Déconseillé aux moins de seize ans.  

Allez sale trou du cul. T'es plus fort qu'eux. Ils nous auront pas, enculé.  

"- Ils sont trop forts..."  

Ferme ta putain de sale gueule. Si tu les combat ils fuiront. Si seulement t'avais une paire de couilles là où...  

ILS SONT TROP FORTS ! ! !  

...  

"- ... "  

Ecoutes-toi. Tu parles comme une tarlouze. Comme ce que tu es. Un pédé qui rêve de s'assumer.  

"- FERME-LA ! ! ! "  

Tu crois que je le sais pas ? Les montées d'adrénalines quand un homo-gothique te regarde en souriant ? Ton admiration pour les pédales stéréotypées des téléréalités ? Les pornos gay que tu mates sur internet...  

"- FERME-LA-HAAAAAA !!!"  

Et dans le prolongement de son hurlement, Matthew sauta de sa chaise d'où il était couché sur son bureau et se jeta contre le mur dans une symphonie mortuaire, frappant du poing et cognant violement et frénétiquement son crane contre la cloison en béton de son appartement de banlieue.  

Il continua encore, et encore, et la tapisserie générique des habitations bon marché des HLM se tachetait de fines gouttes de sang sous son poing. Son arcade droite éclata sous les multiples chocs et une tâche beaucoup plus volumineuse coula le long du mur. La vieille peau du troisième frappait son plafond de son balai et dans son arabe maternel ordonna au petit con d'arrêter de faire du bruit à trois heures du matin. Un coup de tête final mit un terme au vacarme et la musique spectrale qui planait dans son esprit se tu.  

Matthew s'effondra au sol.  

...  

"- ..."  

Tu sais ce qu'il te reste à faire...  

"- ..."  

Allez ! Lève toi ! Purifie ton âme sale pédale !  

Le visage couvert de sang séché, Matthew n'arrivait plus à lutter et craqua. Il se mit à pleurer et plongea son visage dans ses mains meurtries.  

Cinq heures et quart passé.  

Les yeux ouverts, le tableau des pieds de la chaises de la cuisine flottant sur une flaque de sang coagulé. Les bruits sourd et lents d'un métronome cognaient et résonnaient dans les tempes. Les battement de son cœur. Reprenant conscience, la première de ses idées fut qu'il était toujours - encore - en vie. Et la deuxième fut que la voix s'était tu...  

... Purifie ton âme...  

Les violons retentirent. Il se releva, jamais sans se tenir à la table ou au mur, et se dirigea en trainant les pieds vers la porte d'entrée de son appartement.  

Boulevard Richelieu. Les quelques lampadaires qui sont allumés éclairent tant bien que mal le trottoir d'un jaune pisse. La viande est encore là. Les putes qui trainent ne sont plus de première main à cette heure là. Sur le couple de la deuxième, Matthew traine sa Corsa à l'agonie le long du trottoir, choquant sa jante avant droite de temps en temps. Voulant s'arrêter, il cale devant un couple de greluches plus jeunes que lui. Les deux s'approchent de la vitre passager ouverte, celle de droite fait une grimace devant la gueule décharnée du conducteur et la quantité de gerbe qui trône sur la place du mort. Celle de gauche lui propose de monter dans sa chambre, certainement pour éviter de tâcher sa jupe léopard dans la bagnole.  

Pendant qu'il monte les escaliers, elle lui pose du questions. Peut être s'il s'est fait cassé la gueule, s'il s'est prit une murge monumentale, ou s'il a du liquide sur lui.  

Assis sur le plumard, il se laisse faire. La blonde s'occupe de sortir l'outil alors que lui ne se donne pas la peine d'enlever sa veste. Après dix minutes à s'user le rouge à lèvres, elle se relève en se plaignant qu'il est trop bourré pour bander. Il se relève, pose ses yeux pour la première fois sur le regard de la trainée, et sort de sa poche un cran d'arrêt. Surprise par la rapidité du type qu'elle croyait quasi-comateux, elle n'a pas le temps de crier. Il porte son premier coup à la gorge, elle tombe à la renverse en portant ses deux main sur la plaie. Matthew reste debout, à la regarder agoniser.  

Continue.  

Il se met lentement à genoux auprès d'elle et tient sa lame au dessus de son corps, hésitant, ne sachant pas quel endroit frapper.  

Purifie-toi !  

Il enfonce la lame dans la poitrine de la jeune fille à trois reprises.  

Elle arrêta de se débattre.  

Voila...  

Sur le boulevard Richelieu, un Scénic de la police nationale fait tâche au milieu des putes de jours. Un lieutenant passe de filles en filles, un carnet et un crayon à la main.  

Allongé sur son couvre-lit, habillé, le cran d'arrêt jeté dans le lavabo, Matthew fixe le plafond de sa chambre. Sans le savoir, il réfléchit. Peut-être est-ce un rêve. Ou un mauvais trip. Il se met à penser aux flics. Aux spectres des trois putes qu'il a poignardé. Aux dealers qui squattent la cage d'escalier. A la voix de son père qui reviendrait bientôt.  

Tu devrais te sentir mieux maintenant. T'en fais pas, ils nous choperons pas. T'es plus fort qu'eux.  

"- Ils sont trop forts..."