent la circulation en direction de la Lune. Ils sont plus proches de vous que du mien, vous devriez y aller." Aussitôt dit, aussitôt fait. Je mets ma casquette de sécurité, je prends une lampe torche et je sors de ma cabine. Dehors, des lampadaires éclairaient mon passage, le bruit des voitures rythmaient mes pas et je vis au loin, effectivement, des groupes d'humains à pied bloquer la circulation. Certaines voitures n'hésitèrent pas à leur rouler dessus. "Que veulent-ils ces gens-là ?" Je m'approche d'eux et je leur dis de dégager. Ils refusent et me disent qu'ils manifestent leur mécontentement et qu'ils partiront du Pont quand l'État viendra en aide à ceux qui périssent des pollutions de la Terre. Car ceux qui périssent et qui ne profitent pas du luxe de la planète Mars, ce sont les pauvres bien sûr... Mais moi, je dois faire mon travail, et j'active ma lumière laser qui les tuera immédiatement. Aussitôt dit, aussitôt fait. Ils moururent devant moi. La circulation pouvait reprendre et je gagnerai un bonus pour avoir régler ce problème.  

Le lendemain matin, je vis apparaître les premiers visages humains qui vont au travail sur la Lune. Stupéfaction, tous me regardent ! Je sens leur regard accusateur, je sens leur volonté de me pendre haut et court, je sens la culpabilité monter en moi. Ils savent. Ils savent que je suis programmer pour tuer. Ils me regardent pour me le faire savoir, mais comme le temps presse, ils ne s'arrêtent pas et vont au travail. Je passais la plus mauvaise journée de ma vie, pris d'angoisse, je culpabilisais. Mes actes, mes pensées sont contrôlées, j'ai été construit pour être contrôlé. Pour ne pas faire de débordement comme ces humains qui ont du coeur.  

Je reçois un nouvel appel d'urgence. Je décroche le téléphone et j'entends des bruits sourds. Rose pleure. Elle me dit qu'elle n'en peut plus de ce qu'elle fait. Elle aussi a du tuer des humains ce matin... Je lui demande de me rejoindre.  

La nuit tombée, je vis apparaître au milieu du flux humain, un petit robot en robe jaune, c'était Rose. Elle entre dans ma cabine et on se prit dans les bras, instinctivement. Nous passions des heures à regarder ensemble le flux de la circulation sans rien se dire. Puis je lui glissais à l'oreille que j'avais un plan.  

Au milieu de la nuit, nous sortons de ma cabine. A cette heure-ci, plus personne ne surveille le Pont puisque nous avons désertés ce sale boulot. Avec une clé à molette, nous nous approchons de la structure du pont et nous commençons à tout déboulonner ! Trente minutes plus tard, le pont s'effondre. Les humains qui le traversaient à ce moment-là tombent dans le néant de l'espace et ceux qui allaient le franchir, n'allait pas pouvoir travailler aujourd'hui...  

Il nous faut maintenant nous cacher car il va y avoir des représailles. Jamais un robot n'avait déserter ses fonctions ! Rose et moi creusons un tunnel pour nous y planquer mais la police intergalactique est désormais à nos trousses. Et nous deux, nous avons la frousse.  

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LE PONT DES MONDES  

un film de Dante Machine  

avec les voix de Rick van Biegel (Robot Lulu) et Pamela Chaquirat (Robot Rose).  

durée : 1h15