Cinejeu.net : devenez producteur de cinéma ! (jeu en ligne gratuit de simulation économique)

Well Walling Production présente
Iron War : The Scrap Dealers

D'après une idée originale d'Angelina Walling II, rédigé par Sonia Loïs, avec :  

- Matthew Knifey : Orèle  

- Sharon Landau : Cenag  

- Robert Chaplure : Capitaine Francis Abar  

- Miel Hennessy : Capitaine d'un bâtiment ennemi  

- Francesca Ayres : Une réfugiée du Metallum  

- Amaury Jodorowsky : Marev  

 

La petite chambre du dix-huitième niveau était particulièrement calme quand Cenag, la nouvelle colocataire d'Orèle, se décidait enfin à s'endormir. La jeune fille, nouvellement arrivée à bord du Metallum, ne travaillait pas encore et passait ses journées à traîner dans le sous-marin et ennuyer les autres réfugiés. Après avoir passé une bonne partie de la nuit à harceler son compagnon de chambrée à propos du "Survivant des Cales", Cenag avait fini par s'endormir profondément.  

Le "Survivant des Cales", c'était un carnet vierge qui avait une couverture plastifiée magnifique et qu'Orèle avait retrouvé dans le fond du navire. Compte tenu de l'humidité ambiante et du ménage régulier qui était fait à bord du Metallum, le nom de "survivant" n'avait rien d'exagéré. Jusqu'ici, le jeune homme n'avait jamais su quoi faire de ce cahier. Il aimait passer de longues minutes à l'admirer simplement, à l'ouvrir pour contempler ses pages vierges à peine attaquées par l'eau...  

La veille, Cenag avait insisté pour qu'il en fasse un journal. Un "carnet de voyage", puisque le terme de "journal intime" avait fortement déplu au garçon. Tenir un journal pour ne jamais "mourir tout à fait", selon les dires de la jeune Cenag. Pour qu'un jour, après la mort d'Orèle, les humains puissent encore se souvenir de son histoire. Quand la colocataire avait proposé cette idée, Orèle avait bien entendu tout rejeté en bloc pour se moquer de la jeune fille. Lui, écrire un journal intime au même titre que les adolescentes en pleine crise amoureuse ? Et puis quoi, encore !  

Mais maintenant que Cenag dormait et qu'il était seul avec ses pensées, Orèle trouvait cette idée beaucoup plus attirante. Si un jour le monde changeait, le "Survivant des Cales" serait un important témoignage pour les générations à venir. Si leur condition réussissait à s'améliorer, ils auraient besoin de connaître le passé pour ne pas commettre les mêmes erreurs à nouveau.  

L'Histoire avait toujours fonctionné ainsi et fonctionnerait toujours de la même manière.  

Orèle prit un stylo et s'arrêta sur la deuxième page de son carnet. Lentement, il écrivit d'abord la date.  

"Année 2032, le 10 Juin. 06h40."  

Son écriture brouillonne gâchait la beauté des pages immaculées. À ses yeux, ce qui avait été son trésor pendant des semaines était redevenu un simple cahier d'écriture. Malgré tout, il se força à continuer dans sa lancée. Par quoi commencer ? Une brève présentation de lui semblait judicieuse. Pour se simplifier la tâche, il écrivit simplement son nom complet et sa date de naissance.  

"Je suis né au tout début de la guerre, quand les humains vivaient encore à terre. Mère morte avant mes deux ans. Père mort le 11 Mai 2027, au sein de la chaufferie. Lui et moi, nous nous étions réfugiés sur le Metallum, immense sous-marin naviguant près des côtes de Cinejeu Island, quand la guerre nucléaire a rendu la vie à terre impossible. J'avais trois ans à l'époque. Et depuis cette année-là, nous sommes restés terrés dans le navire sous-marin pour éviter toutes les zones irradiées.  

L'ennui est qu'il faut également échapper à tous les navires ennemis.  

Mon père était un grand physicien et également un excellent ingénieur. Un membre du cercle très fermé des intellectuels du bâtiment. C'est la raison pour laquelle il était si proche du capitaine, Francis Abar. Grâce à son travail, le Metallum a pu bénéficier d'un moteur entièrement remis à neuf ainsi que d'un sonar grandement amélioré, puisque depuis l'intervention de feu mon père, le sonar Apple ne se brouille plus. Rétrospectivement, il m'arrive de penser que c'est grâce à ses travaux que nous avons pu survivre durant toutes ces années.  

