J’sais plus trop comment ça m’est venu… Mais c’est un peu comme la cigarette… La première, ça vous retourne le bide… Ca fait tellement bizarre que vous dégobillez dans l’caniveau… Et puis, on y prend goût… On s’habitue… On s’imagine plus vivre sans… Dès l’réveil, on n’pense plus qu’à elle…  

Remarquez, j’fume pas… Non, moi j’ai pas ce genre de vice là… Mais j’pense que c’est un peu pareil… On cherche tous à calmer nos angoisses et à atteindre le nirvana… Si certains y arrive en tirant des lattes, tant mieux pour eux… C’est sans doute plus facile à assumer…  

Au fait, j’me suis pas présenté… J’m’appelle Freddy…. Cinquante et un ans au compteur… J’habite montée de la Grande Côte à Triffouillis-Lès-Anchois dans l’ancienne ferme de mes parents… A la mort du vieux, j’ai pas osez le décevoir une seconde fois… J’ai pas réussi à vendre et j’suis venu habiter là… Remarquez, c’est toujours ça d’gagner côté dépenses car mes mille dollars mensuel à l’usine de frometons du coin, ça me mène pas trop loin… Juste de quoi satisfaire mon gosier chaque soir au café d’la Gare où j’m’enquille quelques bières Picon seul dans mon coin…  

Remarquez qu’ça ne m’dérange pas… J’ai toujours été un taiseux… Un peu renfermé sur les bords, plutôt observateur qu’acteur… Enfin ça, c’était avant… Avant la découverte de Gérardmerveille… Faut l’avouer, a cinquante piges, j’étais jamais sorti d’ma cambrousse… J’m’rappelais bien du sermon du prêtre lors d’l’enterrement d’mon père, qu’la ville c’était l’œuvre de Satan… Sûr qu’dans ses balivernes, il allait pas philosopher sur la crise cardiaque du vieux entre les cuisses d’une pute de bas étage dans un hôtel sordide de Gérardmerveille…..  

Bref, ça m’a titillé cette histoire de Satan… L’jour d’mes cinquante ans, j’me suis décidé… J’ai pris un aller simple pour le diable… Et je n’ai pas été déçu du voyage…  

J’m’rappelle bien d’la première… C’était une pochtronne qui cuvait sa vinasse d’vant un grand magasin… Elle s’tapait un délire sur des martiens qui l’auraient enlevée et que l’maire c’en était un… Elle déblatérait dans l’indifférence générale… Les passants la zieutait et s’foutait franchement d’sa poire… Moi, j’suis un sensible… J’me suis approché… Elle sentait franchement la pisse et ses yeux vitreux imploraient une nouvelle bouteille de jaja… Fallait la soulager la pauvre dame… Elle a pas fait d’histoire et m’a suivi comme un brave toutou… On a atterri sur l’quai au bord du fleuve… La nuit était tombée et il commençait à flotter… Elle a dû comprendre… Alors, j’lui ai serré l’kiki et sa gueule est devenue encore plus rouge… Un vrai miracle…. Lorsque j’ai relâché la pression, elle s’est effondrée sur l’bitume… Y avait plus qu’à la pousser à la baille…  

J’me rappelle qu’j’avais dégobillé tout mon saoul dans une poubelle municipale… Quand j’en ai eu fini, j’me suis senti vraiment bien… J’ai pas eu la force de rentrer chez moi… J’me suis allongé sur une pelouse du parc… J’ai roupillé comme jamais j’ai roupillé…  

J’y ai pris goût…. Chaque samedi, j’prenais le train direction Gérardmerveille… J’rejoignais la civilisation des cinglés… Assis sur un banc, j’regardais l’spectacle de dégénérés qui s’offrait à moi… Des fourmis qui s’agitaient dans tous les sens, portable à l’oreille, clope au bec, sacs à la main… Au milieu de tout ce cirque, j’étais la reine… Ils erraient sans but… Y avait qu’moi qui pouvais les sauver… J’prenais mon temps pour la choisir… Fallait vraiment qu’j tripe de tous mes pores pour lever mon derche…  

Au milieu de tout c’foutoir, j’l’avais repéré de loin… Elle avait un je ne sais quoi qui la différenciait des autres greluches de son âge… Quand elle est passée devant mon banc, je lui aie filé l’train… Le problème, c’était surtout son arrière train… Ça m’empêchait d’me concentrer… J’me mélangeais les pinceaux… J’savais plus si ça allait être la trente troisième ou la trente quatrième que j’allais sauver d’l’enfer… Bon sang, comment j’pouvais m’concentrer face au spectacle… Elle tortillait sévère du derche à croire qu’elle avait des hémorroïdes qui l’a démangeait… Remarquez, ça m’a pas débecté pour autant… J’me suis dit qu’elle méritait la double peine… j’m’imaginais assez méchant pour ne pas seulement la tuer…  

