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Summerzik Production présente
Je la hais

Merci encore une fois à Gérard Cousin pour cette affiche !  

 

Un silence. Un silence moite, effrayant. Dans la pièce, pas un souffle, juste un homme contemplant le désert de sa fenêtre. Contemplant le souffle inaudible. Ce vent balayant feuilles mortes et indécis. Mais à l'intérieur, rien. Pas la goutte d'eau du robinet, pas le tintement de l'horloge. L'homme d'une trentaine d'années, connaissait bien ce malaise. Il était récurrent. Il posa sa main contre la vitre. Elle glissait doucement. Oh un bruit, oh ce bruit. Cette stridence. L'homme sent l'extase monter. Il tapota délicatement ces doigts, puis frappa contre les murs, puis la porte. Une harmonie de sons! Et si sa tête frappait en cadence contre le plancher? Un nouveau son! Le sang qui coule, qui s'écrase, quelle symphonie ! Il frappa des pieds. Boum, boum, BOoum! Ses ongles griffèrent le tapis avec l'intensité d'un tigre sur sa proie. Le jeune homme courut dorénavant tel l'étalon sur son plancher. Il manquait plus qu'un rugissement pour compléter la parade des sons. Quel brio, quelle palette, quelle gamme ! Un homme seul est seul. Pauvre homme, pauvre solitude. Dans le désert, ton seul ami, c'est le soleil, et encore, si il ne brûle pas ta peau et tes ailes. Dans la solitude, tu es ton propre ennemi. Dualité entre le son et l'insonore. Le vivant et le mort. Puis sa femme est rentrée, elle l'a vu foncé tel le rhinocéros. Il était seul. Plus maintenant. Il est deux. Ou plus. Et ce n'est qu'un commencement.  

 

Tout semblait pourtant parfait. Il avait la femme de sa vie. Elle avait l'homme de sa vie. Il s'aimait, il s'était dit "oui, oh oui!" devant l'hôtel de ville. Ils voulaient des enfants, une vie paisible, une vie entre eux. Lui était un scénariste en devenir. Elle une grande championne d'équitation. Tout semblait être une route vers la perfection.  

Mais.  

Mais elle était possessive. Bien trop. Le jour de son mariage, il n'eut pas le droit de prendre des photos avec d'autres personnes qu'elle. Il ne fêtait plus ses anniversaires. Ne voyait plus sa famille. N'avait plus d'amis. Il n'avait qu'elle, pour le meilleur, et parfois, -bien trop souvent-, le pire.  

Ils ont alors décidés de vivre aux États-Unis, dans un état paumé, dans le désert. Pour le plaisir de la demoiselle. Au revoir le cinéma pour le monsieur. Au revoir tout ça. Heureusement qu'elle avait au moins une jolie bouille. Et qu'elle assurait au lit.  

Ils n'auraient pas du s'isoler, se couper de tout. Oh non.  

 

...  

 

Je suis sur ce long chemin. J'attends qu'on vienne me chercher. Je suis sur cette vieille route cabossée. Va-t-on me chercher dans mon passé? Je les vois venir, revenir, passer, me dépasser. Moi je suis à terre, j'attends que parte le sombre orage. Je sens l'eau sur mon visage. Est-ce des pleurs qui viennent compléter la pluie? Est-ce du sang sur mes mains? Est-ce que ma vie défile devant mes yeux? Cet orage, cette pluie battante, est-ce le chemin de la liberté? Ces personnes qui m'évitent, est-ce tout ce que je mérite? Où est mon précieux soleil qui viendrait m'éclairer, me sublimer, et tout simplement me réchauffer? L'alarme du village hurle. Est-ce pour m'annoncer les larmes, les soupirs? Ou bien me parle-t-elle d'une chose que mon isolement ignore? Suis-je finalement le seul à attendre sur ce chemin? Suis-je le seul à entendre cette alarme inaudible? Dois-je vivre sous un long fleuve de pleurs? Suis-je emporté par le torrent de mes sanglots? Mon âme s'est-elle évadée? J'essaye de me relever, de me mettre sur mes deux pattes, mais la roue est boueuse. Je m'écroule. Je retombe bas, sur mes pas, où mon corps git maintenant sans conscience.  

 

Salut. Qui es-tu? D'où viens-tu? Où vas-tu? Je ne sais pas. Réponds à ma question. Je ne sais pas. Silence.. silence .. silence.. Et voilà, je me prends cette foutue branche. Et voilà, je m'écroule contre le sol. C'est vrai, où vais-je? Je t'avais dit qu'on se retrouverait, imbécile. Tu es sur cette route depuis maintenant trois ans. T'as essayé de prendre le chemin inverse, t'as essayé de fuir, mais te revoilà. Bravo. Ça t'a mené à ça? Et tu la vois cette pluie, c'est de ta faute si elle tombe, car t'es pas capable de pleurer, de crier à l'aide de temps à autres. Mais..? Non. Tais-toi. Tu es impuissant, incapable de rien. Tu es toujours sur cette foutue route depuis trois ans! Regarde là tu te tais devant mes propos ; tu sais que j'ai raison. T'es impuissant face à ta propre vie ! Tu crées une pluie artificielle et ton sourire effraie le monde alentour! Mais.. je ne fais pas exprès! Le problème est bien là. Observe toi un instant. Que vois-tu? Je .. je ne vois rien? C'est pire que ce que je pensais. C'est bien pire. Arrête de te mordre les lèvres ! Est-ce que ça te sert à quelque chose ? Hein? Mais ça me détend ! Non. Je n'y crois pas un instant. T'es qu'un sale type. Je me casse, ça sert à rien que je fréquente la même route que toi, t'es entêté. Salut. Non, reste.  

 

Je voulais que ça aille mieux, je voulais vivre avec elle, mais non, je vais devoir la tuer, mais non, cette salope a gâché ma vie.  

J'ai du être seul, tout sacrifier pour elle, j'ai du tout perdre pour elle, non, non, ça ne va pas se passer comme ça !  

Je la hais.  

 

Musique de Steven Hathaway avec (dans l'ordre par paragraphe) :  

Black Sabbath - Paranoid  

Electric Light Orchestra - Bluebird is Dead  

Paul McCartney - Tempory Secretery  

King Crimson - 21st Century Schizoid Man  

Scénario : (2 commentaires)
une série Z thriller (Psychologique - Expérimental) de Chuck Neil

Conor Jurmann

Diane Stern
Musique par Steven Hathaway
Sorti le 31 décembre 2022 (Semaine 939)
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