Un scénario de Silvane Harrita, avec :  

- Lola Azul : Juliet Prescott  

- Tom Kent : Matthew Jameson  

- Alma Danae : Clarence Dewk  

- Dick Revolutionnary : Vivieno Veraldi  

Je n'ai jamais aimé la vie à la campagne. Trop de moustiques, de gens envahissants, de confitures de grand-mère... et pas assez de beaux et riches garçons, de réseaux ADSL et de chaussures Prada à huit-cent dollars. Ce n'est pas que toutes ces choses que je ne connaissais pas me manquaient quand j'étais enfant, mais j'aspirais à plus que d'être éleveuse de bétail comme mon père et son père avant lui. Alors à dix-huit ans, après une nouvelle rupture avec mon ami d'enfance, Matt Jameson, j'ai quitté Rondingo, ma ville natale, pour l'aventure à New-York, et je l’espérais, sa vie huppée.  

Après de courtes études à l'Université Nationale de la Grande Pomme, ainsi qu'un boulot mal payé et dégradant chez une chaine de fastfood dont je ne citerai pas le nom, me voilà engagée chez Veraldi, grand, talentueux, richissime, célèbrissime, couturier italien. Mon rêve devenu enfin réalité, enfin, presque.  

Je travaille beaucoup, trop, mais je gagne bien ma vie et fait l'acquisition d'un appartement à SoHo, le quartier des artistes, qui m'a toujours fasciné. De plus, j'espère y rencontrer le grand amour, un peintre ou un sculpteur qui me ferait oublier mon job stressant.  

Je fréquente pendant presque un an - huit mois, trois semaine et vingt heures exactement -, un peintre rêveur prénommé Jack Child, qui fini par rompre et me brise, par la même occasion, le cœur. Je pars alors à l'autre bout du monde, durant un exil de deux semaines, pour faire le point sur ma vie, professionnelle, sentimentale et psychologique. Finalement, je décide de rentrer à SoHo, plus décidée que jamais à ne plus fréquenter les hommes, à les empêchés d'approcher mon cœur fragile.  

Mais, vous vous en doutez, mon astucieux plan échoue, et à la première occasion, je me retrouve allongé dans un lit d'un luxueux hôtel, un bel étalon inconnu à mes côtés, sans parvenir à me souvenir de la façon dont on est arrivé là. Néanmoins, j'apprends à le connaître et nous sortons ensemble pendant un temps qui me semble infiniment long - neuf mois, dix jours, et quatre heures -, mais là encore, il me quitte pour une raison obscure, je n'ose pas demander.  

Détruite, je me recentre sur le travail, mais un beau jour, un coup de fil vient me tirer de mon train-train quotidien. Ma grand-mère vient de mourir et ma mère aimerait que je soit présente à son enterrement pour lui rendre un dernier hommage. Bien évidemment, je refuse, n'ayant plus de contact direct avec ma famille depuis que je suis installée à New-York. Un coup de fil de temps à autres suffit, bien souvent interrompu par mon excuse favorite, à savoir, "faut que j'y aille, j'ai du boulot".  

Quelques jours plus tard, un nouvel appel de Rodingo, mais cette fois, ce n'est pas ma mère, mais Matt Jameson, mon amour de jeunesse. D'après lui, ça ne m'étonne pas mais je n'en suis pas plus attendrie, je manque à mes parents, qui se languissent du retour de leur fille. Matt insiste vraiment pour que je rentre pour l'enterrement de ma grand-mère, et bizarrement, vraiment bizarrement, je cède et lui promet de venir le jeudi, habillée en noir conventionnel. Il a l'air ravi, contrairement à moi...  

Le jeudi suivant, je prends le train destination le Texas, puis, à la gare, loue une voiture. Étrangement, j'ai une boule au creux de l'estomac et ne peu rien avaler. Moi qui pensais me perdre, je retrouve aisément la route pour Rodingo, contrairement à mon GPS, décidément, on ne peu vraiment pas se fier à ces engins !  

