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Guards Brothers présente
Power

Bande-originale : http://www.youtube.com/watch?v=Mgv88ZLi6LY  

 

« Je pense qu'on s'est tous déjà demandé : « Pourquoi ce n'est pas moi, cet homme qui peut appuyer sur le bouton ? » Car les vainqueurs dans l'histoire, ce ne sont jamais ceux qui subissent mais ceux qui déclenchent. Ça semble une évidence car on est tous habitués à ce système, on est né dans ce système, et que le simple fait d'imaginer un monde où on ne pourrait pas être l'hypothétique victime de la puissance d'une autre personne est en soit une utopie.  

Pourquoi cet homme est le fils de celui-ci ? Pourquoi ne le suis-je pas ? Toute notre vie est le fruit d'un simple hasard qui remonte au commencement, à notre conception : on naît avec ou on naît sans pouvoir. Si les révolutions et autres mesures démocratiques ont en partie fait mentir ces réflexions, on sait tous au fond qu'être un fils de c'est toujours mieux que de ne pas l'être.  

Qu'importe au final ? Tant qu'un avion ne vient pas s'écraser sur votre tour de bureau, tant qu'un autre ne décide pas de pourchasser le pilote dans votre pays en tuant vos enfants pour la paix, tant qu'un homme ne pose pas des missiles nucléaires pointés droit sur votre maison, tout va bien, et on vit sans réfléchir à autre chose qu'aux nombreux malheurs annoncés par le journal télévisé ou au prochain vainqueur du Big Brother.  

Il y en a bien qui se disent penseur de Karl Marx ou de quelconque utopiste dont les seuls actions ont été les idées. Sommes tous comme ces révolutionnaires pacifistes ? Non. Car mes frères, il est temps d'agir. Vous le savez tous : Rien n'est plus important que le pouvoir. »  

 

Plebe termina son discours sous une approbation générale signifiée par les applaudissements provenant de toute la salle. Beaucoup s'étaient levés. Tous, en faites. Paul en reconnaissait plusieurs : il y avait là-bas cette fille plutôt jolie qu'il avait vu à l'entrée. Il ne lui avait même pas demandé son nom.  

Plebe descendit de l'estrade et marcha vers les coulisses en saluant son public. On percevait maintenant qu'il était plus près son acné, cachée sous son épais maquillage.  

Il s'approcha de Nino - qui avait retouché le discours - et lui dit quelque chose à l'oreille, surement un truc positif ou une blague salace car Nino rigola.  

Il était presque autant applaudit dans les coulisses que sur scène où l'un de ses fidèles avait prit la parole : c'était César, le bien nommé. Il commençait à donner des nombreuses mesures à prendre : suppression des armes de destruction massive, mise en place d'une assemblée publique où chacun pourra parler selon son bon plaisir... tant de choses qu'on répétait en soutien à Plebe depuis qu'il avait commencer à apparaître en public. C'était depuis le début que Paul le connaissait. Qu'il l'a avait soutenu. Il se disait lui même l'homme de l'ombre de Plebe. Mais c'était seulement des mots, il n'avait aucune influence politique sur Plebe. Il était seulement son ami. C'était pas comme Nino, qui affichait un grand sourire au simple regard de Plebe.  

Plebe fit le tour des coulisses, saluant tout le monde. D'une simple bise aux maquilleuses, jusqu'à de vagues conversations ou remerciements à ses hauts conseillers : Hegan, Marwey, des types comme ça, en costard, bien coiffés et au visage hypocrite mais qui ne semblait pas déranger le moins du monde Plebe qui était littéralement dans un autre monde après l'ovation dont il venait d'être la vedette.  

Il jeta alors un regard vers Paul et sourit plus que jamais. Il s'approcha de lui et le serra dans ses bras. Paul en eut le souffle coupé et n'entendit qu'un murmure : « Merci. » qu'on lui souffla à l'oreille. Plebe stoppa son étreinte et relâcha Paul, puis partit avec Nino et Hegan, surement embarquer dans la voiture de l'un des trois pour discuter politique. Paul les regarda partir, et il fut bien le seul car tous les autres étaient désormais hypnotisés par César et son blabla sur les réformes.  

