Paris, Décembre 2010, l'hiver pointait le bout de son nez sur la capitale. L'automne avait vite disparu, laissant la place à un ciel gris, aussi gris que cette rue par laquelle Franck Sharko passait tous les jours pour se rendre au comissariat. Voilà maintenant quelques années que Franck Sharko, dit Shark, bossait à la criminelle.  

Ciel gris pour une nouvelle journée noire. Quelle affaire allait encore lui tomber dessus cette fois? Cela ne ratait jamais, dès que c'était sordide, c'était pour lui. Certes il était l'un des meilleurs dans son domaine, on ne comptait plus les affaires résolues par le célèbre Shark et ses intuitions venues d'ailleurs mais à la longue, ce travail le détruisait de l'intérieur, à petit feu.  

Il neigeait depuis plusieurs jours sur Paris, une pellicule blanche recouvrait la capitale, ce qui rendait finalement cette journée plus agréable. Shark aimait le bruit de ses pas dans la neige, regarder les traces de pas, les suivre du regard jusqu'à les perdre. La sonnerie High Way to Hell de son cellulaire finit par le sortir de ses pensées.  

- "Shark, c'est Jim, pas encore au bureau?"  

- "Non pas encore, je ne suis pas pressé de ramasser une nouvelle affaire"  

- "Pas pressé? A croire que les meurtriers le sont pour toi, un homicide a été signalé rue du Caire dans le 2ème, on t'attend là bas. Fonce. Bon journée Sharko" dit Jim d'une voix amusée avant de raccrocher.  

Ni une ni deux, shark fit demi tour pour se rendre sur la scène de crime. Quelle horreur allait-il encore rencontrer se demanda-t-il.  

A peine arrivé sur les lieux, un jeune policier l'interpella.  

- "Bonjour M. Sharko"  

- "Appelle moi Shark va. Quel est le topo"  

- "Un homme abattu d'une balle en pleine tête, rien n'a été volé, aucun signe d'effraction, le voisinage n'a rien vu ou entendu, l'équipe scientifique est déjà sur place pour les relevés"  

- " Ok, je vois que la machine est déjà en marche, merci pour le point, je prends les choses en main."  

Sharko monta les quelques marches menant à l'appartement et entra. En effet l'équipe scientifique s'affairait déjà.  

- "Salut Sharko, alors c'est toi qu'on envoie sur cette affaire?"  

- " Tu es toujours aussi perspicace Sev' dit moi". Séverine Fleuri, chef de l'équipe scientifique, qui prend son pied à promener ses cotons tiges un peu partout. Sharko ne pouvait pas la supporter mais il fallait avouer qu'elle était plutôt douée, surdouée même pour occuper un tel poste à moins de trente ans. Alors il fallait faire avec.  

- " Pas besoin d'être perspicace sur cette affaire à priori, autant le mec qui a tiré vise bien, autant il a laissé son mégot de cigarette le con, on devrait rapidement l'identifier."  

- " Enfin une bonne nouvelle, bon en gros j'ai rien à faire ici c'est ça. Fais moi parvenir les résultats d'analyses dès que tu peux avec une identification ça serait parfait."  

Sharko tourna les talons sans laisser le temps à la scientifique de répondre et sortit.  

Quelques jours plus tard, Sharko était assis à son bureau, buvant l'infâme café quand son téléphone sonna:  

-" Sharko c'est Sev', j'ai les résultats, le mec à la cigarette est identifié, je t'envoie le tout par mail, avec nom et adresse. Je crois que tu n'as jamais eu une affaire aussi simple."  

-" Il semblerait oui. Je te remercie Sev'. Ciao."  

Sharko consulta sa messagerie, imprima tous les documents envoyés par Seb et se rendit au sous sol prendre sa voiture.  

Sharko consulta ces documents en route direction la banlieue. Julien Chardy, 28 ans, petite frappe connu des services de police pour des délits mineurs, aucun lien de connu avec la victime. Il semblerait que des petits vols il soit passé au meurtre se dit Sharko.  

L'adresse du prétendu coupable fut vite localisée. Un petit pavillon, une voiture garée devant. LA voiture ne semblait pas avoir servie depuis quelques jours, le pare brise avant étant couvert de neige.  

Sharko se gara juste devant, sortit, s'avança vers la maisonnette et frappa à la porte.  

Aucune réponse ne vint en retour.  

Nouvel essai.  

Toujours rien. Aucun bruit ne semblait provenir de l'intérieur.  

Sharko aurait pu en rester là, mais non, une intuition, encore une intuition lui fit faire le tour de la maison.  

La porte arrière était fracturé, une vitre brisée. Sharko sorti son glock et entra prudemment à l'intérieur. Aucun bruit, aucun signe de vie. Quand il pénétra dans le salon, il était clair que la vie avait définitivement quitté ces lieux. Julien Chardy gisait dans son sang, la gorge tranchée.  

Shark prit illico son téléphone:  

- "Sev', c'est Shark, merci de m'avoir envoyé sur une nouvelle scène de crime. Ramène vite tes fesses tu as du boulot. Tu connais déjà l'adresse."  

- " Ok j'arrive tout de suite".  

Shark raccrocha et s'approcha du corps. L'entaille au cou était nette, le couteau ensanglanté se trouvait à proximité. A première vue, la mort avait eu lieu il y a quelques jours. Aucun signe de lutte apparant. Julien connaissait-il son meurtrier? Avait-il été surpris? Tant de questions et peu de réponses pour l'instant.  

Sharko quitta le salon pour l'arrière de la maison, et observa la porte fracturée. On avait brisé le carreau pour pouvoir l'ouvrir. Des bris de verre étaient éparpillés sur le sol. Il se pencha pour observer de plus prés la porte fracturée et le verre brisé.  