A l'approche du ranch familial, je me gare dans la cour. Ma mère se rue vers moi et me sert fort dans ses bras. Voilà dix ans que j'ai quitté la maison, et pour elle, je n'ai pas changé. Même mon père, dont je me rappelle la réserve, m'enlace.  

La maison est resté identiquement la même. Wallace, le chien gardien du bétail, est toujours en vie et vient me mâchouiller tendrement la main. Soudainement, alors que l'on sirote un café, je me souviens de l’existence de ma sœur cadette et leur en demande des nouvelles. Je prends une claque lorsque j'apprends qu'elle est mariée au maire de Cheleda, la ville voisine et qu'elle a deux enfants, Ronny, quatre ans et Hannah, à peine un an. Elle doit avoir vingt cinq aujourd'hui, mais pourtant, lorsque je vois les photos, je comprends à quel point les gens ne changent pas. Ils grandissent, mais restent les mêmes.  

Un pick-up se gare dans la cour. C'est Matt Jameson, le voisin. Lui aussi a grandit, mais il a gardé ses longs cheveux châtains, sa mâchoire carré et ses épaules saillantes - utile pour soulever les ballots de paille. Je vois également qu'il est toujours aussi séduisant.  

On marche un temps le long du court d'eau bordant les champs. L'après-midi file alors que l'on discute de choses et d'autres, tournant autour du pot, du vrai sujet que l'on souhaiterait aborder. Finalement, Matt se lance alors que je grimace.  

Il n'a jamais pu m'oublier.  

Ses mots sonnent comme une promesse brisée et mon estomac se tord. Je dois m'asseoir pour digérer la nouvelle, mais au lieux de me laisser respirer, il m'embrasse. Puis une chose en entraîne une autre...  

L'enterrement de ma grand-mère est grandiose, dans le sens où toute la ville, et même la ville voisine, ont fait le déplacement. Il y a des centaines et des centaines de personnes venues honorer sa mémoire. J'en suis vraiment touchée, c'est plus fort que moi, je me sens en harmonie avec eux aujourd'hui. Ma grand-mère avait ses défauts, mais tellement de qualités... J'en viens à regretter mon comportement avec ma famille et à remettre en question toute ma vie à New-York.  

Mon séjour fini, je rentre néanmoins à la Grand Pomme, sous les supplications de rester de Matt. Je ne veux pas le quitter lui, mais la vie à la ferme n'est tout bonnement pas mon truc et le jeune homme s’obstine à rester dans son bled. C'est alors le cœur douloureux que je rentre chez moi et retrouve mes collègues de travail, dont ma supérieure hiérarchique, mais aussi mon amie, Clarence Dewk. Enfin, c'est ce que je croyais, parce-que lorsque j'évoque la simple possibilité de vivre entre New-York et Rodingo pour pouvoir être avec l'homme que j'aime, elle me coupe sèchement et me dissuade vivement de faire ça, où je risque de perdre ma place. Confuse, je baisse la tête, évidemment que je ne veux pas rater ma vie professionnelle qui est en pleine ascension, surtout pour un petit bouseux, pour un simple béguin. Avec Matt, on a du rompre cinq fois durant notre jeunesse, alors maintenant que l'on est adultes, l'amour entre nous se révèle bien plus impossible...  

Finalement, les années passent, et je le revois régulièrement en secret, jusqu'au jour où il demande ma main. J'accepte, malgré quelques réserves, mais il me les fait bien vite oubliées. Mais il est pressant : il veut rencontrer mes amis, visiter mon appartement à SoHo. Pour lui, la vie entre New-York et Rodingo n'est pas vivable et il veut intégrer ma vie à New-York, il est fin prêt. Seulement, moi non. Personne ne sait que je le fréquente dans mes collègues, surtout pas Clarence. Mais un beau matin, mon mari se pointe à l'agence et alors, tout mon monde bascule. A moi maintenant de recoller les morceaux... une nouvelle fois.