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Les Films du Cyborg présente
Mignon, laisse-moi te manger

Je suis un ogre fait de chair et d'amour pour les petits garçons. Je les vois s'amuser dans la rue pendant que leurs pères font la guerre au Vietnam et que leurs mères s'envoient en l'air avec leur aspirateur. Les enfants sont dans mes rêves, dans mes yeux, dans mon coeur, dans ma peau, dans mon ventre. Pour être un ogre parfait, il faut savoir se faire aimer des petits (pour qu'ils viennent dans ma demeure) et des grands (pour qu'ils me laissent la garde céleste de leurs enfants). Vous voyez, un ogre, c'est pas si beau et ça a toujours faim.  

Mon nom est "Dent Fer". Cela fait une semaine qu'aucun enfant n'est venu me voir, et pour cause, la guerre du Vietnam est finie. Ils passent tous leurs journées en famille, comme des idiots, à jouer à la balançoire et à faire des barbecue. Bon sang, que je rêverai de griller un steack de mollet d'un jeune footballeur ! J'ai faim, vous l'imaginez bien. En face de chez moi, vit Samuel, un gamin de neuf ans qui déteste sa famille. Il vient régulièrement chez moi pour me laisser lui manger un doigt ou un morceau de sa langue. Depuis que son foutu patriarche est revenu, ils lui interdisent de venir me voir. Et moi, je passe mon temps à regarder Samuel jouer dans son jardin avec mon père qui lui apprend le baseball. Il hait le baseball. Nous on faisait mieux, on regardait les étoiles avec mon téléscope à la tombée de la nuit.  

Je passe la nuit à me morfondre, bien obligé de manger le dernier pied d'enfant qui reste dans mon congélateur. Avec un peu de sel, de poivre blanc et de moutarde, je prépare mon dernier repas. Je viens de prendre la décision de mettre fin à mes jours...  

 

Le lendemain matin, pile au moment où le soleil se lève, Samuel me secoue dans mon lit pour réveiller. "Réveilles-toi Dent Fer, je t'ai préparé le petit-déjeuner !" Effectivement, une douce odeur me parvenait jusqu'aux narines. Il me fit descendre les marches jusqu'à la cuisine en me tenant par la main et me montra le festin qui trône sur la table. Je me pourlèche les babines, ajuste une serviette autour du cou, et je passe à table. Samuel doit rentrer avant que sa famille ne se réveille. J'ai à peine le temps de l'embrasser sur le front qu'il part en trombe rejoindre sa chambre.  

Ayant fini toute mon assiette, une question me vient bêtement à l'esprit : "Mais où a t-il été chercher cette viande humaine ?"  

La nuit venue, il s'échappa à nouveau de sa maison. Il me raconta que son lui et son petit-frère se font garder tout le week-end par leur grand-mère Babeth le temps que leurs parents profitent de quelques jours intimes dans les montagnes. Alors, nous profitons de cette belle nuit pour regarder la pleine lune avec le téléscope. Je ne l'ai jamais vu aussi heureux, il sourit sans arrêt, comme s'il avait trouver le jeu parfait. Tout le voisinnage a peur de moi, ils se demandent si je ne suis pas un monstre, si je ne suis pas le grand danger de leur quartier embourgeoisé. Tant pis. Je ne veux pas être pris pour un saint, j'aime mieux devenir un monstre. Et Samuel, c'est tout pareil, un jour il m'a dit : "Tout le monde dit que mon père est un héros, mais moi je trouve qu'il ressemble plus à Hitler. Et Hitler, c'est un homme mort."  

Il s'éclipsa au beau milieu de la nuit alors que nous nous étions endormis sur la terrasse de derrière la maison.  

Je le revis au petit matin lorsqu'il m'apporta un nouveau petit-déjeuner. Ravi et impatient de manger ce repas cannibale, je lui demandais sa provenance. Il m'emmena vers ma fenêtre et me montra sa maison.  

- Tu ne trouves pas qu'il manque quelque chose au tableau ?  

- Je vois ta grand-mère et ton petit-frère qui jouent dans le jardin.  

- Oui. Et j'ai confidence à ta faire, mon père c'est un homme mort. Tu l'as mangé hier matin, et là tu t'apprête à manger ma mère. Grâce à toi, je me suis rendu compte que je ne voulais pas devenir un joueur de baseball, un médecin, un mécanicien ni même aller à l'école. Je veux être libre, tu comprends ?  

- Mais... Mais.. Tu n'es qu'un enfant..!  

- Tu manges les enfants alors fait pas l'innocent. Les enfants aussi peuvent être pervers parfois. Et moi, c'est comme toi, je suis un monstre.  

- Tu es un ange...  

Il concluait sa révélation en me disant que la nuit prochaine, il sera la cerise sur le gâteau. L'ultime repas qu'un ogre rêve d'acquérir.  

 

Je tournais en rond dans ma maison. Cet enfant est en train de me rendre fou, il me connaît parfaitement, par coeur, jusqu'à la moelle. S'en est effrayant. Et il veut que je le mange tout cru ! Peut-être devrais-je m'enfuir, le laisser en paix, lui rendre son innocence. Et en même temps, lui qui me tend grâcieusement sa chair vivante... Cuite avec un émincé d'oignons serait l'idéal !  

Il est quatre heure du matin. Samuel descend de sa chambre par une échelle et va pour ouvrir son portillon quand sa grand-mère ouvre fermement la porte de leur maison. Elle lui dit :  

- Mon enfant, reviens à la maison tout de suite !  

- Et moi, au contraire, je veux continuer.  

- La nuit est sombre...  

- Je veux continuer.  

- La nuit est dangereuse...  

- Je veux continuer.  

- Tu n'es qu'un enfant...  

- Je veux continuer.  

 

 

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MIGNON, LAISSE MOI TE MANGER  

réaliser par Sam Copeland  

écrit par Dante Machine  

avec les voix de Anton Freeman, Robert Ginerro, Tara Kubota et Eleanor Rasberry.  

musique de Luke Keith  

durée : 1h25

Scénario : (2 commentaires)
une série B d'animation de Sam Copeland

Anton Freeman

Tara Kubota

Robert Ginerro

Eleanor Rasberry
Musique par Luke Keith
Sorti le 08 mars 2025 (Semaine 1053)
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