La place de mon père au sein du Metallum a également été une bonne chose pour moi, puisque le capitaine Francis a décidé de me prendre en charge après le décès de mon père. Il m'a attribué une chambre individuelle de neuf mètres carrés au dix-huitième niveau et m'a également trouvé un emploi à plein temps au "Magazinc" : l'armurerie et forge du bâtiment. Peu de réfugiés, et surtout aussi jeune que moi, ont la chance de bénéficier d’un tel emploi sur le Metallum. D’ordinaire, les jeunes s’occupent plutôt du ménage ou de la plonge en cuisine, le tout pour une place dans les dortoirs collectifs et un pauvre carnet de tickets repas par semaine.  

La plupart des orphelins sont employés dans le département scientifique et servent de cobayes pour des expériences dont personne ne parle jamais. Eux, ils ont des quartiers séparés du reste du navire et probablement des chambres mieux équipées que la mienne. Mais soyons honnêtes : ceux qui acceptent ces travaux ressortent rarement du département de recherches. En revanche, je sais que des dizaines de médicaments ont été mis au point grâce à ça. C’est peut-être ça, la solidarité : savoir sacrifier sa santé pour la survie des autres.  

Bref, malgré les apparences, je suis un chanceux. J’en connais une autre depuis peu : Cenag, ma colocataire depuis quelques semaines maintenant. Elle dort actuellement sur un matelas de fortune installé au pied de mon lit. Pour le moment, elle refuse encore de répondre à mes questions. Mais lorsqu’une nouvelle réfugiée est immédiatement prise en charge par le capitaine Francis et qu’on lui attribue une chambre comme la mienne, c’est bien le signe que l’on fait partie des privilégiés.  

Les nouveaux arrivants sont généralement entassés dans les niveaux inférieurs, dans les dortoirs collectifs : peu de gens supportent la vie dans un espace si confiné, et la pression de l’eau dans ces dortoirs, même malgré les dispositifs mis en place pour atténuer ce genre de désagréments, reste difficile à supporter pour des gens habitués à vivre à terre. Je ne sais pas pourquoi Cenag a droit à un tel traitement, mais ces informations sont souvent trop importantes pour rester secrètes trop longtemps."  

Orèle s’arrêta d’écrire, réalisant que finalement, il s’était facilement pris au jeu. Pour lui qui connaissait la vie à bord du Metallum sur le bout des doigts, ce texte ressemblait au baratin que l’on servait à la plupart des nouveaux réfugiés – sauf que lui, il divulguait des informations que l’équipage s’appliquait à cacher aux habitants. Mais lorsqu’il s’imaginait parler à une génération d’humains libre de vivre sur l’île de Cinejeu, à l’air libre et sans se soucier de la guerre, tout lui semblait déjà beaucoup plus captivant.  

Il était l’heure pour lui de quitter sa chambre et sa ronfleuse de colocataire, mais sa conscience lui interdisait de partir sans rédiger ne serait-ce qu’une phrase de fin pour sa toute première page dans son carnet de bord. Rapidement, il gribouilla :  

"À l’instar de ce journal, je suis, ce que l’on pourrait appeler, un Survivant des Cales : malgré les conditions de vie précaires et étouffantes, ni l’humidité ni la rigueur des fonds marins n’aura eu raison de moi. Pour combien de temps encore, je l’ignore. Il est temps pour moi d’aller travailler : le quotidien sert à forger la vie du lendemain."  

Orèle se sentait particulièrement honteux de parler à du papier – et pire : il se laissait emporter par les mots. Mais taire les choses trop longtemps rendait les gens lyriques. Il cacha le Survivant des Cales avec soin dans sa chambre pour être certain que Cenag ne le trouve pas et se pressa enfin pour arriver à l’heure au Magazinc.  