Un détail attira son attention. Du sang, certains bris de verre étaient ensanglantés. Le meurtrier s'était-il coupé en brisant la vitre. Possible, le corps de la victime ne semblant pas présenté de coupures.  

Là encore, le meurtrier avait semble-t-il laissé tout ce qu'il fallait pour l'identifier, c'était vraiment étrange.  

L'arrivée de l'équipe scientifique tira Shark de ses réflexions. Il vit Sev' entrer avec tout son attirail.  

- "Sev', en priorité, regarde ce que tu peux trouver sur le couteau, et notre meurtrier a laissé son sang sur la porte de derrière. Analyse prioritaire, je veux un nom avant ce soir, compris?"  

- " Parfaitement compris Shark, je t'appelle dés que j'en sais plus".  

Shark quitta les lieux et rentra au bureau. Durant le trajet, ses pensées fusaient dans tous les sens, cette affaire était vraiment étrange. Deux meurtres, deux modes opératoires différents, aucun lien apparent entre les victimes, et surtout deux meurtres d'amateurs, chacun avait laissé sur place de quoi l'identifier. L'arme du crime a même été laissé bien en évidence. Quelle explication donner? Quelle logique? L'assassin devenait-il victime? Le premier meurtre était-il un règlement de compte et on avait fait taire le meurtrier? Mais pourquoi encore des indices si "gros"? Si aucune logique ne semblait se dégageait, Shark eut cependant le sentiment qu'il devait retrouver le second meurtrier, et vite.  

Revenu à son bureau, Shark éplucha tous les rapports dont il disposait, à la recherche du moindre détail, du moindre indice mais il ne trouva rien. Aucun lien, aucun mobile apparant. Pourquoi ces meurtres, pourquoi ces victimes là? Il tenta quelques recherches sur le net, passa des coups de fil, en vain.  

Il explora le passé de la première victime, espérant lui trouver des relations douteuses, en vain.  

Il devait attendre le coup de téléphone de Sev', attendre le nom du meurtrier, et peut être de la prochaine victime.  

Son téléphone sonna finalement plus rapidement que prévu, il se jeta dessus.  

- "Sev', dis moi que tu as un nom et une adresse!"  

- "J'ai, évidemment. On a fait analyser le sang retrouvé sur la porte en priorité, il appartient à Julien Deltoise, 6 rue du Rendez Vous, Paris 12ème. Pour info, la mort remonte à 3 jours."  

- "Merci Sev', garde ton téléphone près de toi, je sens que tu vas avoir encore du travail."  

Shark raccrocha, se précipita dans son véhicule et partit en trombe dans Paris malgré la neige qui rendait la chaussée glissante. Le gyrophare aidant, Shark se fraya un chemin dans le trafic parisien et atteignit la rue du Rendez vous. Il y pénétra, scrutant par la fenêtre les numéros affichés en façade des batiments.  

Il arriva au niveau du numéro 6. Il pila, laissa sa voiture en plein milieu de la rue, et entra en courant dans cet immeuble. Il repéra en entrant le nom sur une boite au lettre, il gravit les marches 4 à 4 et arriva devant la porte, porte qu'il enfonça d'un coup d'épaule.  

A l'intérieur, Shark reprit sa respiration. Le calme semblait régner dans cet appartement, aucun désordre, aucun bruit, aucun signe de vie. Shark pénétra dans le salon, la cuisine et ne remarqua rien. Lorsqu'il arriva à l'entrée du couloir qui devait mener au chambre et à la salle de bain, Shark perçut comme un bruit d'eau qui coule. Il s'avança prudemment dans ce couloir. Le sol était recouvert d'eau. Il remonta des yeux le flux d'eau qui coulait lentement dans le couloir; elle provenait de la pièce du fond, se glissant sous la porte. Shark s'y dirigea lentement, l'arme au poing. Le bruit étant maintenant plus net, de l'eau coulait d'un robinet. Shark se saisit de la poignée et ouvrit la porte.  

Il se retrouva dans la salle de bain et del'eau coulait dans la baignoire, baignoire qui débordait, et au fond de la baignoire : Julien Deltoise.  

Shark observa la posture assez étrange de ce corps dans cette baignoire, elle n'était pas naturelle. Quelquechose clochait, ce n'était pas un simple corps posé au fond de la baignoire, il semblait comme collé. Il s'approcha et après quelques secondes il comprit.  

Le corps ne semblait pas, il était collé au fond de la baignoire. Les bras, les jambes, le dos étaient collés à ce cercueil d'un autre temps. Sharko s'approcha du visage de la victime, l'arrière de son crâne avait été rasé et avait été également collé, du tissu enfoncé dans sa bouche elle même baillonnée.  

Sharko s'imagina l'assassin badigeonner le corps de la victime de super colle, l'installer dans la baignoire, le baillonner, laisser la colle sécher puis mettre l'eau.  

Le niveau de l'eau s'était donc mis à monter lentement. Julien s'était-il réveillé? Sharko espéra que non, sinon sa mort avait dû être atroce.  

Sharko se recula devant cette scène cruelle et c'est là qu'il les vit, dans la poubelle, des pots de super colle, vides. Si l'arme du crime était à nouveau présente sur les lieux, le mode opératoire était cette fois ci bien plus élaboré, ce n'était pas le travail d'un amateur, ce n'est pas le travail d'un amateur depuis le début. Ce n'était d'ailleurs pas un travail, c'était un jeu, un jeu de piste.  

Sharko comprit alors le lien qui unissait ces trois victimes, leur meurtrier, une seule et même personne, qui semait des cadavres et les indices qui menaient à la prochaine victime.  

Pour mettre un terme à ce jeu de piste macabre, Sharko allait devoir suivre les indices, suivre les pas de ce psychopathe...