Paul décida d'aller voir Marwey qui regardait bêtement l'estrade et semblait s'ennuyer fermement. Il s'assit à ses côtés. Marwey détourna son regard pour fixer Paul. Il prit la parole après que les applaudissements furent terminés :  

« Je me demande encore si on pourrait pas gagner d'une façon, disons... plus démocratique. Vous avez vu la salle ? Il y a bien mille personnes, et on en a refusé au moins dix fois plus. Rien que sur la ville. »  

 

Puis il détourna son attention sur César et ne dit plus un mot pendant tout le reste du meeting. Marwey était l'un des premiers à avoir rejoint le mouvement. Il avait obtenu trente pour cents il y a dix ans pour des élections locales, c'est pour ça que Plebe l'avait engagé comme proche conseiller : à l'époque, il n'y avait aucun politicien qui n'avait cru en lui. Marwey n'avait jamais été en accord avec le plan de Plebe, celui du putsch. Seuls un petit groupe de privilégiés au sein du mouvement était au courant, et tous avaient toujours été motivés pour cette action sauf Marwey. Peut-être parce qu'il était le seul à avoir une femme et deux filles, Paul n'avait jamais sut, même si il se posait depuis le début des questions sur Marwey.  

César avait terminé et il descendit, après avoir déclaré des remerciements à toute la salle, qui applaudissait à tout rompre et se retira quelques minutes plus tard.  

Tout le monde finit par partir de même en coulisses. Mais Paul attendit à la sortie pour voir si la jolie fille lui jetterait un coup d'oeil à la sortie de la salle. Mais il ne la vit même pas. Surement perdue dans la foule d'un millier de personnes qui se précipita dehors dans un brouhaha insupportable.  

 

 

La salle était très vaste et on comptait près de vingt ordinateurs de la dernière génération, des unités centrales haut de gamme et des petits génies comme les appelait Nino qui tenaient en main les souries. L'action était bien sur commanditée par Plebe, et donc par extension de Hegan et Nino, mais c'était le chef du département informatique - un certain Franck, ou François, Paul ne se souvenait plus vraiment - qui s'occupait de tout mettre un oeuvre.  

A vingt et une heures tapantes, tout commença. Chacun s'attendait à recevoir des représailles, de la simple désinformation aux journaux télévisés jusqu'à une intervention armée ici même, mais tous croyaient au plus fin fond d'eux même qu'ils allaient réussir.  

Même Paul. Marwey n'était pas là, il n'était même pas venu depuis une semaine au bureau, ce qui était assez étonnant de sa part. Plebe n'en avait pas tenu compte et avait simplement accusé un virus passager.  

Résonnait dans la salle des bruits de clavier à n'en plus finir. Tous tapaient à une vitesse pas croyable, pour Paul en tout cas. Il se disait que si on était tous né sans aucun pouvoir sur sa vie et son libre arbitre, comme le disait souvent Plebe indirectement lors de ses discours, ces gars là étaient né avec un poste informatique dans le ventre de leur mère.  

Un ou deux paraissaient même très jeune. Paul ne leur donnait pas seize ans, mais ce n'était pas vraiment le moment de se poser des questions sur les risques encourus. Et de toute façon, si Paul osait l'ouvrir, il se ferait rembarrer par Plebe sur ordre de Nino. Voir même expulser de la salle.  

Ce n'était vraiment pas le moment.  

Au début il ne se passa rien, puis Paul vit Hegan sortir dans une pièce voisine et quelques temps après, Plebe faire signe à Paul de venir les rejoindre.  

Il les suivit et se retrouva dans une salle sombre où siégeait dans le fond un téléviseur. Elle parlait très vite et semblait paniquée, parlant entre autre « d'effondrement des réseaux des banques les plus prestigieuses du pays » mais aussi de piratage des principaux réseaux gouvernements, notamment celui de la police fédérale et du ministère de l'économie. Entre deux phrases on pouvait entendre « putsch » ou encore « coup d'état », le nom du mouvement de Plebe n'étant jamais cité. Puis, après cinq minutes, l'écran devient bleu. Plus aucun signal.  

Paul resta là, planté devant le téléviseur qui ne produisait plus aucune image. Hegan poussa un rugissement de victoire et sorti son téléphone pour regarder si la panne était générale.  

