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Summerzik Production présente
C'était Tout Droit Sorti d'un Film

Je tiens à remercier spécialement Nanoyo qui a accepté de faire l'affiche de ce film. Un grand merci encore une fois!  

 

Les sanglots reviennent. C'est la deuxième fois aujourd'hui. Les larmes s'extirpent des petits yeux bleus de Lucie (Alexandra Jacques). Elles coulent régulièrement comme un fleuve suivant son cours. Parfois, elles s'arrêtent au niveau de sa légère bouche, les humectant par la même occasion. Les autres larmes achèvent leur route dans une longue chute touchant le carrelage. Lucie tremble dans le coin de sa cuisine. Elle frissonne par vagues, apportant de temps à autre soit une montée de chaleur, soit des poils qui s'hérissent sur ses bras abîmés. De petits cris stridents sont émis de sa bouche, comme des appels à l'aide. Dans sa voix on sentait la misère du monde, la peine d'un corps déjà perdu, à la merci.  

Lucie tenta de se relever, timidement, essayant d'aligner une jambe après l'autre. C'est presque dans un moment d'orgueil vain qu'elle crut pouvoir repartir, après tous ces évènements, mais sa jambe gauche, encore trop défaillante, la laissait s'écraser de nouveau. Prise par surprise, elle ne put arrêter sa chute, et son menton flirtait avec la froideur du sol. Le nez, victime aussi de la chute, laissait échapper quelques gouttes par-ci par-là, d'un sang dont maintenant Lucie était trop bien habituée. Elle essaya de s'apaiser, mais maintenant elle vit la rage s'inviter dans son esprit. Elle voulut crier de toutes ses forces, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Lucie était impuissante face aux évènements qu'elle subissait, et même impuissante maintenant face à sa propre vie.  

 

Quelques mois auparavant ...  

 

Une jeune demoiselle entrait dans l'établissement. Elle marchait avec une assurance et un calme impérial. La tête haute comme il fallait dans ce genre de lieu. Assez pour se faire remarquer. Elle abordait un sourire radieux sur ses lèvres, et ses cheveux bruns resplendissaient dans le vent. Dans les couloirs de l'école, on ne voyait qu'elle, avec son allure de jeune femme, et pourtant elle n'atteignait pas la vingtaine. Tout le monde l'observait, car elle rayonnait, et ce rayon de soleil apportait la touche de beauté finale qui intrigue tous les hommes. Mais elle ne regardait personne. Elle avait les yeux fixées sur son but, sur son rêve, celui d'être une étoile montante du cinéma, vénérer pour son art de l'esthétique, sa maitrise sans fin des dialogues, et son humour d'une noirceur sans précèdent. Elle voudrait qu'on la compare à ses maîtres, Fellini, De Sica, de ce cinéma italien qui l'a bercée toute sa courte vie.  

Lucie était déjà à sa troisième et dernière année d'études de cinéma. Pour achever ses études, elle devait réaliser un film qui lui permettrait d'acquérir son diplôme. Lucie avait déjà son idée de l'histoire qu'elle ferait. Un film sur la mafia, les gangs, les associations de criminelles. Elle le voyait déjà : Un homme condamné à garder le silence, devant une association de malfrats qui exerceraient sur lui chantages et menaces. Elle s'imaginait déjà le générique d'entrée, qui dès l'entrée de la chanson, de "Crime Of the Century", ouvrirait sur l'image d'un homme tremblotant fiévreusement. Elle entendait dans sa tête le doux accord de piano qui, serait comme le coup de fusil pour commencer sa course. Avec ça, elle savait qu'elle aurait son année. Qu'au contraire des autres qui vont chercher des histoires saugrenues sans queue ni tête, elle sera révélée au jury par son stupéfiant réalisme, et sa peinture de la société actuelle.  

 

Elle posa son sac sur sa table, fière d'elle. Elle réunit tous ses camarades, et, elle décrivit son inspiration, son coup de génie, qui intriguait et mystifiait ses amis.  