 

Orèle jeta un rapide coup d’œil au tableau de commande du jour et s’étonna de voir toutes les tâches de la veille annulées. Le soir, il avait quitté le Magazinc très tard parce qu’ils devaient absolument prendre de l’avance sur la fabrication d’armes défensives et le matin, voila qu’il n’y avait plus rien de leur « travail urgent » de la semaine. Complètement déboussolé, le jeune homme passa son passe électronique devant la borne de pointage et se mit directement en quête du maître de la forge, Marev.  

L’homme était déjà en train d’aboyer des ordres à tout le monde, encore plus énervé que la veille au soir. De toute évidence, cette nouvelle commande le laissait sur les nerfs. Orèle craignait de s’attirer ses foudres s’il venait ajouter son grain de sel, mais le maître le vit et ne lui laissa pas le temps de faire demi-tour.  

« Orèle, viens ici ! »  

Légèrement anxieux, le jeune homme rejoignit le patron. Même si tout le monde se connaissait à bord du Metallum, il n’était jamais bon signe quand on vous apostrophait personnellement.  

« Tu commenceras plus tard : va d’abord voir le capitaine Francis. Il m’a demandé de t’envoyer le voir dès que tu arriverais.  

– J’ai fait quelque chose de mal ?  

– Ça, fiston, je ne peux pas le savoir à ta place. Allez, du vent ! »  

Encore moins rassuré, Orèle acquiesça et quitta le Magazinc pour se diriger vers le premier ascenseur de l’étage et sélectionna le second niveau. Le premier était réservé à la base de défense et, éventuellement, d’attaque. Une fois arrivé au niveau deux, il dut se soumettre aux tests habituels de détection de métaux et scanner digital, puis entrer le code secret réservé aux visiteurs.  

Tout ce système avait pour but de protéger le plus gros de la population du Metallum si le bâtiment se trouvait assailli un jour. Le deuxième niveau était le plus vaste et le plus sécurisé, il pouvait abriter les trois quarts des passagers. On y stockait des aliments séchés ainsi que les plus grosses réserves d’eau potable.  

Une fois le code validé, la porte s’ouvrit et Orèle put accéder au Quartier Général du navire. On y trouvait une exacte réplique du tableau de bord ainsi qu’une autre de l’écran d’Apple, le sonar. Les quartiers personnels du capitaine étaient annexés à la pièce. La véritable salle des machines se trouvait beaucoup plus bas dans le Metallum.  

« Ah, Orèle. Tu as fait vite.  

– Capitaine Francis » salua le jeune homme avec un geste militaire, comme le lui avait appris son père.  

On lui fit signe de s’approcher. Les deux hommes se retrouvèrent devant Apple. Orèle ne comprenait pas grand-chose au sonar trop sophistiqué du Metallum, mais toute cette technologie l’émerveillait. Le capitaine pointa une forme imprécise du doigt sur l’écran.  

« Ce navire nous tourne autour depuis près de trois jours. Il s’éloigne, revient, nous frôle et repart sans arrêt. C’est un bâtiment lourdement armé mais également beaucoup plus rapide que nous, nous ne pouvons pas nous en défaire.  

– C’est un navire ennemi ?  

– Son attitude ne fait pas de doute. »  

Le tableau de commande du matin revint à l’esprit du jeune homme.  

« C’est pour ça que le Magazinc doit fournir des armes offensives ? Nous allons nous battre ?  

– Oui. La guerre est en train de toucher la mer de Cinejeu Island, nous nous retrouvons au pied du mur.  

– Mais pourquoi vous me dites ça ? » demanda nerveusement Orèle en fixant le point qui se rapprochait lentement d’eux sur le cadran du sonar.  

« Cenag va aller travailler au premier niveau. Elle sait programmer le lancement des missiles et elle est capable de coder les informations militaires pour les communications avec les ennemis ou les alliés. Je voulais te proposer d’aller travailler avec elle sur le “front”. »  

Scénario : (2 commentaires)
une série A de science-fiction de Cecilia Elliott

Matthew Knifey

Sharon Landau

Robert Chaplure

Miel Hennessy
Avec la participation exceptionnelle de Francesca Ayres, Amaury Jodorowsky
Musique par Lea Forsey
Sorti le 11 juin 2022 (Semaine 910)
Entrées : 13 846 088
url : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=17132