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Oz Films présente
Alius

 

 

Le soleil se couchait, la Lune s'élevait.  

Pleine et claire, elle illuminait la peur du monde, comme un fantôme luminescent. Elle était effrayante, car par sa seule présence sonnait l'heure de la fin.  

 

La fin d'un cycle, avant la renouveau et la venue d'un autre. La renaissance.  

 

Mais pour l'heure, la mort guettait. Elle nous surveillait tous, là-haut dans le ciel. Je l'observait, je la fixait. J'affrontais son regard absent, mon imagination métamorphosant les cratères en deux yeux scrupuleux, se délectant de nos peurs et de notre sort.  

 

La fatalité voulait que cette nuit serait la dernière, pour nous, les Songes. C'était notre nom.  

Des êtres évoluant dans une réalité de substitution, générés par un esprit coordonné et adroitement programmé. A côté de nous, d'autres esprits s'entrelaçaient, générant les Rêveurs.Ceux-ci n'émanaient pas de séquences pré-compilées mais des méandres de l’inconscience humaine. Tellement plus complexe, et pourtant si prévisible.  

 

Nous étions étions conçus identiquement à la base, mais la vie, même virtuelle, nous as légué la conscience de l'être. Nous pensons, nous vivons. Indépendamment les uns des autres, développant nos propres tables de sensations, accumulant des expériences diverses et évoluant chacun de notre côté.  

 

Mais au bout d'un cycle de Lune, c'était fini pour nous. Au contraire des Rêveurs qui, eux, continuaient jusqu'à ce qu'une mort physique les rattrapes.  

 

Même si en ma condition de Songe, je n'étais considéré que comme un sous-être, j'évoluais dans la même réalité psychique que les Humains, qui avaient déserté leur monde pour cette mascarade virtuelle.  

 

Ainsi, j’observais. Prêt à faire face à mon destin.  

Dans le lointain, le vent siffla. Sauf que le vent ne hurlait pas à la mort. C'était un cri strident, comme chaque soir, chaque heure,... A la différence que celui-ci ne venait pas de l'abîme perdue dans les profondeurs sombres des hautes tours de la ville. Il ne venait pas de la rue, mais de l'autre côté.  

 

Je me retournai et observai la forêt ténébreuse qui s'étendait à l'horizon, les premières cimes reflétant le lueur blanche de la Lune. Il y avait quelque chose, là dedans. Quelque chose qui avait peur, qui était menacé. Qui mourrait.  

Je dévalai ma colline et me précipitai vers un gouffre d'obscurité percé dans le bloc végétal. Un trou noir qui menait droit dans la gueule du loup, pensais-je.  

 

La forêt était plus sinistre encore vue de l’intérieure. Les fougères, buissons et arbres formaient des silhouettes foncées, aux détails imperceptibles. Il n’y avait que des formes obscures, dessinées sur un fond d’encre, ne pouvant permettre le moindre point de repère. Tout se ressemblait dans cet amas d’ombres indistinctes. Je courais devant les même buissons, entre les mêmes arbres,... j'étais perdu au cœur même des ténèbres.  

 

Je priait pour que la lumière lunaire perce les feuillages obscurs, me rappelant ce que cette Lune avait de particulier: pleine, ma dernière.  

La mélancolie me freina, et je n'avançait plus qu'en trainant les pieds, fixant le sol dans quelque pensée dépitée.  

 

Puis, de la noirceur, la lumière vint. Le sol s'illumina sous mes yeux et me fit relever la tête. J'étais arrivé dans une clairière, comme une petite île au milieu d'un océan déchaîné. Au milieu, une véritable boule de lumière, une forme qui faisait refléter l'éclat lunaire.  

 

En me rapprochant, je compris qu'il ne pouvait s'agir que d'un corps, recouvert d'un drap blanc. Un corps recroquevillé. Je m'agenouillai et fit tomber le voile, apercevant une belle et longue chevelure, lisse, vénitienne. Mon cœur battait contre ma cage thoracique quand je fis tourner le corps, me retrouvant face au visage d'une jeune femme. Je tremblai devant le faciès transfiguré par la peur et l'horreur. Comme si l'innocence avait été balayée par l'épouvante.  

 

Le corps ne bougeait pas. La peau était froide et pâle. La Mort était venue prendre son âme, mais avait jugé bon d’exposer ses traits les plus durs et terrorisants à sa jeune victime. Un dernier trauma d’atrocité, une façon peu enviable de quitter la vie. Mon effroi et ma peur étaient renforcés par l’allure familière du corps.  

Je la connaissait.  

 

Dans mes premières nuits, j'avais comme tout Rêveur mis mon existence au banc de l'excès. Plus les croissants de Lune grignotaient, plus ma soif s'accentuait. J'étais désireux de goûter à tous les plaisirs que mes structures pulsionnelles m'imposaient.Pour étancher une soif de ravissement sans cesse grandissante, chaque heure, chaque minute et chaque seconde avait été amorcée dans le vice et la débauche.  

 

Parmi les instruments de ma jouissance, il y avait eu une femme. Une courtisane, considérée comme un déversoir, elle avait fini par me foudroyer et avait éveillé en moi une âme sentimentale et morale. J'avais pris pitié d’elle et de sa condition, pitié de moi-même et de mes semblables. Des émotions plus fortes que tout désir ou que toute pulsion m’envahissaient de toutes pars.  

Je l'aimait.  

Je la respectait.  

 

Mes souvenirs ressassaient avec peine et désolation.  

Des larmes emplissaient mes yeux, plongés dans la douleur. L’une d’elle glissa et descendit le long de ma joue.  

Elle resta un moment suspendue au-dessus du vide, comme suspendue dans le temps, immortelle, avant de chuter lourdement sur le corps inanimé de la malheureuse.  

 

C’était ma première larme.  

Puis, il y en eut d’autres.  

Chaudes, elles offraient un certain réconfort au Rêveur que j'étais et qui avais perdu son seul attachement à la vie et à la moralité.  

Je n'avais plus rien désormais, si ce n'était de comprendre.  

Qui? Pourquoi m'avait-on volé ce qu'il y avait de plus précieux dans ce Rêve, son sens?  

 

 

 

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Distribution:  

 

Narrateur: Thomas Cave  

La courtisane: Vivy Thamine  

 

 

 

Scénario : (2 commentaires)
une série Z de science-fiction (Fantastique, Drame) de Lawrence Hendrickx

Thomas Cave

Vivy Thamine
Musique par Eileen Raven
Sorti le 11 juillet 2026 (Semaine 1123)
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