J’ai eu l’temps de ressasser… La donzelle, s’arrêtait à toutes les boutiques de luxe… Et va y qu’j’m’achète un sac Dior, puis un parfum Lancôme, sans oublier des strings Aubade… Elle d’vait même pas être majeure que ça jouait déjà à la pute de luxe… J’me suis dit qu’y avait pas qu’elle qu’j’allais soulager mais aussi ses vieux avec tout l’argent qu’elle dépensait… Enfin, elle s’est écartée des grandes rues…. Les fourmis étaient moins nombreuses mais j’y voyais pas plus net… J’me demandais si j’allais être assez salaud pour la violer…  

J’tremblais comme une feuille au comptoir d’un bar quelconque face à ma bière Picon… Sans doute qu’j’m’étais trop monté l’bourrichon… J’en avais pas été capable… Trop d’sensations sans doute…. A peine que j’lui avais commencé à serrer l’kiki dans la cage d’escalier, qu’j’avais tout lâché dans l’calbut… J’ai recommandé une autre bière Picon à la tête de fouine qui faisait office de serveur pour calmer mes nerfs… Mais j’voyais bien qu’j’me contrôlais moins… Et qu’il m’en fallait plus pour m’sentir détendu… Maintenant, j’en enchaînais facile trois ou quatre par week-end… Rien qu’d’y penser, ça m’a foutu un mal au bide terrible… Les remords me sont remontés en plein dans l’pif… Pour plus y penser, j’ai maté les déchets humains qui jonchaient la salle pour reprendre pied… Et c’est là qu’j’l’ai vue…  

Elle ressemblait comme deux gouttes d’eau à Manon… Manon… La Pom Pom Girl de mon enfance… Celle des matchs de basket de mon grand frère… Manon, c’était la salope du village… Tous les mâles de Triffouillis-Les-Anchois lui était passé dessus… Tous, sauf moi…. A repenser à ces humiliations face à Manon couche toi là, ça m’a mis en rogne... J’ai cogité sec… Quand j’ai quitté l’comptoir pour la rejoindre, j’étais d’venu un autre homme… Finis de zigouiller vite fait bien fait… Celle-là, elle allait payer pour toutes les autres… J’allais prendre mon temps pour la voir geindre cette traînée… J’allais la torturer avant d’l’envoyer en enfer…  

Dès que j’me suis assis face à elle, j’ai compris que ça n’allait pas s’passer comme j’l’avais prévu… Elle avait l’même regard d’allumeuse et l’même sourire coquin qu’Manon… Et elle savait jouer de son côté ultra vulgaire… J’ai vite perdu pied… C’est elle qui menait la danse…  

J’sais plus trop comment j’ai atterri dans sa piaule… J’avais clairement abusé d’la bière Picon… J’me suis affalé sur son pieu pour reprendre mes esprits… J’ai pas vraiment eu l’temps d’le faire car elle avait déjà enlevé le haut… D’ailleurs, c’est là qu’elle a dû comprendre… J’l’ai senti rien qu’à son regard… Ce n’est pas peu dire qu’elle a pris les choses en main… Quand j’l’ai pénétré, j’ai aussitôt joui… L’émotion était trop forte… Et je suis tombé dans les bras de Morphée…  

Quand j’ai repris connaissance, j’ai senti les liens… J’étais ligoté… J’ai senti l’odeur du tabac… J’ai fait un effort pour dresser l’cou et j’l’ai vue… Assise en tailleur, elle était radieuse... C’est là qu’elle m’a fait une proposition tout en aiguisant la lame du couteau qu’elle tenait… Devenir les Bonnie and Clyde des temps modernes… Version hardcore…  

Ce n’est qu’après que j’ai vu les polaroids… Celles de mes trente-quatre victimes punaisées sur le mur au dessus d'elle… Il y en avait une trente cinquième… J’ai mis un sacré temps pour m’reconnaître… Mais j’me suis pas vraiment inquiété… La preuve, je suis encore là à vous narrer toute l’histoire… D’ailleurs, je le fais pour Natacha…  

Natacha… La nana qui ressemblait à Manon… Manon… La Pom Pom Girl de mon enfance…  

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Pour son quarantième film distribué à Gérardmerveille, Luxure frappe un grand coup ! Lucille AuxDeuxMelons vous invite à un voyage au tréfonds du cerveau d’un Serial Killer. Tentez cette expérience dont vous ne sortirez pas indemne !