"Voilà mon idée, et vous, où en êtes-vous?"  

Dans cette phrase, qui concluait son fabuleux récit, on pouvait sentir toute la certitude de Lucie. Elle savait que personne d'autre n'avait encore d'idées fixes concernant leurs scénarios, et apprendre que la jeune demoiselle avait déjà une histoire bien construite les rendirent anxieux. Puis les cours ont débutés. On pouvait lire d'un côté la joie et la fierté de Lucie, et de l'autre, l'envie et la jalousie de ses camarades. Certains pensaient même à lui voler son idée, mais ce ne fut que des pensées en l'air, car il suffisait qu'elle est discutée de son idée à un professeur, pour que le plan échoue. Le cours fut une étude d'œuvre, le film de René Clair "A nous la liberté!". Ce film avait influencé une génération, et cette idée de marquer les époques, intriguait grandement Lucie. Elle écoutait le cours avec attention.  

 

Il ne fallut que quelques semaines, précisément vingt jours, pour que Lucie finisse son scénario. Les idées avaient fusé si vite, qu'elle écrivit presque tout d'un seul jet, de sa plume, comme elle l'avait toujours fait. Ses écrits n'étaient jamais relus. Pour elle, la perfection se prenait d'une seule et unique prise, et toute modification à celle-ci enlèverait la pureté de l'idée. C'était un détail important pour elle. La recherche de la perfection ne l'intéressait guère, car pour la jeune demoiselle, un grand cru était inné, c'est pourquoi tout premier mot inscrit sur le papier devait rester.  

Écrits à la main, elle proposait à un de ses amis de tourner dans le film, et la jeune demoiselle réalisa la scène qu'elle avait rêvée. Le jeu d'acteur de son ami était surprenant, il dépassait toutes ses espérances, il habitait le personnage. Il dut retravailler la scène une bonne dizaine de fois, mais, ils eurent une prise qui les intéressait. Car si son travail est parfait de nature, ceux des autres se doit d'être travaillé, car tout doit satisfaire ses volontés. Elle avait une vision précise de ce qu'elle voulait, et on ne pouvait pas faire autrement. Ils tournèrent ensuite deux ou trois scènes, avec des plans différents. Lucie fut ravie du résultat obtenu, et après deux ou, trois heures de réalisation, ils décidèrent de rentrer chez eux, car la nuit était déjà tombée, et les deux personnages avaient peur de ne pas trouver transport qui puissent les raccompagner.  

Alors que Lucie retournait chez elle, et qu'elle avait quitté son ami depuis déjà dix bonnes minutes, elle s'arrêta et décida de prendre quelques prises de sa ville, en pleine nuit. Elle ne savait pas encore où ça pouvait la mener, mais elle avait cet instinct, ce flair, qui lui dictait ses choix. La caméra sur son pied, Lucie filmait tout de ce qu'elle nommait "La vie". L'obscurité, le silence, était pour elle quelque chose d'intéressant et d'intrigant. Comment peut-on avec tant de personnes habitant dans ces lieux, avoir un tel silence, une telle sérénité? C'était un mystère pour elle. La demoiselle rentrait alors sur des pensées profondes sur la vie, l'existence, la société et le monde qui l'entoure. Peut être que c'est la société qui leur a dicté de dormir la nuit et de vivre le jour? Toutes ces questions dansaient dans sa tête. Et de toutes les danses, ce serait plutôt une valse.  

 

C'est alors..  

