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Summerzik Production présente
Desolation Row

Merci à Gerard Cousin pour l'affiche :)  

 

Richard (Charles Hopwood) a beau guetté autour de lui, mais non, ce soir, Richard va encore passer une nuit seul. Cigarette à la main gauche, un verre scotch dans l'autre, il a tout du stéréotype même du dépressif. Il est là, assis dans un bar, devant le serveur, les yeux rouges de fatigue. Il pue l'alcool et le tabac, comme tous les soirs. Le désespoir, ce blues qui possède au fond de lui est habituel. C'est une mélancolie, un récit impossible, un concert sans public. Il médite, sans force, à son avenir. En plus d'être du stéréotype même du dépressif, il possède aussi tout de celui du raté. Auteur-compositeur de 33 ans, il peine à avancer. Seigneur Lennon & Morrison ne veulent apparemment pas l'aider. Il vit de petits revenus, chantant dans le métro, participant à quelques enregistrements en studios, mais, rassurez-vous, rien de sérieux. Il avait, pourtant, à une époque, un petit nom dans le milieu de la musique. Il a eu son heure de gloire... une heure, que dis-je, quelques minutes. Pour vous dire, il avait même une maison à lui ! Pas comme aujourd'hui, dans son.. truc de quelques mètres carrés, prêté par une association, le temps qu'il se "réinsère dans la société". Encore mieux, il avait une femme, et des enfants, des gens qui l'aimaient, certains prêts à tout pour lui ! Bien mieux que sa situation actuelle, où on peut lire sur son front "cherche un coup", "je suis seul, dépressif, raté, mais je veux baiser, et peut-être qu'après je pourrais emménager?". Forcément, c'est une chose qu'une femme peut sentir de loin.  

 

Résultat, personne n'approche Richard. Personne n'a d'intérêt pour lui. Il dégoûte les femmes. Certaines, pour vous dire, ont même changé de trottoir à titre préventif ! Pour les hommes, c'est un désintérêt total. "Il a raté sa vie, c'est con, mais à vrai dire je m'en fous. Je veux juste fumer ma clope moi." Même le barman n'a aucune sympathie pour lui. Il fait son job, c'est tout. Des ratés, il en voit tous les jours, à toutes les heures, en permanence. À force, il n'exprime aucune pitié pour ces gens, il ne voit qu'un revenu sur leurs têtes. "Oh, on n'est pas au Secours Catholique ici!!". Ce qui fait qu'au final, Richard est seul au monde.  

Là, à ce stade de l'histoire, normalement, vous devez vous demander une chose. Comment est-il passé du Richard beau, joyeux, avec la famille stable, etc.. au Richard d'aujourd'hui, poivreau, dépressif, clodo, répulsif? Ahah, vous savez les amis, le mariage, et l'amour, parfois, c'est pas éternel. On voudrait y croire, et d'un jour à l'autre, hop, la demoiselle de votre vie part avec vos gosses. Elle est là avec tous ces papiers, procédures, armée d'avocats.. Que veut-elle? De l'argent. Après des années de mariage, d'amour qu'on croit parfait, ce qu'elle veut, c'est du blé, de la tune, comme si elle en avait pas assez. Bref je m'égare, tout ça, ce n'est pas ce qui est arrivé à Richard. Dans son malheur, il a presque eu de la chance! Il est plutôt craintif de nature, parano sur les bords, les deux font la paire. Il doutait de tout, et sa femme à force, après des années conjugales passées ensemble l'a quitté. Ce ne fut pas sans peine. Car ne croyez pas qu'il est suffit que de ça pour décider, oh, à la belle Anaïs de partir.  

Maintenant vous vous attendez à ce que je vous parle de l'erreur de Richard, je suppose?  

Et bien non, d'abord, je vous parle d'Anaïs (Stephanie Berger). Car cette femme était faite pour lui. Une chevelure noire à en couper le souffle. Un regard noir de braise, avec une expression saisissante. Un nez et des lèvres tout petits, comme des poupées de collection. Celles qu'on ne trouve pas, seulement dans les musées, et qui nous fait dire "je veux le même!". Et bien à vrai dire, je crois bien que sa femme était une pièce rare. Un chef-d'œuvre. Il l'avait séduit dans sa jeunesse, à l'université, avec des coups de "je suis un artiste, nous allons voyager,faire mille et un océan, et toi ma muse, tu seras la raison de ma quête.".(c'est du charabia, je vous l'accorde. Je vous accorde aussi que Richard est (était?) un romantique niais.) En soit, ils n'ont pas voyagé des masses, mais c'est vrai que d'un autre côté, Richard lui avait ouvert toute son imagination. S'il n'a pas forcément de talent, le jeune homme avait à l'époque beaucoup de rêves, une vision du monde bien à lui, et entrer dans sa tête était comme un voyage. Une fois à Tombouctou, à Dehli, à New York, bref, vous avez compris l'idée. Si on reprend la description physique d'Anaïs, de haut en bas (car l'inverse aurait été mal vu non?), on passe à son corps, sa taille, et tout le reste. Elle était petite de nature, et son poids était faible de nature, ne dépassant que rarement la barre des cinquante kilos. Tout était proportionné, et l'ensemble formait une belle femme, splendide même, celle où on se dit "mais pourquoi il y en a pas des comme ça dans les films?!".  