« Aucun accès réseau. On a réussi, on est les seuls maîtres. »  

Ils repassèrent dans la première salle où tous tapaient encore à une vitesse folle, se passant rapidement des messages vocaux si rapidement qu'on croirait entendre une langue inconnue. Franck sourit à Plebe qui se retira dans une autre salle, cette fois sans Paul, en lui disant simplement « Retourne devant l'écran bleu. »  

 

Paul savait déjà la suite du plan. Il éprouvait pour la première fois une certaine angoisse sur la suite des évènements. Qu'est-ce qui allait se passer après ? C'était déjà prévu, mais est-ce que tout allait se passer comme prévu ? C'était loin d'être gagné. C'est alors que l'écran bleu disparu, laissant place à Plebe, assis dans un fauteuil. C'était un enregistrement, évidemment, mais il portait pourtant un sourire de victoire, comme si même à ce moment là, il était certain de la réussite du plan.  

Le message serait par la même occasion diffusé sur les ondes radiophoniques et sur internet, prenant le monopole de tous les médias à une heure de grande écoute. Plebe s'anima alors et commença à réciter son habituel discours sur la liberté le pouvoir. Tant de thèmes qu'il abordait si souvent depuis le début.  

Mais cette fois, le discours prit une autre tournure. Au lieu d'évoquer « Si j'avais le pouvoir », Plebe s'exprima différemment.  

 

« J'ai pris le contrôle avec le soutien du peuple de tous les médias. Désormais que chacun a put m'entendre, j'espères et j'entreprend renverser le gouvernement actuel. Si celui-ci décide de quitter ses fonctions lui-même, tout se déroulera sans violence. Mais si ce dernier est encore en position demain à cette heure même, je vous demande à vous, vous et vous, de lancer une ultime rébellion. Quelles qu'en soient les conséquences pour eux. Car je vous le dit, quoi que le gouvernement décide d'entreprendre, dans une semaine, nous pourrons tous décidés de nous même. Vous serez libres. Pour la première fois depuis sa création, l'être humain sera libre ! »  

 

 

Plebe se tenait debout, la main près du levier mais il ne l'avait toujours pas enclenché. La foule était impressionnante. A vu d'oeil, Paul aurait bien dit qu'il y avait deux cent milles personnes. Mais il y avait tellement de monde qu'il n'avait plus aucune notion des chiffres, peut-être y en avait-il un million, peut-être seulement cinquante mille, mais il n'avait jamais vu autant de monde réuni dans un même endroit, c'est sur.  

Trois semaines s'étaient déjà passées depuis la tentative de pouvoir. Trois semaines de ce que n'importe quelle personne aurait appelée "Guerre civile" mais que Plebe se plaisait de nommer "Election". Une élection bien sanglante.  

Le levier qu'il tenait était relié à une plateforme, et pouvait enclencher son retrait. Sur cette plateforme, cinq hommes. Dont un avait été le Président de ce même pays il y a encore un mois et pensait le rester encore au moins deux ans. Il avait une femme, trois enfants, surement une mère, un père. Il était comme chacun de nous au fond, sa seule différence étant qu'il avait gouverner et qu'il avait refusé de laisser ses pouvoirs à Plebe.  

Autour de lui, Paul reconnu l'un de ses plus proches conseiller personnel, et des anciens ministres.  

Chacun avait une corde autour du cou. Trois pleuraient. Le président regardait devant lui, vide, comme si il se disait que tout ça allait finir dans quelques minutes. Il avait tout abandonné. Plebe était en train d'expliquer à travers son micro que tout aurait put bien se passer, et il avait raison sur ce point. Mais Plebe tenait toujours ses promesses, et même si ce ne fut pas en une semaine, le gouvernement finit par tomber, sans qu'il y ait une approbation totale du peuple. L'armée, refusant de tirer sur les civils, finit par déposer les armes.  

C'était une nouvelle page de l'histoire qui s'écrivait désormais. Et Plebe en était l'auteur. Plebe et Nino et Hegan bien sur. Plebe qui aurait repris Paul et ajouté que l'auteur, c'était chacun d'entre nous. Tous autant que nous sommes nous allions pendre ces cinq hommes.  

Soudain, il y eut un cri de victoire dans la foule. Après avoir arrêté de parler, Plebe venait d'abaisser le levier.  