 

Dans un vacarme assourdissant, une voiture arriva à toute allure. Elle freina et on sentit que les pneus se battait pour rester sur la route. Tant bien que mal, elle réussit à s'arrêter. Elle fit quand même un léger dérapage sur la gauche, et Lucie remarqua sur l'avant de la voiture la marque de cette dernière. C'était une Ford, un break bien arrangé, tout de noir des jantes aux vitres teintées. Lorsqu'elle fut en arrêt total, la voiture balança un corps, un cadavre ensanglanté. Lucie filmait tout de sa pauvre caméra, immobile, ne sachant que faire dans cette situation extrême. Certains auraient couru, tenter de fuir, elle est restée immobile. D'un côté cette scène aurait été du tonnerre, et un coup d'éclat pour sa notoriété. Elle serait dans les feux des projecteurs, une aubaine pour sa carrière. Elle aurait pu passer inaperçue, si elle n'aurait pas émie un petit cri de stupeur en voyant le cadavre sur le bitume.  

On vit sortir du break deux hommes armés, l'un d'un simple 9 mm qui était bien contrasté par le fusil à pompe de son collègue. Aucun des deux n'avait de masque, ou quelque chose pour simplement cacher leurs identités. L'homme au fusil à pompe était trapu et semblait être le chef. Il avait des traits sévères et malgré ses lunettes de soleil, on devinait dans son regard quelque chose de ténébreux, presque effrayant. L'autre homme (Scotty Brook), comparé à lui, était presque sympathique. Il semblait pourtant vicieux et sa marche résonnait comme à l'armée. Des pas symétriques, bien calculés, rythmés.  

C'était tout droit sorti d'un film.  

 

Ils l'emportèrent sans dire un mot. Comme le cadavre, elle fût expédiée avec sa caméra. Seulement elle se trouvait sur la banquette, allongée, sans capable d'émettre un son. Elle était devant des criminels, prêts à la tuer si elle exécutait le moindre faux pas. L'homme trapu qui l'avait saisie, d'une main de poigne (car elle apercevait un bleu noirâtre sur sa peau), commença à s'exprimer, d'une voix claire, avec un léger accent du sud, qu'il cherchait à dissimuler.  

"Alors ma chérie, qu'est ce que tu filmais là? Tu pensais faire les héroïnes, en quête d'actions et de vérités ? Tu pensais faire comme ces merdeux de journalistes, fourrant le nez dans nos affaires? Tu sais ce qu'on fait à ces personnes? En as-tu au moins une petite idée? (Elle émit un petit non discret.) C'est clair, les gens comme toi on les tue. (Lucie tremblait, essayait de ne pas montrer ses craintes, mais cette parole l'avait littéralement secouée). Cependant, comme tu m'as l'air mignonne, plutôt pas mal foutue (il caresse sa cuisse, remontant jusqu'à l'entrejambe), tu pourrais avoir ta place parmi nous. (Sa main remonte vers sa poitrine.) Cependant il faudra être gentille, si tu tiens à la vie. Tu aimes la vie, n'est-ce pas? (Elle hocha la tête nerveusement.) Oui, c'est bien ce que je pensais."  

C'est depuis ce jour que Lucie est devenue une membre d'une bande de malfrats, -en tant que prostituée, il faut le dire-. Tout ce qu'elle a subi est inqualifiable. Tous les soirs elle était condamnée à se taire, si elle tenait à la vie. Se croyant pour des maîtres, les envies de ces hommes n'étaient même pas de l'imaginable. Des choses tordues, surprenantes, dégoutantes aussi. Jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, Lucie vivait ça. C'était dur. Mais un jour où un de ces hommes ne prit pas assez soin d'elle, elle décida de s'enfuir et de ne plus jamais revenir. Elle s'enferma dans sa maison, dans le coin de sa cuisine. C'est ici que les sanglots reprirent. C'était la deuxième fois déjà aujourd'hui, Lucie pleurait, tremblait, de peur qu'ils reviennent la chercher, la tuer.  

 

La jeune demoiselle était plus que rentré dans son film : elle le vivait à présent.

Scénario : (3 commentaires)
une série Z thriller (Psychologique) d'un amateur

Scotty Brook

Alexandra Jacques
Sorti le 05 février 2022 (Semaine 892)
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