Je pourrais vous faire maintenant sa description psychologique, mais je vous ai dévié d'un sujet plus épineux. Alors, à vous d'imaginer sa personnalité en fonction des évènements que je vous ai et que je vais vous décrire. Je vous l'ai dit, Richard est craintif. Comme un enfant face à l'inconnu. Alors, mais, je ne sais pas comment vous le dire. Anaïs s'était absentée un soir. Richard ne voulait pas la voir partir. Peut-être qu'elle allait voir un autre homme que lui ! Oh cette idée l'effrayait, tellement, à un tel point que .. qu'il cassa le bras de son fils, et appela sa femme pour la faire revenir. Il prétexta que l'enfant était tombé des escaliers. Paul, son gamin de neuf ans, avait le bras totalement plié en deux. Il était en pleurs. Sauf que la fête ne dura pas longtemps. Il fut dénoncé par son enfant, et il avoua lui aussi. Il lui fut interdit de voir sa femme, ses enfants, et c'est là que tout a commencé.  

Il ressentait un sentiment d'impuissance telle face à tout ce qui était arrivé, qu'il n'arrivait pas à expliquer son histoire. Il eut la réaction classique du condamné, qui d'abord rejette la faute, la nie. Ensuite il a pleuré, toutes les larmes de son corps.. Et maintenant il a accepté son échec, dans le pauvre bar à l'angle de la mairie. La seule chose qu'il avait récupérée du divorce, c'étaient ces foutus CDs.  

 

Don't Think Twice, It's All Right.  

 

Alors là, avec sa cigarette à la main, M. le raté, Richard, le sans famille, le sans ami, sort du bar. Il est devenu à un stade d'alcoolisme, où il ne se rendait pas compte de l'état second où il est. Là, pour lui, il est tout à fait normal. Pourtant, il marche de traviole, essaye d'avancer tant bien que mal. Et c'est à ce moment que.  

Oui à ce moment précis, qu'il fait un coma éthylique, comme si la vie en avait marre de lui.  

Non, je rigole. Même bourré, il tient bien le poivreau. C'est donc à cet instant, qu'il croise une femme. Oh elle était exquise, il en avait pas vu des filles comme elle depuis.. Anaïs. Il essaya de s'approcher, d'elle, mais celle-ci le repoussa. Il insista, tentant malgré son alcoolémie élevée (donc son incapacité à aligner deux mots sensés.) à lui faire la discussion. Elle a adoré ; elle est partie en courant sur ses hauts talons aiguilles. Et je peux vous jurer que pour courir en talon aiguille, faut avoir une réelle motivation. Richard s'écroule contre le sol. C'était le refus de trop. Cette fille, il a eu le coup de foudre. Ces pensées s'arrêtent ; il s'est endormi contre le trottoir.  

Le réveil, oh, il est dur. Il s'est pris une veste d'une charmante fille, il ne sent plus rien, à part le vomi sur ses vêtements, et des crachats sur son visage de gamins qui ont gentiment eu pitié de lui. Cette fille, qu'il avait vu, était parfaite! Elle est partie. Mais pour une fois, Richard ne veut pas se laisser faire. Il est peut être résigné, mais cette fille, si étrange, qu'il a vu l'espace de quoi, dix secondes? Et bien il veut la retrouver, coûte que coûte. Un beau rêve. Un doux rêve. Richard se lève, et commence sa quête.  

 

He looked so immaculately frightful, as he bummed a cigarette. Then he went off sniffing drainpipes and reciting the alphabet.  

 

Mais franchement peut-on y croire? Je ne sais pas. À vous d'en juger. Peut-on réellement retrouver une fille, dans une agglomération, qu'on a à peine aperçue lorsqu'on était bourré? Est-ce qu'un simple amour (en est-ce vraiment un?) peut changer un homme? Quand on part de rien, est-ce possible de remonter la pente? L'amour est-il une drogue, quelque chose qui va lui permettre de remonter la pente, ou bien, va-t-il abandonner lâchement, comme il l'a fait toute la vie? A-t-il réellement une chance de quoi que ce soit maintenant? Sans emploi, dépendant au tabac, à l'alcool, agressif (?), perdu, peut-il un instant croire que tout va changer d'un claquement de doigt, à cause d'un amour certainement vain? À vous de voir.  

Tout ce que je peux vous dire, c'est que cette demoiselle en question, c'était Anaïs. Vous savez, la rupture avec un être aimé change les personnes. Le visage d'Anaïs après avoir quitté Richard a considérablement changé. Il s'est modifié avec la peine qu'elle a ressentie. Elle reste pour autant une jolie femme, mais une femme avec une douleur omniprésente. Vous savez, c'est le genre de femme qui va sortir et tout, mais qui reste discret, qui se tait sur tout. C'est ces changements qui font que Richard ne l'a pas reconnue. Et elle... comment reconnaitre cet homme après tout ce qu'il a vécu? C'est impossible. Anaïs a l'image d'un Richard jeune, dynamique, ambitieux, rien à voir avec le poivreau qui l'a accosté. Bref.  

Souhaitons à Richard bonne chance. Observons ce spécimen, et voyons ce qu'il devient.  

 

Now you would not think to look at him, but he was famous long ago for playing the electric violin on Desolation Row.  

 

Hommage à Bob Dylan.

Scénario : (3 commentaires)
une série Z sentimentale (Drame) de Sean Kiszko

Charles Hopwood

Stephanie Berger
Musique par Aimee Kubota
Sorti le 28 mai 2022 (Semaine 908)
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