Un scénario de Lodie Framshek, avec :  

- Sylvain Barré : Timus Jameform  

- Cassandra James : Leska Domingues  

- Rhiam Finch : Aison Arley  

- Sarah Keane : Negma Sifried  

- Bernd Donaldson : Julius Jameform  

- Lola Azul : Hannah Dumnam  

Quand Timus était enfant, il n'avait pas d'amis. Il était trop petit et malingre. Il n'avait pas un physique pour plaire et ne faisait rien pour que cela change. Alors en grandissant, puis en vieillissant, rien ne s'est arrangé. Timus a fini par fuir tout le monde, même son entourage. Il développa alors un sens très associable et agoraphobe, mais en retour, il se concentra à cent pour cent sur ses études et devint un génie, plus particulièrement de l'informatique, de la mécanique. Il pouvait aussi bien crée un virus in-traçable, indomptable et dévastateur, qu'assembler un robot sorti tout droit de son imagination et fonctionnant comme il le souhaitait. Mais quoi qu'il puisse faire ou dire, Timus restait irrémédiablement seul et malheureux.  

C'est alors que lui vint la brillante idée de créer une machine capable de lui apporter tous les attributs physiques qu'il ne possédait pas, mais rêvait d'être doté. Il parti du principe qu'un hologramme pouvait transmettre une image créée de toute pièce et que, s'il le superposait à lui même, elle pourrait remplacer son physique disgracieux en qui il voulait ressembler. Il fallait commencer par mettre au point un programme d'attributs faciaux et corporels. Un travail minutieux qui lui prit des mois à confectionner. Puis il attaqua le problème d’empreinte physique. Le corps qu'il allait s'inventer devait "coller" à son corps réel. On devait pouvoir toucher ses muscles saillant, son nez court, fin et droit et... "Bon, aller, assez rêvé et au boulot !"  

Il se choisi une apparence à la fois remarquable et passe partout. Il voulait se dissimuler tout en restant hors-normes. Il se choisi une peau légèrement tannée, une coupe blonde et des yeux noisettes. Ses yeux noisettes, la seule chose qu'il garderait de lui-même. Après des années de travail, il était fin prêt.  

Il s'installa dans la salle de bain. Son "armure", comme il aimait l’appeler, tenait en un casque aux oreilles de Mickey et aux lunettes noires de savant fou. Bon, ok, pas très esthétique, mais de toute façon, son équipement serait invisible et on ne sentirait que la texture de sa peau. Donc ça allait. Il s'assit sur le rebord de sa baignoire et contempla son œuvre, hésitant et excité à la fois. Sa vie allait changer. Etait-il vraiment certain de vouloir prendre cette décision ? Il poussa un profond soupir. Oui. Il ne pouvait pas continué à vivre de la sorte, fuyant le bonheur. Ok, il était un savant reconnu à travers le monde, mais il se cachait perpétuellement, honteux de son physique disgracieux. Il n'avait, au jour d'aujourd'hui, donné qu'une et unique conférence, à Baltimore, cinq ans auparavant et ça avait été la honte de sa vie. Ce souvenir douloureux lui fit serrer les poings.  

"- Je jure d'en finir avec la laideur et les injures", proféra à haute fois le jeune homme.  

Il mit d'un geste son engin sur sa tête et l'activa. Un, deux, trois. Timus respira à fond une nouvelle fois, puis se leva, les jambes tremblantes. Il se mit face au miroir, les yeux mis-clos. Il voyait, à travers ses paupière à demie-fermée, une silhouette glabre, élancée et musclée. Il ouvrit finalement les yeux et fut époustouflé par le résultat. Il siffla et s'admira. Bombant tantôt le torse, souriant de son sourire enjôleur, passant une main dans ses cheveux longs. Il examina même l'intérieur de son caleçon. Tout allait au delà de ses espérances. Il était désormais divinement beau et diaboliquement intelligent.  

Timus sortit dans la rue, pour la première fois en plus de trois ans. Il s'installa sur la terrasse d'un café et commanda un concentré de caféine en faisant maladroitement du gringue à la serveuse. Pas grave, il allait s'améliorer. Il était actuellement l'homme le plus heureux du monde. Tout lui semblait merveilleux autour de lui, mais il se sentait fiers : c'était lui le plus génial sur cette planète. On lui apporta son café.  

Il devait se trouver un nom. Il passa en revu tous les prénoms anglo-saxons les plus courant et populaires, autres que le pauvre prénom honteux que "Timus" : Will, Peter, James, John, Jack... Non, il devait taper dans l'original, mais pas trop. Il sortit son portable et fit une rapide recherche sur internet. Il choisit une lettre au hasard : 24 506 x 123 459 = 3 025 486 254. Puis sa racine carrée : 55 004,420. Le tout divisé par le même chiffre, ce qui donne 1. Donc la lettre A. Masculin et viril bien sur... Aaron, Abraham, Adam... Non, non et non.  

Le moteur bruyant d'une moto le tira de ses pensées. Une harley Davidson flambe en neuve, jantes chromés et pilote aux cheveux longs. Mais bien sur ! Hum... Aison Arley. AA. Parfait. Il avait désormais une nouvelle identité, manquait plus que les papiers, mais ça serait rapide à faire.  

Bon, qu'allait-il bien pouvoir faire de sa nouvelle vie maintenant qu'il avait tout ce dont il rêvait ?  

Au même moment, à la gare routière, à quelques kilomètres de là...  

Une jeune femme quelconque avançait sagement parmi la masse de voyageur récemment arrivé en bus. Elle s’appelait Leska, avait vingt-sept ans et avait quitté le domicile de ses parents quelques heures plus tôt, à la recherche de l'homme de ses rêves. Elle le connaissait peu. Elle lui avait juste parlé quelques années plus tôt, à une conférence sur la robotisation, mais elle avait immédiatement été séduite par cet homme généreux et intelligent. Elle avait eut envie de le connaître plus amplement, mais l'homme, effarouché par les moqueries venimeuses de certains participants, s'était furtivement éclipsé et ne donnait plus signe de vie depuis. Cela lui avait prit des années à remonter la piste de Timus Jameform, mais elle y était parvenue. Il vivait dans une petite ville près d'Atlanta et habitait un appartement moyen et discret. Son but ? Aborder le jeune homme et l'invité à sortir. Il est vrai que c'était audacieux, mais Leska n'avait plus rien à perdre maintenant qu'elle avait tout quitté pour le rencontrer, alors il était trop tard pour faire machine arrière, autant continuer et aller jusqu'au bout de son projet sentimental.  

Seulement, loin de savoir que le prodige avait crée une machine pour changer d'apparences, le reconnaîtrait-elle à ses yeux si elle venait à le croiser ?