Octobre 1916  

Adrien (Bryan de Camp) regarde les tranchées allemandes deux cents mètres devant lui. Elles sont obscures, silencieuses. Seule une petite flamme voltige entre les fils barbelés et les sacs de sable, sans doute une sentinelle qui fait sa tournée. De temps en temps une pivoine rouge fleurit au milieu des piquets antichar, illumine un instant le ciel nocturne chargé de nuages, puis se fane rappellant que la guerre est toujours présente. Le canon de la mitrailleuse désigne la tranchée ennemie de sa gueule béante et inerte. L'ennemie, un bien grand mot, simplement un adversaire qu'il faut tuer pour survivre et voir la fin de la guerre.  

Adrien voit son camarade Gaspard (Lucas Segel) revenir du coin ou il est allé se soulager. Jeune garçon timide, qualifié d'imbécile par certains du bataillon, Gaspard est le plus fidèle compagnon d'Adrien. Le silence du jeune homme est pour Adrien la meilleure compagnie qu'on peut souhaité en temps de guerre. Ses regards et son sourire suffit à l'apaiser.  

L'heure de la relève a sonné. Comme d'habitude c'est au tour de Jean (Christopher Fielding) et du vétéran (Enzo Barron). Nul ne connaît le véritable prénom de ce dernier. Tous l'appelle comme ca du fait de son âge et qu'il se qualifie lui même comme étant l'ancien de la bande. A peine arrivé, Jean chippe le tabac de Gaspard qui le regarde sans broncher. Célibataire, grande gueule, barbe en brousaille et geste brusque, Jean ne cesse de rappeller son succès auprès des femmes, même en temps de guerre. Une femme, ses gestes tendres ou tout simplement un sourire au coin des lèvre, voilà ce qu'il manque le plus à Adrien.  

La réserve a été établie dans une ferme abandonnée. Adrien et ses camarades y parviennent sous la pluie, en début d'après-midi après une longue marche au milieu des cratère d'obus. Tandis que les soldats s'entassent dans la grange, à l'abris , en attendant la soupe, on effectue la distribution du courrier. Cabossé, remballé, reficelé, marqué par son passage au service de censure des Armées, mais celà reste tout de même un colis. Adrien coupe les ficelles et arrache l'emballage cartonné afin de découvrir son trésor, des mouchoir, un gros pain, un saucisson, un pot de confiture de pomme et une lettre de sa maraine (Jessie Altman).  

A peine eu-t-il commencer à lire qu'il est interrompue par Gaspard. Le jeune homme serre près de son coeur une lettre de sa soeur Marianne (Marion Portman). Adrien lui propose de partager leur courier afin de partager ensemble ce bonheur furtif. D'un simple geste de la tête, Gaspard refuse l'invitation et se précipite vers la soupe tel un enfant affamé.  

Adrien s'éloigne sur le sentier qui serpente derrière la ferme en direction des bois. Au fon il est content que Gaspard ait refusé son offre. Il a envie de lire son courrier seul, loin des plaisanteries et des regards curieux afin de se sentire plus proche de sa marraine.  

Celà fait un an qu'il entretient cette correspondance. Au fond de lui il sait que cette relation reste fictive mais malgrès tout, les sentiments sont là et c'est cet amour qui lui donne le courage chaque matin de survivre un jour de plus.  

Il ne connaît pas son nom mais c'est sa marraine. A la fin de la guerre, il s'est juré de la retrouver afin de l'inviter à dîner en bonne et due forme.  

Le bruit des roues de vélos sur le gravier fait lever Marianne de sa chaise. Elle se précipite dehors afin de voir le facteur. Celui-ci lui donne un petit tas de lettre dont celle qu'elle attend depuis une semaine. Son petit frère Gaspard est toujours vivant et lui a répondu. Il semblerait que ce jeune gaillard est plus resistant qu'il n'y paraît. Josianne la rejoins dehors et lui fait signe de rentrer. Josianne est sa cousine et est venu s'installer avec elle afin de la soutenir au cas ou une mauvaise nouvelle arriverait, au cas ou la mort viennent prendre Gaspard au passage. Marianne ouvre délicatement l'envellope de cette lettre venu des tranchées et remet à sa cousine le reste du courrier. Josianne est marraine de guerre. Elle a décidé de le devenir à la mort de son époux en décembre 1914, lorsque la guerre eut à peine débuter.  

Elle entretient plusieurs correspondances afin de remonter le moral de ces pauvres soldats. Au milieu du froid, ses lettres leur réchauffent le coeur et leur prouvre qu'il ne sont pas seul. Elle écoute leur peine, leur doute et leur répond à tous avec amour sans en privilégier un plutôt que l'autre.  

Au milieu de ce petit tas de lettre, se trouve celle d'Adrien...