 

Plebe siégeait dans ce qu'un inconnu aurait appelé un trône. Devant lui s'étendait une table assez longue pour loger les quelques vingt personnes qui s'y trouvaient. Hegan et Nino étaient tous deux à côté de Plebe. Plus loin s'étendaient des personnalités plus ou moins importantes : des principaux ministres au plus proche du Grand Plebe, puisqu'il fallait l'appeler ainsi, lui, sauveur du peuple et de la liberté, jusqu'aux moins notables, dont Paul, à l'autre bout de la table. Il était en fait au bout de la table, juste en face de l'une des seules femmes de ce conseil. Reminda Trello, employée au Ministère des Transports, représentante du corps fonctionnaire.  

Depuis le début de la séance, Reminda et Paul s'échangeaient des regards. Paul la trouvait plutôt jolie. Lui qui n'avait jamais connu l'amour, surtout pas avec Plebe comme ami. Plebe qui depuis son arrivée au pouvoir ne faisait pourtant qu’enchaîner les relations.  

Après un silence de quelques secondes suite au débat plutôt houleux sur l'Assemblée du Peuple créée par Plebe, où chaque citoyen pouvait s'exprimer à sa guise, ce fut à Logan, représentant de la Milice Nationale, de prendre la parole.  

« Grand Plebe. Nous avons emprisonné un certain Marwey. Nous savons qu'il a fait parti de votre Cercle avant votre brillante accession au pouvoir, et nous avons jugé bon de l'arrêter pour vous avoir tourné le dos alors que vous tentiez de rendre la liberté à chacun. »  

Paul détourna son regard de Reminda et fixa Logan avec inquiétude. Ce dernier tripotait sa barbe en attendant la réponse de Plebe.  

Ce dernier se leva et sorti de la salle sans dire un mot sous les regards un peu déconcertés de ses conseillers. Sa mine n'avait pas bronché et il avait quitté la table comme si la séance était levée. Nino reprit cependant la parole et déclara :  

« Pendez-le. La séance est levée. »  

 

 

Paul était assis sur cette même chaise depuis bien deux heures et se contentait du Magazine du Peuple, dont les articles alternaient entre une éloge de Plebe et une critique acerbe sur les régimes politiques étrangers.  

Sa lecture fut stoppée par la voix douce de la jeune secrétaire de Plebe. Paul leva alors les yeux. Il ne l'avait pas remarquée. Et pourtant le visage de la secrétaire lui rappelait vaguement quelqu'un. Ne s'agissait-il pas de cette jolie fille qu'il avait fixé jadis lors des nombreux meetings de Plebe ?  

« Le Grand Plebe vous attend. Vous pouvez entrer. »  

Il la fixa quelques instants sans qu'elle le remarque et pénétra dans le bureau. Plebe était là, pour la première fois depuis des mois Paul pouvait le voir seul. Il lui fit signe de s’asseoir en face de lui.  

« Ça fait longtemps qu'on s'était pas vu face à face. » déclara d'un ton mou Plebe. « Pourquoi me réclamer une audience en privé ? »  

Paul attendit quelques instants avant de répondre. « Cela concerne Marwey, Grand Plebe. »  

« Pendu haut et court. Quoi d'autre ? »  

Paul fixait Plebe dans les yeux. Il cherchait à la fois l'ami de son enfance, qu'il avait soutenu depuis toujours. Il cherchait aussi l'adolescent utopique, qui rêvait de liberté. Ce qu'il voyait dans ces yeux, ce n'était plus Plebe, c'était le Grand Plebe.  

« Je pense que vous faites erreur en faisant tout cela, Grand Plebe. Je pense que cela va à l'encontre de ce que vous avez toujours défendu. »  

Et là, pour la première fois depuis trop longtemps, Plebe sourit. Il se leva de son siège et s'approcha de Paul pour lui murmurer à l'oreille.  

« Rien n'est plus beau que le pouvoir. »  

 

 

Erik Buchanan est Paul  

Dave Flannery est Plebe  

Lara Wryn est la fille  

Vivy Thamine est Reminda Trello

Scénario : (2 commentaires)
une série B dramatique de Stuart O'Gridy

Erik Buchanan

Lara Wryn

Dave Flannery

Vivy Thamine
Musique par Leila Sansel
Sorti le 01 mars 2025 (Semaine 1052)
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