Cinejeu.net : devenez producteur de cinéma ! (jeu en ligne gratuit de simulation économique)

Oz Films présente
Les Ténèbres

 

 

La mer du Nord chahutait la modeste embarcation, un ancien chalutier réaffecté au transport de quelques denrées rares. Et pas tout à fait dans l’ordre de marche établi par les Lois du commerce. Mais après, qui étaient-ils, humbles marins, pour se questionner sur la moralité quand c’était un État, représentant des mêmes lois, qui les employait ? Ils étaient bien payés. Le questionnement était superflu.  

Posé sur la proue du bateau, le Capitaine Clarke pansait ses blessures. Les séquelles de vieilles plaies qui ne guérissaient pas. Le tout jeune matelot, fraîchement embarqué à bord, vint s’asseoir à ses côtés pour lui proposer son assistance. Peut-être avait-il suivi un quelconque cursus médical, avant de laisser tomber ses ambitions et rentrer dans le rang, comme la plupart des jeunes loups aux dents pointues. La dure réalité l’avait brutalement rabattu sur terre. Ou, en l’occurrence, en mer. Là où il survivrait.  

 

Clarke se doutait qu’au-delà de l’aide et de la bienfaisance, ce que voulait le jeunot était simplement entendre l’histoire que les blessures avaient à raconter. En réalité, cela amusait le Capitaine, de voir les gens tourner autour du sujet, telle une escadrille autour de sa cible, dans un round d’observation. Il se demandait combien de temps ses interlocuteurs mettraient pour aborder la question de front, sans plus de détours.  

Mais à sa grande surprise, le matelot se contenta de le regarder, n’ayant manifestement pas les compétences pour tenir en respect sa proposition. Il ne fit rien d’autre qu’observer son capitaine, ce qui mettait celui-ci assez mal à l’aise. Le corps entier, du visage jusqu’au bout des pieds, de Clarke était marqué par des récits divers et variés. Il était maître à bord de ce rafiot depuis vingt ans. Il avait vécu maintes aventures, enduré maintes épreuves. Il suffisait de poser ses yeux sur lui pour savoir de quoi il en retournait.  

 

Le jeune marin attendait simplement que la langue de Clarke se délie d’elle-même, en vieux briscard ayant tout vécu. Mais toutes les péripéties, aussi prodigieuses, dangereuses, éprouvantes et dignes d’intérêt fussent-elles, ne pouvaient rivaliser avec la toute première d’entre elles. Le dépucelage du loup de mer.  

 

C’était vingt-trois ans en arrière. Il venait de laisser tomber de médiocres études, et entrait de cette façon dans le « monde des adultes » comme se plaisait à lui rappeler son père. Soutenu par une tante soucieuse, il avait obtenu un poste de matelot à bord d’un navire qui ferait route vers le Zaïre belge. La destination était inconnue. Le but ? Mettre la main sur le Capitaine Conrad. Un haut dignitaire de la Compagnie Belge, porté disparu, quelque part dans les eaux sauvage du fleure Congo. Une tâche qui, lui avait-on assuré, était plutôt banale dans ces eaux-là. Mais Clarke avait bien vite compris que son galop d’essai ne serait en rien une banalité, et qu’il resterait marqué au fer rouge, à vie.  

 

Une fois enfoncé dans la grande forêt congolaise, sous des arbres gigantesques dont les feuillages masquaient les rayons d’un soleil pourtant dévastateur, l’embarcation était laissée à elle-même, voguant vers sa destinée. Un élément scientifique était monté juste avant de s’enfoncer dans l’obscurité. Une jeune femme, dont le CV était plutôt flou mais qui était sensée pouvoir les orienter dans cette jungle, et les mettre en garde des dangers qu’elle contenait. Zoologie, biologie, anthropologie ? Un peu de tout ça à la fois, probablement. Elle s’appelait Faustine Ducard. Mais quand une embuscade tendue par des indigènes enflamma les ténèbres, l’érudite et innocente Faustine révéla son vrai visage. Ce fut quand le feu s’éteignit, qu’il fit face à la mort et au sang, que Clarke comprit qu’il était en guerre. Et Faustine de lui avouer que le capitaine Conrad n’était pas perdu, mais caché. Dans la jungle, sur les rives du fleuve. Quelque part, ici, là, tout autour d’eux.  

Dans le cœur des ténèbres.  

 

A daté de ce premier massacre, Clarke se transforma en Homme. Ce voyage le forgea.  

Le feu s’embrasait encore et encore, réduisant les accalmies jusqu’à les brûler elles aussi. Jusqu’à ce que la guerre fût totale, que les ténèbres et les flammes dansèrent ensemble dans une valse diabolique. Avec le sang qui giclait hors des corps indigènes, les membres qui volaient au-dessus du fleuve en éclataient sur la végétation ainsi souillée. Les flèches, les pics de bois affûtés, les cordes brûlantes, les coups de bâtons, s’échangeaient avec la poudre à canon, les coups de feu tirés sèchement par des engins de fer et d’acier, et contrôlés par la froideur meurtrière d’un femme qui n’avait plus rien d’humain.  

 

Mais les nègres n’avaient pas moins de cruauté, sans doute influencés par leur maîtresse, une autre garce qui, en Europe, aurait été le rêve de chacun. Ici, fou aurait été celui qui l’eut désiré dans son lit. Mais comme pour Faustine, comme pour tout le monde, sa barbarie avait une frontière. Elle ne pouvait régner dans les ténèbres.  

Le souverain était autre. Inhumain des inhumains, monstre roi des monstres, un Tyran né. Le capitaine Conrad.  

Le gardien de ces terres brûlées.  

Gardien de l’horreur.  

Le diable en personne.  

Au cœur des enfers.  

Au cœur des ténèbres.  

 

 

===================================================  

===================================================  

 

Cette oeuvre est librement inspirée par le récit de Joseph Conrad, Le Cœur des Ténèbres.

Scénario : (3 commentaires)
une série A d'action (Aventure) de Lawrence Hendrickx

Jeremy Batson

Laura Chasen

Justin Forsey

Victoria Dawne
Avec la participation exceptionnelle de Adam Andrews
Musique par Rebecca Goldenberg
Sorti le 21 septembre 2030 (Semaine 1342)
Entrées : 15 470 960
url : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=18492