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Well Walling Production présente
Mamies en Vadrouille

D'après une idée originale d'Evangélina Walling II, rédigé par Sonia Loïs, avec :  

- Israël Alijah : Un gériatre  

- Margaret Wildbitch : Gersande  

- Freddy Hardy : Une conquête de Hortense  

- Sophia Birwin : Gersande jeune  

 

«- Gersande, vous avez de la visite !  

– Hein ?  

– De la visite ! » répéta la femme en parlant beaucoup plus fort.  

La petite mamie releva la tête, visiblement perdue. Elle ne comprenait toujours pas ce qu’on lui disait. Pourquoi venait-on lui dire « Gersande, on a un amnésique » ? Même si Alzheimer était la seule famille de la vieillesse…  

« C’est Magalie et sa petite sœur !  

– Le mari de qui qu’a Alzheimer ? » insista Gersande  

La gériatre leva les yeux au ciel en souriant et laissa entrer les deux petites-filles de la vieille femme. Gersande ouvrit les bras et s’illumina d’un sourire en voyant deux petites créatures s’avancer vers elle pour l’embrasser. Magalie avait treize ans et sa petite sœur, fruit d’un deuxième mariage de la mère, avait tout juste deux ans. La grande était du genre sage et affectueuse, légèrement adolescente dans le caractère, mais prête à beaucoup de patience pour faire plaisir à sa famille. Elle embrassa sa grand-mère et posa sa petite sœur sur les genoux de la mamie.  

« Tiens, regarde Mamie, je t’ai trouvé un truc sympa la semaine dernière » fit la petite-fille en tendant un livre jaune et noir.  

Gersande ajusta ses grosses lunettes sur son nez et plissa les yeux en essayant de déchiffrer les gros caractères de la couverture.  

« La jaunisse pour les moules ?  

– Non Mamie, la jeunesse pour les nuls. Je me doutais que tu n’arriverais pas à lire alors je t’ai enregistré une cassette. Tu vois ? Tu devras mettre ça dans tes oreilles et appuyer ici. Je t’ai déjà réglé le son à fond pour que tu entendes. »  

Magalie lui mit un vieux baladeur cassettes entre les mains. Elle avait même pris le soin de coller une pastille rouge sur le bouton de mise en marche.  

« Tu pourras t’amuser avec tes copines avec ça. Tu me rendras visite hein ? »  

Gersande ne comprenait pas tout, mais elle comptait bien découvrir pourquoi ce livre sur la jaunisse était si « sympa ».  

« Bon, tu m’en veux pas Mamie hein, mais je dois ramener Emma à la maison avant de partir chez Papa pour la semaine. À bientôt Mamie Gégé ! »  

Mamie Gégé tourna et retourna l’appareil démoniaque entre ses longs doigts cireux et pleins d’arthrose. Encore cette technologie qu’elle n’arrivait jamais à faire fonctionner. Mais si c’était pour faire plaisir à Magalie, elle pouvait bien appuyer sur un bouton et remplacer son sonotone par ces fichues oreillettes qui beuglaient.  

 

« Ah, oui ! » s’écria Hortense en voyant le baladeur. « Je m’en souviens, de ce truc, les jeunes appelaient ça les Oualkmon, je crois.  

– Les Walkman » corrigea Blanche, la plus technophile du groupe.  

Blanche était la dame moderne de la maison de retraite : elle avait appris l’anglais, avait travaillé avec des machines à écrire dans son bel âge et connaissait même le mode d’emploi des machines à coudre. Plus tard, avec ses enfants, elle avait pu rester en contact avec l’avancée technologique et réussissait même à distinguer les télévisions des ordinateurs.  

Gersande passa un écouteur à sa copine Blanche et mit le deuxième dans son oreille. Blanche appuya sur la touche play et la voix de Magalie se mit à faire la lecture dans l’appareil.  

« La jeunesse pour les nuls : la recette pour retrouver vos vingt-cinq ans ! »  

Plus la lecture avançait et plus les mamies semblaient étonnées. Blanche alla même chercher de quoi écrire et réécoutait des passages entiers pour noter ce qui était dit sur la cassette. À l’heure des soins, elles durent cacher tout le matériel pour que les aides-soignants ne se doutent de rien, puis reprirent leur travail jusqu’à l’heure du repas.  

Hortense, l’incontinente du groupe, dut abandonner ses amies plusieurs fois en cours de route pour subir le courroux des gériatres, mais jusqu’à la fin, elles restèrent soudées, contre la somnolence, les accès de surdité et tous les autres problèmes qui survenaient aléatoirement dans leurs corps fatigués par la vie.  

Avant huit heures – heure fatidique du couvre-feu –, elles avaient réussi à tout finir. Elles avaient obtenu, grâce à la petite Magalie, une incroyable recette pour redevenir jeunes. La formule ne fonctionnait que quand il n’y avait pas de soleil, elles devraient donc se contenter de vivre la nuit, mais elles décidèrent qu’elles étaient prêtes à tout pour un peu de liberté et de santé.  

Être autonomes et indépendantes, retrouver toute leur lucidité et leur beauté d’antan, n’était-ce pas un merveilleux rêve ?  

 

Pour rejoindre ses amies, Hortense devait passer un véritable parcours de combattant. Déjà, sortir de sa chambre sans réveiller sa co-habitante à moitié folle, passer le couloir en évitant Jean-Mi l’exhibitionniste obsédé, et enfin, convaincre les aides-soignants qu’elle allait bien aux toilettes et qu’elle n’avait pas besoin d’être changée.  

Du haut de ses quatre-vingt huit ans, la vieille femme se trouvait trop âgée pour ce genre d’émotions fortes. Elle regarda l’heure. Neuf heures. La plupart des pensionnaires dormaient à poings fermés depuis bien une demi-heure. En ce doux mois de juin, il faisait encore jour et il n’était pas très difficile d’évoluer dans la maison de retraite.  

Après ce qui lui semblait être une éternité, Hortense retrouva ses amies dans le local de scrabble, où se déroulaient parfois de longs tournois endiablés entre infirmes. Ses deux copines étaient déjà là et avaient réuni tout ce dont elles avaient besoin pour retrouver leurs belles années.  

« Allez, dépêche-toi un peu, à notre âge, on devient plus facilement grabataires que patientes ! »  

Hortense haussa les épaules et vint se mettre à genoux près de Gersande et Blanche. Position bien inconfortable pour leurs pauvres genoux hors d’usage, mais nécessaire pour accéder à leur nouvelle vie. Gersande tendit les mains et les deux autres mamies les prirent.  

« C’est l’heure de vérité, les filles. Prêtes ?  

– On a le temps pour un Notre Père ?  

– Non ! »  

Gersande commença le rituel. Vue de dehors, la salle de scrabble paraissait illuminée par des néons à la couleur extraordinairement changeante. Il n’y avait aucun bruit, rien de suspect excepté cette lumière douce et froide. Seules les trois mamies surent ce qui se passa vraiment dans la pièce.  

Dix petites minutes plus tard, la fenêtre s’ouvrit et trois gazelles fraiches comme des roses sortirent de la maison de retraite en gloussant. La recette avait fonctionné et Gersande, Blanche et Hortense n’avaient plus rien des grand-mères ratatinées et incontinentes qu’elles étaient quelques instants auparavant.  

Une fois loin de la maison de repos, elles s’assirent pour savourer le goût de cette victoire. Elles n’avaient plus mal nulle part, les lunettes ne faisaient que brouiller leur vue redevenue parfaite et leur poitrine avait cessé de leur chatouiller le nombril. Transportées par la joie, Gersande et Blanche se sautèrent dans les bras en poussant un cri d’allégresse. Hortense, elle, examinait son corps dans ces vêtements de vieille bique incontinente.  

Un sifflement appréciateur s’échappa de ses lèvres quand elle regarda son propre décolleté. Certes, elle avait bien perdu quelques tailles en retrouvant sa silhouette svelte, mais la fermeté de ces belles oranges valait bien le sacrifice des melons. Sans plus de pudeur, elle se déshabilla et retira sa gaine.  

« Les filles, une nouvelle garde-robe s’impose. J’ai déjà vu le tiroir de lingerie de ma petite-fille, autant vous promettre que les culottes on connu de sacrés avancées technologiques.  

– Tu ne veux pas attendre une prochaine fois ? On vient à peine de retrouver des oreilles en bon état de marche !  

– Tu plaisantes, j’espère ? Qui va vouloir me sauter dessus avec ces fringues ? On a passé l’âge d’être sages ! »  

Gersande et Blanche échangèrent un regard. Leur amie avait raison. Il était temps de rattraper leurs vieilles années passées à attendre que le bon Dieu veuille bien les rappeler.  

Scénario : (3 commentaires)
une série B comique de Iliana Dojdravia

Israël Alijah

Margaret Wildbitch

Freddy Hardy

Sophia Birwin
Musique par Benjamin Sagnier
Sorti le 19 octobre 2024 (Semaine 1033)
Entrées : 8 814 514
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